Gendarmerie prévôtale

La Gendarmerie prévôtale, ou prévôté, est une formation de la Gendarmerie nationale française dont la mission principale est la police judiciaire militaire auprès des Forces armées françaises stationnées hors du territoire français. Composée de gendarmes départementaux issus d'unités traditionnelles, elle exerce également à l'étranger des missions de police générale, d'appui à la force et de renseignement dans le cadre d'interventions militaires françaises.

Pour les articles homonymes, voir prévôté.

Gendarmerie prévôtale

Emblème de la gendarmerie prévôtale

Pays France
Branche Gendarmerie nationale
Rôle Police militaire
Effectif 87
Garnison Fort de Charenton
Ancienne dénomination Maréchaussée
Commandant Général de brigade Frédéric Bonneval

Pour accomplir ces missions, elle constitue des détachements prévôtaux :

  • permanents, auprès des forces stationnées à l'étranger, ou
  • de circonstance, auprès des forces en opérations.

Les termes de prévôté et de police militaire ne sont pas équivalents car, dans de nombreux pays, la police militaire remplit un éventail de missions différent de celui de la prévôté française et souvent plus large - allant par exemple du contrôle du trafic routier à la surveillance des prisonniers de guerre.

Histoire

L'histoire de la prévôté est aussi ancienne que celle des armées françaises.

Au Moyen Âge, c'est le Roi qui décide de « judiciariser le périmètre du champ de bataille ». L'Édit de 1373 du roi Charles V dispose : « Le prévôt du Connétable est chargé de connaître les crimes et les maléfices qui se commettent dans les Armées par les gens de guerre »[1].

Ecu porté sur la poitrine par le personnel de la gendarmerie prévôtale

La Gendarmerie nationale succède, en 1791, à la maréchaussée, organisée, au XIVe siècle, pour maintenir l’ordre dans la troupe et sur ses arrières, empêcher les pillages et rattraper les déserteurs.

Après la création d’un noyau d’armée permanent, au milieu du XVe siècle, les délégués des maréchaux, les prévôts (du latin prepositi, préposé), s’installent en province, où ils accomplissent bientôt des tournées régulières pour juger les soldats fautifs en temps de paix.

L’héritière de la maréchaussée conserve dans ses missions la police des gens de guerre.

Ainsi, la loi du 28 germinal an VI (), relative à l'organisation de la gendarmerie nationale, précise dans son article 215 qu'« outre le service dont il est chargé dans l'intérieur de la république, le corps de la gendarmerie nationale fournira en temps de guerre, des détachements destinés au maintien de l'ordre et de la police dans les camps et cantonnement. »

L'ordonnance organique de 1820 rappelle qu’elle doit veiller à la sûreté publique et à l’exécution des lois « dans toute l’étendue du royaume », mais aussi « dans les camps et dans les armées » (article premier). Les textes de 1854 et de 1903 mentionnent, eux aussi, ce second champ d’intervention.

En 1926, la prévôté du Levant est décorée de la croix de guerre des Théâtres d'opérations extérieurs par le commandant en chef des troupes du Levant[2].

En temps de paix, la gendarmerie encadre la conscription et participe à l’administration des réserves, elle escorte les convois de munitions et surveille les corps de troupe en marche, elle contrôle les militaires en congé ou en déplacement, elle recherche les insoumis, les déserteurs et ceux qui les aident, elle fournit des officiers de police judiciaire aux tribunaux militaires et elle assure les transfèrements des prisonniers militaires.

En temps de guerre, la gendarmerie exerce ses missions de police militaire générale et de police judiciaire militaire par l’intermédiaire d’une organisation spéciale, la prévôté, qui tire son nom de la maréchaussée[3].

Les prévôts ont toujours accompagné les armées en opérations et 700 d'entre eux furent tués au combat pendant la Grande Guerre.

Missions

Aux termes de l'instruction du ministère de la Défense du , remplacée par celle du [4], la prévôté est le service de la gendarmerie institué auprès des forces armées françaises hors du territoire national (forces stationnées en Allemagne, force de présence ou forces engagées en opérations), pour l'exercice des missions définies à l’article L. 411-2 du code de la justice militaire[5].

Ce dernier dispose qu'« outre les missions de police générale qui leur sont dévolues par les règlements militaires, les prévôts ainsi que les officiers, gradés et gendarmes placés sous leurs ordres exercent la police judiciaire militaire, conformément aux dispositions des articles L.211-2 à L.211-9 et L.212-2 à L.212-4 [du code de justice militaire]. »

Ses missions sont multiples (police judiciaire militaire, police générale, appui à la force, renseignement) mais la mission de police judiciaire militaire est la seule à ne pas être partagée avec la Force. Dans le cadre de cette mission, les prévôts agissent sous le contrôle exclusif du parquet du tribunal de grande instance de Paris, spécialisé dans les affaires militaires, qui a succédé au tribunal aux armées de Paris depuis le .

Les prévôts – qui sont sélectionnés parmi les sous-officiers de la gendarmerie titulaires de la qualification d'officier de police judiciaire – sont habilités pour le temps de la mission ou de l'affectation en qualité d'officiers de police judiciaire des forces armées par le parquet général de la cour d'appel de Paris.

Dans le cadre de la mission de police judiciaire, les prévôts sont chargés de constater les infractions commises par ou contre les forces armées françaises ou contre leurs établissements ou matériels, d'en rassembler les preuves et d'en rechercher les auteurs sous la direction des magistrats des formations spécialisées du tribunal de grande instance de Paris.

Organisation

Brassard porté par les prévôts en Afghanistan

Longtemps rattachée au commandement de la gendarmerie outre-mer, la prévôté relève depuis le décret du d'un commandement de la gendarmerie prévôtale installé au fort de Charenton, à Maisons-Alfort, et directement rattaché à la direction générale de la Gendarmerie nationale[6]

Cette réorganisation répond à la judiciarisation croissante des activités militaires[7]. Afin de renforcer la cohérence du dispositif prévôtal, le même décret a créé une brigade de recherches prévôtales disposant d'une compétence nationale et composée de 6 enquêteurs commandée par un lieutenant-colonel de gendarmerie.

Sa mission est double :

  • Renforcer les détachements prévôtaux dans le cadre d'une affaire judiciaire grave avec une projection rapide de tout ou partie de ses membres sur le théâtre d'opérations,
  • Poursuivre sur le territoire national les enquêtes initiées par les prévôts à l'étranger.

Les gendarmes prévôts accompagnent les forces en opérations extérieures, au sein de détachements prévôtaux de circonstance, mais également les forces stationnées à l'étranger, au sein de détachements prévôtaux permanents.

En 2019, le commandement de la gendarmerie prévôtale compte :
• 6 détachements prévôtaux de circonstance au Liban, au Niger, au Mali, en Centrafrique, en Jordanie et au Tchad,
• 6 détachements prévôtaux permanents en Allemagne, à Djibouti, aux Émirats arabes unis, au Gabon, en Côte d'Ivoire et au Sénégal.

Liste des commandants de la gendarmerie prévôtale

  • 2012-2015 : colonel Olivier Kim
  • 2015-2019 : colonel Éric Gosset
  • Depuis 2019 : général de brigade Frédéric Bonneval

Notes, sources et références

  1. Conférence du colonel Kim, commandant la gendarmerie prévôtale, au Cercle Strategia, au Cercle de la Mer, le 4 décembre 2013
  2. Mémorial de la gendarmerie - 4e édition - Livre d'or de la gendarmerie 1930
  3. La gendarmerie et la guerre, entre police militaire et unités combattantes – Jean-Noël Luc Professeur à la Sorbonne. (extrait des Actes du colloque La gendarmerie, les gendarmes et la guerre organisé en 2005 par la Société nationale de l’Histoire et du Patrimoine de la gendarmerie)
  4. Instruction n° 8164 DEF/CAB/CM4 du 26 juillet 2013 portant sur l’organisation, les missions et le service de la prévôté hors du territoire de la République en temps de paix
  5. Article L. 411-2. du code de justice militaire sur Legifrance.
  6. Décret n° 2013-231 du 19 mars 2013 relatif au commandement de la gendarmerie prévôtale et à la brigade de recherches prévôtales. Voir aussi le Magazine Gend'info - numéro de mai 2013
  7. Source : Plaquette de présentation de la gendarmerie prévôtale téléchargeable à partir de la page "La prévôté" sur le site de la gendarmerie nationale (ministère de l'intérieur). Consultée le 30 janvier 2015 (voir lien ci-dessous en références externes).

Articles connexes

Liens externes

  • Portail de la police
  • Armée et histoire militaire françaises
Cet article est issu de Wikipedia. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.