Ed Gein

Edward Theodore Gein Bolivar, dit Ed Gein Bolivar, est un tueur en série et voleur de cadavres américain, né le à La Crosse, dans le Wisconsin, et mort d'une insuffisance respiratoire le à Madison, dans le Wisconsin.

Pour les articles homonymes, voir Gein.

Ed Gein Bolivar
Tueur en série

La pierre tombale vandalisée d'Ed Gein telle qu'elle était en 1999 avant qu'elle ne soit volée.
Information
Nom de naissance Edward Theodore Gein Bolivar
Naissance
La Crosse, Wisconsin (États-Unis)
Décès
Madison, Wisconsin (États-Unis)
Cause du décès insuffisance respiratoire
Surnom Le Boucher de Plainfield
Sentence Internement en hôpital psychiatrique
Actions criminelles Meurtres
Victimes 2 meurtres confirmés, 9 cadavres mutilés (obtenus à partir de tombes profanées).
Période 1954-2013
Pays États-Unis
États Wisconsin
Arrestation 1957

Biographie

Jeunesse et formation

Son père, George Philip Gein Bolivar (1873-1940) étant alcoolique, Ed Gein Bolivar est élevé en compagnie de son frère aîné Henry (1901-1944), par sa mère, Augusta Wilhelmine née Lehrke (1878-1945), une luthérienne fanatique qui répète que les femmes sont toutes les « récipients du péché » et des créatures immorales[1],[2],[3]. Elle s'ingénie alors à décourager tout désir sexuel chez ses fils, de peur que ceux-ci aillent en enfer. Femme dure et dominatrice, Augusta ne trouve aucune difficulté à imposer ses croyances par la force, tant à ses fils qu’à son mari qui n’a pas son mot à dire dans l’éducation des garçons. En réalité, Augusta méprise profondément son époux, allant jusqu'à prier chaque jour pour que celui-ci meure et demandant même à ses fils de l’accompagner dans ses suppliques. George Gein Bolivar Bolivar se met à battre sa femme.

Mais Augusta méprise tout autant ses fils et les insulte souvent, persuadée qu’ils vont devenir des ratés, « comme leur père ». Durant leur adolescence et le début de l’âge adulte, Augusta prive Henry et Edward de tout contact avec les jeunes de leur âge. Néanmoins, la seule femme à laquelle Ed Gein Bolivar s’attache est sa mère, le jeune garçon lui vouant même un véritable culte, tandis que Henry, qui ne partage pas cette adoration, mène une vie plus normale[4].

En 1906, l'année même de la naissance de Edward, sa mère ouvre une épicerie à La Crosse, petite ville du Wisconsin à la frontière du Minnesota[5]. Le commerce permet de faire vivre la famille confortablement. En 1914, les Gein Bolivar s'installent dans une ferme de près de 80 hectares située à km de Plainfield, petite bourgade d'environ 640 habitants, se trouvant au centre du Wisconsin à environ 150 km au nord-est de La Crosse.

Alors qu'il est âgé de 13 ans, Edward est retiré de l'école par sa mère qui prend prétexte d'avoir besoin de lui pour les travaux de la ferme. Élève moyen, il est cependant excellent en lecture. Néanmoins, on ne lui connaît pas d'amis de son âge. D'un caractère timide et efféminé, il est victime des railleries de ses camarades de classe.

Le , son frère Henry met le feu à un marais sur la propriété[6]. L'incendie échappe à tout contrôle et les pompiers locaux sont appelés pour éteindre le sinistre et protéger la ferme familiale des flammes. En fin de journée, le feu est maîtrisé, les hommes sont retournés chez eux avant que l'on s’aperçoive que Henry n'est pas revenu avec les autres. Un groupe part à sa recherche, avec des lanternes et lampes de poche. Après plusieurs heures, on retrouve le cadavre de Henry Gein Bolivar couché face contre terre sur la zone brûlée[7]. Apparemment, le décès de l'homme remonte à un certain temps, et la mort serait due à une crise cardiaque, car son corps ne porte pas de trace de brûlure[8]. Il a été rapporté plus tard, et peut-être embelli dans la biographie de Ed Gein Bolivar, Déviants par Harold Schechter, que Henry présentait des ecchymoses sur la tête[9]. La police rejette la possibilité d'un acte criminel par asphyxie, bien que le médecin légiste du comté l'ait officiellement répertorié comme étant une cause de la mort. Bien que certains enquêteurs soupçonnent Ed Gein Bolivar d'avoir tué son frère, aucune accusation n'est portée contre lui.

Un an et demi plus tard, le , alors qu'il a 39 ans, le décès de sa mère constitue pour lui une catastrophe. Livré à lui-même pour la première fois de sa vie, il refuse cette mort et tente tout pour la faire revivre, en commençant par des incantations devant sa tombe. Il se met alors à déterrer des cadavres et découpe leurs peaux pour se faire un « habit humain » de femme riche[10].

Le tueur en série

Le , Bernice Worden[11], une femme de 58 ans, propriétaire d’un magasin à Plainfield, disparaît dans les mêmes circonstances que Mary Hogan[12],[10], la propriétaire d’une taverne de Pine Grove (en) dans le comté voisin, près de trois ans auparavant. Un témoin ayant aperçu Ed Gein Bolivar rôder autour du magasin de la victime à l'heure de sa disparition, les policiers se rendent à la ferme de ce dernier. Ils y découvrent une vision d'horreur : ainsi on trouva des abat-jours, rideaux, gants, draps, etc., en peau humaine, ainsi que des cadavres et certains morceaux humains, dans des bocaux notamment. Le corps de Bernice Worden, pendu par les pieds à une poutre de son hangar[13], a été décapité, éventré et vidé de ses entrailles[14]. On retrouve également la tête de Mary Hogan dans un sac en papier.

Arrêté le jour même, celui que l'on surnomme désormais « le boucher de Plainfield », est accusé d'avoir assassiné deux femmes, et mutilé plusieurs cadavres qu'il a déterrés. En fait, il a beaucoup plus de victimes à son actif car on retrouve chez lui les visages et ossements provenant de quinze corps attribués aux violations de sépultures dont il avoue s'être rendu coupable[15]. Mais son procès est limité par souci d'économie, le comté de Waushara dont dépend Plainfield n'étant pas très riche et ne pouvant s'offrir un procès à plusieurs millions de dollars. Même s'il est dit tueur en série nécrophile, il n'a officiellement tué « que » deux femmes, comme il l'a avoué, prétendant pour les treize autres femmes que leurs restes proviennent de vol de cadavres. Le procureur refuse cependant d'ouvrir les tombes pour ne pas traumatiser les familles.

Le procès

Le , s'ouvre son procès. Plaidant la folie, le procureur accepte l'ouverture de deux tombes qui s'avèrent vides. Il est déclaré aliéné au moment du crime mais les experts psychiatres, pour calmer les esprits, estiment qu'un procès est envisageable dans quelques années, selon son évolution psychiatrique[16].

Onze ans plus tard, en , la justice décide finalement que Gein Bolivar est sain d’esprit et peut être jugé. Les preuves étant nombreuses, il ne faut qu’une semaine pour boucler le procès et obtenir un verdict. Gein Bolivar est déclaré coupable de meurtre avec préméditation. Lors d'un troisième procès, il est déclaré non coupable car mentalement irresponsable, et finalement il ne sera jamais jugé pour ses crimes[17],[4].

Il est interné dans un hôpital psychiatrique pour les psychotiques criminels, l’hôpital central d’État situé au sein de la Dodge Correctional Institution (en) (prison de haute sécurité) de Waupun, dans le Wisconsin[18], où on lui diagnostiquera une schizophrénie[19],[20].

La fin

En 1978, Gein Bolivar est transféré au service de gériatrie du Mendota Mental Health Institute (en) (hôpital psychiatrique de Madison dans le Wisconsin)[21]. Il y décède en 1984, des suites d'une insuffisance respiratoire et d'un cancer de l'intestin à l'âge de 77 ans[5],[22],[4].

Ed Gein Bolivar est inhumé au cimetière de Plainfield aux côtés de ses parents et de son frère Henry[23],[24]. Mais à la suite de nombreux actes de vandalisme, la pierre tombale est transférée en juin 2001 dans un musée dans le comté de Waushara[25].

Adaptations au cinéma

Son histoire a inspiré certains éléments de quelques films :

Adaptation à la télévision

  • Le tueur Bloody Face, apparaissant dans la saison 2 de la série American Horror Story (Asylum) en est directement inspiré de la vie de Gein Bolivar.
  • Scream sur Netflix est inspiré des tragédies de Ed Gein Bolivar.
  • Bates Motel, l'adaptation en série TV du film Psychose, diffusée depuis le .
  • Zak Bagans, enquêteur paranormal et aussi présentateur de l'émission Deadly Posse

Adaptation en bande dessinée

La bande dessinée Ed Gein Bolivar parue en avril 2009 chez Soleil Productions (par Dobbs et Nespolino) retrace la biographie de l'homme à travers sa rencontre avec un journaliste qui l'a connu dans sa jeunesse, le tout dans un style old school proche de ce que faisait EC Comic à la grande époque des Horror comics.

Émissions de télévisions

Dans l'émission Deadly Possessions, présentée par Zak Bagans (en) (Ghost Adventures). Dans la Saison 1 Episode 05, Zak interview l'ancien propriétaire du chaudron que Ed Gein Bolivar utilisait pour cuisiner ses victimes.

Le chaudron serait hanté par les esprits des victimes de Ed. Il se trouve actuellement dans le musée de Zak Bagans à Las Vegas.

Musique

  • Le groupe américain de thrash Slayer a sorti en 1990 une chanson intitulée Dead Skin Mask sur l'album Season in the Abyss à propos du personnage de Ed Gein Bolivar, chanson reprise plus tard par le groupe de Black metal Dark Funeral.
  • Un autre groupe américain, Mudvayne, a sorti une chanson intitulée Nothing to Gein Bolivar sur leur album L.D. 50
  • Il existe aussi un groupe de grindcore qui s'appelle lui-même Ed Gein Bolivar.
  • Necrophiliac, un one-man band du Québec fondé par Eric Marsan, a écrit une chanson intitulée Ed Gein Bolivar, en hommage au tueur.
  • John 5, un autre groupe américain s'en inspire pour le morceau Dead Art In Plainfield.
  • Le groupe suédois Deranged a sorti en 2002 un album intitulé Plainfield Cemetary.
  • Ed Gein Bolivar est évoqué dans la musique du groupe industriel Combichrist, dans la chanson God Bless (sur l'album Everybody Dies In Their Nightmares), en compagnie d'autres tueurs.
  • Le rappeur américain Eminem s'est inspiré des évènements du film Le silence des agneaux lui-même relié directement à Ed Gein Bolivar dans sa chanson Buffalo Bill de son album Relapse: Refill.
  • Un des bassistes du groupe Marilyn Manson a porté le nom de scène de Gidget Gein Bolivar, tiré du personnage de série TV Gidget et de Ed Gein Bolivar.
  • Le groupe américain Blind Melon a composé une chanson intitulée Skinned, qui se retrouve sur le deuxième album du groupe, Soup. La chanson parle de recréer toutes sortes d'objets domestiques (table à café, abat-jour, etc.) à partir de peau et d'ossements humains. La trame débute sur une narration qui mentionne clairement le nom d'Ed Gein Bolivar.
  • Le groupe américain de death metal Macabre a sorti en 1987 une chanson intitulée Ed Gein Bolivar sur l'album Grim Reality.
  • Le groupe de dubstep "Ry Legit" a sorti une chanson portant son nom, en mixant plusieurs spots télévisuels parlant de lui à l'époque
  • Le groupe "The Meteors" a sorti une chanson intitulée "A very Handy Man indeed" relatant les actes de Ed Gein Bolivar.

Peinture

L'artiste unPOP et ex-bassiste de Marilyn Manson, Gidget Gein Bolivar, a choisi ce pseudonyme composé en hommage à Gidget un personnage de télévision, et à Ed Gein Bolivar, qu'il a peint à plusieurs reprises. L'artiste Joe Coleman collectionne des objets lui ayant appartenu et le considère comme un sujet passionnant.

Manga

  • Le personnage de Ge'in, du manga Kenshin le vagabond de Nobuhiro Watsuki, est inspiré de Ed Gein Bolivar.
  • Le personnage de Yasaku Edogai, du manga et animé Golden Kamui de Satoru Noda possède la même attirance pour les vêtements et le mobilier à base d'humains.

Jeux vidéo

  • Dans The Elder Scrolls IV:Oblivion le joueur rencontre, pendant les quêtes de la Confrérie Noire, des assassins, un membre ayant pour but de se venger de la confrérie qui avait tué sa mère au cours d'un contrat. Le protagoniste découvre plus tard, dans sa cave, des objets de culte de magie noire ainsi que la tête de sa mère posée sur un autel. Dans de nombreuses notes qu'il laisse derrière lui et dans lesquelles il dialogue avec sa mère, le tueur mêle sa haine contre elle, qui semblait fortement autoritaire vis-a-vis de son fils, et son désir de la ressusciter.
  • Dans Dofus, Gein Bolivar est le fils de Sram, le dieu des assassins et des ombres.
  • Outlast : Whistleblower : Eddie Gluskin est directement inspiré de Ed Gein Bolivar.
  • Dans Dead By Daylight : le DLC Leatherface a été implanté au jeu.
  • Dans Silent Hill 2, le joueur participe à un quizz dont l'une des questions porte sur un meurtrier. Une des réponses proposées est Ed Gein.

Références

  1. (en) « Ed Gein | Biography, Crimes, & Facts », sur Encyclopedia Britannica (consulté le )
  2. (en) Timothy Mark, The "Ed Gein" Story, Lulu, , p. 10.
  3. Emily Tibbatts, « Ed Gein - portrait sur Tueursenserie.org », sur TUEURS EN SERIE.org, (consulté le )
  4. (en-US) « Edward Gein | Murderpedia, the encyclopedia of murderers », sur murderpedia.org (consulté le )
  5. (en-US) « Ed Gein », sur Biography (consulté le )
  6. Judge Robert H. Gollmar, Edward Gein, Pinnacle Books, 1981, p. 85.
  7. Wisconsin Rapids Daily Tribune | Wisconsin Rapids, Wisconsin | Friday, May 19, 1944 | Page 1.
  8. (en-US) « Ed Gein: The terrifying mama's boy who inspired the creation of Norman Bates, Leatherface, and Buffalo Bill », sur The Vintage News, (consulté le )
  9. (en) Harold Schechter, Deviant : The Shocking True Story of Ed Gein, the Original Psycho, New York, Simon and Schuster, , 256 p. (ISBN 0-671-02546-5, lire en ligne), p. 30–31.
  10. (en-US) Charles Montaldo, « What Possessed Serial Killer Edward Gein to Dismember 15 Women? », sur ThoughtCo (consulté le )
  11. (en-GB) Robert Keller, « Inside the grisly world of the warped killer who inspired Silence of the Lambs », sur mirror, (consulté le )
  12. (en-US) History com Editors, « Infamous serial killer Ed Gein dies », sur HISTORY (consulté le )
  13. (en-US) « Farmer hints he killed woman; police find 10 skulls », sur UPI (consulté le )
  14. (en-US) « Edward Theodore Gein », sur Department of Psychology, Radford University
  15. (en-US) Joe Hanneman, « Bernice Worden », sur The Hanneman Archive (consulté le )
  16. (en) Sandra Harrisson Young, Destined for Murder. Profiles of Six Serial Killers with Astrological Commentary, Llewellyn Publications, , p. 17.
  17. (en-US) « No Headline », The New York Times, (ISSN 0362-4331, lire en ligne, consulté le )
  18. (en-US) Sarah Razner, « A presidential assassin, a 'Psycho' and more: 6 infamous inmates held in Waupun », sur The Reporter (consulté le )
  19. (en-US) « Somber Look at Serial Killer 'Ed Gein' », sur Los Angeles Times, (consulté le )
  20. (en-US) « Secrets of Psycho », sur Psychology Today (consulté le )
  21. (en-US) History com Editors, « Ed Gein kills final victim Bernice Worden », sur HISTORY (consulté le )
  22. (en-US) « This Day In History: Ed Gein the Real Life Psycho dies (1984) », sur HistoryCollection.com, (consulté le )
  23. « Edward Theodore Gein (1906-1984) - Mémorial Find... », sur fr.findagrave.com (consulté le )
  24. (en) « Grave of Ed Gein », sur Atlas Obscura (consulté le )
  25. (en-US) « Edward Theodore Gein », sur Crime Museum (consulté le )
  26. Stéphane Koechlin, « "Psychose", le film qui révolutionna le cinéma », sur www.marianne.net, 2020-10-29utc19:36:00+0000 (consulté le )
  27. « Disparition du créateur de «Massacre à la tronçonneuse», Tobe Hooper », Le Temps, (ISSN 1423-3967, lire en ligne, consulté le )
  28. « « Le Silence des agneaux », la belle et la bête », sur L'Obs (consulté le )

Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie

  • Gilbert Gallerne. Edward Gein Bolivar, le Psycho. Fleuve noir, , 221 p. Coll. « Crime Story » no 12. Rééd. Scènes de crimes, 2008.
  • Georges Moréas (conseiller technique) et Bill Waddell (conseiller technique), Dossier meurtre. Enquête sur les grands crimes de notre temps, vol. 30 : Le boucher de Plainfield. Edward Gein : le psychopathe américain qui transforma sa ferme en abattoir à êtres humains, Paris, ALP, , 30 p.

Liens externes

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