Dorothy Eady
Dorothy Louise Eady, également connue sous les noms d'Omm Sety ou Om Seti, née le , morte le , était gardienne du temple de Séthi Ier à Abydos en Égypte et dessinatrice pour le Département des Antiquités égyptiennes. Elle est particulièrement connue pour sa croyance qu'au cours d'une vie antérieure, elle avait été prêtresse dans l'Égypte antique, ainsi que pour ses recherches historiques considérables à Abydos. Sa vie et son œuvre ont fait l'objet de nombreux articles, documentaires télévisés et biographies. Dans un article, paru en 1979 dans The New York Times, sa vie est décrite comme « l'une des histoires de cas modernes de réincarnation les plus intrigantes et les plus convaincantes du monde occidental »[1].
Nom de naissance | Dorothy Louise Eady |
---|---|
Alias |
Omm Sety, Omm Seti, Bulbul Abd el-Meguid, Bentreshyt |
Naissance |
Blackheath (Londres) Angleterre |
Décès |
(à 77 ans) El Araba El Madfuna Égypte |
Profession |
Écrivaine, dessinatrice, gardienne d'antiquités |
Conjoint |
Eman Abdel Meguid |
Origines
Dorothy Louise Eady est née à Londres en 1904, dans une famille irlandaise : elle est l'enfant unique de Reuben Ernest Eady, maître tailleur, et de Caroline Mary (Frost) Eady[2] et est élevée dans une ville côtière[3]. À trois ans, après une chute dans les escaliers, elle commence à avoir un comportement étrange, demandant qu'on la « ramène à la maison »[4]. Elle développe aussi le syndrome de l'accent étranger. Cela lui cause des conflits au début de sa vie. Son institutrice de l'école du dimanche demande à ses parents de la tenir à l'écart de la classe, parce qu'elle aurait comparé le christianisme à la religion païenne de l'Égypte antique[5]. Elle est aussi expulsée d'une école de filles de Dulwich après avoir refusé de chanter un hymne qui appelait Dieu à « maudire les Égyptiens basanés »[5]. Ses visites régulières à la messe catholique, qu'elle aimait parce qu'elle lui rappelait la religion de l'Égypte antique, prennent fin après un interrogatoire et la visite d'un prêtre à ses parents[6].
Lors de sa visite, avec ses parents, du British Museum elle observe une photographie dans la salle d'exposition du temple du Nouvel Empire, la jeune Dorothy Louise Eady crie « C'est ma maison ! mais où sont les arbres, où sont les jardins ? ». Le temple est celui de Séthi 1er, père de Ramsès II[7]. Elle court alors dans les couloirs des salles égyptiennes, « parmi son peuple », embrassant les pieds des statues[8]. Après ce voyage, elle profite de chaque occasion pour visiter les salles du British Museum. C'est là qu'elle rencontre E. A. Wallis Budge, qui se laisse séduire par son enthousiasme de jeunesse et l'encourage dans l'étude des hiéroglyphes[9],[8],[notes 1].
Après s'être échappée de justesse, lors d'un bombardement durant la Première Guerre mondiale, elle s'installe dans la maison de sa grand-mère, dans le Sussex. C'est là qu'elle poursuit son étude de l'Égypte ancienne à la bibliothèque publique d'Eastbourne[8]. À quinze ans, elle décrit une visite nocturne de la momie du Pharaon Séti Ier[8],[notes 2].
Son comportement, associé au somnambulisme et aux cauchemars, l’amènent à être internée plusieurs fois dans des sanatoriums[8]. Après avoir quitté l'école à seize ans, elle visite des musées et des sites archéologiques en Grande-Bretagne, voyages facilités par les enquêtes de son père sur l'industrie cinématographique en plein essor dans tout le pays[notes 3].
Dorothy Eady devient étudiante à temps partiel à l'école d'art de Plymouth et commence à collectionner des antiquités égyptiennes[8]. Pendant son séjour à Portsmouth, elle fait partie d'une troupe de théâtre qui joue parfois une pièce basée sur l'histoire d'Isis et Osiris. Elle reprend le rôle d'Isis et chante la complainte pour la mort d'Osiris, basée sur la traduction d'Andrew Lang.
A l'âge de vingt-sept ans, elle commence à travailler à Londres avec un magazine égyptien de relations publiques, pour lequel elle écrit des articles et dessine des caricatures qui reflètent son soutien politique à une Égypte indépendante[8]. Durant cette période, elle rencontre son futur mari, Eman Abdel Meguid, étudiant égyptien, avec qui elle continue de correspondre à son retour au pays[8].
Départ en Égypte
En 1931, elle part en Égypte après qu'Emam Abdel Meguid, devenu professeur d'anglais, lui ait demandé de l'épouser. En arrivant en Égypte, elle embrasse le sol et annonce qu'elle rentre chez elle pour y rester[8]. Le couple s'installe au Caire et la famille de son mari lui donne le surnom de Bulbul (en français : Rossignol). Leur fils est baptisé Séthi, d'où son surnom d'Omm Séthi (en français : Mère de Séthi)[10]. Après une rencontre fortuite avec la secrétaire de George Andrew Reisner, un égyptologue américain, qui lui parle de sa capacité apparente à charmer les serpents et lui a dit que les sorts sur de tels pouvoirs sont dans la littérature égyptienne ancienne, Omm Séthi visite la pyramide de la cinquième dynastie d'Ounas[11]. Klaus Baer se souvient de sa piété lorsqu'elle l'accompagne lors d'une visite à Saqqarah, au début des années 1950, quand elle apporte une offrande et enlève ses chaussures avant d'entrer dans la pyramide d'Ounas[notes 4].
Elle continue à faire état d'apparitions et d'expériences de hors du corps durant cette période, ce qui cause des frictions avec la famille de la classe moyenne supérieure de son mari[8].
Hor-Ra : l'histoire de sa vie
Au cours de sa première période, elle rapporte des visites nocturnes, par l'apparition d'Hor-Ra. Il lui dicte lentement, sur une période de douze mois, l'histoire de sa vie antérieure[12]. L'histoire comprend environ soixante-dix pages de texte en écriture hiéroglyphique. Il décrit la vie d'une jeune femme, appelée Bentreshyt, dans l’Égypte antique, qui serait réincarnée en la personne de Dorothy Eady[notes 5]. Bentreshyt (en français : Harpe de la joie) est décrite dans ce texte comme étant d'origine humble, sa mère étant vendeuse de légumes et son père soldat sous le règne du roi Séthi Ier (vers -1290 à -1279 av. J.-C.)[12].
Elle perd sa mère à l'âge de trois ans et est placée dans le temple de Kom El Sultan (en) parce que son père ne peut s'en occuper. Elle y est élevée pour devenir une prêtresse[12]. À douze ans, le Grand Prêtre lui demande si elle souhaite sortir dans le monde ou rester et devenir une vierge consacrée. Faute de comprendre et sans réelle alternative, elle prononce les vœux religieux[12].
Pendant les deux années suivantes, elle apprend son rôle dans le drame annuel de la passion et de la résurrection d'Osiris, rôle que seules des prêtresses vierges consacrées à Isis peuvent tenir[12],[13]. Un jour, Séthi Ier lui rend visite et lui parle. Ils deviennent amants et mangent l'oie crue, terme ancien égyptien comparé à manger le fruit défendu. Quand Bentreshyt tombe enceinte, elle dit au grand prêtre qui est le père. Le grand prêtre l'informe que la gravité de l'infraction contre Isis est si terrible que la peine de mort sera la plus probable en cas de procès[14]. Ne souhaitant pas faire face au scandale public, pour Séthi, elle se suicide pour éviter d’être jugée[15].
Travail avec Selim Hassan et Ahmed Fakhry
En 1935, Dorothy Eady se sépare de son mari lorsqu'il accepte un poste d'enseignant en Irak. Leur fils Séthi reste avec elle[notes 6]
Deux ans après l'échec du mariage, elle part vivre à Nazlat al-Samman près des pyramides de Gizeh, où elle rencontre l'archéologue égyptien Selim Hassan, du département des Antiquités, qui l'emploie comme secrétaire et dessinatrice. Elle est la première employée du département et une aubaine pour Hassan[10],[16].
Selon Barbara Lesko « Elle a été d'une grande aide pour les chercheurs égyptiens, en particulier Hassan et Fakhry, en corrigeant leur anglais et en écrivant des articles en anglais pour les autres. C'est ainsi que cette Anglaise peu instruite est devenue en Égypte une dessinatrice de premier ordre et une écrivaine prolifique et talentueuse qui, même sous son propre nom, a produit des articles, des essais, des monographies et des livres d'une grande richesse, d'esprit et de fond. »[8]
Notes et références
Références
- (en) Christopher S. Wren, « Briton With a Sense of Déjà Vu Calls Ruins ‘Home’ », The New York Times, (lire en ligne, consulté le ).
- (en) « Eady, Dorothy (1904–1981) », sur le site encyclopedia.com (consulté le ).
- Hansen 2008, p. xiv.
- Hansen 2008, p. xv.
- Cott 1987, p. 15.
- Cott 1987, p. 15-16.
- Hansen 2008.
- Lesko.
- Hansen 2008, p. xix–xv.
- Hansen 2008, p. xvi.
- Zeini 2007, p. 59.
- Cott 1987, p. 42.
- Zeini 2007, p. 34.
- Cott 1987, p. 5-6.
- Cott 1987, p. 6.
- Lesko, p. 66.
Notes
- Zeini 2007, « Omm Sety croyait que Wallis Budge avait adopté la religion égyptienne ancienne, mais il l'a découragée d'utiliser le Heka, communément traduit par la magie », p. 15.
- Zeini 2007, « La momie de Séthi Ier (l'apparence sous laquelle Dorothy Eady déclare lui être apparue pour la première fois) a été découverte en 1881 dans le site de Deir el-Bahari et exposée dans la salle 52 du musée du Caire. Anouar el-Sadate avait fait fermer la salle au public car il considérait comme une profanation que les momies royales soient l’objet de curiosité désinvolte. Elle a été rouverte depuis. », p. 22-29.
- Zeini 2007, « Zeini note qu'au cours d'une visite à Stonehenge, elle a trouvé des perles de momie égyptiennes, "pas les premières" perles similaires "et même des scarabées" sur le site qu'il prend comme preuve du commerce entre la Méditerranée et les îles britanniques. », p. 32-33.
- Cott 1987, « S. G. F. Brandon, professeur de religion comparée fait remarquer Les textes des pyramides occupent une place unique dans les archives humaines, car ce ne sont pas seulement les plus anciens documents que nous ayons sur la pensée égyptienne, mais aussi les plus anciens écrits religieux que nous ayons sur l'humanité dans son ensemble (Man, Myth& Magic, vol 1/7, p. 305) », p. 56.
- Cott 1987, Omm Séthi décrit le texte démotique comme « rien que je puisse apprécier - comme si un beau texte de hiéroglyphe avait été écrasé par un poids lourd et laissé hors d'état » (El Zeini, p. 72-75 pour la transcription partielle). Elle n'avait pas étudié le démotique et ce n'est qu'en état de transe qu'elle est capable de lutter pour retranscrire ce qui lui est a rapporté sous la dictée de Hor-Ra. Quelques années plus tard, elle montre le texte à Jaroslav Černý qui trouve que son écriture est bonne pour une débutante et qu'il pourrait lui obtenir un emploi si elle continue à montrer de l'enthousiasme à ce sujet (El Zeini, p. 69)., p. 42.
- Lesko, El Zeini, en 2007, décrit la réponse incrédule de la sage-femme à la naissance traditionnelle sans douleur d'Omm Séthi (p. 65) et à la cérémonie islamique El Sebou relative au nom du bébé, qui consiste à placer le bébé sur un tamis, rappelant une coutume égyptienne ancienne dans laquelle Anubis tient le tamis pour déterminer la durée de vie de l'enfant : un exemple de la cérémonie apparaît sur les murs du temple de Hatchepsout à Deir el Bahri., p. 66.
Voir aussi
Publications
- (en) Dorothy Eady, A Dream of the Past, Egyptian State Tourist Board, .
- (en) Dorothy Eady, A Question of Names", vol. Newsletter 75, American Research Centre in Egypt, , p. 17–22.
- (en) Dorothy Eady, Some Miraculous Wells and Springs of Egypt, American Research Centre in Egypt, .
- (en) Dorothy Eady, Warding off an Eclipse, vol. Newsletter 80, Egyptian State Tourist Board, , p. 25–27.
- (en) Dorothy Eady, Omm Sety's Abydos, vol. Journal of the Society for the Study of Egyptian Antiquities, Egyptian State Tourist Board, 1979–1980.
- (en) Dorothy Eady et H. El Zeini, Abydos : Holy City of Ancient Egypt, .
- (en) Dorothy Eady, Survivals from Ancient Egypt, .
- (en) Dorothy Eady et Hanny El Zeini, Pharaoh : Democrat or Despot, .
Bibliographie
: document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
- (en) Jonathan Cott et Hanny El Zeini, The Search for Omm Sety : A Story of Eternal Love, Doubleday & Company, , 256 p. (ISBN 0-385-23746-4). .
- (en) Nicole B. Hansen, Omm Sety's Living Egypt : Surviving folkways from Pharaonic Times, Chicago, Glyphdoctors, , 229 p. (ISBN 978-0-9792023-0-8, lire en ligne). .
- (en) Hanny el Zeini et Catherine Dees, Omm Sety's Egypt : A Story of Ancient Mysteries, Secret Lives, and the Lost History of the Pharaohs, T Lynn's Press, , 303 p. (ISBN 978-0-9767631-3-0). .
- (en) Lesko, Barbara, Breaking Ground : Women in Old World Archaeology, Omm Sety (lire en ligne [PDF]). .
Liens externes
- (en) Anne Barbeau Gardiner, « Omm Sety's Lost Life », sur le site nytimes.com, (consulté le ).
- (en) « Omm Sety – Priestess of Ancient Egypt? », sur le site brian-haughton.com (consulté le ).
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