Ernest Bersot

Pierre-Aimé Bersot, dit Ernest Bersot, né à Surgères le et mort à Paris le , est un philosophe moraliste et journaliste français. Il est membre de l'Institut.

Biographie[1]

Né en Charente-Maritime d'un père suisse et d'une mère française, il fait ses études au lycée de Bordeaux et entre en 1836 à l'École normale supérieure, où il a entre autres pour professeurs Désiré Nisard et Jules Simon.

Agrégé de philosophie en 1839, il est professeur de philosophie au collège de Rennes, puis professeur suppléant à Paris. En 1840, il est secrétaire de Victor Cousin, alors ministre de l'Instruction publique. Il est ensuite professeur de philosophie à Bordeaux, où son libéralisme d'idées lui suscité quelques querelles avec le clergé, puis professeur à la faculté des lettres de Dijon en 1843 et au collège de Versailles en 1846.Il fut naturalisé en 1848

En 1851, ayant refusé de prêter le serment des fonctionnaires après le coup d'État du 2 décembre, il est considéré comme démissionnaire et contraint de quitter l’enseignement. Il continue de séjourner à Versailles en donnant des cours particuliers et en collaborant à plusieurs journaux. En 1859, il entre au Journal des débats, dont Saint-Marc Girardin lui confie la critique philosophique et littéraire. Ses ouvrages et ses articles lui valent d'être élu membre de l'Académie des sciences morales et politiques en 1866. En 1871, après la fin du Second Empire dont il a longuement attendu la chute, il est nommé directeur de l'École normale supérieure. Il est membre du Conseil supérieur de l'Instruction publique à partir de 1875 et président de l'Institut de France en 1876.

Il meurt prématurément d'un cancer de la face[réf. nécessaire].

Jugements

« Comme philosophe, M. E. Bersot appartient à la grande école de ceux qui n'ont pas d'école : comme les Montaigne, les Vauvenargues, les Joubert, les Sainte-Beuve, M. Bersot a des opinions, il n'a pas de système. Il a des goûts et des préférences, mais il repousse la formule ; il en a horreur. Pour lui, philosopher, c'est penser et penser librement. C'est jeter en courant une vue personnelle et perçante sur la vie, les hommes et les choses humaines. Il est à la fois moraliste et psychologue : son livre sur Mesmer est un chapitre achevé sur la psychologie du merveilleux, qui est elle-même une partie d'une autre psychologie nouvelle, très à la mode depuis quelque temps, la psychologie de l'inconscient[2]. »

« Bersot pratiquait le journalisme d'une façon peu commune, et qui le devient de moins en moins : l'article était longuement préparé ; et sa simplicité savante, sa parfaite mesure, le trait dégagé prestement, mais sans fracas, tout cela était l'effet d'un art qui ne s'improvisait guère, et qui réussisait à mettre d'accord ce qu'il y avait, dans la nature de Bersot, de malice et de bienveillance, d'ironie et d'émotion[3]. »

  • Le directeur de l'École normale vu par Paul Janet

« Comme directeur de l'École normale, dans les discours de rentrée solennelle, en présence du ministre et des élèves, M. Bersot émet des principes de gouvernement qui pourraient avoir des applications plus étendues et s'appliquer plus haut. Nos hommes d'État devraient venir apprendre la politique à l'École normale ; ils y verraient appliquer l'art de rendre l'innovation douce et la conservation large, de marier la discipline et la liberté, l'ancien et le nouveau. C'est ainsi qu'il explique dans la perfection comment on entend à l'École normale l'histoire, la philosophie et les lettres, comment dans chacune de ces branches on peut introduire un esprit nouveau sans rien compromettre d'essentiel et sans sacrifier nos meilleures traditions[4]. »

Principales publications

  • Doctrine de saint Augustin sur la liberté et la Providence (1843)
  • Du Spiritualisme et de la nature (1846)
  • Études sur le XVIIIe siècle (2 volumes : I. Étude générale II. Études particulières. Voltaire, Rousseau, Diderot, Montesquieu, 1855), reprise de :
    • La Philosophie de Voltaire, avec une introduction et des notes (1848)
    • Études sur la philosophie du XVIIIe siècle. Diderot (1851)
    • Études sur la philosophie du XVIIIe siècle. Montesquieu (1852)
  • Essai sur la Providence (1853)
  • Mesmer et le magnétisme animal (1853) Texte en ligne
  • Lettres sur l'enseignement (1857)
  • Littérature et morale (1861)
  • Questions actuelles (1862)
  • Essais de philosophie et de morale (2 volumes, 1864)Texte en ligne
  • Morale et politique (1868)
  • Libre Philosophie, Éd. Germer Baillière, coll. «Bibliothèque de philosophie contemporaine» (1868)
  • Études et discours (1868-1878) (1879)
  • Questions d'enseignement, études sur les réformes universitaires (1880)
  • Conseils d'enseignement, de philosophie et de politique (1897)
  • Ernest Bersot, fragments de ses lettres à sa famille de 1836 à 1871 (1913)

Bibliographie

  • Edmond Scherer, Un Moraliste. Études et pensées d'Ernest Bersot, précédées d'une notice biographique (1882). Réédition : Elibron Classics, Adamant Media Corporation, 2001.
  • Émile Delerot et Achille Taphanel, Lettres inédites de Victor Cousin à Ernest Bersot (1842-1865) (1897) Texte en ligne
  • Ernest Bersot, Émile Zola, Salomon Reinach : Notre École Normale, textes réunis et présentés par Hervé Duchêne, Les Belles lettres, Paris, 1994.
  • Félix Hémon, Bersot et ses amis, Hachette, 1911. (Études d'histoire morale collective)

Notes, sources et références

  1. Les éléments biographiques du présent article sont empruntés à Théodore Reinach, « Ernest Bersot » in La Nouvelle Revue, 2e année, 3e tome, 1880, p. 602-633.
  2. Paul Janet, La Philosophie française contemporaine, Calmann Lévy, Paris, 1879, p. 449-450.
  3. Raymond Thamin, Philosophes, moralistes, écrivains et orateurs religieux in Histoire de la langue et la littérature française des origines à 1900, publié sous la direction de Louis Petit de Juleville, chap. VII, p. 470.
  4. Paul Janet, Op.cit. p. 454-455.

Annexes

Liens internes

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