Fair-play
Le fair-play, ou le franc-jeu[1] en français québécois, est une conduite honnête dans un jeu, et par extension dans toutes circonstances. Utilisé couramment dans le monde du sport, où le terme esprit sportif[2] est synonyme, ce concept recouvre à la fois le respect de l’adversaire, des règles, des décisions de l’arbitre, du public et de l’esprit du jeu, mais aussi la loyauté, la maîtrise de soi et la dignité dans la victoire comme dans la défaite. Dans son ouvrage sur les joutes à la fin du Moyen Âge[3], Sébastien Nadot considère que le fair play est né de deux mondes a priori antagonistes : celui de la guerre et celui de la courtoisie, deux arts pratiqués simultanément par les chevaliers médiévaux.
Pour les homonymes — sous diverses graphies —, voir Fair-play (homonymie).
Étymologie
Le terme fair play est une expression anglaise composée de fair (« clair, franc, honnête, sans tricherie ») et de play (« jeu »).
Le terme est forgé par William Shakespeare dans Le Roi Jean (1598)[4]. Il est employé par Charles de Montalembert dès 1856 en France, de manière métaphorique à propos du débat politique, pour évoquer un « besoin d'entendre discuter toutes les faces de la question, d'accorder la parole à tous les intérêts, à tous les partis, et de respecter les franchises de cette parole avec une tolérance qui semble quelquefois dégénérer en complicité »[5],[6]. Il est depuis entré dans le langage courant dans de nombreuses langues et constitue une pièce essentielle des « valeurs du sport ». Le terme anglais pour désigner le fair play est sportsmanship (sportivité) tandis que l’expression fair play désigne avant tout au Royaume-Uni la conformité à la règle[7].
Plusieurs auteurs estiment que le terme fair-play est intraduisible en d'autres langues[8],[9], l'auteur américain Trevanian allant même jusqu'à estimer qu'il est « totalement étranger à la mentalité des Français ; un peuple qui a produit des générations d’aristocrates, mais pas un seul gentleman ; une culture où le droit remplace la justice »[10]. Selon Margaret Mead, ce qui rend le terme particulièrement intraduisible n'est pas l'idée qu'il faille jouer selon les règles, mais une considération sur la force relative des joueurs destinée à protéger le plus faible[11]. Selon Alain Caillé, en revanche, la notion de fair-play est inhérente au jeu[12].
Notes et références
- « franc-jeu », Le Grand Dictionnaire terminologique, Office québécois de la langue française. Consulté le 15 juin 2010.
- « esprit sportif », Le Grand Dictionnaire terminologique, Office québécois de la langue française. Consulté le 15 juin 2010.
- Sébastien Nadot, Le spectacle des joutes. Sport et courtoisie à la fin du Moyen âge, Presses Universitaires de Rennes, 2012.
- Fair-play sur Olympic.org
- Jouer loyalement
- Archives du Parisien
- Oxford Dictionnaries
- Jean Humbert, Le français en éventail, Les Éditions du Panorama, , p. 57
- Marie-France Waxin et Christoph Barmeyer, Gestion des ressources humaines internationales, Wolters Kluwer France, (lire en ligne), p. 270
- Shibumi, 1979, p.266 « The concept of fair play is totally alien to the mentality of the French, a people who have produced generations of aristocrats, but not a single gentleman; a culture in which the legal substitutes for the fair; a language in which the only word for fair play is the borrowed English. »
- (en) Margaret Mead, And Keep Your Powder Dry: An Anthropologist Looks at America, Berghahn Books, (lire en ligne), p. 91
- Alain Caillé, « Brèves remarques sur l’idée de fair-play », dans Don, intérêt et désintéressement, La Découverte, (lire en ligne)
Bibliographie
- Walter Eric, Goal! Le football un langage universel, Lausanne, éditions l’âge d’Homme, 1974, chapitre « Fair Play », p. 31–36.
- Sébastien Nadot, Rompez les lances ! Tournois et chevaliers à la fin du Moyen âge, ed. Autrement, Paris, 2010.
- Sébastien Nadot, Les Jeux olympiques, cette chevalerie moderne, Les Jeux olympiques : fierté nationale et enjeu mondial, (Claude Boli, dir.), Publication du Musée National du sport, Éd. Atlantica, coll. "sport et mémoire", Biarritz, 2008.