Flower of Scotland
Flower of Scotland (Flùir na h-Alba en gaélique écossais, Flouer o Scotland en scots) est un hymne national officieux de l'Écosse, au même titre que le plus ancien Scotland the Brave. Cette chanson a été créée (paroles et musiques) par l’Écossais Roy Williamson du groupe folklorique The Corries en 1967.
Histoire
Flower of Scotland fut utilisée pour la première fois par des supporters écossais de l'équipe de rugby des Lions britanniques et irlandais lors de leur tournée en Afrique du Sud en 1974. La fédération écossaise de rugby à XV décida qu'elle serait jouée avant chaque match de l'Écosse en 1993.
C'est en 1990 qu'elle est utilisée pour la première fois lors d'une rencontre officielle. Jusque-là l'hymne joué pour l'Écosse était le God Save the Queen. À la demande du XV écossais, Flower of Scotland fut joué comme hymne pour le dernier match du Tournoi des Cinq Nations, dans une rencontre qui les opposa aux Anglais. Ce match était joué à Murrayfield, et celui qui le gagnait faisait le grand chelem ; l'Écosse remporta d'ailleurs ce match[1].
Un citoyen écossais juge cette chanson trop vindicative envers les Anglais et réclame en 2003 que la chanson fasse l'objet d'une pétition populaire présentée au Parlement écossais afin qu'elle cesse d'être utilisée lors des rencontres sportives et qu'une nouvelle chanson la remplace[2]. Le Parlement rejette cette demande, considérant que ce n'est pas une priorité[3]. En 2005, l'écossais Chris Cromar formule à son tour une pétition au Parlement mais cette fois-ci pour que la chanson devienne l'hymne officiel de l'Écosse. La demande est rejetée, le Parlement estimant que ce n'est pas aux politiciens de décider de doter l'Écosse d'un hymne officiel[4].
En 2006 lors d'un sondage en ligne, les Écossais ont placé Flower of Scotland en tête des hymnes potentiels avec 42 %, loin devant Scotland the Brave qui a recueilli 29 % des avis[5],[6].
Seuls le premier et le troisième couplets sont chantés afin de ne pas allonger inconsidérément le protocole.
Interprétation
Flower of Scotland exalte les principaux thèmes de l'unité écossaise.
- Les paysages vallonnés (« wee bit hill and glen ») qui évoquent directement les Highlands, berceau des mythes et des traditions de l'Écosse, et la principale zone d'influence des peuples celtes venus d'Irlande : les Pictes, qui résistèrent aux invasions romaines et dont la férocité conduisit l'Empire romain à ériger le mur d'Hadrien, aussi appelé « Mur des Pictes » ; et les Scots qui prêtent leur nom à l'Écosse actuelle (Scotland en anglais)[7]. Flower of Scotland célèbre le charme de ces paysages, mais aussi leur rudesse, non sans provoquer une forte mélancolie patriotique : le pays est défini comme "perdu", recouvert d'épaisses feuilles mortes pouvant rappeler à la fois la domination pesante d'une puissance étrangère (l'Angleterre), tout comme un état de déliquescence naturel cyclique : l'indépendance de l'Écosse, du XIVe au XVIIIe siècle, correspond à la belle saison tandis que la période actuelle s'apparente à la saison froide, durant laquelle la nature se régénère pour mieux s'épanouir au retour du printemps.
- La rivalité avec l'Auld enemy anglais est également exacerbée au fil du texte, en réponse au God Save the Queen qui exhorte le maréchal Wade à "écraser les rebelles écossais". Les héros écossais qui menèrent la première guerre d'indépendance de l'Écosse, William Wallace et Robert Bruce sont désignés comme la fine fleur du peuple écossais. Ces héros sont questionnés, et à travers eux tous les Écossais, quant à la faculté de ce peuple à produire de nouveaux héros prêts à conduire l'Écosse vers une nouvelle ère d'indépendance (« When will we see your like again? ») et leur sacrifice est immédiatement glorifié pour souligner la noblesse de leur combat et la fierté des Écossais, prêts à mourir pour leurs "minuscules collines et vallées". Chaque couplet se conclut par un renvoi à la victoire des Écossais sur l'armée anglaise à Bannockburn, débouchant sur près de quatre siècles d'indépendance pour l'Écosse[8]. « L'armée du fier Édouard », Édouard II d'Angleterre avait alors été déjouée par la tactique écossaise. Ce vers renvoyant à Édouard II est cependant teinté d'une certaine amertume envers son prédécesseur, Édouard Ier d’Angleterre, qui défit William Wallace et dont la cruauté lors des massacres de Dunbar et Berwick nourrit, des siècles durant, la rancœur du peuple écossais[9]. Le troisième couplet appelle le peuple écossais à se remémorer ce passé, tout en conservant un regard tourné vers l'avenir ; de ne pas renoncer à leur combativité afin de redevenir une nation indépendante. Ce passage est toujours chanté plus fort, avec une plus grande ferveur que le reste du chant.
Différence entre les interprétions a cappella et à la grande cornemuse
Lors des matchs de rugby, on constate que les trois dernières notes, selon qu'elles sont jouées à la cornemuse ou chantées, comportent une différence très marquée : un bémol sur l'antépénultième dans la version chantée. C'est la version originale, voulue par les Corries, mais cette note,"flattened seventh" qui donne un mode musical très "celtique" (et qu'on retrouve aussi beaucoup dans les cantiques bretons par exemple) est impossible à rendre à la cornemuse, à moins d'être un joueur extrèmement chevronné. Elle peut l'être en revanche sur le Northumbrian small pipe qui permet plus de nuances et sur lequel elle a été composée. Quant au public, il peut la chanter, ce qu'il ne manque pas de faire, dans des interprétations remarquables par leur parfait ensemble, lequel serait envié par n'importe quel chef de chorale : 70 000 personnes, et pas une qui démarre avant ou finit après[10].
Paroles
Paroles en anglais | Traduction en français | Traduction en gaélique |
---|---|---|
O Flower of Scotland |
Ô Fleur d'Écosse |
O Fhlùir na h-Alba, |
À propos
- Le England! lancé après les mots against him est une version assagie de l'originale. À l'origine, et encore fréquemment aujourd’hui, les supporters écossais intercalent des commentaires entre les paroles de la chanson : à « And stood against him », (Et se sont dressés contre lui) la foule répond ainsi « gainst who? » (contre qui ?) ; puis à « Proud Edward’s Army » (L'armée du fier Édouard) répondent au choix « That’s who? » (C’est qui ?) ou « bastard(s)! » (bâtard(s) !) ou « wanker(s)! » (branleur(s) !) ou « fucker(s)! » (connard(s) !) ou « fuck you! » (vas te/allez vous faire foutre !) (réponses communes, liste cependant non exhaustive !) ; puis à « And sent him homeward » la foule répond « what for? » (pour quoi faire ?) ; paroles de la chanson : « Tae think again », réponse de la foule : « to fuck the Queen » (à la place de « Tae Think again »)[11]. Les supporters ne se privent pas d'utiliser cette version, surtout lorsque l'adversaire est anglais.
- Lors du match Écosse-France du Tournoi des six nations 2008, le premier couplet de Flower of Scotland est accompagné de cornemuses et le deuxième est pour la première fois chanté a cappella par le public de Murrayfield afin d'entourer l'équipe de toute sa ferveur[12]. Depuis, le deuxième couplet est chanté sans support instrumental lors des matches à domicile de l'équipe d'Écosse de rugby à XV. Dans d'autres disciplines, notamment le football, cette version n'est pas utilisée.
- Ô, ville lumière, chant des supporters du Paris Saint-Germain, se chante sur l'air de Flower of Scotland[13],[14].
- Une version modifiée de l'hymne voit le jour en Irlande, créée par les supporters du Shamrock Rovers Football Club et appelée Twigg of Scotland en l'honneur du joueur écossais Gary Twigg[15].
- Le groupe écossais Alestorm a repris Flower of Scotland sur leur premier album Captain Morgan's Revenge.
Liens externes
Notes et références
- Le capitaine du XV du Chardon, David Sole, déclarera : « Il fallait essayer de mettre les Anglais le plus mal à l'aise possible puisqu'ils venaient avec la certitude de vaincre. » (voir Les chants mythiques du sport - Flower Of Scotland, sur le site L'Internaute).
- (en) BBC News, « Will Scotland ever have a national anthem? - BBC News », (consulté le )
- (en) BBC News, « Anthem demand falls on deaf ears », (consulté le )
- (en) Daily Record, « http://www.scotlandnow.dailyrecord.co.uk/news/what-should-scotlands-national-anthem-4942102 », (consulté le )
- (en) « Scotland the Brave, Black Bear & Highland Laddie »
- (en) « RSNO poll reveals Flower of Scotland as nation’s favourite ‘anthem’ »
- « Les Pictes et les Scots, auteur inconnu »
- Culture de l'Écosse#Hymnes
- « William Wallace »
- « Flower of Scotland tartan history », sur www.cake-stuff.com (consulté le )
- « Autour de Flower of Scotland ».
- YouTube, « Flower of scotland - Ecosse-France à Murrayfield 3/02/2008 », (consulté le )
- YouTube, « Ô ville lumière chantée par les supporters du Paris-Saint-Germain, 2008. (vidéo) »
- Paris Saint-Germain, « Ville Lumière - Paris - Barcelone - PSG.fr », (consulté le )
- « Twigg of Scotland (paroles) »
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