Technologie financière
La technologie financière (aussi dénommée fintech) désigne l'ensemble des nouvelles technologies dont l'objectif est d'améliorer l'accessibilité ou le fonctionnement des activités financières.
Définition
Les innovations permettent, dans le secteur financier comme dans le secteur industriel, d'améliorer la productivité ou la sécurité des opérations[1]. Les technologies financières (souvent appelées fintech, par contraction) visent à rendre le monde financier plus sûr et plus accessible[2],[3].
On qualifie par extension de fintech les sociétés qui œuvrent dans ce domaine. Les fintech sont généralement des startups qui maîtrisent bien les technologies de l'information et de la communication et qui tentent de capter les parts de marché des grosses entreprises en place, qui sont souvent peu innovantes ou en retard dans l'adoption des nouvelles technologies[2]. Les Fintech regroupent l’ensemble des entreprises utilisant des modèles opérationnels, technologiques ou économiques innovants et disruptifs, visant à traiter des problématiques existantes ou émergentes de l’industrie des services financiers[4].
Développement
L'origine des fintechs est difficile à situer. Certains considèrent que l'invention de la carte de crédit dans les années 1950 marque le début des technologies financières[5]. Bénéficiant du développement de l'informatique et de la connectivité Internet, les fintechs se développent particulièrement dans les années 2010[6]. Les nouveaux modèles qu'elles proposent sont disruptifs dans la mesure où viennent concurrencer les banques et les assureurs traditionnels dans des domaines où ils étaient devenus sous-performants. C'est par exemple le cas du prêt entre particuliers, mais aussi des systèmes de paiement (paiement par mobile, vérification des transactions financières...), d’échanges de devises (WeSwap, PayTop, Revolut) et d'assurance habitation (Lemonade, Luko).
L'essor mondial des fintechs a lieu à partir de 2012[7]. Les volumes investis deviennent importants, avec des montants levés passant de 2,5 milliards € en 2012 à 12,1 milliards € en 2014, et 20 milliards $ en 2015[8]. Les fintechs deviennent parfois des sociétés non cotées en Bourse valorisées à plus de 1 milliard US$. Cette vague de développement des FinTech a eu plus d'effet aux États-Unis qu'en Europe, avec l'apparition de sociétés comme Lending Club, Square, Stripe valorisées à plus d'un milliard de dollars malgré seulement quelques années d'existence[9],[10].
Secteurs clés
La technologie financière a été utilisée pour automatiser les activités d’assurance, de trading et de gestion des risques[11],[12]. Les services peuvent provenir d’une collaboration entre divers fournisseurs de services indépendants dont l’un, au moins, doit être une banque ou un assureur agréé. Cette interconnexion a été rendue possible grâce à l’émergence des APIs ouvertes et à l’ouverture du système bancaire (open banking), et elle s'appuie sur des réglementations telles que la Directive européenne sur les services de paiement [13]. Sur les marchés de capitaux, des plateformes de trading électroniques innovantes facilitent les transactions en ligne et en temps réel. Les réseaux sociaux de trading permettent aux investisseurs d'observer le comportement de leurs pairs et des traders experts et de suivre leurs stratégies d'investissement sur les marchés des changes et des capitaux. Les plateformes nécessitent peu voire pas de connaissances des marchés financiers et ont été décrites par le Forum Economique Mondial comme des perturbateurs offrant « une alternative low-cost et sophistiquée aux gestionnaires de fortune traditionnels » [14].
Les robo-advisors sont une catégorie de conseillers financiers automatisés qui fournissent des conseils financiers ou des prestations de gestion de placements en ligne avec une intervention humaine modérée ou minimale[15]. Ils fournissent des conseils financiers numériques basés sur des calculs mathématiques ou des algorithmes, et peuvent donc constituer une alternative peu coûteuse aux conseillers humains.
Les investissements mondiaux dans les technologies financières ont augmenté de plus de 2200%, passant de 930 millions de dollars en 2008 à plus de 22 milliards de dollars en 2015[16]. Et cette croissance n’est pas terminée. Au cours des 6 premiers mois de l’année 2018, les investissements dans les FinTech ont été exceptionnels, tirés en partie par deux transactions – l’acquisition de WorldPay par Vantiv pour 12,9 milliards de dollars et les 14 milliards de dollars de financement en CR levés par Ant Financial. Au premier trimestre 2018, les investissements mondiaux dans les FinTech ont déjà dépassé ceux totalisés sur l’année 2017, atteignant 57.9 milliards de dollars pour 875 transactions. Ils sont même sur le point de dépasser le pic atteint en 2015[17]. Le secteur émergeant des technologies financières de Londres a connu une croissance rapide au cours des dernières années, selon le bureau du Maire de Londres. 40% de la main-d’œuvre de la ville de Londres est employée dans les services financiers et technologiques.
En Europe, 1,5 milliard de dollars ont été investis dans des entreprises de technologie financière en 2014, 539 millions de dollars dans des sociétés basées à Londres, 306 millions de dollars pour celles basées à Amsterdam et 266 millions à Stockholm. En 2018, cette répartition a un peu évolué. Le Royaume-Uni est toujours à la première place avec 16 milliards de dollars investis dans les FinTech sur le premier semestre 2018 sur un total de 26 milliard pour l’Europe. [12] Après Londres, Stockholm est la deuxième ville d'Europe en termes de financements reçus sur les 10 dernières années. Le nombre de transactions dans la FinTech en Europe a fortement augmenté sur cinq trimestres, passant de 37 au 4e trimestre 2014 à 47 au 1er trimestre 2016[18],[19]. L’Union Européenne encourage le développement du secteur et l’innovation en adoptant des directives et des règlements (DSP2 et RGPD en 2018) La Lituanie est en train de devenir un pôle nord-européen pour les entreprises de la FinTech depuis la sortie de la Grande-Bretagne de l'Union européenne. Selon les statistiques, à fin 2017, la Lituanie comptaient 117 FinTech, contre 45 en 2013. Elle aurait accordé 35 nouvelles licences sur 2017[20].
En Asie-Pacifique, un nouveau pôle FinTech a vu le jour à Sydney en [21]. Selon KPMG, le secteur des services financiers à Sydney a généré en 2017, 9 % du PIB national. Il serait plus important que le secteur des services financiers de Hong Kong ou Singapour [22]. Le gouvernement australien entend encourager cette croissance, dans la mesure où il a annoncé la mise en place effective de l’open banking pour . Il faut toutefois mentionner que les investissements dans le secteur de la fintech ont doublé en 2018 dans la cité-état de Singapour, atteignant 365 M USD ; les fonds investis étaient dirigés vers les solutions de prêts, de paiements et d'assurance[23].
En outre, un laboratoire d'innovation dans les technologies financières a été créé à Hong Kong en 2015. Cette même année, l'Autorité Monétaire de Singapour a lancé une initiative dénommée FinTech & Innovation Group visant à attirer les jeunes entreprises du monde entier. Elle s'est engagée à dépenser 225 millions de dollars dans le secteur des technologies financières au cours des cinq prochaines années[24].
Types de services
Les types de services les plus communément retrouvés dans les FinTech[25] sont :
- Financement participatif et Cagnottes en ligne
- Crypto-monnaies (tel que le bitcoin, sont inclus les innovations tels que les Contrats intelligents ou la blockchain)
- Paiement mobile
- Banque en ligne
- Open banking
- Insurtech
- Regtech
- Robo-conseillers et technologie d'apprentissage
Prix et reconnaissances
En , le magazine financier Forbes a publié une liste des plus importants perturbateurs dans le domaine des technologies financières[26].
Un rapport publié en par EY commandé par le Trésor britannique a comparé sept centres importants de technologie financière. Le rapport a classé en première position la Californie pour le talent et le capital, le Royaume-Uni pour les politiques gouvernementales et New York pour la demande[27].
En France, le secteur de la FinTech est en croissance lente dans un contexte réglementaire et légal difficile.
Perspectives
La finance est considérée comme l'une des industries les plus vulnérables aux perturbations causées par les nouvelles technologies de l'information et de la communication parce que les services financiers, tout comme l'édition, sont basés sur des bits plutôt que des actifs physiques. Bien que l'industrie financière ait été protégée par la réglementation jusqu'à maintenant et a résisté à la bulle Internet sans bouleversements majeurs, une nouvelle vague de startups engrangent les parts de marché des entreprises financières traditionnelles depuis quelques années[28].
Cependant, l'application agressive du Bank Secrecy Act (en) américain et les règlements contrôlant la transmission d'argent représentent des menaces importantes pour les entreprises fintech[29].
Notes et références
- (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Financial technology » (voir la liste des auteurs).
- Thorsten Beck et Yung Chul Park, « Fostering FinTech for financial transformation », sur VoxEU.org, (consulté le )
- (en) Patrick Schueffel, « Taming the Beast: A Scientific Definition of Fintech », Journal of Innovation Management, vol. 4, no 4, , p. 32–54 (ISSN 2183-0606, lire en ligne, consulté le )
- Bilan, « Une définition scientifique française de "Fintech" - Banking, Financial Services and Fintech », Banking, Financial Services and Fintech, (lire en ligne, consulté le )
- « Homepage - France Fintech », sur France Fintech (consulté le )
- « Une brève histoire des « fintechs » », sur Les Echos Start, (consulté le )
- « Les « FinTech » : ces start-ups qui veulent bousculer les banques », sur http://frenchweb.fr/,
- Pierre-Alexis de Vauplane, "Fintech 2020", Croissance Plus et PME Finance (lire en ligne)
- Laure-Emmanuelle HUSSON, « Ces Fintech qui bouleversent banques et assurances », Challenges, (consulté le )
- http://www.pmefinance.org/documents/RapportFintech2020-reprendrel'initiative-23OCT15.pdf
- Pierre-Alexis de Vauplane, « FinTech 2020 : Reprendre l'initiative », Les Echos, (lire en ligne)
- Aldridge, I., Krawciw S., Real-Time Risk : What Investors Should Know About Fintech, High-Frequency Trading and Flash Crashes, , 224 p. (ISBN 978-1-119-31896-5, lire en ligne)
- (en) Sandy Fox et Mati Greenspan, « What is FinTech? », eToro.com, (consulté le )
- (en) Ulrich Scholten, « Banking-as-a-Service - what you need to know », VentureSkies (consulté le )
- (en) R. Jesse McWaters, « The Future of Financial Services: How disruptive innovations are reshaping the way financial services are structured, provisioned and consumed », World Economic Forum, (consulté le ), p. 125
- Ron Lieber, « Financial Advice for People Who Aren’t Rich », The New York Times,
- (en) « Global Fintech Investment Growth Continues in 2016 », Accenture, (consulté le )
- (en) « What is FinTech and why does it matter to all entrepreneurs? », Hot Topics, (consulté le )
- (en) « Stockholm FinTech: An overview of the FinTech sector in the greater Stockholm Region », Stockholm Business Region, (consulté le )
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- (en) « Brexit a boon for Lithuania's 'fintech' drive », The Business Times (consulté le )
- (en) « Sydney FinTech hub based on London's Level39 coming next April », BRW, (consulté le )
- (en) « FinTech Innovation Lab in Hong Kong Launches With Eight Firms », Forbes, februar 2015 (consulté le )
- (en) Rachel Mui, « Singapore fintech investments more than double to US$365m in 2018 amid global surge: Accenture », sur The Business Times, (consulté le )
- (en) « Fintech – the next frontier for Hong Kong’s battle with Singapore? » (consulté le )
- Julien Floer, « Fintech », sur Richesse-et-finance.com, (consulté le )
- (en) Samantha Sharf, « The Forbes Fintech50 », Forbes, (lire en ligne, consulté le )
- (en) « An evaluation of the international FinTech sector », EY, (consulté le )
- (en) « How FutureAdvisor plans to shake up wealth management », Fortune,
- (en) « Criminalizing Free Enterprise: The Bank Secrecy Act and the Cryptocurrency Revolution », Westlaw's Computer & Internet Journal,
Voir aussi
Articles connexes
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