Donyale Luna

Donyale Luna, nom de scène de Peggy Ann Freeman, née le à Détroit (Michigan) et morte le à Rome (Italie), est un mannequin américain. Elle est également apparue dans plusieurs films : Camp d'Andy Warhol, Qui êtes-vous, Polly Maggoo ? de William Klein, comme compagne de Groucho Marx dans Skidoo d'Otto Preminger, ses rôles notables étant ceux d'Œnothée dans le Satyricon de Federico Fellini et du rôle-titre Salomé du réalisateur Carmelo Bene.

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Donyale Luna
Naissance
Détroit (Michigan)
Décès
Rome (Italie)
Physique
Cheveux Noirs
Yeux Bleus[1]
Taille 1,88 m
Mensurations 79 - 55 - 91
Poids 48 kg

Biographie

Naissance et enfance

Donyale Luna naît à Détroit, dans le Michigan[2]. Elle a fait partie de la prestigieuse Cass Technical High School[3]. Ses parents étaient Peggy et Nathaniel Freeman. Sa mère tua son père, qui abusait d'elle, quand Donyale avait 18 ans. Sa mère voulait qu'elle devienne infirmière.

En dépit de la parenté indiquée sur son acte de naissance, elle insiste sur le fait que son père biologique était un homme dont le nom de famille était Luna, et que sa mère avait des origines indigènes mexicaines et afro-égyptiennes. Selon le mannequin, l'une de ses grands-mères aurait été une ancienne actrice irlandaise mariée à un décorateur d'intérieur noir. Rien ne prouve la véracité, ni l'invention, de ces faits. Au milieu des années 1960, une relation décrit Luna comme ayant été « une enfant étrange, même depuis la naissance, vivant dans un monde merveilleux, un rêve[4]. »

Carrière de mannequin

Après avoir été découverte par le photographe David McCabe, elle déménage de Détroit à New York pour entamer une carrière de mannequin reconnu. Au milieu des années 1960, une photo de Luna paraît sur la couverture de Harper's Bazaar[4],[5],[6]. Elle devient la première mannequin afro-américaine à faire la couverture de Vogue dans son édition anglaise[6],[7], photo prise par le photographe anglais David Bailey.

En accord avec The New York Times, elle est sous contrat exclusif avec le photographe Richard Avedon pour une durée d'un an au début de sa carrière[4].

Un article dans le Time publié le , The Luna Year, la décrit comme « le nouveau corps céleste qui, grâce à sa singularité, promet de rester au top pendant bon nombre de saisons. Donyale Luna, comme elle s'appelle elle-même, est incontestablement le modèle le plus sexy du moment en Europe. Elle a seulement 20 ans, noire, originaire de Détroit et c'est impossible de la louper si vous lisez Harpers's Bazaar, Paris Match, le Queen anglais, les Vogue anglais, français ou américain[5]. »

En 1967, la fabrique de mannequins Adel Rootstein crée un mannequin à l'image de Luna.

Luna apparaît nue sur une photo dans l'édition d'avril 1975 du magazine Playboy. Le photographe est Luigi Cazzaniga.

Carrière d'actrice

De la fin des années 1960 jusqu'au début des années 1970, Luna joue dans plusieurs films.

Elle apparaît notamment dans des films d'Andy Warhol, incluant Screen Test : Donyale Luna (1964), pour lequel le critique Wayne Koestenbaum décrit Luna comme « une pure diva, présentant un délicieux excès de maniérisme[8] », et Donyale Luna (1967), un film de 33 minutes dans lequel le mannequin interprète Blanche-Neige.

Dans le Satyricon de Federico Fellini (1969), elle interprète la magicienne Œnothée qui, selon un commentaire, « ayant berné un sorcier amoureux d'elle, celui-ci, pour se venger, met le feu entre ses cuisses. Et c'est un vrai feu, car Fellini nous montre une scène dans laquelle des paysans munis de torches éteintes sont dans une file d'attente au pied du lit d'Œnothée. Quand leur tour vient, ils placent dévotement leur torche entre ses cuisses (sur son bas-ventre), et, poof, leur torche prend feu[9] ».

Luna apparaît également dans The Rolling Stones Rock and Roll Circus, puis dans la comédie d'Otto Preminger, Skidoo (dans lequel elle joue la maîtresse du grand truand « Dieu »[10], interprété par Groucho Marx), et dans le documentaire anglais Tonite Let's All Make Love in London.

Luna interprète le personnage principal dans le film italien de 1972 Salomé du réalisateur Carmelo Bene.

Question d'identité raciale

D'après la journaliste américaine Judy Stone, qui publie en 1968 un portrait de Luna dans The New York Times, celle-ci est « secrète, mystérieuse, contradictoire, évasive, d'humeur changeante, et ferme sur ses racines multiraciales — exotique, un brin caméléon entre indigène-mexicaine, indonésienne, irlandaise et la dernière, mais pas des moindres, africaine. » Dans le Sunday Times Magazine londonien, Harold Carlton la salue comme « une image totalement nouvelle de la femme noire », il ajoute « le monde de la mode se trouve dans une position clé pour changer l'histoire, bien que légèrement, car tout ceci pourrait mener à des sentiments de vénération, d'adoration, voire d'idolâtrie pour les Noirs[4]... »

Quand Stone lui demande si sa présence dans des productions hollywoodiennes pouvait bénéficier aux actrices noires, Luna répond, « si cela créé des emplois pour les Mexicains, les Asiatiques, les Indiens d'Amérique, les Africains, tant mieux. C'est peut être bon, c'est peut être mauvais. Ça m'est complètement égal[4],[7]. »

Vie privée

Au milieu des années 1960, Luna est mariée a un acteur pendant 10 mois[5]. Plus tard, elle aurait été fiancée à l'acteur autrichien Maximilian Schell, à un photographe danois, et à Georg Willing, un acteur allemand qui apparaît dans des films européens d'horreur (tel que Necropolis, 1970)[4].

Aux alentours de 1969, Luna entame une relation amoureuse avec l'acteur allemand Klaus Kinski. Ils posent ensemble pour de nombreux photographes. Sa relation avec Kinski prend fin lorsqu'il demande à son entourage de quitter sa maison de Rome : il avait peur que leur consommation de drogue nuise à sa carrière[11].

Luna épouse le photographe italien Luigi Cazzaniga[12]. En 1977, ils ont une fille : Dream Cazzaniga.

Usage de la drogue et décès

Vers la fin des années 1960, dans une interview, Luna exprime sa dépendance au LSD : « Je pense que c'est génial. J'ai appris que j'aimais vivre, j'aime faire l'amour, j'aime vraiment quelqu'un, j'aime les fleurs, j'aime le ciel, j'aime les couleurs lumineuses, j'aime les animaux. Le LSD m'a montré aussi des choses malheureuses — que j'étais obstinée, égoïste, déraisonnable, je veux dire que je pouvais être nuisible aux autres. »

Luna meurt accidentellement après une overdose de drogue dans une clinique de Rome (Italie)[13].

Témoignages

« Donyale Luna était une actrice, mais aussi l’un des mannequins les plus en vue de l’époque[14] : afro-américaine, incroyablement grande et longiligne[15], avec de magnifiques yeux bleus, elle venait juste de tourner avec Fellini dans Satyricon, où elle joue le rôle d’Œnothée. »Valérie Lagrange[1].

Films et apparitions télévisées

Notes et références

  1. Témoignage de Valérie Lagrange extrait de son autobiographie Mémoires d'un temps où l'on s'aimait, Éditions Le Pré aux clercs, Paris, 2005 (ISBN 2-8422-8207-8).
  2. Certaines sources citent « Peggy Anne Donyale Aragonea Pegeon Freeman » comme nom de naissance, mais le nom figurant sur son certificat de naissance est Peggy Ann Freeman.
  3. (en) Donyale Luna: The world's first black supermodel and the first to grace the cover of Vogue - Blog Trip Down Memory Lane, 1er novembre 2012
  4. (en) Judy Stone, « Luna, Who Dreamed of Being Snow White » , sur The New York Times,
  5. (en) « Fashion: The Luna Year », Time, (lire en ligne )
  6. Olivier Saillard (dir.), Sylvie Lécallier et al., Musée de l'histoire et des cultures de l'immigration, Fashion Mix : Mode d'ici. Créateurs d'ailleurs, Paris, Flammarion, , 176 p. (ISBN 978-2-0813-4309-2, présentation en ligne), « Quelques repères pour une histoire du mannequin », p. 162
  7. (en) Iconic Cover Girls - Audra E. Lord, Coco & Creme, 2010
  8. (en) Wayne Koestenbaum, « "Andy Warhol: Screen Tests": Moma Qns, New York - Critical Essay », ArtForum, (lire en ligne)
  9. (en) The Moviegoer Fellini Satyricon at the Cheri 3 - David R. Ignatius, The Harvard Crimson, 6 avril 1970
  10. Au départ, le rôle avait été écrit pour Faye Dunaway.
  11. (de) Christian David, Kinski: Die Biographie. Aufbau Verlag, Berlin, 2006, pp. 194-195
  12. (en) Site officiel de Luigi Cazzaniga
  13. (en) « Donyale Luna », The New York Times, 22 mai 1979, page C16.
  14. Fin des années 1960-début des années 1970.
  15. Elle mesurait 1,88 m

Lien externe

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