Ebussuud Efendi

Mehmed Ebussuud Efendi, né le à İskilip (Empire ottoman) et mort le à Constantinople (Empire ottoman)[1], est un juriste (faqîh) et juge (qadi) musulman de la Renaissance, ayant occupé de hautes fonctions publiques dans l'Empire ottoman.

Ebussuud Efendi
Naissance
Çorum, sandjak de Çorum, eyalet de Roum (Empire ottoman)
Décès
Constantinople (Empire ottoman)
Nationalité Ottoman
Profession

Il est parfois appelé « El-Imadi », parce que sa famille était originaire du hameau d'Imad, près de sa ville natale d'İskilip.

Biographie

Origines

Ebussuud est né le à İskilip dans le sandjak de Çorum de l'eyalet de Roum. Certains orientalistes ont confondu Imad (le village d'origine de sa famille, près d'İskilip) avec Amid et ont ainsi affirmé qu’Ebusuud est originaire du Diyarbakır. Selon les historiens ottomans Mustafa Âlî (tr) (contemporain d'Ebusuud) et İbrahim Peçevi, il est également erroné de penser qu'Ebussuud était Kurde en raison de la possible confusion entre Imad et Imadiye dans l'actuel Kurdistan irakien. Il est le fils du célèbre Şeyh Yavsî (tr) qui enseigna au sultan Bayézid II, ainsi que le petit-fils d'Ali Quchtchi, un autre grand savant musulman (alem).

Fonctions

Dans les années 1530, Ebussuud officia comme juge civil à Constantinople et à Bursa, puis comme juge militaire (Kazasker (en)) de la Roumélie. Durant cette période, il s'efforça de conformer les différentes lois locales à la législation musulmane (charia).

Le sultan ottoman Soliman le Magnifique lui accorda le titre honorifique de Şeyhülislam de l'Empire et le poste de Grand Mufti qui va avec. Ebussuud occupa ce poste de 1545 jusqu'à sa mort et le porta à l'apogée de sa puissance.

Réformes judiciaires

Avec Soliman le « législateur », Ebussuud réorganisa le système juridique ottoman en le codifiant (avec les fameux kanoun) et en réduisant considérablement le pouvoir discrétionnaire des juges par la même occasion. Alors qu'autrefois les juges étaient relativement libres d'interpréter la loi islamique en suivant un effort d'interprétation (ijtihad) rigoureux, ces derniers doivent désormais se plier davantage aux exigences du sultan pour rendre leurs décisions judiciaires.

Avis juridiques

En plus de ses réformes judiciaires, Ebussuud est aussi connu pour la grande variété des avis juridiques (fatawa) qu'il a édicté.

Il travailla en étroite collaboration avec la Sublime Porte et émit souvent des avis juridiques dans son sens : il autorisa Soliman le Magnifique à faire exécuter ses fils Şehzade Mustafa et Sehzade Bayezid, recommanda l'assassinat de tous les Qizilbash (partisans de la dynastie rivale des Séfévides) et donna son assentiment à l'invasion de Chypre.

Ebussuud était connu pour son hostilité envers certains poètes médiévaux, comme Mansur al-Hallaj, Saadi et Yunus Emre, dont les vers étaient très en vogue à son époque. Il procéda d'ailleurs à l'excommunication (takfir) de ce dernier et affirma que ceux qui lisaient certaines parties de ses poèmes devenaient incrédules (kouffar) à leur tour.

Opposant résolu à la doctrine de l'Unicité de l'Être (Wahdat al-wujud), il n'est pas étranger aux exécutions d'Ismâ'îl Ma'şûqî et de Hamza Bâlî qui en furent d'ardents partisans.

Bien que la plupart de ces avis juridiques laissent l'image d'un personnage hautement conservateur, Ebussuud se montra parfois novateur en affirmant par exemple la licéité du café et du boza (bien qu'ils considéraient leur consommation détestable sous certaines circonstances)[2] ainsi que du karagöz.

Médias

Télévision

Références

  1. İsmail Hâmi Danişmend, Osmanlı Devlet Erkânı, Türkiye Yayınevi, İstanbul, 1971.
  2. (tr) Muhittin Eliaçık, « Ebussuûd Efendi’nin mükeyyifâtla ilgili fetvâları », Akademik Sosyal Araştırmalar Dergisi, , p. 92-97 (ISSN 2149-0821, DOI 10.16990/SOBIDER.37049, lire en ligne)
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