Direction générale de la Comptabilité publique

La direction générale de la Comptabilité publique (DGCP) était une direction de l’Administration publique centrale française du ministère de l'économie et des finances, placée au XXe siècle sous l'autorité du ministre chargé des finances ou du ministre chargé du budget, et historiquement connue sous le nom de « Trésor public ». Si ses origines remontent à Philippe Auguste, le Trésor public moderne est né sous la houlette des surintendants des finances comme Colbert, puis a pris son essor lors de l'émergence de l'État bureaucratique moderne, essor impulsé en France par le comte Mollien, ministre du Trésor public sous le Premier Empire français.

Logo du Trésor public, de 1994 à la création de la DGFiP.

La DGCP a ensuite progressivement pris de l'importance en parallèle de l'État ; au XXe siècle ses services déconcentrés, dénommés « réseau du Trésor public » ou « réseau des comptables du Trésor », formaient un maillage territorial très dense. Elle a été regroupée en avec la direction générale des Impôts (DGI), pour former la direction générale des Finances publiques (DGFiP)[1].

Historique

L'Ancien Régime ne pratique pas la centralisation comptable : recettes et dépenses de l'État peuvent être confiées à des gestionnaires privés[2]. Toutefois, le « trésorier de France » est institué au XIIIe siècle afin de réaliser l’administration des finances royales. À la fin du Moyen Âge, on compte quatre trésoriers de France et quatre généraux des finances qui assument collectivement la gestion des finances de la royauté sous le nom de « Messieurs des finances ».

Le Trésor de l'Épargne, nouvelle caisse centrale de la monarchie, est créé en 1523 et constitue l’ancêtre de la direction générale de la Comptabilité publique. En 1664, le surintendant des finances Colbert renomme l'office de trésorier de l'Épargne en sous le nom de Trésor royal.

Ce Trésor royal va devenir la « direction générale du Trésor public » avec la Révolution et recevoir mission de gérer le produit des contributions ordinaires[3]. Ainsi, l'Assemblée nationale créé le « comité de trésorerie » par décret du [2],[4] puis, par décret de , un « bureau central de la comptabilité », placé sous l'autorité de ce comité de trésorerie[5]. Ces éléments deviennent la direction générale du trésor avec la loi du , puis le « ministère du Trésor public » avec l'arrêté du . En application du principe de la séparation ordonnateur-comptable, ce ministère sera indépendant du ministère des Finances[3] (les deux ministères sont cependant rassemblées plus tard, par l'ordonnance du [6]). À l’intérieur de ce ministère, sont prévus cinq services : le recouvrement des impôts directs, la gestion de la dette, la gestion des créances, la comptabilité et le mouvement général des fonds[7]. Ce ministère est chargé d’encaisser les recettes et d'assurer le mouvement des fonds et les paiements. Pour accompagner l'émergence de l'État bureaucratique moderne, le comte Mollien, Ministre du Trésor public, crée, par le décret du , la Caisse de service, afin de centraliser le recouvrement des recettes budgétaires assuré par les receveurs généraux et d’en réduire les délais[6]. Le comte Mollien introduit une véritable comptabilité, dédoublée ordonnateur-comptable en partie, au début de l'année 1808.

Au sein de ce ministère, la « division de la comptabilité générale des finances » (DGCP) est créée fin 1814 ; son rôle est précisé par l’ordonnance du  : contrôle des comptables publics et des écritures comptables de tous les services administratifs, synthèse du budget de l’État et des finances publiques, rédaction de la loi de règlement[3]. Elle constitue l'ancêtre direct de la direction générale de la comptabilité publique.

Le « Règlement général sur la comptabilité publique » apparaît : une première version est créé par l’ordonnance du , par réunion des lois, ordonnances et règlements existants, puis une deuxième version est réalisée avec le décret du [3].

La division de la comptabilité générale des finances est renommée en direction générale de la comptabilité publique (DGCP) en . La fonction de trésorier-payeur général apparaît dans le réseau (les « services extérieurs »), par la fusion dans chaque département des fonctions de receveur général des finances (recettes) et de payeur (dépenses) en [3].

Les fonctions de la direction n'évoluent pas jusqu’à la Première Guerre mondiale. En , la DGCP perd ses attributions budgétaires : avec la pérennisation de l'accroissement de la taille de l'État, et alors qu'il y a urgence à redresser des finances publiques fortement déséquilibrées et à contrôler plus strictement les opérations budgétaires (engagement et réalisation de la dépense), la direction du budget et du contrôle financier est créée par la loi du et le décret du en extrayant les bureaux concernés de la DGCP, qui est alors recentrée sur ses fonctions de comptabilité publique et devient la direction de la comptabilité publique (DCP)[3],[2]. En parallèle, le recouvrement de nouveaux impôts (en particulier l'impôt sur le revenu, qui est entrée en vigueur en 1916) créés à l'occasion de la Première Guerre mondiale nécessite en parallèle l'accroissement des services précurseurs de la Direction générale des Impôts (DGI), qui ne sont pas intégrées à la direction de la comptabilité publique, cette dernière étant dès lors recentrée sur la gestion du réseau comptable. La DCP améliore progressivement les techniques comptables entre 1923 et la Seconde Guerre mondiale (début de la mécanisation des activités répétitives...)[3].

En 1940, la DCP est fusionnée avec la direction du mouvement général des fonds (DMGF) pour former la direction du trésor, puis elle redevient autonome en 1943 sous le même nom de direction de la comptabilité publique[3].

Les processus de la DCP s’informatisent progressivement à partir des années 1960. Le télétraitement commence à partir des années 1970, et l'informatisation du recouvrement de l’impôt au début des années 1980. En parallèle, le rôle des trésoriers-payeurs généraux s'accroit avec la déconcentration, la décentralisation, le décret du , qui prévoit que le préfet de région doit consulter pour avis les TPG avant toute décision relative aux programmes d’action régionale et d’aménagement du territoire, et le décret du qui leur confie le contrôle des dépenses de l’État au niveau local. Au début des années 1980, la nouvelle vague de décentralisation amène de nouvelles compétences au réseau comptable, comme celui de conseiller les collectivités locales. La DCP absorbe en 1973 la sous-direction des emprunts de l’État, issue de l’ancienne direction de la Dette publique. La direction de la comptabilité publique redevient direction générale de la comptabilité publique avec le décret no 98-977 du [3].

La DGCP est fusionnée avec la Direction générale des Impôts (DGI) en [1] pour former la direction générale des Finances publiques (DGFiP). Dans ce cadre, les deux fonctions d'ordonnancement (établissement de l'impôt, son contrôle et sa liquidation, réalisées par la DGI) et de recouvrement (réalisé par la DGCP pour les impôts directs), historiquement séparées dans la comptabilité publique française, sont regroupées au sein de la DGFiP ; dans le cadre de la modernisation de l'administration fiscale, une re-délimitation des compétences avait déjà eu lieu entre les deux directions : le recouvrement des impôts professionnels avait été transféré à la DGI (à l'exception de la TP) et le service du Domaine avait été transféré à la DGCP.

Les missions de la DGCP

Au moment de sa fusion avec la DGI, la direction générale de la Comptabilité publique assurait :

Liste des directeurs de la Comptabilité publique

Notes et références

  1. Décret n°2008-310 du 3 avril 2008 sur le site Legifrance.
  2. « Comptabilité publique - Historique », description située sur le site internet du Centre des archives économiques et financières (CAEF) dépendant du Ministère de l'économie et des finances, 07/12/2012.
  3. Historique des Directions et des Services du Ministère de l’Économie, des Finances et de l’Industrie, publié par le Centre des archives économiques et financières (CAEF) dépendant du Ministère de l'économie et des finances, août 2004.
  4. décret des 18-30 mars 1791, extrait du Recueil général des lois, décrets, ordonnances, etc., publié en 1839.
  5. Décret 27 (10 et) - 30 mars 1791, extrait du Recueil général des lois, décrets, ordonnances, etc., publié en 1839.
  6. historique du Trésor, page sur le site internet du Centre des archives économiques et financières (CAEF) dépendant du Ministère de l'économie et des finances, 2007.
  7. Le Trésor et la politique économique : une longue histoire, Laure Quennouëlle-Corre, Courrier des statistiques no 116, décembre 2005.

Liens externes

  • Portail de l’économie
  • Portail de la France
Cet article est issu de Wikipedia. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.