Fritz Diez

Fritz Diez, né le à Meiningen (Allemagne, à l'époque dans le duché de Saxe-Meiningen, Empire allemand) et mort le à Weimar (Allemagne, à l'époque République démocratique allemande), est un acteur, metteur en scène et directeur de théâtre allemand.

Pour les articles homonymes, voir Diez.

Fritz Diez
Fritz Diez en 1966.
Naissance
Meiningen (duché de Saxe-Meiningen, Empire allemand)
Nationalité  Allemand
Décès (à 78 ans)
Weimar  (République démocratique allemande)
Profession Metteur en scène, acteur directeur de théâtre

Liminaire

Fritz Diez dans son rôle de Hitler dans Libération (1971).

Diez a principalement travaillé dans des films de propagande au cinéma et à la télévision et s'est rapidement imposé comme un acteur de caractère exceptionnel[1]. Il est devenu internationalement connu dans son rôle vedette : dans plusieurs films de la DEFA, mais aussi dans des productions étrangères et télévisées[2], une dizaine de fois au total, Diez a incarné Adolf Hitler de manière si mémorable que les acteurs suivants doivent être mesurés à ses performances[3].

Biographie

Le théâtre de Meiningen.

La mère de Fritz Diez est servante et élève seule ses trois enfants. Pour subvenir aux besoins de sa famille, le jeune Fritz commence à travailler à l'âge de neuf ans. Alors qu'il est en 7e année, il apparait dans Guillaume Tell, une production scolaire de sa classe. En 1920, après avoir rejoint le Théâtre ducal de Meiningen en tant qu'acteur surnuméraire, Diez quitte son travail d'apprenti électricien et commence à suivre des cours de théâtre à l'École d'art dramatique de Meiningen. Depuis, il se consacre au métier d'acteur professionnel, apparaissant sur les scènes des théâtres de Flensburg, Hanau, Baden-Baden, Würzburg et Eger[4]. Alors qu'il se produit au théâtre d'Eisenach, il rencontre l'actrice Martha Beschort[5] avec qui il se marie en 1923[6]. L'observation d'une agression de deux soldats de la Reichswehr contre un homme sans défense en 1924 lui fait réfléchir pour la première fois à la situation politique à Eisenach[7],[2].

En 1932, alors que le couple travaille au Stadttheater Bremerhaven, ils rejoignent tous les deux le Parti communiste d'Allemagne (KPD). Diez, qui est à l'origine membre de la Guilde de la scène allemande (Genossenschaft Deutscher Bühnen-Angehöriger (de)), joint l'Opposition syndicale révolutionnaire orientée Profintern et est élu président de la branche "théâtre"[4].

Le matin du , un jour après l'incendie du Reichstag, la maison de Diez est perquisitionnée par la Gestapo. Le , juste après les élections, l'acteur est démis de ses fonctions de par son appartenance communiste[4]. En 1935, Diez  craignant un interrogatoire par la Gestapo  émigre d'Allemagne[8]. Le couple se rend en Suisse, où Fritz Diez travaille au Théâtre de Saint-Gall. Diez s'implique dans les cercles communistes et antifascistes des exilés allemands qui se sont formés dans le pays[6]. Le directeur du Théâtre de Saint-Gall, Theo Modes, est un partisan du Troisième Reich, et Diez est « complètement isolé » sur son lieu de travail[9]. En 1943, il rejoint la branche suisse du Comité national pour une Allemagne libre (Nationalkomitee Freies Deutschland) récemment fondé[10]. À la fin de la guerre, Diez dirige la fraction de Saint-Gall de l'Union démocratique des Allemands en Suisse, une émanation du Comité[11]. Il édite également le journal du mouvement.

Fritz Diez (deuxième en partant de la gauche) en 1966.

Diez retourne à Meiningen sous administration soviétique en 1946 où il travaille au théâtre municipal, d'abord comme comédien puis comme metteur en scène et directeur artistique[6]. En 1947, il en est nommé directeur[12]. En 1952, il fait ses débuts à l'écran dans le film DEFA Schatten über den Inseln. Il apparaît dans une vingtaine de films jusqu'à la fin de sa carrière, ainsi que dans plusieurs productions télévisées[13].

En 1954, Diez quitte Meiningen, restant membre honoraire du théâtre, et prend le poste de directeur du Théâtre national de Halle[14]. En 1958, il rejoint le théâtre de Dresde en tant qu'acteur et metteur en scène. Au cours des années 1960, il joue et met en scène à Berlin des pièces à la Volksbühne et au Deutsches Theater. Diez est également membre de la Société allemande de Shakespeare[15].

Le personnage de Hitler, qu'il représente pour la première fois au théâtre de Meiningen en 1947, est décrit par Diez comme un « rôle ingrat qui semble toujours me poursuivre »[4]. Il joue le personnage à l'écran dans sept productions différentes, Ernst Thälmann - Führer seiner Klasse (1955), I, Justice, Et l'Angleterre sera détruite (toutes deux en 1967), Libération (1970-1971), Dix-Sept Moments de printemps (1973), Take Aim ( 1974) et Soldats de la liberté (1977). Dilara Ozerova  l'épouse de Iouri Ozerov, qui a réalisé Libération  affirme que Diez était réticent à accepter l'invitation de représenter Hitler dans la série de films de son mari, craignant que ce rôle le poursuive, mais l'a accepté comme une « mission du Parti ». L'auteur Charles P. Mitchell écrit que l'acteur est « l'équivalent en Europe de l'Est de Bobby Watson en termes de fréquence de ses apparitions comme Hitler »[16].

En 1971, Diez reçoit l'Ordre du mérite patriotique en argent[17]. Le , peu de temps avant sa mort, il reçoit le titre de citoyen d'honneur de Meiningen (de).

Filmographie

Au cinéma

À la télévision

  • 1963 : A Man and his Shadow : rôle non crédité
  • 1963 : Carl von Ossietzky : Hellmut von Gerlach
  • 1963 : Blaulicht (Blue Light) de Otto Holub : Major Löbel (épisode 18 : Heißes Geld [Hot Money])
  • 1965 : Moments of Joy : Otto Meinicke
  • 1966 : Secret Unit Boomerang : rôle non crédité
  • 1966 : No Victory Without Struggle : Hermann Josef Abs
  • 1967 : Blaulicht (Blue Light) de Manfred Mosblech : Dr. Döppke (épisode 28 : Nachtstreife [Night Patrol])
  • 1969 : Three From the K : The committee chief (épisode 13 : A Strange Case)
  • 1970 : Tcheliouskine : Valerian Kouïbychev
  • 1973 : Dix-Sept Moments de printemps (Siebzehn Augenblicke des Frühlings, Семнадцать мгновений весны) de Tatiana Lioznova : Adolf Hitler (épisodes no  1, 3 et 5)
  • 1973 : The Wondrous Treasure : juge
  • 1974 : Neues aus der Florentiner 73 (New From Florentiner No. 73) de Klaus Gendries : Krawuttcke
  • 1977 : Soldiers of Freedom : Adolf Hitler (quatre épisodes)
  • 1978 : Gefährliche Fahndung (Dangerous Inquiry) de Rainer Hausdorf : rôle non crédité (saison 1, épisode 2 : Death in the Alpsee)
  • 1980 : Joy in the Rear Exit : le père de Karl (filmé avant la mort de Diez)
  • 1993 : The Tragedy of the 20th Century : Adolf Hitler (compilation de séquences à partir d'images d'archives)

Voxographie

  • 1957 : Duped Till Doomsday : Adolf Hitler
  • 1961 : The Story of the Christmas Man : narrateur
  • 1961 : Two Goats : narrateur
  • 1961 : Aunt Minna, her Dog and Science : narrateur

Théâtre

Bibliographie

  • Marie-Louise Michel, « Fritz Diez », in: Andreas Kotte (Hrsg.), Theaterlexikon der Schweiz, Band 1, Zürich : Chronos, 2005, (ISBN 3-0340-0715-9), p. 469.

Notes et références

(en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Fritz Diez » (voir la liste des auteurs).
  1. H. Müncheberg, Fritz Diez. Wieder auf dem Bildschirm in Günter Görlichs Fernsehspiel Das verlorene Jahr, FF dabei, 21–27 mai 1967.
  2. Ingrid Eberhardt, Kinder des Bezirkes – diesmal Schauspieler Fritz Diez oder: Das totale und unwiderrufliche Engagement fürs Theater, Freies Wort (FW-Beilage Nr. 20), 15 juin 1979.
  3. Peter-J. Fischer, Mosfilm gratulierte vorfristig. Am 27. Februar beging Fritz Diez seinen 75. Geburtstag / Ein TNN-Gespräch, Thüringer Neueste Nachrichten, 28 février 1976.
  4. Theater der Zeit, Verband der Theaterschaffenden der DDR (September 1979), (ISSN 0040-5418), pages 16-21.
  5. Martha Beschort
  6. Frithjof Trapp, Handbuch des deutschsprachigen Exiltheaters 1933-1945: Verfolgung und Exil deutschsprachiger Theaterkünstler, K.G. Saur Verlag (1999), (ISBN 978-3-598-11374-1), pages 89, 181-182, 285.
  7. Werner Voigt, Grund-Sätze meines Lebens haben sich bewahrheitet. Mit dem Schauspieler Genossen Fritz Diez aus aktuellem Anlaß im Gespräch, Das Volk, 17 mars 1979.
  8. Werner Mittenzwei, Exil in der Schweiz, Röderberg, 1979, (ISBN 978-3-87682-484-0), page 351.
  9. Brigitte Bruns, Werft Eure Hoffnung über neue Grenzen, Henschel Verlag, 2007, (ISBN 978-3-89487-571-8), page 62.
  10. Hans Teubner, Exilland Schweiz, Diez Verlag, 1979, ASIN B003H2Z0RG, page 296.
  11. Jörg Krummenacher, Flüchtiges Glück. Die Flüchtlinge im Grenzkanton St. Gallen zur Zeit des Nationalsozialismus, Zürich, 2005, (ISBN 3-85791-480-7), page 402.
  12. Petra Stuber, Spielräume und Grenzen: Studien zum DDR-Theater, Links Verlag, 2003, (ISBN 3-86153-171-2), page 302.
  13. Dieter Reimer, DEFA-Stars: Legenden aus Babelsberg, Militzke Verlag, 2004, (ISBN 3-86189-717-2), pages 178-9.
  14. Norbert Moczarski, Die Protokolle des Sekretariats der SED-Bezirksleitung Suhl, Boehlaus Herrmann Nachf., 2002. (ISBN 978-3-7400-1162-8), page 23.
  15. B. Tauchnitz, Shakespeare Jahrbuch. Banden 100-101, Deutsche Shakespeare-Gesellschaft, 1964, page 43.
  16. Charles P. Mitchell, The Hitler Filmography: Worldwide Feature Film and Television Miniseries Portrayals, 1940 Through 2000, McFarland & Co., 2002, (ISBN 978-0-7864-1295-2), page 171.
  17. Ingrid Eberhardt, Kinder des Bezirkes – diesmal Schauspieler Fritz Diez oder: Das totale und unwiderrufliche Engagement fürs Theater, Freies Wort, 15 juin 1979.

Liens externes

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