Falstaff (film, 1965)
Falstaff (Campanadas a medianoche) est un film hispano-suisse d'Orson Welles de 1965 basé sur le personnage de Falstaff, protagoniste des pièces Henri IV[1] et Les Joyeuses Commères de Windsor de William Shakespeare.
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Titre original | Campanadas a medianoche |
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Réalisation | Orson Welles |
Scénario | Orson Welles |
Acteurs principaux | |
Sociétés de production |
Internacional Films Alpine Films |
Pays d’origine |
Espagne Suisse |
Genre | Comédie dramatique |
Durée | 115 min |
Sortie | 1965 |
Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution
Orson Welles considérait ce film comme son meilleur film avec Le Procès de 1962. Il apparaît à certains critiques comme son œuvre la plus achevée, Falstaff est à la fois un personnage de Shakespeare recréé de toutes pièces par Welles — reconstruit — et l'autoportrait[2] dérisoire de l'artiste et du cinéaste.
Synopsis
Dans une taverne, le prince Hal, fils du roi Henri IV, mène une vie dévergondée sous l’influence du chevalier Jack Falstaff, son tuteur. Mais le prince Hal conduit victorieusement son armée à la guerre alors que son père se meurt. Devenu le roi Henri V, le prince renie ses anciennes amitiés, et bannit ses compagnons de beuverie. Trahi, Falstaff s’éteint face à ses rêves brisés de pouvoirs et de puissance à jamais enfuis.
Fiche technique
- Titre original : Campanadas a medianoche
- Titre français : Falstaff
- Réalisation : Orson Welles
- Réalisateur seconde équipe : Jesús Franco
- Scénario : Orson Welles, d'après les pièces Richard II, Henry IV, Henri V, Les Joyeuses commères de Windsor de William Shakespeare et Les Chroniques d'Angleterre, d'Écosse et d'Irlande de Raphael Holinshed
- Décors : José Antonio de la Guerra
- Costumes : Orson Welles
- Photographie : Edmond Richard
- Son : Peter Parasheles
- Montage : Elena Jaumandreu, Frederick Muller, Peter Parasheles
- Musique : Angelo Francesco Lavagnino
- Producteurs : Harry Saltzman, Ángel Escolano, Emiliano Piedra
- Directeur de production : Gustavo Quintana
- Sociétés de production : Internacional Films (Espagne), Alpine Films (Suisse)
- Sociétés de distribution : Les Acacias (France), Tamasa Distribution (France)
- Pays d’origine : Espagne, Suisse
- Langue : anglais
- Format : 35 mm — noir et blanc — 1.66:1 — son monophonique
- Genre : comédie dramatique
- Durée : 115 minutes
- Dates de sortie :
- (fr) Classifications CNC : tous publics, Art et Essai (visa d'exploitation no 32105 délivré le )
Distribution
- Orson Welles (V.F : Pierre Brasseur) : Jack Falstaff
- Keith Baxter : le prince Hal / Henry V
- John Gielgud (V.F : Paul-Émile Deiber) : Henry IV
- Jeanne Moreau : Doll Tearsheet
- Margaret Rutherford : Mistress Quickly
- Marina Vlady (V.F : elle-même) : Kate Percy, Lady Hotspur
- Alan Webb : Justice Shallow
- Walter Chiari : Monsieur Silence
- Michael Aldrich : Pistole
- Tony Beckley : Poins
- Fernando Rey (V.F : René Arrieu) : Worcester
- Andrew Faulds : Westmoreland
- José Nieto (V.F : Louis Arbessier) : Northumberland
- Jeremy Row : Prince John, Lancaster
- Beatrice Welles : le page de Jack Falstaff
- Paddy Bedford : Bardolph
- Ralph Richardson (V.F : Jacques Thébault) : le chroniqueur (voix off)
Tournage
- Période de prises de vue : de à .
- Extérieurs : Espagne.
- Intérieurs : Studios de Madrid (Espagne).
- Marina Vlady[3] : « Tourner avec Welles dans un rôle tiré du plus inventif de tous les scénaristes : William Shakespeare ! Comment ne pas se jeter dans la plus dure des batailles ? […] Ce géant à la voix tonnante qui, des costumes à la décoration, des lumières aux déplacements, veillait à tout, sachant créer sur-le-champ l’atmosphère idéale pour fournir un travail de la meilleure qualité. Car il n’avait pratiquement aucun gros moyen technique. Pour les travellings, sa caméra était posée sur des caisses à vin reliées entre elles par du fil de fer. Il la poussait avec les rares machinos, et tirait lui-même les câbles, de conserve avec quelques électros. Comme nous mourions de froid dans ce château médiéval ouvert à tous les vents, il nous réchauffait, nous massait de ses mains puissantes. Toute la troupe y passait : ouvriers, acteurs, cuisiniers et charpentiers. […] Un orage éclate au moment où le vieux roi se meurt. Le chef opérateur Edmond Richard, n’ayant pas suffisamment de projecteurs, usait d’un subterfuge inédit pour éclairer les immenses salles médiévales : il avait tendu du papier d’argent tout au long des murs qui n’étaient pas dans le champ. Je ne sais qui avait inventé cette nouvelle manière de profiter doublement des arcs : peut-être notre génial Orson y était-il pour quelque chose ? L’effet était saisissant. Les éclairs, par là-dessus, donnaient encore plus de tension, et les déflagrations infernales semblaient annoncer la fureur des dieux. Nous étions tous surexcités, et, à la fin de la journée de travail, aussi épuisés que comblés. On avait le sentiment d’avoir participé à quelque équipée grandiose. »
Distinctions
Récompenses
- Festival de Cannes 1966 : Prix du 20e Anniversaire du Festival de Cannes et Grand Prix de la Commission supérieure technique.
- 1966 : Prix du meilleur film du Cercle des Écrivains Espagnols.
Nomination
- BAFTA 1968 : Orson Welles nommé pour le prix du meilleur acteur étranger.
Analyse de l’œuvre
Personnage secondaire de l’œuvre de Shakespeare où il apparaît dans différentes pièces, John Falstaff devient Jack Falstaff entre les mains d'Orson Welles un caractère empreint de nostalgie et une synthèse de ceux, à l’image de Kane, avides de pouvoir, qui ont fait le cinéma de Welles. Figure grotesque, qui tient autant du satyre que du silène, Jack Falstaff est risible, mais sous son corps obèse et alcoolisé se cache un esprit fin et philosophique qui fait de lui un être touchant. Transposant l’Angleterre élisabéthaine dans des paysages andalous, le film est un adieu à l’enfance, aux rêves de toute-puissance, dans un univers qui chante la mémoire et les souvenirs face à la réalité du pouvoir implacable du jeune roi.
« Falstaff c'est moi ! » affirmait alors Orson Welles qui réalisait ce film à 50 ans[2]. Synthèse de toute sa vie d’artiste, de ses succès et de ses échecs, rappelons ici qu’à 16 ans il publiait les pièces « simplifiées » de Shakespeare pour la Todd School, qu’il les jouait avec le Mercury Theater, et qu’en 1960 à Dublin, il était déjà Falstaff sur la scène, sans parler de Macbeth et d’Othello… ce film apparait comme un adieu à l'enfance. Falstaff est la figure clownesque de l’artiste face au pouvoir, figure brisée et échouée du cinéaste et du metteur en scène. Réalisé avec une économie de moyens remarquable, Falstaff est considéré par nombre de critiques comme le chef-d’œuvre d’Orson Welles[4].
Critique
Pierre Billard dans L'Express estime le film « Hénaurme [sic] et essoufflant »[5].
Voir aussi
Liens externes
- Ressources relatives à l'audiovisuel :
- Allociné
- Ciné-Ressources
- Cinémathèque québécoise
- Unifrance
- (en) AllMovie
- (en) American Film Institute
- (en) Internet Movie Database
- (de) OFDb
- (en) Rotten Tomatoes
- (mul) The Movie Database
Notes et références
- Henri IV, partie 1 et partie 2 (en).
- Karine Chevalier, « De Falstfaff à F for Fake, de Shakespeare à Welles : les puissances du faux et la mort de l’auteur en question », sur shakespeare.edel.univ-poitiers.fr, (consulté le )
- Extrait de ses mémoires, 24 images / seconde, Éditions Fayard, Paris, 2005 (ISBN 2-213-62358-9)
- Marina Vlady, dans ses mémoires (24 images / seconde), relate sa dernière rencontre avec Welles : « J’ai revu Orson Welles à plusieurs reprises. En 1984, il était à Paris pour une soirée, simple invité de la cérémonie des Césars. Rien n’aurait dû être assez beau pour honorer cet artiste, mais, humble comme toujours, il avait l’air très heureux ainsi. Assis dans un fauteuil roulant, il m’aperçut, venant à lui, dans les coulisses. Tendant les bras, il m’y accueillit, comme toujours, puis, me prenant le visage entre ses grandes mains chaudes, il m’attira tout près de ses yeux et murmura en me regardant intensément :
— My Lady Percy, Marina ! Falstaff reste mon film préféré…
La foule m’arracha à ce bref aparté. J’aurais tant aimé lui redire mon affectueuse admiration, mais déjà il fallait quitter les lieux.
Je ne le revis jamais. » - Pierre Billard, Sélection cinéma, in L'Express no 798 du 3-9 octobre 1966, p. 22
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