Faïencerie Montagnon
La faïencerie Montagnon ou manufacture du Bout du monde est une faïencerie fondée en 1648 à Nevers, rachetée par Antoine Montagnon en 1875 et fermée en 2015.
Montagnon Manufacture du Bout du monde | |
La faïencerie Montagnon, au 10 de rue de la Porte-du-Croux, à Nevers | |
Création | 1648 |
---|---|
Dates clés | 1875 (rachat par Antoine Montagnon) |
Disparition | 2015 |
Personnages clés | Antoine, Gabriel, Jean et Gérard Montagnon |
Siège social | Nevers France |
Activité | Faïence |
Histoire
Alors que le XVIIe siècle voit une très forte activité de faïencerie se développer à Nevers[1], la manufacture du Bout du monde est fondée en 1648[2]. Elle se trouve déjà au 10, rue de la Porte-du-Croux, à Nevers et était initialement dénommée faïencerie du logis Saint-Georges[4],[2]. La manufacture tient son nom du quartier où elle était située, le bout du monde, à l'écart du centre-ville à l'époque[5].
Henri Signoret ( - ) dirige la manufacture du Bout du monde de 1853 à 1875[6]. Il produit notamment des pièces de grandes dimensions, telles une balustrade, une fontaine avec sa vasque (« qu’on pourrait placer dans un vestibule ») ou plus simplement de grands plats[7]. C'est Henri Signoret qui, le premier, signe sa production d'un nœud vert[6].
Face à la concurrence de la faïence anglaise et de la porcelaine, les faïenceries de Nevers déclinent au XIXe siècle[2],[8] au point que seule subsiste la faïencerie du Bout du monde en 1881[9]. Celle-ci a été rachetée en 1875 à Henri Signoret par Antoine Montagnon, marchand de tissus qui a décidé d'investir dans la faïence dont il souhaite relancer l'activité à Nevers[8]. Antoine Montagnon recrute des peintres[8], rachète les équipements et le fonds des autres fabriques comme l’Ecce Homo, Bethléem et L’Autruche, améliore les outils et les techniques[2] et choisit de développer la faïence artistique[9]. Il retrouve la technique du « bleu de Nevers »[10] et, outre les petits objet de faïence habituels comme des pichets ou des services à thé, il réalise de très grandes pièces telles des jardinières de 1,25 mètre de long, des plats de quatre mètres de diamètre ou des aiguières sur socle[9]. Sa production est récompensée en 1876 par un diplôme de mérite à l’Exposition universelle de 1876 à Philadelphie puis d'une première médaille d'or à l'Exposition universelle de 1878 à Paris et d'une seconde à l'Exposition universelle de 1889[8],[2]. En 1884, à la suite d'une grève, des ouvriers de la manufacture fondent leur propre entreprise, la faïencerie Trousseau ; celle-ci fermera dix ans plus tard[11]. La faïencerie Trousseau adopte elle aussi le nœud vert comme signature mais Antoine Montagnon, qui entend conserver l'exclusivité du nœud vert pour signer sa production, intente un procès à ses concurrents, procès qu'il perd en 1890[12].
Le [2], son fils Gabriel Montagnon prend la direction de la manufacture et abandonne la production de vaisselle utilitaire d'usage courant pour se consacrer à la faïence d'art[8]. Sa production est prisée de la bourgeoisie nivernaise et la maison Montagnon emploie au début du XXe siècle une cinquantaine d'ouvriers[9].
En 1937, Jean Montagnon succède à son père Gabriel à la tête de la faïencerie qu'il dirigera pendant quarante-et-un ans[8]. Il la modernise avec notamment l'utilisation du four électrique[8], il élargit la gamme des émaux et crée quelques pièces de style art déco[2]. Il forme des peintres dont cinq deviendront meilleurs ouvriers de France[8].
En 1978 vient le tour de Gérard Montagnon qui reprend la manufacture dirigée par son père[2],[8]. La fabrication reste artisanale et les pièces produites peuvent être décorées selon les demandes des clients[1]. En 2003, la faïencerie Montagnon est toujours la plus importante de Nevers et compte encore une dizaine de salariés[9]. La faïencerie Montagon ferme en 2015[2].
Pièces produites par la faïencerie Montagnon
- Charles Sol (peintre sur faïence), Aiguière Gonzague, 1889, musée de la faïence, Nevers
- Petite assiette, fin du XIXe siècle
- Assiette à dessert, fin du XIXe siècle
- Gabriel Montagnon, vasque cachepot, Musée Départemental Albert Demard
Annexes
Articles connexes
Bibliographie
- Jean Rosen, La Faïence de Nevers (1585-1900), Éditions Faton, 2011 (ISBN 978-2-87844-154-3).
Notes et références
- « Un label pour un avenir très qualitatif », Le Journal de Saône-et-Loire, mis en ligne le mardi 5 décembre 2000
- « Le fonds Montagnon s'installe au musée » sur le site du département de la Nièvre
- Guy Badillet, « Faïences de Nevers et Marine de Loire », 2007
- À l'époque, les faïenceries étaient désignées du nom du logis qui les abritait[3]
- « La faïencerie Montagnon pourrait fermer à l'automne, après 140 ans d'activité familiale », publié par Le Journal du Centre le 19 mai 2015
- « François-Henri Signoret » sur le site faiencedenevers.fr (consulté le 8 mai 2017)
- Charles Du Bus et J. Claye, dans la Gazette des beaux-arts, 1863 sur le site faiencedenevers.fr (consulté le 8 mai 2017)
- Dominique Romeyer, « Vingt-cinq dirigeants se sont succédé à la tête de la faïencerie Montagnon en 367 ans », publié par Le Journal du Centre le 19 mai 2015
- Cristine Perruchot, « Montagnon fait renaître la faïencerie », publié par Les Échos le 11 juillet 2003
- Émail bleu intense constituant le fond du décor à la place du blanc habituel, la pièce étant décorée avec des motifs de couleur blanche ou jaune[9]
- Jean Rosen, La faïence de Nevers, tome 1 « Histoires et techniques », éditions Faton, page 157
- « Montagnon » sur le site faiencedenevers.fr (consulté le 8 mai 2017)
- Portail de la céramique
- Portail des arts décoratifs
- Portail de la Nièvre