Dirck Volkertszoon Coornhert

Dirck Volkertszoon Coornhert, né en 1522 à Amsterdam et mort le à Gouda, est un graveur, poète, philosophe et théologien humaniste, érudit, juriste et homme politique néerlandais.

Portrait de Coornhert par Hendrik Goltzius (v. 1590)

Biographie

Dirck Volkertszoon Coornhert est né en 1522 à Amsterdam[1]. Il est le fils d'un marchand de vêtements.

Après avoir été majordome du comte de Brederode, il s'installe à Haarlem (vers 1545), où il fonde son atelier de graveur (1547) et travaille en collaboration avec le peintre Maarten van Heemskerck[2]. Il grave les œuvres de ce dernier ainsi que celles de Frans Floris (gravures publiées par Jérôme Cock d'Anvers). Il abandonne ensuite la gravure pour s'établir comme éditeur en 1560. Philippe Galle, qui fut son élève en 1556, lui succède alors comme principal graveur des œuvres de Van Heemskerck.

Coornhert, joignant à son talent artistique une réelle compétence juridique, s'établit comme notaire en 1561 puis est successivement nommé secrétaire de la ville (1562) et secrétaire des bourgmestres (1564).

Patriote, il rédige en 1566 le manifeste de Guillaume le Taciturne et participe au soulèvement des Pays-Bas contre la domination espagnole (1567-68). Emprisonné à La Haye, il réussit à s'enfuir mais est contraint à l'exil, d'abord à Clèves, puis à Xanten, où Goltzius est son élève vers 1575[3].

Pendant la guerre de Quatre-Vingts Ans, il entre à nouveau au service de Guillaume Ier d'Orange-Nassau, en tant que secrétaire d'État (1572). De retour dans sa patrie après le grand incendie de Haarlem (1576), il y est à nouveau notaire entre 1577 et 1587, s'installant après cette date à Gouda, où il continue à exercer la profession de notaire jusqu'à sa mort, le [2].

Bilan sur son parcours

Bien que Coornhert fût catholique, il n'en soutenait pas moins la liberté religieuse. Ses positions théologiques impartiales, exposées publiquement, lui valurent d'ailleurs d'entrer en conflit tant avec les catholiques qu'avec les calvinistes. Humaniste (il traduisit en néerlandais l'œuvre d'Érasme) et partisan de la tolérance religieuse, il mena campagne contre l'application de la peine de mort aux hérétiques. Il critiqua le catéchisme de Heidelberg. Il entama une traduction de la Bible en néerlandais. Il eut une influence décisive sur Jacobus Arminius.

La bizarrerie de son caractère et ses talents lui suscitèrent des querelles avec les théologiens de son pays ; au lieu de les mépriser, il employa son temps à écrire, et ne se perfectionna pas dans la gravure[4].

Homme de lettres érudit, Coornhert eut également une importante influence littéraire. Ayant appris le latin vers l'âge de trente-cinq ans (v. 1557), il traduisit les œuvres de Cicéron, Sénèque et Boèce et fut l'auteur d'un important jalon de la littérature néerlandaise en traduisant L'Odyssée d'Homère sous le titre Dolinghe van Ulysse (1561). Il publia également un recueil de chansons intitulé Liedekens (1575).

Selon l'Institut néerlandais pour l'histoire de l'art (RKD), ses élèves sont Hendrick Goltzius, Philippe Galle, et Cornelis Cort[5].

Œuvre

De très nombreuse estampes[6], près de sept cents, proviennent de la coopération entre Heermskerck et Coornhert avec lesquelles il fait passer son message (1547-1559)[7]. Il est ensuite le graveur de Frans Floris, de Lambert Lombard et de Willem Tibaut et durant son exil en Allemagne le graveur de Adrian de Weert et d'Hendrik Goltzius et bien d'autres[7]. Ses œuvres les plus connues sont les suivantes :

  • Mise en garde contre l'arrogance et de l'honneur immérité (1549) d'après Heermskerck ;
  • Le danger de l'ambition humaine (1549) d'après Heermskerck ;
  • Héraclite et Démocrite: un aiguillon pour freiner les passions (1557) d'après Heermskerck ;
  • La chute(1548) d'après Heermskerck ;
  • La naissance d'Isaac (1549) d'après Heermskerck ;
  • Le Bon Samaritain (1549) d'après Heermskerck ;
  • L'invité qui vient à la fête du Roi, sans vêtement de mariage (1558/9) d'après Heermskerck ;
  • La prise de Tunis par Charles V (1555) d'après Heermskerck ;
  • L'armée de Charles V en Amérique (1555) d'après Heermskerck ;
  • Le Jugement de Salomon (1556) d'après Frans Floris ;
  • La folie de la cupidité et de l'avarice d'après Willem Thibaut ;
  • Le poète rencontre Theude (1571) d'après Monogrammiste CKVS  ;
  • Le poète retrouve Olympe (1571) d'après Monogrammiste CKVS ;
  • La vérité des tricheries du monde pour trouver le Christ d'après Adriaan de Weert ;
  • La création du soleil et de la lune d'après Adriaan de Weert ;
  • Le lit de mort d'un riche d'après Adriaan de Weert ;
  • Le monde ruiné par fausse croyance d'après Hendrik Goltzius.


Références

  1. (de) Ulrich Thieme, Felix Becker et Hans Vollmer, Allgemeines Lexikon der Bildenden Künstler von der Antike bis zur Gegenwart, vol. 7, E. A. Seemann, , 604 p. (lire en ligne), p. 367
  2. (nl) Marcel Tettero, « Dirck Volckertszoon Coornhert, rechterhand van Hendrik van Brederode en Willem van Oranje », sur members.home.nl (consulté le )
  3. (nl) « Dirck Volkertsz. Coornhert », sur Literatuurmuseum (consulté le )
  4. Jean-Pierre Baverel et Taulin et Dessirier, Notices sur les graveurs : qui nous ont laissé des estampes marquées de monogrammes, chiffres, rébus..., vol. 1, Besançon, Taulin-Dessirier, , 360 p. (lire en ligne), p. 195
  5. (nl) « Explore Dirck Volckertsz. Coornhert », sur rkd.nl (consulté le )
  6. (en) « Found: 952 works », sur Rijksmuseum (consulté le )
  7. (nl) DBNL, « Ilja M. Veldman, ‘Coornhert en de prentkunst’ · dbnl », sur DBNL (consulté le )

Annexes

Bibliographie

  • (nl) Cornelis de Bie, Het Gulden Cabinet, 1662, p. 454
  • Lydia De Pauw-De Veen, Jérôme Cock. Éditeur d'estampes et graveur. 1507-1570, Bruxelles, Bibliothèque Royale Albert Ier, 1970.
  • Fiorella Stricchia Santoro, Dirck Coornhert, dans Fiamminghi a Roma. 1508-1608. Artistes des Pays-Bas et de la Principauté de Liège à Rome à la Renaissance, catalogue d'exposition, Bruxelles, Palais des Beaux-Arts, 1995, p. 162-163.
  • (en) The Illustrated Bartsch, vol. 55 : « Dirck Volkertsz. Coornhert » (ISBN 0-89835-154-5)

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