François de Plantade
François de Plantade est un astronome, cartographe et archéologue français, né le à Montpellier et mort le sur le pic du Midi de Bigorre. Il a publié sous le pseudonyme de Dalempatius.
Biographie
François de Plantade est le fils aîné d'Étienne de Plantade (1636–1714), conseiller à la Cour des comptes, aides et finances de Montpellier pendant 55 ans[1] et de Françoise de Vallette-des-Plans. Il a un frère, Gaspard-René, qui lui succédera dans son rôle officiel[2].
Il fait ses études au collège des jésuites de Montpellier jusqu'en humanités, toujours premier de classe. Ensuite, chez les oratoriens, il continue l'étude des humanités, puis passe en rhétorique et en philosophie. Admiré, mais peu sûr de lui, il va étudier le droit à Toulouse de 1688 à 1692. Il possède le latin et le grec et entend l'hébreu[3].
Il décide ensuite de voyager. À Paris, où il va d'abord en 1693, son inclination pour l'astronomie est comblée par la rencontre de Jean-Dominique Cassini, qui fait de lui un mathématicien et un astronome. En 1698 et 1699 il se rend en Angleterre et aux Pays-Bas ; il apprend les langues de ces pays. À La Haye, il se lie avec Pierre Bayle[4].
De retour à Montpellier, il succède à son père dans son office en 1700. Il a l'idée de fonder une académie, se lie entre autres avec Jean de Clapiès, rassemble des savants, dont François Xavier Bon de Saint Hilaire[5], reçoit les lettres patentes[6] de l'Académie des sciences de Montpellier et prononce un discours d'ouverture très remarqué. C'est cette même année qu'il observe avec Clapiès l'éclipse de Soleil[7] et s'intéresse aux taches solaires[8],[9].
En 1711, son père lui fait acquérir une charge d'avocat général, dont il ne se démet qu'en 1730. En 1732, il obtient des lettres patentes de conseiller d'honneur.
À l'âge de 54 ans il épouse Catherine Tessier. Le couple a deux filles ; l'aînée reçoit son éducation scientifique de son père[10]. Leur fille Marie Hélène épouse le 17 juillet 1753 à Montpellier Joseph, vicomte de Lavergne Montbazin[11].
L'Académie s'est chargée de dresser la carte des diocèses du Languedoc. Plantade, Clapiès et Danysi[12] font ensemble celle du diocèse de Narbonne en 1729, puis se séparent pour les autres. Plantade ne laisse échapper aucune proposition ; c'est ainsi qu'il se trouve lancé dans un très sérieux travail d'archéologie[13].
Par intention du roi il reçoit ordre de M. de Crillon, archevêque de Narbonne, et du comte de Maurepas, en vue d'une description générale de la France, d'aller sur les plus hauts sommets afin d'en relever les objets visibles.
Plantade avait gravi le massif du Saint-Barthélemy et le pic du Canigou pour y faire des relevés barométriques[14]. Mais son ascension, à 70 ans, du pic du Midi de Bigorre lui est fatale. Le 25 août, il meurt au col de Sencours, sextant au poing, en s'exclamant : « Ah ! que tout ceci est beau[15] ! »
Il vivait, selon Pierre Serres, dans une métairie ayant appartenu à Guillaume Rondelet[16]. En 1746, cinq ans après sa mort, le travail de cartographie est terminé[17].
Contributions
Observations astronomiques
- De 1705 à 1726, observation des taches du Soleil[9].
- Le , éclipse de Lune[18].
- Le , avec Jean de Clapiès, éclipse totale du Soleil observée à partir de la tour de la Babotte[7].
- Le , éclipse de Lune[19].
- Le , avec Jean de Clapiès, éclipse de Vénus[20].
- Le , éclipse de Mars par la Lune[9].
- Le , éclipse du Soleil[21].
- Le , éclipse de Lune[9].
- Le , aurore boréale à Montpellier.
- Le , transit de Mercure[22].
- Le , éclipse de Lune.
Œuvres
Astronomie
- Abréviation : HSRSM : Histoire de la Société Royale des Sciences établie à Montpellier :
- « Observation de l'éclipse de Lune du faite à Montpellier », dans HSRSM1, p. 16
- (avec Jean de Clapiès[7]) « Sur une éclipse totale de Soleil », dans HSRSM1, p. 181–196[24] — Éclipse du .
- « Observation du passage de Mercure sur le disque du Soleil, faite à Montpellier le », dans HSRSM1, p. 252
- « Sur deux aurores boréales observées en 1726 et 1730 », dans HSRSM2, p. 4–23
- « Observations sur l’aurore boréale du 15 février 1730 »
- « Observations sur la planète Mercure », 1736
- Observation de l'éclipse de Lune du (OCLC 9410157)
Cartographie
François de Plantade contribue à la réalisation des cartes des diocèses de Languedoc suivants : Alet, Carcassonne, Lavaur, Montauban, Montpellier, Narbonne, Rieux, Saint-Papoul, Toulouse.
- « Extrait du mémoire de M. Plantade, sur quelques nouvelles expériences du barométre », dans Extrait de l'Assemblée publique de la Société royale des sciences : du 27 février 1732 (OCLC 172987812)
- Jean-Michel Faidit, « Astronomie et astronomes en Languedoc, thèse de doctorat, 1993 »
Archéologie
- « Sur la position du Forum Domitii », dans HSRSM2, p. 68
- « Mémoire sur le Forum Domitii des Anciens » (OCLC 742808202)
Œuvres de circonstance et autres écrits
- Discours prononcé à la première assemblée publique de la Société Royale des Sciences [de Montpellier], tenue… le dixième… de décembre mil sept cens six, J. Martel, 1706, 32 p. (OCLC 643616422)[25]
- Éloge de M. Gauteron (1660–1737) (OCLC 742860495)[26]
- Mémoire de la Société royale des sciences de Montpellier au sujet de l'histoire naturelle de Languedoc, 1726 (OCLC 743151575)
On a de plus deux lettres adressées à Plantade par Pontchartrain, chancelier de France[27].
Amusements
- « Dalenpatius », « Extrait d'une lettre contenant une observation microscopique de la semence par M. Dalenpatius », dans Collection académique composée des mémoires, actes ou journaux des plus célèbres académies et sociétés littéraires étrangères, mai 1699, t. 7, p. 410Sous le nom de Dalenpatius (anagramme d'une forme latinisée de son nom, suppose Pierre Larousse), Plantade est l'auteur[28] d'une mystification, notamment dans une dissertation envoyée à Bayle où il voyait au microscope de petites anguilles dans le sperme humain[29],[30]. La mystification semble avoir pas mal circulé. Leeuwenhoek écrivit une longue lettre à la Société Royale de Londres pour s'en moquer ; malheureusement il inclut dans sa diatribe une illustration de « Dalenpatius », qui, par erreur, se retrouva dans un de ses écrits à lui. Ce fut de Leeuwenhoek qu'on se moqua[31]. On parle encore aujourd'hui du tour joué par Dalenpatius[32],[33].
- « Extrait d'une lettre de M. Dalenpatius à l'auteur de ces Nouvelles de la République des Lettres », dans Nouvelles de la République des Lettres, mai 1669, vol. 4, Genève, Slatkin Reprints, p. 552–553
- Le conte des fées du Mont des Pucelles : pamphlet anonyme du XVIIe siècle, introduction, notes et appareil critique par Marcel Barral, Montpellier, Entente bibliophile, 1988 (OCLC 33666045) — Plantade est l'« auteur présumé ».
Bibliographie
- [Des Bois] François-Alexandre Aubert de La Chesnaye des Bois, Dictionnaire de la noblesse, contenant les généalogies, l'histoire et la chronologie des familles nobles de France, vol. 11, Vve Duchenne, 1776, p. 345
- Louis Moréri, « Plantade (François de) », dans Le grand dictionnaire historique : O-Q, 1759, p. 394
- [Ratte] Étienne-Hyacinthe de Ratte, « Éloge de M. de Plantade », dans René Desgenettes, Éloges des académiciens de Montpellier; recueillis, abrégés et publiés […[ pour servir à l'histoire des sciences dans le dix-huitième siècle, Paris, Bossange et Masson, 1811, p. 81–92
- « Éloge de M. de Plantade », dans Assemblée publique de la Société royale des sciences, tenue dans la grande salle de l'hôtel de ville de Montpellier le 21 novembre 1743, Montpellier, Jean Martel, 1743, p. 5–31
- Jean-Michel Faidit ; Patrick Rocher - Montpellier et les éclipses de Soleil. Centre Culturel de l'Astronomie, Montpellier, 2005.
- Édouard Roche, « Notice sur l'observatoire de l'ancienne Société des sciences de Montpellier », dans Académie des sciences et lettres de Montpellier, t. 10, Montpellier, Boehm et fils, 1884, p. 133
Compléments
Hommages
- (46719) Plantade, astéroïde[34]
Notes et références
- Acad. désigne les Mémoires de l'Académie des sciences [de Paris].
- François-Alexandre Aubert de La Chesnaye des Bois, Dictionnaire de la noblesse, contenant les généalogies, l'histoire et la chronologie des familles nobles de France, vol. 11, Vve Duchenne, 1776, p. 345.
- Des Bois.
- Ratte, p. 81.
- Ratte, p. 82.
- Édouard Roche (Roche 1884), parlant de l'Académie, écrit, p. 135 : « Ses trois premiers fondateurs, Plantade, Bon et Clapiès… ».
- L'Académie de Montpellier « ne sera regardée que comme une « extension et une partie » de l'Académie royale des sciences, établie à Paris » : notice du département de l'Hérault.
- « French mathematician and cartographer Jean de Clapiès (1670–1740) was involved with Plantade in the observations of the 1706 total solar eclipse from Montpellier's Babote Tower. » Page de la NASA consacrée à (59793) Clapiès.
- Ratte, p. 84.
- HSRSM2, p. 66.
- Ratte, p. 92. Deux filles selon Ratte, une seule selon Des Bois.
- Archives Départementales de l'Hérault, acte de mariage
- Plusieurs orthographes.
- Ratte, p. 87.
- Acad., 1740, p. 86.
- François Boissier de Sauvages, « Éloge de M. de Plantade », dans Assemblée publique de la Société royale des sciences, tenue dans la grande salle de l'hôtel de ville de Montpellier, le , Jean Martel, 1743.
- Histoire abrégée de la ville de Montpellier, 1827, p. 14.
- Société archéologique de Montpellier, Mémoires, vol. 3, p. 443.
- Acad., 1704, p. 58.
- Notice D 116 du département de l'Hérault.
- Jean-Dominique Cassini, « Extrait de l'observation de l'éclipse de Vénus du 28 juin 1715 faite à Montpellier par MM. de Plantade et de Clapiès : avec quelques réflexions sur les apparences qui ont pu donner lieu de juger qu'il y avait une atmosphère autour de la Lune », dans Acad., 1718, p. 137.
- Acad., 1726, p. 329.
- Cassini (« Observation du passage de Mercure devant le Soleil du », dans Histoire de l'Académie royale des sciences [de Paris], année 1736, p. 435) rapporte les observations de Plantade, p. 439.
- Jean Pierre Thomas, Mémoires historiques sur Montpellier et sur le département de l'Hérault, 1827.
- Le texte ne porte pas de signature.
- Fiche de worldcat.org.
- Antoine Gauteron était le secrétaire de l'Académie : notice D 117 du département de l'Hérault.
- Du et du .
- Denis Diderot et d'Alembert, « Encyclopédie, ou Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers, Volume 15, Sociétés Typographiques, 1782 ».
- Jean-Baptiste-Claude Delisle de Sales, De la philosophie de la nature, ou, Traité de morale pour le genre humain : tiré de la philosophie et fondé sur la nature, Gide libraire, vol. 5, 1804, p. 31.
- Francis Joseph Cole, Early theories of sexual generation, 1976, p. 68–72.
- Laura J. Snyder (en), Eye of the beholder : Johannes Vermeer, Antoni van Leeuwenhoek, and the reinvention of seeing, 2015, p. 228.
- Holly Tucker, Pregnant fictions : childbirth and the fairy tale in early-modern France, Wayne State University Press, 2003.
- Clara Pinto-Correia (en), The ovary of Eve : egg and sperm and preformation, University of Chicago Press, 2007, 420 p.
- Page de la NASA consacrée à (46719) Plantade.
Article connexe
Liens externes
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