De l'esprit

De l'esprit est un essai de Claude-Adrien Helvétius paru, sans nom d'auteur, le 27 juillet 1758. Les thèses matérialistes qu'il contient sont rapidement dénoncées par les milieux conservateurs. Le privilège d'édition est révoqué en 1759.

De l'esprit
Auteur Claude-Adrien Helvétius
Pays France
Genre essai
Éditeur Laurent Durand
Lieu de parution Paris
Date de parution 1758

Contenu

Helvétius transforme l'empirisme de Locke en matérialisme sensualiste. Il prétend que « Nous sommes uniquement ce que nous font les objets qui nous environnent ». L'Être sensible prend ainsi conscience de ses besoins et recherche des moyens de les satisfaire[1]. L'homme est le produit de son environnement et de son éducation. Helvétius défend une morale utilitariste et l'égalité naturelle de l'homme[2].

Publication

Malesherbes, Directeur de la librairie, accorde le privilège royal à l'éditeur sur base des rapports de deux censeurs, Jean-Pierre Tercier et Barthélémy. Ce dernier exige la suppression de quelques passages[3]. L'ouvrage est publié le 27 juillet 1758 chez Laurent Durand, à Paris[4].

Très vite, l'ouvrage fait grand bruit et il apparaît que les censeurs ont négligé leur travail. Tercier, extrêmement pris par ses nombreuses fonctions, n’a pas paraphé chaque page du manuscrit, présenté en retard, avec les chapitres en désordre, de façon à brouiller le fil conducteur et l'a approuvé sans doute sans l'avoir lu.

Le scandale est immédiat, accompagné d' une véhémente campagne de presse, la condamnation par la faculté de théologie de la Sorbonne ainsi que par le Pape, et l’autodafé de « De l’esprit », après l’arrêt du Parlement du 6 février 1759, puis le désaveu et rétractation publique de Hélvétius et de Jean-Pierre Tercier qui a été renvoyé le 27 février 1759.

« J'ai appris, monsieur, que le public et surtout les gens de bien n'avaient pas souscrit à l'approbation que vous avez donnée au livre intitulé De l'esprit. Les plaintes qui m'en sont revenues m'ont engagé à le parcourir et je vous avouerai que j'ai été étonné du jugement que vous en avez porté. »

 Lettre de Malesherbes à Tercier, datée c. du 1er août 1758[5].

Le procureur général Omer Joly de Fleury obtient dès le 11 août[3] la suspension du privilège. D'autres éditions verront néanmoins le jour, dès 1758 et après la révocation du privilège.

Helvétius prend peur et fait une rétractation humiliante des thèses qu'il a soutenues, perd sa charge auprès de la Cour et s'exile volontairement dans son château de Voré. La suspension est confirmée par le Parlement de Paris le 23 janvier 1759 ; l'essai est mis à l'Index par le pape Clément XIII et brûlé publiquement le 31 janvier.

Diderot, qu'Helvétius a consulté avant d'éditer son livre, fait paraître le 15 août 1758 une critique dans la Correspondance littéraire révélant la fausseté des principes (quatre grands paradoxes) mais concluant, tout bien considéré, sur l'utilité de l'essai qui tord le cou aux préjugés de tout genre.

Éditions

  • Amsterdam et Leipsick, chez Arkstee et Merkus, 1758 (consulter en ligne).
  • La Haye, Moetjens, 1758 (consulter en ligne.
  • Paris [Liège], Durand [Bassompierre], 1759.
  • Paris, Chez Durand, Libraire, rue du Foin. M. DCC. LIX. Avec approbation et privilège du Roi (édition clandestine publiée après la révocation du privilège).
  • De l’esprit. Texte édité, présenté et annoté par Jonas Steffen, Paris, Champion, 2016, 600 p. (Coll. « Âge des Lumières », n° 79).

Bibliographie

  • Didier Ozanam, La disgrâce d'un premier commis : Tercier et l'affaire de l'Esprit (1758-1759), Bibliothèque de l'École des chartes, 1955, n° 113, p. 140-170.
  • (en) David Smith, Bibliography of the writings of Helvétius, Ferney-Voltaire, Centre international d’étude du XVIIIe siècle, 2001, (ISBN 2-84559-006-7), E8, p. 159–163.
  • (en) David Smith, « The publication of Helvetius's De l'Esprit », dans French studies, vol. XVIII, 1964, p. 332-344.

Notes et références

  1. https://gallica.bnf.fr/dossiers/html/dossiers/Voltaire/D3/Stenger_VF.htm
  2. http://atheisme.free.fr/Biographies/Helvetius.htm
  3. Evelyne Lever, Le Crépuscule des rois, Fayard 2013 p. 37
  4. Voir cette édition en ligne dans Gallica.
  5. Correspondance générale d'Helvétius, vol. II, University of Toronto Press, 1984. Dans le même sens, voir la lettre de Malesherbes à la duchesse d'Ayen du 8 août 1758 et ses Mémoires sur la librairie où il considère l'erreur de Tercier comme inconcevable.

Annexes

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