Alluvion

Une alluvion (du latin alluvio (ad- et luere), « inondation ») est un dépôt de débris (sédiments), tels du sable, de la vase, de l'argile, des galets, du limon et des graviers, transportés par de l'eau courante. Les alluvions peuvent se déposer dans le lit du cours d'eau ou s'accumuler au point de rupture de pente.

Croquis structural d'alluvions fluviatiles récentes
Les alluvions d'un cours d'eau sont visibles sur le bord

L'alluvionnement désigne le processus d'accumulation de matériel par les cours d'eau.

La quantité d'alluvions transportée par un cours d'eau dépend principalement de sa vitesse, du type de sol et de son importance. Par exemple, le très important fleuve Jaune transporte 796 milliards de tonnes d'alluvions chaque année.

On distingue plusieurs types d'alluvions :

  • les alluvions fluviatiles, qui sont déposées par un fleuve ou une rivière ;
  • les alluvions fluvioglaciaires qui sont déposées par l'eau de fonte d'un glacier ;
  • les alluvions fluviomarines qui s'accumulent dans les estuaires.

Lorsque le dépôt alluvial a la forme d'un éventail, on parle de cône de déjection.

Utilité

Exploitation minérale

Les alluvions peuvent être utilisées en tant que granulat dans les bétons. Elles sont alors qualifiées de granulats naturels et subissent une étape de lavage à l'eau (afin d'éliminer les particules argileuses nuisibles aux propriétés mécaniques du béton) et de criblage (tri en différentes classes granulométriques) avant utilisation[1].

Exploitation traditionnelle du diamant en Sierra Leone, dans des alluvions

Des métaux et des pierres rares ou précieux sont transportés par les cours d'eau, puis se déposent dans les alluvions. Ces gisements sont appelés placer. Leur exploitation se fait soit à la main grâce à une batée ou un pan américain, soit par un traitement mécanisé. Ainsi on peut notamment trouver de l'or dans le lit de certaines rivières aurifères.

Intérêts agricoles

Les alluvions fertiles du Nil

Les alluvions peuvent constituer des plaines alluviales très fertiles. C'est une ressource importante d'éléments nutritifs, pour les végétaux. Il en est ainsi par exemple du Nil, dont les crues déposaient des tonnes d'alluvions et rythmaient la vie agricole de l'Ancienne Égypte. C'est une des raisons principales de l'essor des civilisations de l'Égypte antique.

Aquifère

Les alluvions constituent des aquifères, utiles pour l'approvisionnement en eau douce. 45 % des eaux souterraines prélevées en France proviennent des nappes d'eau souterraines alluviales[2].

Problèmes écologiques

Les barrages sont beaucoup critiqués car ils accumulent les alluvions et empêchent notamment la circulation des limons qui enrichissent les terres arables. La construction du haut barrage d'Assouan a par exemple eu des conséquences importantes sur la fertilité des terres situées en aval[réf. nécessaire].

D'autre part, les alluvions peuvent aussi contenir des produits chimiques ou toute autre pollution.

En droit

La définition première d'un alluvion est celle donnée par le droit. Un accroissement (une accrue) des terres sur les rivages des rivières, lequel se fait par le cours de l'eau; qui donne lieu à un droit d'alluvion (Le Dictionnaire de l'Académie française 1694, t. 1). Alluvion ne prend son sens géologique que bien plus tard. L'enjeu peut être considérable : les terres alluvionnaires génèrent dans les zones concernées des terres agricoles et d'élevage. Le droit d'alluvion « qui pour les avantages très éphémères qu'il procure à quelques riverains, ravit injustement la propriété de tous les autres », du moment qu'un cours d'eau s'en est emparé. Ce n'est plus seulement par des causes naturelles que les eaux courantes sont portées sans cesse à enrichir alternativement un de leurs bords en détruisant l'autre, elles le sont aussi par les ouvrages d'art qui se sont établis dans leur lit[3].

Droit romain

En droit romain, on entend par alluvion l'accroissement insensible qui par suite de l'action des eaux s'opère aux fonds riverains: alluvio est quod ita paulatim adjicitur ut intelligere non possimus quantum quoquo momento temporis adjiciatur; Ce qui distingue l'alluvion c'est un atterrissement successif mais imperceptible au moment où il a lieu. On ne doit pas considérer comme une alluvion une baisse momentanée des eaux dans un fleuve, une rivière, un lac ou un étang puisque cette circonstance n'amène aucune espèce d'atterrissement le long des rives[4].

L'avulsion, ce que les romains connaissaient par le verbe avellere, se distingue de l'alluvion en ce que au lieu de s'opérer lentement et successivement, elle agit d'une manière subite. Pour ce motif l'avulsion comme telle ne confère pas encore la propriété de la terre déplacée, ni des arbres que celle-ci a entraînés avec elle; cette terre et ces arbres ont besoin d'être incorporés dans le nouveau fonds; ce qui est réputé fait quant aux arbres lorsqu'ils ont poussé des racines; jusqu'à ce moment la revendication demeure ouverte à l'ancien maître[4].

Droit québécois

Dans le livre du droit des biens, le Code civil du Québec contient une section sur l'accession naturelle aux articles 965 à 970 C.c.Q., où il est question des règles relatives aux cours d'eau. Concernant les alluvions, l'article 965 C.c.Q.[5] définit les alluvions comme étant : « les atterrissements et les accroissements qui se forment successivement et imperceptiblement aux fonds riverains d’un cours d’eau » et énonce que « l’alluvion profite au propriétaire riverain ».

Notes et références

  1. « Les granulats pour béton », sur infociments.fr (consulté le )
  2. aquiferes-cotiers.cepralmar.org
  3. Olivier Jacques Chardon. Traité du droit d'alluvion, ou Examen approfondi des droits de l'État et des riverains. Librairie de jurisprudence de Cotillon, 1840. lire en ligne
  4. Polynice Van Wetter, Cours élémentaire de droit romain contenant la législation de Justinien, avec l'histoire tant externe qu'interne du droit romain, vol. 1, H. Hoste, (lire en ligne).
  5. Code civil du Québec, RLRQ c CCQ-1991, art 965, <https://canlii.ca/t/1b6h#art965>, consulté le 2021-08-13

Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie

  • Patricia Papon-Vidal, De la réattribution des alluvions dans un contexte d'ouvrages hydroélectriques. In: Revue Juridique de l'Environnement, n°4, 2000. pp. 521-531. Lire en ligne.
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