Gabriel Jars
Gabriel Jars dit "le jeune" est un chimiste et métallurgiste français né à Lyon le , et mort à Clermont-Ferrand le .
Pour les articles homonymes, voir Jars (homonymie).
Biographie
Gabriel Jars dit le jeune est le dernier fils de Gabriel Jars (père), directeur des mines de cuivre de Chessy et de Sain-Bel, et de Jeanne-Marie Valioud. Troisième garçon d'une famille comprenant trois garçons (Antoine-Gabriel, Gabriel dit "l'ainé", et Gabriel dit "le jeune") et trois filles[1],[2]. Il fait ses premières études au grand collège des Jésuites de Lyon qui lui donne l'ouverture scientifique et la culture mathématique nécessaire. Il est appelé par son père quand celui-ci commence l'exploitation des mines de cuivre de Chessy et de Sain-Bel. Il se dirige alors vers une carrière de métallurgiste à laquelle il se donne avec ardeur et passion. De passage à Lyon, M. de Vallière, qui a connaissance de ses qualités, rencontre Gabriel Jars, et satisfait de cet entretien, le recommande à Daniel-Charles Trudaine, qui le fait entrer à l'École des ponts et chaussées en 1751. Il y apprend le dessin, les mathématiques et suit des cours de chimie pour mieux maitriser la métallurgie.
Il fait partie du petit groupe d'élèves que Daniel-Charles Trudaine accepte de spécialiser en matière de mines. Il effectue d'importants voyages sur des sites métallurgiques, dans toute l'Europe, afin de parfaire ses connaissances dans le domaine des techniques minières.
Il est l'auteur des Voyages métallurgiques, en 3 volumes, publiés par son frère Gabriel "l'aîné" en 1774[2].
On doit aussi à Gabriel le jeune un mémoire sur l'aérage naturel des mines. Il rédige en particulier un remarqué « Treizième mémoire » sur les mines de charbon et les forges de fer de l'Écosse (année 1765), les mines de charbon d'Écosse étant à cette époque plus développées qu'en France. Il organise aussi des voyages d'industriels et ingénieurs anglais ou écossais en France, pour faire progresser l'état de la science et des connaissances. Gabriel Jars contribue à l'introduction de nombreux procédés techniques en France, tout particulièrement la fonte au coke[3],[4].
Après sa mort à l'âge de 37 ans, son ami Jean-Pierre-François Guillot-Duhamel, également remarqué par Daniel-Charles Trudaine, poursuit ses recherches et travaux en les affinant.
Parcours personnel, inspection des manufactures et académie des sciences
En 1753, le jeune Jars est envoyé en mission en Bretagne, dans l'Anjou, puis en Alsace, pour l'exploitation des mines et payé 400 livres par mois.
En 1755, il retourne dans l'exploitation familiale[5], après avoir été nommé Inspecteur général des Manufactures. Il construit à Chessy un grand fourneau pour affiner le cuivre produit par les mines de son père[6].
En 1756, le gouvernement de Louis XV charge deux ingénieurs, Jars et Duhamel , d'une mission de trois ans en Europe Centrale pour y étudier les mines et les forges. Les observations qu'ils en tirent démontrent les progrès nécessaires au développement dans notre pays. Il est nommé correspondant de l'Académie des sciences le et de l'académie des sciences Belles lettres et Arts de Lyon. De retour à Chessy, il construit un martinet pour compléter l'équipement de la fonderie[6].
il devient membre titulaire de l'Académie des sciences le , juste avant sa mort, au détriment de Lavoisier, bien que celui-ci eût été désigné en première ligne. Le gouvernement voulait en effet récompenser Jars des services rendus à l'industrie des mines et de la métallurgie[5]. L'élection de Jars signe l'engagement industriel des chimistes, leur souci de contribuer à la formation des entrepreneurs. L'élection conjointe de Lavoisier traduit à contrario un tournant vers la science proprement dite, et l'affirmation de la constitution d'une chimie véritablement scientifique[7].
En , il se rend en Lorraine, aux forges d'Hayange, propriété de la famille Wendel. c'est là qu'il réalise sa première expérience de substitution du charbon de terre désoufré appelé COKE, au charbon de bois dans le haut fourneau. Poussé par ce premier succès, il réitère son essai le 07 à Saint Etienne, afin de démontrer l'économie réalisable par ce nouveau procédé. Ce sera là sa dernière œuvre, puisqu'il mourut 5 mois plus tard[8].
Voyages en France et en Europe
Après avoir visité et étudié en France pendant deux ans les exploitations de Poullaouen, Pontpéan, Ingrande (houille) en Anjou et Sainte-Marie-aux-Mines, il consacre trois années à voyager en Saxe, Autriche, Bohême, Hongrie, Tyrol, Carinthie et Styrie. Il visite, en 1765, l'Angleterre d'où il rapporte les procédés pour la fabrication du minium. Puis en 1766, il visite la Hollande, le Hanovre, le Hartz, la Saxe, la Norvège et la Suède.
À la même époque que ses voyages, Jean-Baptiste Vaquette de Gribeauval modernise en 1765 le corps des mines et de l'artillerie, en standardisant et diminuant le nombre des calibres de canons, plus mobiles et résistants tandis qu'André Fougeroux de Secval séjourne en 1767 dans plusieurs forges pour y améliorer la qualité des matériaux et des processus pour le compte de l'armée royale.
L'un des pères du site industriel du Creusot
Le , en rentrant à Dijon, c'est une lettre de l'intendant Bertin qui invite Gabriel Jars, en tant qu'ingénieur et correspondant de l'Académie des Sciences, aux mines de Montcenis, en Bourgogne. Le ministre lui demande d'aller visiter « une mine de charbon située à Montcenis, qu'il regarde comme très intéressante ». Jars se rend compte de l'intérêt du gisement de la Charbonnière et montre à François de la Chaise, le propriétaire, comment transformer le charbon de terre en coke, comme il l'a vu faire en Angleterre. Il est le premier à émettre l'idée d'installer, dans la vallée des Riaux et de Crozot (Montcenis), riche en charbon de terre (houille), des manufactures « pouvant être reliées par route à Chalon sur la Saône et à l’Arroux qui se jette dans la Loire »[6]. En 1781 François Ignace de Wendel (maitre de forge) avec William Wilkinson (maitre de forge britannique) et Pierre Toufaire (ingénieur) créent la fonderie royale du Creuzot[9]. Ce site deviendra en 1790, avec la création de la commune du Creuzot, le plus grand complexe métallurgique d'Europe continentale.
Références
- Grandjean de Fouchy (secrétaire perpétuel de l’Académie royale des sciences de France), « Éloge de M.Jars », sur académie-sciences.fr (consulté le ).
- Alexis Chermette, « La famille Jars et sa contribution à l'exploitation des mines lyonnaises au XVIIIe et au XIXe siècles », sur persée.fr, (consulté le ).
- « JARS Gabriel (dit le jeune) Antoine Gabriel », sur cths (consulté le ).
- « Chronologie Le Creusot », sur Écomusée Creusot-Montceau (consulté le ).
- « Antoine Gabriel JARS (1732-1769) », sur annales.org (consulté le ).
- Jean Chevalier, Le Creusot berceau de la grande industrie Française, Paris, Dunod, , 160 p..
- « Garçon Anne-Françoise, "Gabriel Jars, un ingénieur à l'Académie royale des Sciences" », sur HAL-SHS (consulté le ).
- Jean chevalier, Le Creusot berceau de la grande industrie française, Paris, Dunod, , 160 p., P. 41, chapitre III, la fabrication du fer par le procédé de M.Jars : "Poursuivant sa mission, Gabriel...".
- « Chronologie Le Creusot », sur Écomusée Creusot-Montceau (consulté le ).
Annexes
Bibliographie
- Jean-Paul Grandjean de Fouchy, Éloge de M. Jars, dans Histoire de l'Académie royale des sciences - Année 1769, Imprimerie royale, Paris, 1772, p. 173-179 (lire en ligne)
- Voyages métallurgiques, ou, Recherches et observations sur les mines ... en Allemagne, Suède, Norvège, Angleterre et Écosse, par Gabriel Jars, réédition de 1823.
- Garçon Anne-Françoise, « Les métaux non ferreux en France, XVIIIe-XIXe siècle », Thèse, EHESS, 1995, tome 1, chapitre IV "Innover".
- Le Creusot berceau de la grande industrie Française, Gabriel Jars La charbonnière et la forge du Mesvrin , par Jean Chevalier, 1935, éd. Dunod.
Articles connexes
Liens externes
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