Delta de l'Okavango

Le delta de l'Okavango, ou parfois marais de l'Okavango, est le second plus grand delta intérieur du monde (18 000 km2) après le delta intérieur du Niger (40 000 km2 au maximum de son étendue au Mali). Situé dans le nord du Botswana, la région faisait jadis partie du lac Makgadikgadi, disparu il y a environ 10 000 ans. Aujourd'hui l'Okavango n'a pas d'embouchure maritime. Il se déverse dans le désert du Kalahari, irriguant 15 000 km2 de celui-ci.

Pour les articles homonymes, voir Okavango (homonymie).

Delta de l'Okavango *

Vue satellite du delta.
Coordonnées 19° 17′ 00″ sud, 22° 54′ 00″ est
Pays Botswana
Type Naturel
Critères (vii) (ix) (x)
Superficie 2023590 ha
Zone tampon 2286630 ha
Numéro
d’identification
1432
Année d’inscription 2014 (38e session)
Géolocalisation sur la carte : Botswana
* Descriptif officiel UNESCO
** Classification UNESCO

Géographie et description

Vue d'oiseau.

Géologiquement, le "delta" est en réalité un cône alluvial.

Plusieurs millions d'îles se sont formées autour des termitières ou des bouquets de végétaux qui retiennent les alluvions. Vingt-quatre espèces d'échassiers nichent dans les îles. Certaines colonies sont simplement établies sur un figuier aquatique, le gomoti sous lequel s'abritent crocodiles et hippopotames. Chaque année environ 11 km3[réf. nécessaire] d'eau coulent au delta ; une fraction crée le lac Ngami, plus au sud.

L'eau du delta est très pure en raison du peu d'agriculture et d'industrie sur les rives de l'Okavango. Il passe par les aquifères de sable des nombreuses îles et s'évapore en laissant d'énormes quantités de sel. La saturation de sel est tellement forte que la végétation est inexistante au centre des îles, où se forment des « croûtes » de sel.

Les eaux inondent la région de manière cyclique, au milieu de l'été austral et six mois plus tard dans le sud (mai-juin). L'eau est vite évaporée en raison des températures élevées, créant des cycles de profondeur haute/basse dans le sud de la région. Les îles peuvent disparaître sous les eaux pendant les périodes d'inondation pour réapparaître à la fin.

Démographie

La population du delta vient de cinq groupes ethniques, chacun avec leur culture et langue : Hambukushu (ou Mbukushu, Bukushu, Mbukuschu, Ghuva, Haghuva), Dceriku (ou Dxeriku, Diriku, Gceriku, Giriku, Niriku), Wayeyi (ou Bayei, Bayeyi, Yeyi), Bugakhwe (ou Kxoe, Khwe, Kwengo, Barakwena, G/anda), et ||anikhwe (ou Gxanekwe, //tanekwe, Bochimans des rivières, Bochimans des marais, G//ani, //ani, Xanekwe).

Les Hambukushu, Dceririku et Wayeyi sont tous des Bantous qui sont traditionnellement agriculteurs de millet et de sorgho, pêcheurs, chasseurs et font de la cueillette. Ils sont nomades.

Les Bugakhwe et ||anikwe sont Bochimans pêcheurs, chasseurs et cueilleurs. Les Bugakhwe utilisaient les ressources de la forêt ainsi que du fleuve tandis que les ||anikwe se concentraient sur le fleuve. Les Hambukushu, Dceriku et Bugakhwe sont présents sur l'Okavango en Angola et dans la bande de Caprivi ; il y a aussi quelques Hambukushu et Bugakhwe en Zambie. Dans le delta lui-même on trouve, depuis 150 ans, des Hambukushu, Dceriku et Bugakhwe dans la bande de Caprivi ainsi que la région de Magwegqana au nord-ouest. Les ||anikwa se trouvent dans la bande de Caprivi et au long des fleuves Boro et Boteti. Les Wayeyi se trouvent autour de Seronga et dans le sud du delta près de Maun ; peu vivent dans les terres qu'ils disent ancestrales, dans la bande de Caprivi.

Depuis deux décennies Maun attire de nombreuses personnes venant de tout le delta. Vers la fin des années 1960 et au début des années 1970 plus de 4 000 réfugiés Hambukushu d'Angola furent installés dans les environs d'Etsha dans l'ouest de la bande de Caprivi[1].

Quelques membres des ethnies Ovaherero et Ovambanderu habitent le delta, mais étant donné que la majorité des membres de ces ethnies vivent ailleurs et que leur présence dans le delta est récente, ils ne sont pas considérés peuples du delta[2].

Il existe aussi plusieurs petits groupes de Bochimans[3], chacun d'une poignée d'individus. Ils furent en grande partie décimés par les maladies des Européens au milieu du XXe siècle.

Le delta est sous le contrôle politique de l'ethnie Batawana (une sous-tribu des Tswanas) depuis plusieurs siècles. Toutefois, la majorité des Batawana vivent autour du delta[2].

Faune et flore

Un éléphant et des lions au delta

Le delta abrite une grande variété d'animaux qui attirent des milliers de touristes chaque année, venus faire des safaris dans les camps et auberges de la région.

C'est l'habitat saisonnier de nombreuses espèces, dont l'éléphant africain, le buffle d'Afrique, le lechwe, le topi, le gnou noir, l'hippopotame, le crocodile du Nil, le lion, le guépard, le léopard, la hyène, le lycaon, le grand koudou, l'hippotrague noir, les rhinocéros noir et blanc, le varan du Nil, le phacochère, le cynocéphale de Chacma et l'impala. Dans le désert du Kalahari, les lions et lionnes vivent en groupe lâche et épars car leurs proies sont petites, rares et vagabondes. En revanche, au bord du delta, les grands félins sont très rapprochés et hiérarchisés. Au bord de l'eau, ils doivent s'unir pour chasser les grands ruminants.

Hydrocynus vittatus (en). Il attaque le plus souvent en bandes et peut sauter hors de l'eau pour attraper des oiseaux.

Le delta abrite aussi plus de 400 espèces d'oiseaux, dont l'aigle pêcheur africain, la grue royale et l'ibis sacré. Échassiers et rapaces règnent sur le peuple des eaux, tandis que les buphages, dits aussi pique-bœufs, s'arrogent pour aéroport l'échine des grands mammifères. Ainsi, un hippotrague noir (grande antilope dont les cornes peuvent dépasser 1,5 mètre) permet à ses hôtes de se goberger des parasites incrustés dans son pelage.

Les oiseaux sont les princes du delta, car la voie des airs est le plus court chemin dans ce labyrinthe.

L'ichtyofaune est extrêmement abondante. Comme dans la plus grande partie des cours d'eau d'Afrique subsaharienne, il faut citer la présence de poissons tigres de l'espèce Hydrocynus vittatus (en), carnivores plus grands et plus dangereux que les pirañas sud-américains (ils peuvent atteindre plus de 1,5 mètre et 65 kilos).

Le gouvernement namibien projette de construire un barrage dans la bande de Caprivi pour réguler le débit d'eau, en vue de favoriser l'irrigation agricole. Certains groupes s'y opposent au motif que cela modifierait fortement le comportement hydrique du fleuve et son influence sur le biotope, et mettrait en danger les riches faune et flore du delta.[réf. nécessaire]

Le delta est menacé par les effets du réchauffement climatique. Plusieurs scénarios prévoient des diminutions dans le débit du fleuve Okavango[4] ainsi qu'une baisse dans les précipitations annuelles, une augmentation des températures et une réduction des plaines inondables dans le delta de l'Okavango[5]. Un projet de production pétrolière et gazière dans le désert du Kalahari pourrait également menacer le bassin versant du delta[6].

Protection

Le delta de l'Okavango est inscrit au patrimoine mondial de l'Unesco depuis 2014[7].

Culture

Filmographie

Animaux & Cie : film d'animation

Littérature

Le delta de l'Okavango est le cadre du roman L'Ile des Rois de Soline Lippe de Thoisy.

Notes et références

  1. (en) David Potten, « Etsha: A Successful Resettlement Scheme », Botswana Notes and Records, vol. 8, , p. 105–119 (ISSN 0525-5090, lire en ligne, consulté le )
  2. « Okavango Delta Peoples of Botswana », sur anthro.fullerton.edu (consulté le )
  3. « Le Kalahari, terre des Bochimans », sur Le Devoir (consulté le )
  4. (en) Roy Bouwer, Tiro Nkemelang, Mark New, « What global warming of 1.5°C and higher means for Botswana. », sur ASSAR - Université du Cap
  5. (en) « Scenarios of the impact of local and upstream changes in climate and water use on hydro-ecology in the Okavango Delta, Botswana », Journal of Hydrology, vol. 331, nos 1-2, , p. 73–84 (ISSN 0022-1694, DOI 10.1016/j.jhydrol.2006.04.041, lire en ligne, consulté le )
  6. (en) Jeffrey Barbee, Laurel Neme, « Oil drilling, possible fracking planned for Okvanago region—elephants’ last stronghold », sur National Geographic, (consulté le )
  7. « La Liste du patrimoine mondial franchit le cap des 1000 sites avec l’inscription du Delta de l’Okavango au Botswana », sur UNESCO Centre du patrimoine mondial (consulté le ).

Voir aussi

Sources et bibliographie

Liens externes

  • Portail des lacs et cours d’eau
  • Portail du Botswana
  • Portail du patrimoine mondial
Cet article est issu de Wikipedia. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.