Des bienfaits

De beneficiis

Des bienfaits
Auteur Sénèque
Version originale
Langue Latin
Titre De beneficiis

Des Bienfaits (De beneficiis) est un traité en sept livres du philosophe romain Sénèque. Il propose une analyse stoïcienne des notions éthiques de gratitude, d’ingratitude, et de bienfait, et offre de nombreux conseils pour accorder, recevoir, et retourner convenablement les bienfaits.

Destinataire et date de composition

La date de composition du traité ne peut être établie qu’approximativement. La date la plus ancienne possible (terminus post quem) est 56 ap. J.-C. (en 2, 21, 6, Sénèque mentionne le consulaire Caninius Rebilus d’une manière insultante, ce qu’il ne fait pas à propos de ses contemporains ; or ce dernier était mort en 56 ap. J.-C.[1]. Le terminus ante quem est juin 64 : il s’agit de la date d’écriture de la Lettre à Lucilius 81, où Sénèque mentionne le Des bienfaits d’une manière qui suppose que le traité était achevé à l’écriture de cette lettre[2].

Le traité est adressé à Aebutius Liberalis. Celui-ci nous est présenté dans le traité comme un homme riche (et donc capable d’accorder des bienfaits), suffisamment éduqué pour saisir des références littéraires, et soucieux de s’améliorer sur le plan moral. Il appartenait, comme les autres destinataires des œuvres de Sénèque, à l’ordre équestre. Le choix de ce destinataire pour ce traité a pu être motivé par son nom, qui renvoie à la volonté de faire des dons, un thème central du livre[3].

Il apparaît également dans la Lettre à Lucilius 91 où Sénèque raconte à Lucilius que Liberalis est inconsolable à la suite de l’incendie qui a frappé sa ville d’origine, Lugdunum (Lyon).  

Sources philosophiques

Des bienfaits appartient à une riche tradition gréco-latine de traités sur la gratitude (en grec, peri charitos) qui avait commencé avec Théophraste, et dont le texte de Sénèque est le seul à avoir survécu en version intégrale. Nous savons que Théophraste, Démétrius de Phalère, Épicure et Philodème de Gadara avaient écrit des traités sur la gratitude ; dans la tradition stoïcienne où s’inscrit Sénèque, Chrysippe et Cléanthe avait écrit de tels traités.

Sénèque cite nominalement Chrysippe, à propos de l’allégorie des Grâces, qu’il critique avec humour (1, 3) et de la comparaison avec le jeu de balle, à laquelle il fait référence à plusieurs reprises. Cela ne signifie pas, cependant, qu’il avait lu le traité de Chrysippe ; il a pu y avoir accès de manière indirecte. Le stoïcien le plus souvent cité (à quatre reprises) est Hécaton, le disciple de Panétius. Celui-ci avait écrit un peri kathèkontos (Traité sur les devoirs) dont Sénèque a pu s’inspirer ; il est aussi possible, mais non prouvé, qu’Hécaton ait lui aussi écrit un traité sur la gratitude[4].

Le philosophe cynique Démétrius, que Sénèque cite fréquemment au livre 7, était un de ses contemporains, qu’il avait pu entendre en personne[5].

Dans le domaine latin, la question de la libéralité avait été abondamment traitée par Cicéron dans son De officiis. Il n’existe aucune preuve irréfutable que Sénèque avait bel et bien lu ce dernier texte.

Notes et références

  1. Tacite, Annales 13, 30, 2
  2. Miriam Tamara 2013, p. 91-94.
  3. Miriam Tamara 2013, p. 96-98.
  4. Miriam Tamara 2013, p. 98-101.
  5. Mario Lentano, « De beneficiis », dans Brill's Companion to Seneca, Brill, (ISBN 9789004154612, DOI 10.1163/9789004217089_021, lire en ligne)

Bibliographie

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