Forteresse de Paule

La forteresse de Paule est un site archéologique de la protohistoire celtique, situé au sud de la commune de Paule dans le département des Côtes-d'Armor (région Bretagne). Occupé par les Osismes du VIe siècle av. J.-C. au Ier siècle av. J.-C. le site a évolué pour d’une résidence fortifiée devenir un oppidum, avant d’être abandonné.

forteresse de Paule
camp de Saint-Symphorien
Localisation
Pays France
Type ferme fortifiée, oppidum
Coordonnées 48° 13′ 09″ nord, 3° 26′ 29″ ouest
Géolocalisation sur la carte : France
forteresse de Paule
Géolocalisation sur la carte : Bretagne
forteresse de Paule

Chronologie de l’occupation[1]

  • Fin du VIe siècle av. J.-C. : fondation d’une résidence (habitation et ateliers) sur un espace d’un hectare, entouré d'un talus et d’un fossé. À l’origine, il s’agit probablement d’une résidence aristocratique[2]
  • IIIe siècle av. J.-C. : agrandissement du site. Construction de nouvelles dépendances, de deux tours d'angle et de quatre tours portières. Deux autres bâtiments sont construits accolés au rempart et des souterrains sont creusés. Le fossé qui ceint l'avant-cour est profond de 4 mètres.
  • IIe siècle av. J.-C. : un important incendie endommage le site qui est partiellement reconstruit et subit de profonds remaniements. Construction d’une nouvelle habitation, d’une grange, d’un entrepôt, d’une écurie. Le rempart et le fossé entourent un espace de 10 hectares.
  • Ier siècle av. J.-C. : évolution et agrandissement du site. Il occupe alors une surface de 30 hectares, ce qui l’assimile à un oppidum. Peu après la guerre des Gaules le site est abandonné au profit de Vorgium (Carhaix-Plouguer) et les bâtiments détruits.

Selon l’archéologue Yves Ménez, qui a supervisé le chantier de fouilles, le site de Saint-Symphorien pourrait avoir été une des premières villes de Bretagne[3].

Description

Le site a été fouillé entre 1988 et 2001. Dès le Ve siècle av. J.-C. au moins se trouvait là une ferme fortifiée, ceinte d'un enclos carré de 30 m de côté délimité par une palissade. Un autre enclos plus petit, lui aussi de forme carrée, situé à proximité, abritait le cimetière familial. Cette ancienne ferme fortifiée, par la suite transformée en forteresse à multiples fossés et remparts, fut la résidence assez luxueuse d'une famille aristocratique des IIe siècle et Ier siècle av. J.-C. Au total, quatre statuettes, des bustes, probablement des effigies d'ancêtres de cette famille, ont été trouvées dans un des fossés sur le site. L'un de ces bustes est orné d'un torque en tôle d'or, signe de bravoure et de dignité, et d'un instrument de musique à sept cordes, une lyre, indiquant qu'il s'agit d'un barde. Les fondations d'un vaste bâtiment édifié vers 150 av. J.-C. (une vingtaine de trous correspondant aux fosses d'implantation des poteaux qui supportaient la charpente ont été retrouvés) dans un enclos délimité par un talus et une palissade : il s'agit probablement d'un grenier à grains sur pilotis[4].

Yves Ménez[5] pense que Paule était le centre d'activités commerciales importantes, que les dirigeants du site avaient un statut social élevé (de grands aristocrates gaulois osismes) ; on a trouvé par exemple sur le site de nombreuses amphores qui avaient servi à transporter du vin venu de Méditerranée, ce qui illustre le prestige des maîtres du lieu[6].

Découvertes

Paule : statues du second âge du fer (Musée de Bretagne, Rennes)
Statue de barde trouvée dans un fossé du site[7].

Quatre statues ont été retrouvées sur le site :

  • « […] un personnage masculin paré d'un torque et assis jambes croisées tient plaquée contre son torse une lyre à sept cordes »[8] (hauteur : 48 centimètres). Datée du IIe siècle av. J.-C. la lyre permet de supposer qu’il s’agit d’un barde, c’est-à-dire un membre de la classe sacerdotale des Celtes au même titre que le druide, spécialisé dans l’histoire et la généalogie (lignage des souverains et des familles nobles), la poésie (mythologie et épopées), la louange, la satire et le blâme (gouvernement de la société)[9].

Autres découvertes

  • De nombreux tessons d’amphores (5 000 tessons représentant 350 récipients[10]) attestent du commerce de vin avec l’Italie.
  • Les ateliers de métallurgie ont conservé des restes de bronze, de fer et d’or.

Notes et références

  1. Brun et Ruby 2008, p. 100-101
  2. Kruta 2000, p. 773
  3. Cité dans Armor Magazine no 35, page 6.
  4. Yves Menez et Stéphane Hingant, "Fouilles et découvertes en Bretagne", éditions Ouest-France, INRAP, 2010 [ (ISBN 978-2-7373-5074-0)]
  5. Conservateur en chef du Service régional de l'archéologie
  6. Erwan Chartier-Le Floch, Paule. De la ferme celte à la forteresse gauloise, journal Le Télégramme de Brest et de l'Ouest, n° du 23 septembre 2018.
  7. Article Bretagne : le barde à la Lyre, où les secrets d'une statue gauloise révélée par la 3D de Bernadette Arnaud du 28.03.2019 à 14h38, sur le site de Science et Avenir.
  8. Giot, Briard et Pape 1995, p. 403, citant C. Vendries dans Archeologia no 294, 1993.
  9. Pour la classe sacerdotale des Celtes, voir Christian-J. Guyonvarc'h et Françoise Le Roux, Les Druides.
  10. Dictionnaire d’histoire de Bretagne, page 571, article « Paule / Paoul » de Jean-Yves Éveillard.

Voir aussi

Sources et bibliographie

Articles

  • Yves Ménez, « Les sculptures gauloises de Paule (Côtes-d'Armor) », Gallia, no 56, , p. 357-414 (lire en ligne)
  • Yves Ménez et Jean-Charles Arramond, « L'habitat aristocratique fortifié de Paule (Côtes-d'Armor) », Gallia, no 54, , p. 119-155 (lire en ligne)

Audio

Articles connexes

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