Faïencerie de Charolles

La Faïencerie de Charolles est une entreprise industrielle fondée en 1844 par Hippolyte Prost (1827-1892), dans la ville de Charolles en Saône-et-Loire.

Historique

Enfant du pays, Hippolyte Prost voit le jour en 1827 alors que la cité est sous-préfecture et compte 3200 habitants. Son père Philibert Prost qui est originaire de Vendenesse-lès-Charolles est installé comme horloger à Charolles rue du Puits-des-Ravauds. En 1839, il a 12 ans et travaille dans la petite poterie que son père a montée. Il part apprendre le métier à la faïencerie Pys à Digoin, puis à Premières en Cote-d'Or dans la faïencerie de Gustave Pignant.

À la fin de son apprentissage, il rentre au pays, bien décidé à donner de l'essor à la petite poterie familiale qui se trouve située sur les bords de La Semence, rue des Marais. Son père pour aider son fils à s'installer et à moderniser son entreprise vend ses parts de la concession des mines de Perrecy-les-Forges. En 1853, il épouse Jeanne Guerbillière à Saint-Nizier-sous-Charlieu qui lui donnera l'année suivante une fille, Amélie, qui meurt en 1875 de la typhoïde.

Un peu plus tard, devant le manque de place et l'inondation de son atelier en 1855, il achète à Philibert Pézerat les bâtiments du Domaine de La Madeleine pour y installer sa nouvelle manufacture. Ce domaine fait face au prieuré actuel musée présentant les faïences de Charolles.

Il conçoit les plans, dirige la construction des nouveaux bâtiments et la restauration des anciens selon les nécessités de son activité. Cette nouvelle fabrique est face au nouvel hôpital construit en 1846. L'ensemble sera inauguré en 1858 et sa production va dès lors prendre de l'importance en qualité et en quantité.

Pendant la guerre de 1870, les soldats de Garibaldi s'étant repliés sur Charolles après de durs combats contre les Prussiens dans la région d'Autun, il en cacha dans le grand bric-à-brac de ses entrepôts[1]

Il a installé sa résidence dans un domaine clos au bas de la rue du Prieuré. Il produit des pièces plus fines et décorées de peintures réalisées à la main par des artistes professionnels. La manufacture compte une soixantaine d'ouvriers et fabrique ses couleurs ainsi que son émail.

En 1875, après le décès de sa fille, il redouble d'activité et après avoir modernisé son entreprise, il se trouve aux prises de difficultés avec son comptable et des déceptions dans une association. Il décide de vendre son entreprise à un ami Alfred Molin qui travaille à Lyon dans le textile. Bien que n'étant pas du métier, il est un amateur éclairé qui vient souvent faire l'acquisition de belles pièces. Hyppolite Prost meurt subitement en 1892. La faïencerie est acquise par la famille Molin qui l’exploitera pendant de nombreuses années.

La fabrique connaîtra une grave crise en 1935. Vers 1980, les anciens bâtiments seront détruits et la fabrique transférée dans de nouveaux locaux. Elle sera liquidée en 1995, date de sa reprise par Emmanuel Terrier. En 2017, ce dernier cède l'entreprise à Jean-Luc et Estelle Farina.

En 2019, Cyrille Frappé récupère la Faïencerie de Charolles en tant que Président.

"Une page se tourne, une nouvelle commence ! Il y a 176 ans, Hippolyte Prost, enfant du pays, reprenait l’atelier de poterie de son père. Pendant toutes ces années des artisans talentueux de la région, ont transmis leur savoir-faire de la céramique pour créer des objets singuliers. En 2019, je reprends ce fleuron du savoir-faire français pour écrire la « belle histoire » et croyez-moi je suis persuadé de son potentiel créatif et qualitatif. Il y a beaucoup de magie dans la Faïencerie de Charolles. Dans l’atelier, ce sont des mètres d’allées où s’empilent des centaines de moules en plâtre, témoignage de l’héritage culturel de la fabrication de la céramique. Les siècles passent, le savoir-faire reste intact, c’est fascinant ! Ma mission est de faire de la faïencerie, une Manufacture de l’excellence et de continuer la transmission de cette technique singulière. Nous allons continuer à créer des objets d’exception, porteurs de sens et d’histoire. A mes côtés, Aurélie Richard, nouvelle Directrice Artistique de la Faïencerie de Charolles, m’accompagne pour faire évoluer les collections dans un esprit de modernité élégant et raffiné. Une nouvelle page va s’écrire dans le plus grand respect des anciennes. Conscient de l’héritage de notre passé et fier de perpétuer un savoir-faire historique français, tourné vers l’audace et la modernité."

Données financières

En 2016, la société a atteint un chiffre d'affaires de 1 348 000 euros et un bénéfice de 142 000 euros[2].

La manufacture

Les bâtiments

En 1875 est construit un nouvel atelier de peinture avec une grande verrière, ainsi que le Grand magasin.

En 1976, un nouveau bâtiment est construit et la Faïencerie déménage à 1 kilomètre du centre ville. Environ 2000 mètres carrés de bâtiments témoignent de l'histoire de la manufacture avec des allées chargées de moules en plâtre datant de presque 120 ans.

Les fours

Il installe un four carré qui servira également à la cuisson des briques d'un nouveau four, rond et plus grand, dont la cheminée culmine au-dessus du village à 22 mètres par décisions et arrêté du conseil municipal, afin de limiter les risques d'incendie et d'intoxication par les gaz des malades de l'hôpital voisin. Le grand four est achevé en 1857, puis, en 1870, est achevé un troisième four, dont la mise en marche sera retardé par la guerre de 1870. En 1875, il installe un nouveau four pour la fonte du plomb récupéré lors de l'émaillage.

Le matériel

En 1858, le conseil municipal l'autorise à installer une machine à vapeur pour faire fonctionner un malaxeur. En 1864, il installe une seconde machine à vapeur pour actionner le gâchoir.

La production

Au départ, il produit surtout de la vaisselle utilitaire : bols, soupières, écuelles, cruches, plats, vases de nuit dite « faïences brunes rustiques » de 1855, avec des décors d'œillets stylisés et des personnages avec deux types de bordure : à dent de loup et à dent de scie.

Puis peu à peu, il mettra en route une production plus raffiné avec des décors peints à la main. Sa collaboratrice Élisabeth Parmentier va créer, en 1879, le Décor artistique, style qui est encore produit aujourd'hui, avec des bouquets de fleurs, des roses et des tulipes perroquet entourés d'insectes et un contour en bleu peigné fin.

Aujourd'hui, la production est résolument tournée vers la fabrication d'objets de décoration en céramique. Le magasin de dépôt en gros se trouve à Paris, rue des Récollets. Il existe également un magasin de vente-exposition à Charolles.

Les directeurs et contremaîtres connus

  • Hippolyte Prost, de 1844 à 1892
  • Alfred Molin (père), de 1892 à 1918
  • Jules Molin (fils), de 1918 à
  • Jacques Molin construit la nouvelle usine en 1976
  • Édith et Benoît Terrier
  • Emmanuel Terrier, directeur général en 1995
  • Cyrille Frappé, président depuis 2019

Personnels

  • 1870 : 70 salariés
  • 1995 : 30 salariés
  • 1996 : 9 salariés

Tourneurs, céramistes

Au départ, ils sont peu nombreux.

  • Claude Badot, travaille à la fabrique pendant 40 ans jusqu'à sa mort
  • Auguste Roussel, un des meilleurs ouvriers de France. Il va tourner des milliers de cônes qui serviront à l'édification des voûtes des églises de Charolles et de Changy.
  • Irénée Horel
  • Claude Vion

Peintres

  • Claude Aucler
  • Bonnet
  • Dardouillet
  • C. Desvignes
  • François
  • Léon Leclaire
  • Maurice Michaud
  • J. Monnet
  • V. Landry
  • Élisabeth Parmentier, créatrice du décor dit artistique en 1879

Collections publiques

  • Charolles, musée du Prieuré : céramiques de C. Desvignes. Le musée a présentée une exposition consacrée à la Faëiencerie de Charolles Terre et Matières, du au [3].

Expositions

Récompenses et labels

Bibliographie

  • Collectif, La Faïence de Charolles 1844-1892 Hyppolyte Prost créateur de génie, Éd. Les Amis du Prieuré de Charolles
  • Françoise Labonde, « Hippolyte Prost, créateur de la faïencerie de Charolles », in Revue des Sociétés généalogiques de Bourgogne, n°112, avril, mai, juin, 1998. p. 4-17

Notes et références

  1. Histoire locale, rapporté par Françoise Labonde dans « Hippolyte Prost… », in La revue des Sociétés généalogiques de Bourgogne, n°122, avril, mai, juin, 1998, p. 15.
  2. « FAIENCERIE DE CHAROLLES � CHAROLLES (71120), bilan gratuit 2016, sur SOCIETE.COM (402374482) », sur www.societe.com (consulté le )
  3. « FdC - Faïencerie de Charolles Terre et Matières », sur musees-bourgogne.org
  4. « L’excellence des savoir-faire français », sur patrimoine-vivant.com

Liens externes

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