Floride française

La Floride française est un territoire colonial éphémère créé par des Huguenots français au XVIe siècle. Après trois expéditions en 1562, 1564 et 1565, les Français ont renoncé à coloniser la Floride. Il s'étaient établis notamment le long de la « rivière de May », où ils avaient construit le bastion de Charlesfort.

La Floride française en 1562, par Jacques-Nicolas Bellin.

Contexte politique

Pour fuir l'intolérance religieuse dont sont victimes les protestants, Gaspard II de Coligny projette de créer en Amérique une colonie française pouvant accueillir des Huguenots. Cette colonie sera désignée également sous le nom de « Nouvelle-France floridienne ».

Carte des établissements de la Nouvelle-France floridienne.

Une première tentative d'implantation avait été effectuée au Brésil avec la France antarctique, ce fut l'éphémère colonie française qui occupa la baie de Rio de Janeiro, de 1555 à 1560.

Première tentative en Floride

René de Laudonnière.
La Floride française, par Pierre du Val.
Jean Ribault prenant possession de la Floride française au nom du Roi de France en présence des Amérindiens Saturiwas.
Exploration des côtes de la Floride française par l'expédition de Ribault et Laudonniere (illustration de Jacques Le Moyne de Morgues).
Les Espagnols attaquent le Fort Caroline (1565).
Charles Fort.

En 1562, Gaspard de Coligny relance le projet de colonisation vers l'Amérique du Nord. Partis du Havre le , Jean Ribault, secondé par René de Goulaine de Laudonnière et accompagné du cartographe Jacques Le Moyne de Morgues atteignent le nouveau continent à bord de deux navires à l'embouchure de la May le . L'expédition est forte de 150 hommes[1]. Ils y fondent un premier bastion nommé Charlesfort en l'honneur de Charles IX[2]. Les vestiges de ce fort sont situés sur l'île de Parris Island.

René de Goulaine de Laudonnière arpente la région qui allait s'appeler la Floride française et découvre lors de son exploration à l'intérieur des terres un vaste lac, le lac Okeechobee, qu'il nomme Surruque du nom d'une tribu locale de la Nation Mayacas.

Après quelques semaines, Ribault s'en retourne en France chercher des renforts, des biens et du matériel. Toutefois, à son arrivée à Dieppe le , Ribault trouve la ville plongée dans une guerre civile. Il choisit l'exil vers l'Angleterre, alors en bons termes avec les Huguenots. Refusant de mener une nouvelle expédition au nom de la reine d'Angleterre, Ribault est emprisonné[3]. Ses plans sont donc contrariés et il ne peut retourner immédiatement en Floride française.

En 1563, la petite garnison de 28 hommes[4] restée sur place, ne voit point revenir son chef. Les soldats se querellent et des bâtiments sont incendiés. Malgré les relations amicales avec les tribus des Saturiwas et des Tacatacurus, l'hostilité d'une autre tribu amérindienne environnante (Utina) n'arrange pas la situation qui se dégrade au point que les colons rescapés partent sur plusieurs frêles esquifs. Certains d'entre eux seront recueillis par les marins britanniques des colonies anglaises voisines, alors que d'autres se perdront en mer en voulant rejoindre la France.

Seconde tentative en Floride

La Paix d'Amboise permet à Coligny de relancer ses projets de colonisation. Trois vaisseaux partent du Havre le confiés à René de Goulaine de Laudonnière qui fonde le un nouveau bastion en Floride française, le fort Caroline. Le fort doit défendre la petite colonie française des menaces espagnoles qui n'acceptent pas l'arrivée des Français au nord de leur territoire colonial. Mais la cohabitation avec les tribus locales se détériore, le chef de l'expédition manque d'autorité et certains de ses compagnons se rebellent. Laudonnière devra leur concéder un des vaisseaux avec lequel les mutins sillonnent les Caraïbes. Ils seront tués ou emprisonnés par les Espagnols[1].

Le une escadre de renfort composée de sept navires et 600 colons, commandée par Ribault atteint le fort Caroline. Elle croise l'escadre de Pedro Menéndez de Avilés qui arrive d'Espagne muni de l'ordre de son roi de chasser tout intrus de Floride. Sa flotte est composée de dix navires et 2 600 hommes. Menéndez de Avilés aperçoit les navires français et les engage, mais les navires français sont plus rapides et les Espagnols s'installent plus au sud, où ils établissent un camp qui deviendra Saint Augustine. Ribault décide, contre l'avis de Laudonnière d'attaquer les Espagnols avec quelques-uns de ses navires et la plupart de ses troupes, mais ils sont surpris en mer par une violente tempête qui dure plusieurs jours et fait sombrer les bateaux. Les naufragés atteindront l'îlot de Matanza sur lesquels les Espagnols viendront les surprendre et les achever jusqu'aux derniers, y compris Jean Ribault. Pendant ce temps, Pedro Menéndez de Avilés, lui, choisit d'attaquer le fort Caroline par voie terrestre. Il conduit ses troupes et attaque le fort le qui n'est plus défendu que par 200 à 250 colons. Les seuls survivants sont 50 femmes et enfants qui sont faits prisonniers, tous les autres sont exécutés. Quelques survivants dont Laudonnière ont pu s'échapper à travers la forêt[1].

La Floride française ne survit pas à ces deux épisodes désastreux.

En 1567, Dominique de Gourgues s'embarque dans une expédition punitive pour venger les Français massacrés par les Espagnols deux ans plus tôt. Arrivées en 1568 vers les côtes de Floride, les troupes françaises, avec l'aide des Amérindiens Saturiwas, Potanos et Mayacas, massacrent la garnison espagnole du fort Matéo qui a succédé au fort Caroline. Fort de ce succès, Dominique de Gourgues détruit deux autres forts espagnols.

Il faut attendre le XVIIIe siècle pour revoir les troupes françaises en Floride, avec la prise de Pensacola de 1719 en Floride espagnole et jusqu'à l'abandon de Pensacola par les Français en 1726.

Notes et références

  1. Philippe Parroy, Quand la Floride faillit être française dans La Nouvelle Revue d'histoire, mars-avril 2015, p. 21-23.
  2. Édouard De la Barre Duparcq, Histoire de Charles IX, aux frais de l'auteur, , 572 p. (lire en ligne), p. 266.
  3. Trudel 1965, p. ??
  4. Ivan Cloulas, Catherine de Medicis, Fayard, 1979, p. 216.

Annexes

Bibliographie

  • Mickaël Augeron, Didier Poton et Bertrand Van Ruymbeke, dir., Les Huguenots et l'Atlantique, vol. 1 : Pour Dieu, la Cause ou les Affaires, préface de Jean-Pierre Poussou, Paris, Presses de l'Université Paris-Sorbonne (PUPS), Les Indes savantes, 2009, (ISBN 9782846541732).
  • Mickaël Augeron, Didier Poton et Bertrand Van Ruymbeke, dir., Les Huguenots et l'Atlantique, vol. 2 : Fidélités, racines et mémoires, Paris, Les Indes savantes, 2012, (ISBN 9782846542425).
  • Mickaël Augeron, John de Bry, Annick Notter, dir., Floride, un rêve français (1562-1565), Paris, Illustria, 2012, (ISBN 9782919425075).
  • Philippe Parroy, Quand la Floride faillit être française dans La Nouvelle Revue d'histoire, mars-avril 2015, p. 21-23
  • Paul Gaffarel, Histoire de la Floride française, Librairie de Firmin-Didot, Paris, 1875, 522 pages Texte en ligne sur Gallica.
  • Louis-Henri Parias, Histoire universelle des explorations, en 4 volumes, éditions Nouvelle Librairie de France, Paris, 1959, tome 2, p. 372.
  • Marcel Trudel, Histoire de la Nouvelle-France, t. 1 : Les vaines tentatives (1524-1603), Montréal, Fides,
  • Gilles Fonteneau, Sur les traces des Huguenots de Floride, Expéditions en Charenta 1562-2007, préfacé par l'amiral Bellec, 288 pages, 2008, (ISBN 9782916104447).

Articles connexes

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