Elsa Morante

Elsa Morante, née le à Rome et morte le dans cette même ville, est une romancière, nouvelliste, poétesse et essayiste italienne[1].

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Biographie

Elsa Morante passe son enfance dans le quartier populaire du Testaccio, à Rome. Fille d'une institutrice de confession juive et d'un employé des postes, elle est en fait reconnue par Augusto Morante, surveillant dans une maison de correction.

Dès l'âge de treize ans, elle publie des récits dans plusieurs journaux pour enfants et, à dix-huit ans, elle décide de se consacrer à l'écriture, quittant famille et études. Elle collabore à l'hebdomadaire Oggi, de 1939 à 1941.

Elle rencontre l'écrivain Alberto Moravia en 1936, avant de l'épouser en 1941 (le couple se séparera en 1962, sans jamais divorcer). La même année, elle traduit, sous le titre Il Quaderno degli appunti, le Scrapbook de Katherine Mansfield. Alberto Moravia étant accusé d'antifacisme, elle le suit dans son exil dans le sud du Latium jusqu'à la fin de la guerre.

Elsa Morante publie son roman Mensonge et sortilège en 1948, qui lui vaut le prix Viareggio. En 1957, elle est la première femme lauréate du prix Strega[2] grâce à son deuxième roman L'Île d'Arturo.

Avec Moravia, elle rencontre un grand nombre d'écrivains et de penseurs italiens, comme Attilio Bertolucci, Natalia Ginzburg (qui l'aidera à publier son premier roman chez Enaudi) et Pier Paolo Pasolini, avec lequel elle se lie particulièrement d'amitié[3] (elle sera notamment citée dans quelques poèmes de l'auteur[4]).

Elle voyage en Espagne, en URSS, en Chine et, en 1960, aux États-Unis, où elle se lie avec un jeune peintre, Bill Morrow, qui meurt en tombant d’un gratte-ciel new-yorkais dans des circonstances non élucidées en 1962. L'année suivante, elle publie le recueil de nouvelles Le châle andalou (Lo scialle andaluso).

Laissant de côté ses activités d'écriture, Elsa Morante participe à cette époque et de manière plus ou moins visible aux films de Pier Paolo Pasolini. Après un premier caméo dans le film Accattone comme détenue[5] en 1961, elle participe à la préparation et au tournage de L'Évangile selon saint Matthieu, sorti en 1964, bien qu'elle n'y soit pas créditée[6]. En 1969, elle participe à la sélection musicale pour Medée[7].

Elle publie en 1974 La storia, qui devient un best-seller mondial avant d'être adapté à la télévision italienne en 1986 par Luigi Comencini. Ce roman fait partie des 100 meilleurs livres de tous les temps selon le Cercle norvégien du livre.

Son dernier roman, Aracoeli, parait en 1982. Dans cette oeuvre, Elsa Morante aborde entre autres la mort de Pier Paolo Pasolini (dont la date de décès correspond à la date des retrouvailles entre le personnage principal, Manuele, et sa mère dont il est en quête, Aracoeli)[3]. Cette publication lui vaut de recevoir en France le prix Médicis étranger 1984.

Malade des suites d'une fracture du fémur, elle tente de se suicider en 1983. Elle meurt en 1985.

En 2018, René de Ceccatty lui consacre la première biographie en français : Elsa Morante. Une vie pour la littérature (Tallandier).

Famille

Elsa Morante est la tante de l'actrice et réalisatrice Laura Morante.

Œuvre

Romans

  • Menzogna e sortilegio (1948)
    Publié en français sous le titre Mensonge et Sortilège, traduit par Michel Arnaud, Paris, Gallimard, coll. « Du monde entier », 1967 (notice BnF no FRBNF33104910)  ; réédition, Paris, Gallimard, coll. « Folio » no 1884, 1894, 2 vol., 1987 (ISBN 2-07-037884-5) et (ISBN 2-07-037894-2)
  • L'isola di Arturo (1957)
    Publié en français sous le titre L'Île d'Arturo, mémoires d'un adolescent, traduit par Michel Arnaud, Paris, Gallimard, coll. « Du monde entier », 1963 (notice BnF no FRBNF33104908) ; réédition, Paris, Gallimard, coll. « Folio » no 1076, 1978 (ISBN 2-07-037076-3)
  • La storia (1974)
    Publié en français sous le titre La Storia, traduit par Michel Arnaud, Paris, Gallimard, coll. « Du monde entier », 1977 (ISBN 2-07-029692-X)  ; réédition, Paris, Gallimard, coll. « Folio » no 1214-1215, 2 vol., 1980 (ISBN 2-07-037214-6) (ISBN 2-07-037215-4) ; réédition en un volume, Paris, Gallimard, coll. « Folio » no 4024, 2004 (ISBN 2-07-031501-0)
  • Aracoeli (1982)
    Publié en français sous le titre Aracoeli, traduit par Jean-Noël Schifano, Paris, Gallimard, coll. « Du monde entier », 1984 (ISBN 2-07-070176-X)  ; réédition, Paris, Gallimard, coll. « Folio » no 1214-1215, 2 vol., 1980 (ISBN 2-07-037214-6) (ISBN 2-07-037215-4)

Recueils de nouvelles

  • Il gioco segreto (1941)
  • Le bellissime avventure di Caterì dalla Trecciolina (1942)
  • Lo scialle andaluso (1963)
    Publié en français sous le titre Le châle andalou, traduit par Mario Fusco, Paris, Gallimard, coll. « Du monde entier », 1967 (notice BnF no FRBNF33104912) ; réédition, Paris, Gallimard, coll. « Folio » no 1579, 1984 (ISBN 2-07-037579-X)
  • Racconti dimenticati (2002), publication posthume
    Publié en français sous le titre Récits oubliés, Lagrasse, Verdier, coll. « Terra d'altri », 2009 (ISBN 978-2-86432-579-6)
  • Aneddoti infantili (2013), publication posthume
    Publié en français sous le titre Anecdotes enfantines, Paris, Arléa, coll. « Littérature étrangère : domaine italien », 2015 (ISBN 978-2-36308-078-3)

Poésie

  • Alibi (1958)
    Publié en français sous le titre Alibi, traduit par Jean-Noël Schifano, Paris, Gallimard, 1999 (ISBN 2-07-073176-6)
  • Il mondo salvato dai ragazzini e altri poemi (1968), édition augmentée en 2012
    Publié en français sous le titre Le Monde sauvé par les gamins, traduit par Jean-Noël Schifano, Paris, Gallimard, coll. « Du monde entier », 1991 (ISBN 2-07-072281-3)

Théâtre

  • La serata a Colono. Parodia (2013)

Autres publications

  • Pro o contro la bomba atomica e altri scritti (1987)
    Publié en français sous le titre Pour ou contre la bombe atomique, traduit par Jean-Noël Schifano, Paris, Gallimard, coll. « Arcades » no 22, 1992 (ISBN 2-07-072516-2)
  • Diario 1938 (1989-2005)
    Publié en français sous le titre Territoire de rêve, traduit par Jean-Noël Schifano, Paris, Gallimard, coll. « Arcades » no 62, 1999 (ISBN 2-07-073175-8)
  • Piccolo manifesto dei comunisti (senza classe né partito). Lettera alle Brigate Rosse (2004)
    Publié en français sous le titre Petit manifeste des communistes, sans classes ni parti, suivi de Une lettre aux Brigades rouge, traduit par Martin Rueff, Paris, Payot & Rivages, coll. « Rivages Poche. Petite bibliothèque » no 500, 2005 (ISBN 2-7436-1405-6)

Adaptations

Au cinéma

À la télévision

Hommages

  • La Ville de Paris a nommé la rue Elsa-Morante en sa mémoire, dans le 13e arrondissement.

Notes et références

  1. (it) « Morante, Elsa nell'Enciclopedia Treccani », sur www.treccani.it (consulté le )
  2. (it) « Libri premiati », sur Premio Strega 2021 (consulté le )
  3. WALTER SITI, « ELSA MORANTE NELL'OPERA DI PIER PAOLO PASOLINI », Studi Novecenteschi, vol. 21, nos 47/48, , p. 131–148 (ISSN 0303-4615, DOI 10.2307/45276115, lire en ligne, consulté le )
  4. Pier Paolo Pasolini (trad. René de Ceccatry), Sonnets, Éditions Gallimard, , 288 p. (ISBN 978-2-07-034983-8), p.174
  5. « Accattone (1961) - IMDb » (consulté le )
  6. « The Gospel According to St. Matthew (1964) - IMDb » (consulté le )
  7. « Medea (1969) - IMDb » (consulté le )

Bibliographie

  • René de Ceccatty, Elsa Morante. Une vie pour la littérature, Tallandier, 2018, 432 p.

Liens externes

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