Didot (police d'écriture)

Didot est un groupe de polices avec empattements néo-classique, nommé d’après le graveur Firmin Didot.

Les premiers caractères Didot sont gravés et fondus à Paris par Firmin Didot entre 1784 et 1811, et utilisés par l’imprimeur Pierre Didot, son frère.

Les polices qui en dérivent, dites « didones », ont exercé une forte influence sur la typographie contemporaine.

Historique

Cette police de caractère, connue [non neutre]par le nom de sa famille typographique, les didones, en raison de l'importance de la famille Didot dans l’industrie de la typographie au XIXe siècle, mais aussi par ses caractéristiques : son épuration, ses contrastes et la finesse de ses empattements la caractérisent plus que tout. Cette police va s’imposer au cours du XIXe siècle au détriment de la Garamond et représenter l’industrie, la bourgeoisie et l’Empire.

La police Didot est créée entre 1784 et 1811 par Firmin Didot, puis utilisée par l’imprimeur Pierre Didot, son frère.

Firmin Didot est le membre le plus célèbre d’une dynastie d’imprimeurs, éditeurs et typographes français, la famille Didot, qui commence au début du XVIIe siècle et se poursuit encore de nos jours.

C’est un graveur fondeur, mais également député d’Eure-et-Loir, de 1827 à 1836, il siège dans la majorité soutenant les ministères de la monarchie de Juillet et défend les intérêts de la librairie et de la presse.

Le Didot fait partie des polices avec empattements et à même donné son nom à une nouvelle famille, les didones, qui ont inspiré beaucoup de graphistes à travers le monde, dont Ann Pomeroy, créatrice de la police Keynote.

Usage de la police

L’apparition des didones, à la fin du XVIIIe siècle, résultait moins d’un progrès dans l’art des graveurs que de l’apparition d’une nouvelle qualité de papier vergé, et d’encres à séchage rapide, évitant de faire « baver » les lettres.

Exemple d'impression avec Le Didot.

Associées dès le règne de Napoléon à une typographie « à la française », les didones furent massivement utilisées en France de 1810 aux années 1950 pour les imprimés réglementaires, les manuels scolaires, et une grande partie de l’édition scientifique.

La Révolution approchant et la Garamond représentant l’Ancien Régime, la Didot va symboliser le renouveau et être adoptée par l’imprimerie Royale (devenue l'Imprimerie nationale). C’est un caractère droit et dépouillé de toutes fioritures. Cela lui donne une allure formelle et juste. Les angles marqués de ses empattements démarquent cette police de ses contemporaines.

Ce caractère typographique représente la modernité et l’industrialisation naissante. Si l’on devait désigner une police emblématique du XIXe siècle, ce serait sans aucun doute celle-ci.

Son dessin épuré lui permet d’être adopté même en dehors des frontières (ce caractère va s’imposer dans l’Empire britannique ou encore l’Italie).

Certains grands auteurs publiaient leurs ouvrages dans cette police et la constitution française de 1791 a été rédigée avec elle. Cela lui confère encore plus d’importance et lui permet de s’imposer dans la quasi-totalité du continent européen à l’époque.

Mais de nos jours, à l’ère de la bureautique, l’emploi de cette police a largement régressé, même en France : une des principales causes est sans doute la résolution trop faible des écrans d’ordinateur, qui « gomme » ou « crenèle » les déliés.

Reconnaître la police

Le contraste

Le dessin du Didot repose sur un contraste fort entre les pleins, noirs et imposants, et les déliés, fins et délicats.

Empattements

L’empattement est un trait fin et simple qui permet à la police d’être assise sur la ligne de lecture. Dans le Didot cet empattement et la lettre forment un angle droit parfait.

Les ligatures

Le Didot utilise les ligatures, qui représentent la jonction de deux lettres pour ne former plus qu’un seul nouveau caractère. Les ligatures linguistiques « æ » et « œ » sont représentées ainsi que des ligatures esthétiques comme « fl  », « fi  » et « of ».

Les ressemblances

La Baskerville

La Baskerville fut créée à la même époque. Le contraste entre pleins et déliés est marqué et les hampes sont assez verticales.

La Baskerville est une typographie plus écrasée avec un empattement plus lourd et plus garni.

La Bodoni

La Bodoni, créée à la même époque en Italie, servira d'inspiration lors de la création de la Didot.

Les différences sont très légères, les empattements de la Bodoni sont un peu plus épais, le jambage supérieur de la Bodoni est légèrement en biseau contrairement au Didot beaucoup plus strict et droit.

La police Didot est légèrement plus étirée que la Bodoni, on le voit sur les points des i et j et les jambages inférieurs.

Lisibilité de la police

Le Didot à un empattement représenté par un trait fin lui permettant d’être assis sur la ligne de lecture. Mais cette assise ne lui donne pas plus de lisibilité qu’une police qui imite l’écriture manuelle comme la Garamond, puisqu’elle est plutôt droite, stricte et formelle.

De plus à cause du contraste entre ses forts pleins et ses fins déliés, le Didot ne facilite pas toujours la lecture, contrairement à la Garamond qui a pour elle beaucoup plus d’équilibre et un dessin généreux, outre une lecture agréable et plus fluide que le Didot.

Le Didot aujourd'hui

La police Didot a perdu de sa superbe au début des années 2000, elle ne s'est pas imposée sur le web par exemple à cause de la faible résolution des écrans, qui ne pouvaient retranscrire la finesse de ses empattements, ce qui la rendait illisible.

La police Didot est donc aujourd’hui beaucoup moins utilisée. Elle est cependant toujours synonyme de rigueur et gage de qualité, c'est pourquoi le média CBS News l’utilise pour son logo. Elle est aussi très reprise dans la mode avec les magazines Vanity Fair, Vogue et Elle. Pendant un temps synonyme de sagesse et d’officialité, le Didot s’est ensuite dévergondé et féminisé avec le logo de Sex and the City en 1998.

Références

    Liens externes

    Voir aussi

    Bibliographie

    • Jacques André et Christian Laucou, « Égypte et Didot », Graphê, no 54, , p. 4-13 (lire en ligne).
    • Jacques André et Christian Laucou, Histoire de l’écriture typographique : Le XIXe siècle, vol. III, Méolans-Revel, Atelier Perrousseaux, , 383 p. (ISBN 978-2-911220-84-5).
    • (en) Stephen Coles, « The Didot You Didn’t Know », sur Typographica blog, .
    • Pierre Didot, Spécimen des nouveaux caractères de la fonderie et de l’imprimerie de P. Didot l’Aîné, P. Didot, l’Aîné, et Jules Didot, fils, (lire en ligne).
    • Pierre Didot, Essai d’un nouveau caractère, offrant un essai lyrique de P. Didot, l’Aîné, P. Didot, l’Aîné, et Jules Didot, fils, (lire en ligne).
    • Yves Perrousseaux, Histoire de l’écriture typographique, vol. II, t. 2 : Le XVIIIe siècle, Méolans-Revel, Atelier Perrousseaux, , 239 p. (ISBN 978-2-911220-34-0).
    • (en) Jean François Porchez, « Ambroise typeface in details », sur Typofonderie.com (consulté le ).
    • David Rault, Guide Pratique de Choix Typographique, Ateliers Perrousseaux, 2009.
    • Typographie de Firmin-Didot . Spécimen de caractères, circa 1920 (lire en ligne).
    • poscafe.fr
    • Un PDF sur les ligatures dans la Didot
    • Travaux en typographie de Freudenberger Mathis et Ducrot Victor
    • Portail de la typographie
    Cet article est issu de Wikipedia. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.