Enrico Fermi

Enrico Fermi ( à Rome - à Chicago) est un physicien italien naturalisé américain. Ses recherches serviront de socle à l'exploitation de l'énergie nucléaire. Il a été excellent, ce qui est rare, à la fois en physique expérimentale et en physique théorique.

Pour les articles homonymes, voir Fermi.

Enrico Fermi dans les années 1940.
Les « garçons de la rue Panisperna ». De gauche à droite : Oscar D'Agostino, Emilio Segrè, Edoardo Amaldi, Franco Rasetti et Enrico Fermi.

Il est lauréat du prix Nobel de physique de 1938 « pour sa démonstration de l'existence de nouveaux éléments radioactifs produits par bombardements de neutrons, et pour sa découverte des réactions nucléaires créées par les neutrons lents[1] ». Il est également lauréat de la médaille Hughes en 1942, de la médaille Franklin en 1947 et du prix Rumford en 1953.

Biographie

Enrico Fermi naît le à Rome chez Alberto Fermi, inspecteur-chef au ministère des communications, et Ida de Gattis, enseignante d'école élémentaire. Il a une grande sœur, Marie, née le 12 avril 1899 et décédée le 26 juin 1959 lors de la catastrophe aérienne de Olgiate Olona, et un grand frère, Giulio, né en 1900. Les deux frères sont envoyés chez une nourrice, dans un milieu rural. Lorsqu'Enrico atteignit l'âge de deux ans et demi, il rejoint sa famille[2].

Enrico est très proche de son frère Giulio avec qui il partage les mêmes intérêts, ils construisent ensemble des machines électriques et autres objets. En 1915, Giulio meurt au cours d'une opération chirurgicale d'un abcès à la gorge. Enrico est profondément marqué, son caractère change et cet isolement renforce davantage ses intenses études de la physique et des mathématiques[2]. Sur un marché aux livres, place Campo de' Fiori, il achète Elementorum physicae mathematicae, un traité en latin sur la physique et les mathématiques écrit par le jésuite Andrea Caraffa, et il l'étudie.

L'ingénieur Adolfo Amidei, un ami de son père, prend conscience des qualités hors du commun du jeune Fermi. Il lui prête divers ouvrages concernant la physique et les mathématiques que le jeune Fermi « dévore ». En 1918, Fermi décroche son baccalauréat, maîtrisant la géométrie analytique, la géométrie projective, le calcul infinitésimal, le calcul intégral et la mécanique rationnelle[3]. Amidei demande à ce que Fermi s'implique au sein de l'École normale supérieure de Pise. Après des hésitations , les parents de Fermi acceptent la suggestion d'Amidei. Pour se préparer, Fermi étudie le Traité de Physique d'Orest Chwolson et autres livres.

Pour entrer à l'École normale supérieure de Pise, Fermi devait passer par un examen très difficile incluant un essai. Le thème donné est « Caractéristiques spécifiques du son », Fermi produit une analyse impeccable des mouvements d'une corde produisant des vibrations, qui impressionne fortement l'examinateur[4].

À partir d’octobre 1918, Fermi étudie à l'université de Pise au sein de l'École normale supérieure de Pise avec Franco Rasetti. Comme à son habitude, il étudie seul divers problèmes de physique mathématique et consulte des ouvrages de Poincaré, de Poisson ou d’Appell. À partir de 1919, il s'intéresse aux nouvelles théories comme la relativité ou la physique atomique, acquiert une grande connaissance de théories telles que la relativité restreinte, la théorie du corps noir ou encore le modèle de l’hydrogène de Bohr. Ainsi Enrico Fermi, le seul à l'université au fait de ces théories, en arrive, sur l'insistance de ses professeurs, à donner des conférences où il expose aux professeurs et aux assistants les dernières découvertes de physique atomique.

En janvier 1922, après quatre ans passés à l'université, Fermi publie son premier article qui traite de la relativité générale. Dans une communauté scientifique italienne hostile aux travaux d'Einstein, il est l'un des rares avec Levi-Civita à défendre la théorie de la relativité.

En juillet 1922, Fermi obtient son diplôme de fin d'études après avoir présenté un mémoire sur la diffraction des rayons X.

En 1924, il est initié à la franc-maçonnerie dans la loge « Adriano Lemmi » du Grand Orient d'Italie à Rome[5].

En mars 1925, à 23 ans et demi, il obtient son doctorat d'État.

Il fréquente ensuite divers physiciens de haut rang dans l'Italie de l'époque, avant de devenir, pendant deux ans, conférencier à l’université de Florence. En 1926, il devient professeur de physique théorique à l'université La Sapienza de Rome. Il dirige les recherches de l'Institut de physique où le rejoint Ettore Majorana. C'est durant cette période qu'il développe la théorie statistique quantique que l'on appellera plus tard la statistique de Fermi-Dirac.

En 1929, il fait partie des premiers membres, nommés par décret, de l'Académie d'Italie, créée trois ans plus tôt par Mussolini.

À partir de 1932, il se tourne plus précisément vers la physique nucléaire, et c'est cette même année qu'il rédige un article sur la radioactivité β. En 1934, il développe sa théorie sur l'émission de rayonnement bêta en y incluant le « neutron » postulé en 1930 par Wolfgang Pauli, qu'il rebaptise neutrino (le nom neutron étant déjà utilisé pour une autre particule), et s'oriente vers la création d'isotopes radioactifs artificiels par bombardement de neutrons lents.

Émigration aux États-Unis

Touché par le décret royal[6], loi du , fixant les « mesures pour la défense de la race dans les écoles fascistes », Fermi, dont la femme Laura est juive, émigre aux États-Unis le avec toute sa famille et enseigne à l'université Columbia avec son collègue Leó Szilárd.

Ils travaillent ensuite ensemble à l’université de Chicago à l'élaboration d'une pile atomique, le premier réacteur nucléaire. Le est obtenue la première réaction en chaîne contrôlée de fission. Il travaille ensuite au Laboratoire national de Los Alamos (LANL) jusqu'à la fin de la Seconde Guerre mondiale au sein du projet Manhattan. Il sera fait citoyen américain en 1945 en récompense de ses travaux sur la bombe atomique. Il donne également son nom au Fermilab de Batavia (Illinois).

En 1946, il accepte le poste de professeur au sein de l'INS (Institute for Nuclear Studies) qui deviendra plus tard l'Institut Enrico-Fermi créé par l'université de Chicago. C'est en son honneur que sera créé le prix Enrico-Fermi, qui sera décerné à partir de 1954 en récompense de travaux ou d'avancées exceptionnels dans le domaine de l'énergétique. Il passe la fin de sa vie à Chicago.

Au cours de l'été 1950, lors d'une conversation informelle avec trois collègues (Edward Teller, Emil Konopinski et Herbert York) dans la cafétéria du Laboratoire national de Los Alamos, Fermi soulève le paradoxe qui portera son nom. Le déroulement de la conversation varie cependant selon les souvenirs de chaque témoin et n'a jamais fait l'objet d'une consignation par écrit. Le paradoxe de Fermi peut s'énoncer ainsi : « S’il y avait des civilisations extraterrestres, leurs représentants devraient être déjà chez nous. Où sont-ils donc ? ». Presque soixante-dix ans après cette date, aucune solution parmi les très nombreuses proposées n'a encore fait consensus dans la communauté scientifique.

En 1952, l'équipe d'Albert Ghiorso découvre un nouvel élément chimique, le numéro 100. Ils lui attribuent le nom de fermium, en hommage à Enrico Fermi.

Il meurt le d'un cancer de l'estomac à l'âge de 53 ans.

Publications

  • Enrico Fermi ; Thermodynamics, Dover Publications (1937), (ISBN 0-486-60361-X).
  • Enrico Fermi ; Notes on Quantum Mechanics, University of Chicago Press (2e édition - 1995), (ISBN 0-226-24381-8).
  • Enrico Fermi ; Nuclear Physics : A Course Given by Enrico Fermi at the University of Chicago, University of Chicago Press (édition révisée - 1974), (ISBN 0-226-24365-6).
  • Enrico Fermi ; Elementary Particles, Yale University Press (1951), (ISBN 0-300-09474-4).

Hommages

Notes et références

  1. (en) « for his demonstrations of the existence of new radioactive elements produced by neutron irradiation, and for his related discovery of nuclear reactions brought about by slow neutrons » in Personnel de rédaction, « The Nobel Prize in Physics 1938 », Fondation Nobel, 2010. Consulté le .
  2. Cooper 1999, p. 19-20
  3. Bruzzaniti 2016, p. 2-3
  4. Bruzzaniti 2016, p. 3-4
  5. « Enrico Fermi – L’Uomo, lo Scienziato e il Massone », sur le site officiel du Grand Orient d'Italie.
  6. Alison 1957, p. 130.

Voir aussi

Bibliographie

  • Emilio Segrè, (en) Emilio Segrè, Enrico Fermi : physicist, Chicago, University of Chicago Press, , 2e éd., 276 p. (ISBN 978-0-226-74473-5 et 0-226-74473-6, OCLC 248079992, lire en ligne). L'auteur, qui fut l'étudiant, puis le collègue et ami de Fermi, obtiendra le prix Nobel 1959.
  • (en) Dan Cooper, Enrico Fermi : And the Revolutions of Modern Physics, Oxford University Press, , 117 p. (ISBN 978-0-19-511762-2, lire en ligne)
  • (en) Laura Fermi et Emilio Segré (introduction), Atoms in the family : my life with Enrico Fermi, Los Angeles, Calif. Woodbury, N.Y, Tomash Publishers American Institute of Physics, coll. « History of modern physics » (no 9), (ISBN 978-0-88318-524-7) (Souvenirs de la femme de Fermi).
  • (en) Carlo Bernardini (dir.) et Luisa Bonolis (dir.), Enrico Fermi : his work and legacy, Bologna Berlin New York, Società Italiana di Fisica Springer, , 410 p. (ISBN 978-88-7438-015-2, 978-3-540-22141-8 et 978-3-642-06053-3). Hommage à Fermi pour le centième anniversaire de sa naissance, commandé par la société italienne de physique.
  • (en) Giuseppe Bruzzaniti (trad. Ugo Bruzzo), Enrico Fermi : The Obedient Genius, Springer, , 348 p. (ISBN 978-1-4939-3531-4).
  • (en) Hans Christian Von Baeyer, The Fermi solution : essays on science, Courier Dover Publications, , 176 p. (ISBN 978-0-486-41707-3, présentation en ligne)
  • Samuel King Alison, « Enrico Fermi, 1901–1954 », Biographical Memoir, National Academy of Sciences, vol. 30, , p. 125-155 (OCLC 11772127)
  • Alcante (scénario), Bollée (scénario) et Rodier (dessin), La Bombe, Grenoble, Glénat, , 472 p. (ISBN 978-2-344-02063-0 et 2-344-02063-2, OCLC 1149551082, présentation en ligne)
    Bande dessinée historique

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