Elizabeth Montagu

Elizabeth Montagu née Robinson le à York et morte le à Londres, est une femme de lettres, réformatrice sociale, mécène, salonnière, critique littéraire anglaise et membre influente de la société des bas-bleus.

Elizabeth Montagu
Nom de naissance Elizabeth Robinson
Naissance
York
Décès
Londres
Activité principale
Auteur
Langue d’écriture Anglais

Biographie

Elizabeth est devenue, dans sa jeunesse, l’amie de Lady Margaret Harley, la seule enfant survivante d’Edward Harley, 2e comte d’Oxford et de Mortimer, inséparables lorsqu’elles étaient ensemble et correspondant hebdomadairement lorsqu’elles étaient séparées. D’une rare intelligence, elle a passé du temps avec Lady Harley à Londres, rencontrant de nombreux personnages célèbres des années 1730, y compris le poète Edward Young et le penseur religieux Gilbert West. Chez Lady Harley, hommes et femmes s’engageaient dans des badinages instruits et pleins d’esprit où chacun parlait d’égal à égal. Les visites de Lady Harley sont devenues plus importantes pour Elizabeth quand sa mère a fait sa demeure d’une maison de campagne dans le Kent dont elle avait héritée.

Considérant le mariage comme une convention rationnelle et expéditive, elle ne croyait pas possible d’aimer un homme, et écrivit, en 1738, à Harley pour lui expliquer qu’elle n’éprouvait aucun désir pour les hommes ou le mariage. Elle épousa pourtant, en 1742, un petit-fils du premier comte de Sandwich, Edward Montagu, un homme riche avec de nombreuses mines de charbon, plusieurs loyers et domaines en Northumberland, pour devenir l’une des femmes les plus riches de son époque.

À partir de 1750, elle établit, avec Edward, l’habitude de passer l’hiver à Mayfair, puis, au printemps, aller à Sandleford dans le Berkshire. Edward passait ensuite dans le Northumberland et le Yorkshire pour gérer ses avoirs, tandis qu’elle l’accompagnait parfois au manoir familial de East Denton Hall datant de 1622 à Newcastle upon Tyne.

À la fin des années 1760, Edward Montagu tombé malade, Elizabeth prit soin de lui, même si ce renoncement à sa liberté la contrariait. Après la mort de ce dernier en 1775, elle adopta son neveu Matthew Robinson, orphelin de son frère, en 1776, qui conserva son nom de famille, mais fut nommé l’héritier d’Elisabeth. Les charbonnages et les terres Montagu, qui représentaient un revenu annuel de 7 000 livres, passèrent alors à Elizabeth. Cette femme d’affaires avisée, qui faisait la charité à ses mineurs et leurs familles en se réjouissant de ce que cela ne lui coutait guère, gérait bien sa fortune et ses affaires et, à sa mort, ses revenus sur le charbon s’élevaient à 10 000 livres par an.

En 1777, elle a commencé à travailler sur Montagu House[1] à Portman Square à Marylebone en Londres, où elle a emménagé en 1781, élargissant également Sandleford’s Montagu House dans les années 1780. Elle obtint la coopération de Capability Brown pour dessiner ses jardins. À sa mort, elle a laissé tout son argent à son neveu, Matthew Robinson.

Salon et vie culturelle

Montagu (assise au milieu dans le groupe de droite), en compagnie d’autres bas-bleus.

Parmi les bas-bleus, Elizabeth Montagu n’était pas la personnalité dominante, mais c’était une femme de grands moyens, la plus fortunée, et c'est sa maison, sa bourse et son pouvoir qui ont permis l’existence de la société. Elle a utilisé sa richesse pour favoriser les littératures anglaise et écossaise et soulager les pauvres.

Elizabeth a commencé à être une hôtesse célèbre à Londres. En 1760, ses petits déjeuners littéraires avec, entre autres, Gilbert West, George Lyttelton, etc. sont devenus de grandes assemblées, désormais connues sous le nom de société des bas-bleus, où jeux de cartes et boissons fortes étaient interdits.

En 1770, son domicile de la rue Hill est devenu le premier salon de Londres. Samuel Johnson, Horace Walpole, Edmund Burke, Joshua Reynolds, sir Ralph Woodford ou David Garrick en faisaient tous partie. Pour les écrivains, sa fréquentation était synonyme de mécénat, et Montagu parrainait un certain nombre d’auteurs, dont James Beattie, Hannah More, Fanny Burney, Hester Chapone, Anna Williams, Anna Barbauld, Elizabeth Carter ou Sarah Fielding. À l’occasion, l’hôtesse de Samuel Johnson, Hester Thrale, qui organisait également des événements semblables à son domicile dans la maison du centre de la Royal Crescent à Bath, fréquentait également ce salon.

Œuvre et écrits bas-bleus

Première page d’un brouillon manuscrit de An Essay on the Writings and Genius of Shakespear, 1769.

George Lyttelton ayant encouragé, en 1760, Elizabeth à écrire, elle a fourni, à titre anonyme, trois sections de Dialogues of the Dead (Dialogues des morts), une série de conversations entre les vivants et les morts illustres qui fonctionne comme satire de la vanité et les mœurs du XVIIIe siècle. Ses gouts de critique littéraire la portaient vers Samuel Richardson, Henry Fielding et sa sœur Sarah, Fanny Burney ou Laurence Sterne, dont elle eut le plaisir de découvrir qu’il était un parent éloigné par la famille Botham. Celui-ci lui confia d’ailleurs, lors de son départ pour la France, en mauvaise santé, la disposition de ses papiers tant était réelle la perspective de sa mort à l’étranger. Partisane des Reliques of Ancient English Poetry de Thomas Percy, elle prit, avec autant de savoir que de bon sens, la défense de Shakespeare contre les sarcasmes de Voltaire dans un remarquable Essay on the Writings and Genius of Shakespear (Essai sur le génie et les écrits de Shakespeare ; Londres, 1769, in-8°), auquel Voltaire répondit dans sa Lettre à l’Académie française (). Elle répliqua aussitôt par une Apologie de Shakespeare, qui fut traduite en français (Londres [Paris], 1777, in-8°). Elle y proclame que Shakespeare est le plus grand poète anglais et, en fait, le plus grand poète de toute nation. Elle attaque également la préface de Samuel Johnson de 1765 à Shakespeare pour ne pas avoir fait l’éloge d’assez de pièces de ce poète. Alors que Johnson avait traité avec du texte, de l’histoire et des circonstances de l’édition, Montagu a préféré écrire sur les personnages, l’intrigue et les beautés des vers de Shakespeare en qui elle voyait un champion de tout ce qui était intrinsèquement anglais. Lors de la publication, sans nom d’auteur, de l’ouvrage, celui-ci fut initialement attribué à Joseph Warton, jusqu’à l’apparition, en 1777, de son nom sur la page de titre. Elle a également laissé une très intéressante Correspondance littéraire publiée après sa mort (4 vol. in-8°).

Notes

  1. Détruite par une bombe incendiaire durant le Blitz.

Bibliographie

  • (en) Elizabeth Montagu, the queen of the bluestockings, her correspondence from 1720 to 1761, Éd. Emily J Climenson, London, John Murray, 1906.

Sources

  • Gustave Vapereau, Dictionnaire universel des littératures, Paris, Hachette, 1876, p. 966.

Liens externes

  • Portail de la littérature britannique
  • Portail du XVIIIe siècle
  • Portail des Lumières
Cet article est issu de Wikipedia. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.