Escalier d'honneur des Dames de Saint-Pierre

L’escalier d’honneur des Dames de Saint-Pierre (aussi dénommé escalier Thomas Blanchet ou grand escalier du palais Saint-Pierre) est situé au sud ouest de l’actuel Musée des Beaux-Arts de Lyon. Construit au XVIIe siècle, le bâtiment est celui de l'abbaye des Dames de Saint-Pierre. L’escalier est l’un des derniers décors originels de l’abbaye qui soit encore en place à Lyon.

Statues au plafond.

Histoire

Le grand escalier est décoré d’après les dessins de Thomas Blanchet qui est le maître d’œuvre de ce chantier[1].

Le projet est élaboré avec l’abbesse commanditaire, Antoinette d’Albert d’Ailly de Chaulnes qui lui confie aussi l’aménagement de l’église (1675-1681) puis la décoration du réfectoire.

Thomas Blanchet a fourni aux sculpteurs le plan et les dessins. Il ne reste que la moitié des figures en stuc composant le décor de l’escalier. Le programme, composé d’allégories féminines, est dédié à la gloire de l’abbesse et de son ordre, les Bénédictines.

Description

L’escalier monumental s’élève en trois parties, chaque volée de marches s’accroche au mur. Les marches sont dallées de pierre noire et blanche, comme le sol de l’église, selon les principes de l’esthétique bénédictine[2].

La rampe ainsi que les balustres sont en marbre noir de Saint-Cyr[3]. Actuellement des boules remplacent les statues.

Les murs, en pierre blanche de Seyssel sont actuellement recouverts d’un enduit.

Sur le plafond et les dessus-de-porte se trouve un décor monumental, sculpté en stuc blanc.

Au centre du plafond, un lanternon laisse entrer la lumière du jour. Trois grandes baies apportent la lumière, deux ouvertures dont subsiste l’encadrement ont été fermées. Au XVIIe siècle, la lumière pénétrait différemment, mettant en valeur le décor réalisé pour être éclairé selon les moments.

Autour du plafond, des béatitudes et des renommées :

Iconographie

Les allégories sont caractéristiques de la Contre-Réforme, elles illustrent le mouvement baroque[4].

Blanchet en a trouvé la source[5] dans l’Iconologie de Cesare Ripa[6].

Les Béatitudes

Sur les grands frontons, des figures féminines, groupées par deux, représentent les Béatitudes. (Évangile selon Saint-Mathieu,5,1-16). Elles sont réparties ainsi :

  • Mur sud : Affliction en larmes et Soif de justice tenant la balance.
  • Mur est : Pureté du cœur répandant des larmes sur un cœur et Miséricorde, partageant du pain avec des enfants.
  • Mur nord : Esprit de paix tenant un rameau d’olivier et Patience dans les persécutions tenant une croix.
  • Mur ouest : Pauvreté d’esprit levant les yeux au ciel et Douceur caressant un agneau.

Les Renommées

Esquisse de Thomas Blanchet (Nationalmuseum).

Dans les pendentifs, Les Renommées ailées sonnent dans les trompettes et distribuent des couronnes de laurier, dans chacun des quatre angles de la voûte. Elles proclament la magnificence de l’abbaye et de son abbesse[1].

Les putti

Des couples de putti sont installés au-dessus des deux portes du palier supérieur, et symétriquement de l'autre côté des murs au-dessus de fausses ouvertures.

Sculptures disparues

Sur la rampe, trois Vestales tenaient un flambeau.

La Force au départ de la rampe portait les armes de l’abbesse.

Le buste de l’abbesse en marbre de Carrare, entouré d’un médaillon de palmes. Le dessin[7] est conservé au Nationalmuseum de Stockholm[8].

Modèles non réalisés

Les Vertus monacales, sur les niches au-dessus des portes : chasteté, obéissance, docilité, pauvreté. Les dessins des deux premières, par Thomas Blanchet, sont conservés au Nationalmuseum de Stockholm.

Seuls les putti des frontons ont été réalisés.

Sculpteurs

Nicolas Bidaut (1620-1692) et Simon Guillaume (actif entre 1680 et 1708) réalisent les reliefs en stuc.

Trois marchés ont été passés, entre 1681 et 1682, on peut les lire dans les registres du notaire Rougeault, conservés aux Archives du Rhône[9].

Simon Guillaume a réalisé un buste de l’abbesse en marbre de Carrare.

Des dessins de Blanchet[5] que Bidaut possédait ont été vendus à Nicodème Tessin le Jeune, ils sont conservés au Nationalmuseum à Stockholm.

Notes et références

  1. Galactéros 1991.
  2. Béghain et al. 2009, p. 1183.
  3. Revue du Lyonnais, Léon Boitel, 1869, p=474. lire en ligne https://books.google.fr/books?id=1D4WAAAAYAAJ&dq=pierre%20noire%20de%20Saint%20Cyr&hl=fr&pg=PA474#v=onepage&q=pierre%20noire%20de%20Saint%20Cyr&f=false
  4. Jacquet 2008, p. 71.
  5. Galactéros 1991, p. 164.
  6. Cesare Ripa (trad. Jean Baudoin), Iconologie, ou Explication nouvelle de plusieurs Images, Emblèmes et autres Figures Hyérogliphiques des Vertus, des Vices, des Arts, des Sciences, des Causes naturelles, des Humeurs différentes, & des Passions humaines. Tirée des Recherches & des Figures de César Ripa, desseignées et gravées par Jacques de Bie et moralisées par J. Baudoin, Paris, 1636 (notice BnF no FRBNF31219920) lire en ligne sur Gallica
  7. Galactéros 1991, p. 394 (dessin D9).
  8. Nationalmuseum de Stockholm cote THC 4118S
  9. AD 69,cote 27H 113-132

Voir aussi

Bibliographie

 : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

  • Dossier d'œuvres sur Thomas Blanchet, Bibliothèque du musée des Beaux-Arts de Lyon. .
  • Lucie Galactéros, Thomas Blanchet : 1614-1689, Paris, Arthena, , 621 p. (ISBN 2-903239-11-8). 
  • Patrice Béghain, Bruno Benoit, Gérard Corneloup et Bruno Thévenon, Dictionnaire historique de Lyon, Lyon, Stéphane Bachès, , 1501 p. (ISBN 978-2-915266-65-8 et 2-915266-65-4). 
  • Patrice Béghain, Une histoire de la peinture à Lyon, Stéphane Bachès,
  • Léon Charvet, Réunion des sociétés savantes, section des beaux-arts : Vie et oeuvres de Thomas Blanchet, (lire en ligne)
  • Philippe Dufieux et Jean-Christophe Stuccilli, L'art de Lyon, Paris, éditions Place des Victoires, , 419 p. (ISBN 978-2-8099-1438-2)
  • Nicolas Jacquet, Façades lyonnaises : 2000 ans de création architecturale et de confluence culturelle, Paris, Les beaux jours, , 239 p. (ISBN 978-2-35179-026-7)
  • Jacques Beaufort, Vingt siècles d’architecture à Lyon, Saint-Julien-Molin-Molette, Ed Huguet, , 223 p. (ISBN 978-2-915412-96-3)
  • L'art à Lyon et dans la région lyonnaise : depuis les origines jusqu'à nos jours, Angers, A. Burdin, coll. « Société des études locales dans l'enseignement public », (lire en ligne), p. 155.
  • Léon Rosenthal, Guide du visiteur des musées du Palais des Arts de la ville de Lyon, Paris, Albert Morancé, , 64 p., p. 12-13.

Articles connexes

Liens externes

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