Forêt obscure

Forêt obscure (Forest Dark) est un roman américain de Nicole Krauss paru en 2017 et publié en traduction française par L'Olivier en 2018.

Forêt obscure
Auteur Nicole Krauss
Pays États-Unis
Genre Roman
Version originale
Langue Anglais
Titre Forest Dark
Éditeur HarperCollins
Lieu de parution New York
Date de parution
ISBN 978-1-4088-7178-2
Version française
Traducteur Paule Guivarc
Éditeur L'Olivier
Lieu de parution Paris
Date de parution 2018
Type de média papier
Nombre de pages 286
ISBN 978-2-82-360-923-3

Trame narrative

L'action se déroule sur une dizaine de mois, en Israël, pour l'essentiel à Tel Aviv, Jérusalem, et Safed (Haute Galilée), en 2013, si on souhaite respecter une cohérence temporelle interne.

Jules Epstein a cessé d'être « au sommet de tout » : il cherche désormais à « se délester de soi pour mieux se retrouver[1] ». Il réside un temps à Tel Aviv (au quinzième étage du Hilton Tel Aviv (en)), puis dans un trou à rats (p. 14) à Jaffa, puis disparaît. La Police d'Israël le recherche, puis le Shin Bet en est chargé. Seule importe la quête de Lucie Epstein, qui est sur place, essentiellement parce qu'elle est en panne d'inspiration et peut-être un passage à vide plus essentiel, et qu'elle tente de se soigner au . Le récit suit en alternance les deux personnages. Lekh Lekha : Suite ton pays, ta parenté et la maison de ton père, pour le pays que je t'indiquerai (p. 257).

Le père (68 ans) quitte sa situation, son épouse, son pays, son travail, ses amis, sa famille, et décide de se dépouiller de tous ses biens. Son syndrome de générosité absolue (p. 20) sans contrepartie n'est compris de personne : il n'avait plus besoin d'être compris (p. 214). Ce désordre neurologique, consécutif à la disparition de ses parents et à la lecture d'un poète israélien d'origine polonaise, mort à soixante-six ans (p. 21), l'amène à prendre un prêt hypothécaire sur son appartement new-yorkais et à partir (définitivement ?) pour Israël. Il est vite dépouillé de son pardessus et de son portefeuille, à New York. Il est sauvé de la noyade par un Russe en Israël. Il cherche à laisser le nom de ses parents Edith-et-Solomon-Epstein à des œuvres qui le méritent : Institut Weizmann, Fonds national juif, film sur le roi David...

Eliezer Friedman, spécialiste de littérature hébraïque ancienne, par l'entremise d'une connaissance commune (Effie), rencontre Lucie (39 ans), dont il lit et apprécie les romans. Il l'entraîne rue Spinoza, la rue d'Eva Hoffe, l'héritière des manuscrits de Kafka. Elle a au matin une vision de Kafka suicidaire à sa fenêtre, et l'information d'une baleine blanche égarée au large de Tel Aviv. À la seconde rencontre, Eliezer lui offre quelques exemplaires anciens de livres de Kafka, et la théorie que Kavka (choucas en tchèque) a été transféré en 1921 en Palestine, et que ce Juif pragois maigre et souffreteux (p. 195) aurait donc franchi la porte, caché à Réhavia puis dans un kibboutz, et serait mort en 1956 sous l'identité du jardinier Anshel Peleg (p. 177). La troisième rencontre les mène tous deux dans un voyage à la Mer Morte avec une valise de documents de Kafka (venant d'Eva Hoffe)...

Avant de prendre l'avion à l'aéroport international John-F.-Kennedy de New York, il assiste à une petite manifestation avec Mahmoud Abbas Abou Mazen (né en 1935 à Safed), en présence de Madeleine Albright (1937-) mais surtout d'un rabbin, Menachem Klauzner, qu'il retrouve dans l'avion, puis à Tel Aviv. Il finit par céder à une de ses invitations à visite à Safed, au Guilgoul. Il y est ravi non pas par une dynastie davidique (où il figurerait en bonne place) mais par l'apparition biblique d'une inconnue adorable (p. 153). Il va l'accompagner sur le tournage à embûches du film sur le roi David.

Finalement, Jules décide d'offrir deux millions de dollars pour planter 400 000 arbres dans le nord du Néguev, une forêt. Et, en temps voulu, il s'installe dans une cabane de jardinier, avec un livre, Forêts d'Israël. Lucie, arrêtée par la police, est emmenée dans une cabane de jardinier qui pourrait être celle de Kafka au désert, avec un seul livre pas en hébreu, Paraboles (livre) (de Kafka). Après un certain temps, Lucie sur le départ voit à la terrasse de sa chambre du quinzième étage [...] un corps penché par-dessus la rambarde (p. 281).

Prolongements

Ce rapide survol oublie l'hommage à la danse et à l'école d'Ohad Naharin : de petits écroulements quand nous bougeons, puis un écroulement continu,léger mais constant, comme s'il neigeait en nous (p. 140), l'hommage à la peinture (collectionner, puis vendre ses tableaux, dont une Annonciation du quinzième siècle chez Sotheby's pour le film) et aussi à la fauconnerie.

L'ironie est fréquente, par exemple pour la littérature (les Luftmenschen), le folklore hassidique, et particulièrement la soirée de Shabbat à Safed : la barbe hérissée par l'excitation de communiquer avec le Tout-Puissant, moins pour chanter que pour ajouter un hurlement incohérent genre Gilles de la Tourette à l'ensemble (p. 144).

Surtout, le résumé narratif ignore la réflexion sur la création, divine, puis humaine. Le septième jour est celui du regret, du repos, pas de l'apathie, mais de la ménucha : participer à la recréation du monde, ou du moins à sa réparation, en permanence, préparer le kairos, l'occasion. Mais la kabbale lourianique propose bien davantage.

Kafka ? « N'ayant jamais réellement vécu, ne se sentant exister que dans l'irréalité de la littérature, il n'avait aucune adresse en ce monde. [...] En un sens, la Palestine était le seul endroit aussi irréel que la littérature et parce qu'elle était encore à inventer » (p. 185). Et Gaza est si proche...

Les univers parallèles sont multiples, rarement compatibles, souvent hétérogènes.

Plan

I

  1. p. 13 : Ayeka
  2. p. 47 : Dans l'improviste
  3. p. 99 : Chaque vie est étrange
  4. p. 119 : En route pour Canaan
  5. p. 143 : Est et n'est pas
  6. p. 165 : Kaddish pour Kafka

II

  1. p. 18 1 : Guilgoul
  2. p. 201 : Les Forêts d'Israël
  3. p. 219 : Quelque chose à transporter
  4. p. 229 : Le Dernier roi
  5. p. 245 : Au désert
  6. p. 267 : Lekh Lekha
  7. p. 275 : Déjà là

Personnages

  • Jules Epstein (1945- ), Yuda, 68 ans en 2013, multimillionnaire juif américain de New York, ancien grand avocat du cabinet notarial Schloss, autrefois au sommet de tout, désormais renonçant,
    • ses parents récemment décédés, Edie / Edith et Sol / Solomon Epstein, et leur employée de maison Conchita,
    • sa sœur Joanie, et son frère sans nom disparu pendant la guerre,
    • son épouse Lianne, épousée en 1970 et dont il a divorcé depuis dix mois,
    • ses trois enfants américains : Lucie (1974- ), Jonah (1984- ), Maya (1997- , qui possède un appartement rue Brenner à Tel Aviv, et leur ancienne nounou),
    • son ancienne accoucheuse et nounou, roumaine, Mme Chernovitch, seule capable de calmer l'irascible petit Epstein,
    • Anna, la jeune nounou de ses enfants pendant dix ans, avec le secret de sa valise fermée,
    • son assistante, Sharon,
    • son médecin, Silverblatt,
    • le portier, Haaroon, du Pendjab,
    • Moti, un cousin israélien,
    • Galit, spécialiste de sylviculture du FNJ,
    • et quelques autres utilités,
  • Zubin Mehta (1936- ), chef d'orchestre international d'origine indienne, avec référence à Haendel (Le Messie) et à Wagner,
  • Lucie Epstein (1974- ), 39 ans en 2013, épouse de Z, romancière américaine, aux romans connus et/ou appréciés en Israël,
    • Matti Friedman, journaliste (de Jérusalem) à Toronto, connaissance, qui permet la rencontre de Lucie et d'Eliezer,
    • Eliezer Friedman, professeur de littérature à l'Université de Tel Aviv, réputé proche du Mossad,
    • Hana, amie à peine évoquée (p. 85),
    • Ohad Naharin (1952-), chorégraphe israëlo-américain, ami de Lucie,
    • Itzhak Perlman (1945-), violoniste,
    • le soldat Schectman, et la soldate anonyme,
  • Rabbin massorti Menahem Klausner, américain, né à Cleveland, transplanté en Israël, exerçant à Safer,
    • Peretz Chaïm, violoniste de jazz klezmer, membre du groupe du rabbin,
    • sa fille Yaël, le régisseur Eran, le réalisateur Dan, travaillant sur le tournage d'un film sur le roi David,
    • et beaucoup de croyants et pratiquants...

Éditions

Accueil

Les critiques francophones sont très favorables[2],[3],[4],[5].

Articles connexes

Notes et références

  1. André Clavel, « Se délester de soi pour mieux se retrouver », Le Temps, (lire en ligne, consulté le ).
  2. Nelly Kaprièlian, « Rencontre avec Nicole Krauss, qui signe le plus beau roman de la rentrée », Les Inrockuptibles, (lire en ligne, consulté le ).
  3. https://www.transfuge.fr/le-grand-entretien-apres-sept-ans-de-silence-foret-obscure-marque-le-grand-retour-de-l-ecrivain-new-yorkaise-nicole-krauss,1055.html
  4. « Entretien avec Nicole Krauss - En attendant Nadeau », sur En attendant Nadeau, (consulté le ).
  5. « Nicole Krauss : le roman, « cette forme qui peut contenir l’informe » (Forêt obscure) », sur DIACRITIK, (consulté le ).
  6. « L'héritage Kafka dans le pipi de chat », sur nouvelobs.com, L'Obs, (consulté le ).
  7. https://vaaju.com/czechrepubliceng/eva-hoffe-died-in-prague-daughter-of-brods-secretary-judged-kafkas-archives/
  8. (en) « Eva Hoffe Archives / Jewish Journal », sur Jewish Journal (consulté le ).
  9. http://kkl.fr/plus-de-1000-hectare-de-forets-et-de-terres-agricoles-ont-brule-en-israel-en-quelques-jours-le-kkl-de-france-lance-une-grande-campagne-durgence/
  10. http://www.fao.org/3/x5369f/x5369f08.htm
    • Portail de la littérature américaine
    • Portail des années 2010
    Cet article est issu de Wikipedia. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.