Everhard Jabach

Everhard Jabach, né le à Cologne (Électorat de Cologne, Saint-Empire) et mort le à Paris (Royaume de France), est un banquier d'origine allemande naturalisé français, directeur de la Compagnie des Indes orientales et célèbre collectionneur de dessins, peintures, marbres, bronzes et estampes.

La famille Jabach par Charles Le Brun. Autrefois au Kaiser Friedrich Museum de Berlin, détruit dans un incendie lors de la Seconde Guerre mondiale[1].

Biographie

Everhard Jabach est né d'un père qui a fait fructifier la fortune familiale et a fondé une banque à Anvers. Everhard s’installe en France en 1638 et il est naturalisé français en 1647. Hyacinthe Rigaud a fait son portrait en 1688.

En 1648, il épouse à Cologne Anna Maria de Groote, fille d'un sénateur de la ville, dont il aura quatre enfants ; dans le tableau reproduit ci-contre, Charles Le Brun a peint la famille dans une salle aux murs ornés de tableaux et de sculptures, où Jabach, assis devant un portefeuille de dessins, un buste à ses pieds, désigne un grand buste d'homme casqué.

C’est, selon l’expression de Francis Haskell, « un opulent banquier », associé dans une compagnie de commerce basée à Amsterdam, figurant parmi les directeurs de la Compagnie des Indes, gérant la manufacture de Corbeil, et qui, en 1671, évalue ses biens à deux millions de livres.

Everhard Jabach est connu aujourd’hui avant tout comme un grand collectionneur qui aima surtout Raphael, les frères Carrache, Rubens, Bril, Durer, Le Brun et Poussin.

Parmi les très importants tableaux qu'il put réunir, figurent des chefs-d'œuvre : le portrait d’un sculpteur de Bronzino, Le Repos de la Sainte Famille pendant la fuite en Égypte d’Orazio Gentileschi, La Mort de la Vierge du Caravage, L’Allégorie des Vices et L’Allégorie des Vertus du Corrège (provenant du studiolo d‘Isabelle d‘Este à Mantoue), La Mise au tombeau, L’Homme au gant et l’Allégorie d’Alphonse d’Avalos du Titien, provenant aussi bien d’Italie (la collection Ludovisi), des Flandres (collection de lord Arundel, à partir de 1653) ou de la dispersion des biens de Rubens, d'Allemagne, que d’Angleterre (lors des ventes publiques à Londres des collections de Charles Ier d’Angleterre, en 1650-1653).

C’est aussi, comme beaucoup de connaisseurs de son temps, un grand collectionneur de dessins, dont certains issus du célèbre portefeuille de Vasari, le Libro de' Disegni.

À deux reprises, en 1661-1662, puis en 1671, il cède une grande partie de sa collection à Louis XIV ; les 5 000 dessins de la seconde vente, entrant alors dans les collections royales, constituèrent ensuite le fonds de l'actuel Cabinet des dessins du Louvre.

« En vendant au Roi ses tableaux et ses dessins, il s'était réservé une partie des dessins, et ce n'étoient certainement pas les moins beaux. »

 Pierre-Jean Mariette, 1741

Il laissa à sa mort une autre collection de 4 000 dessins répartis en 26 portefeuilles, dont l'inventaire dressé après décès a été publié par le département des Arts graphiques du musée du Louvre en 2002.

Il collectionna également des objets d'art.

Son hôtel particulier se situait rue Neuve-Saint-Merri et a aujourd'hui disparu : Voltaire le fréquentait en son temps car s'y donnait des représentations théâtrales, et, en 1803, il devint le siège du Comptoir commercial surnommé « Caisse Jabach ».

Iconographie

Voir aussi

Sources bibliographiques

  • Antoine Schnapper, Curieux du Grand Siècle, Flammarion, 1994
  • C. Monbeig-Goguel, « Taste and Trade: The Retouched Drawings in the Everhard Jabach Collection at the Louvre », The Burlington Magazine, 1988
  • Collections de Louis XIV, Paris, Orangerie des Tuileries, , p. 10-20 du catalogue qui reproduit un portrait de Jabach dessiné par Le Brun, et son paraphe
  • L'honneur de la curiosité - de Dürer à Poussin, dessins de la seconde collection Jabach, musée du Louvre, février – , catalogue
  • Philippe Dagen, « De Dürer à Poussin, de merveilleux dessins », Le Monde, , article non signé ; « Curieux et passionné », Le Monde,

Notes et références

  1. Voir la page du site du Metropolitan Museum of New York où une autre version, considérée comme la version initiale, est présentée depuis 2014.
  2. Antoine Van Dyck, Portrait d'Everhard Jabach, 1636, huile sur toile, 106 x 84 cm, Collection particulière (source : Blaise Ducos et Olivia Sabatier Djöholm, Everhard Jabach - Un Allemand à la cour de Louis XIV in Grand Galerie - Le Journal du Louvre, juin/juillet/août 2013, n° 24, pp. 66-67).
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