Daily Monitor

Le Daily Monitor est l'un des trois journaux quotidiens ougandais à diffusion nationale (avec New Vision et Red Pepper). Fondé en 1992, indépendant du pouvoir politique, il est depuis 2000 la propriété du Nation Media Group.

Daily Monitor
The Monitor

Pays Ouganda
Langue anglais
Périodicité quotidien
Diffusion 24000 ex. (2011)
Fondateur Wafula Oguttu
Charles Onyango-Obbow
Kevin Aliro
Richard Tebere
David Ouma
Jimmy Serugo[1]
Date de fondation 1992
Éditeur Nation Media Group
Ville d’édition Kampala

Site web http://www.monitor.co.ug/

Historique

The Monitor  son nom d'alors  est fondé en 1992 à Kampala par d'anciens journalistes du Weekly Topic. Ce dernier a été créé en 1979 par trois hommes politiques (Kintu Musoke, Ali Kirunda Kivejinja et Jaberi Bidandi-Ssali) qui rejoignent en 1980 le Mouvement patriotique ougandais, ancêtre du Mouvement de résistance nationale, lequel arrive au pouvoir en 1986, les trois hommes prenant alors part au gouvernement ; sujets aux pressions des fondateurs du journal, six journalistes démissionnent en 1992[2],[3],[1]. The Monitor voit le jour alors que le seul quotidien pérenne diffusé nationalement, New Vision, adopte la ligne du gouvernement et tandis que la liberté politique est restreinte dans le pays. Il devient dès son second numéro  la périodicité est alors hebdomadaire[1]  le principal journal indépendant du gouvernement et se fait le relai des voix d'opposition[4].

Le titre inclut dès 1994 une édition publiée sur Internet. En 1995, le journal paraît trois fois par semaine ; il adopte une parution quotidienne en 1996[1]. À cette période, sa diffusion est d'environ 25 000 exemplaires par numéro en moyenne[5].

En 2000, le groupe de presse Nation Media Group (NMG) acquiert la majorité des parts de Monitor Publications Ltd, l'éditeur de The Monitor[6],[7].

The Monitor prend le titre Daily Monitor en juin 2005[8].

D'après des données partielles pour l'année 2011 publiées par l'Audit Bureau of Circulation (ABC), la diffusion quotidienne du Daily Monitor était d'environ 24 000 exemplaires, derrière son concurrent New Vision (32 000 exemplaires)[9].

Pressions et censures gouvernementales

La ligne éditoriale indépendante de The Monitor déplaît au gouvernement ougandais[5]. En 1993, celui-ci, ainsi que toutes les agences étatiques, cessent d'acheter des encarts publicitaires dans le périodique, causant une baisse d'environ 70 % de ses revenus ; l'État lève ce boycott en 1998[4],[10].

Le soir du , un journaliste de The Monitor, Kevin Aliro, est violemment agressé par six hommes non-identifiés sur le chemin de son domicile ; l'agression a lieu deux jours après qu'il a publié un article sur le retour de la pratique de la torture par certains services de l'État[11],[12],[13].

Le , trois journalistes (le directeur Wafula Ogutu, le rédacteur en chef adjoint Charles Onyango-Obbo et M. Balikowasont) sont arrêtés par la police puis poursuivis en justice par l'État pour « publication de fausses informations » et « sédition » après la publication deux jours auparavant de la photo d'une femme nue douchée de force par un homme vêtu d'un uniforme ; ils sont finalement relaxés en mars 2001[14],[15].

Le , les forces de sécurité gouvernementales investissent le siège du journal, confisquent son matériel et le gouvernement interdit sa publication après la parution d'un article rapportant le crash d'un hélicoptère de l'armée à la suite d'une escarmouche avec l'Armée de résistance du Seigneur (que l'armée combat avec difficulté depuis plusieurs années) ; ils souhaitent obtenir la source de l'auteur de l'article, Frank Nyakairu (arrêté le lendemain et détenu jusqu'au 17 octobre), et contestent la véracité de l'information[1],[16]. Frank Nyakairu, le rédacteur en chef Charles Onyango-Obbo et le news editor adjoint Wanyama Wangah sont poursuivis en justice par l'État[17]. Le journal ne paraît de nouveau que le 18 octobre[18].

En novembre 2005, les locaux du quotidien (qui accueillent également la station de radio 93.3 KFM, propriété de NMG) sont de nouveau investis par la police, qui accuse le journal d'être responsable de la pose d'affiches, dans les rues de Kampala, du Forum pour le changement démocratique (appelant au soutien de l'homme politique Kizza Besigye, arrêté par le pouvoir en place), au motif que le journal a publié une annonce similaire dans l'édition du jour[19].

Durant la deuxième moitié des années 2000, plusieurs journalistes du Daily Monitor (officiant parfois aussi sur 93.3 KFM) sont visés par des pressions, convocations et poursuites judiciaires à répétition, dénoncées par les organisations œuvrant pour la liberté de la presse telles que le Comité pour la protection des journalistes, Reporters sans frontières et Human Rights Watch[19],[20],[21],[22] ; cette dernière ONG relève que si d'autres journalistes sont également ciblés, le Daily Monitor est le principal titre de presse visé[23].

Le , les locaux du Daily Monitor sont fouillés par des policiers armés de kalachnikov et sa parution est interdite, de même que la diffusion des radios 93.3 KFM et Ddembe FM situées dans le même bâtiment (celui du groupe Monitor Publications Ltd) ; le tabloïd Red Pepper  indépendant du Daily Monitor  est également visé par ces mesures. Du matériel est confisqué et les journalistes sont maintenus de force dans les locaux ; une foule s'attroupe devant les locaux du groupe de presse, les forces de police la dispersent à l'aide de gaz lacrymogène[24]. Cette intervention policière fait suite à la publication par les deux médias d'une note du général David Sejusa (en) accusant le président Yoweri Museveni de fomenter un complot visant à installer son fils Muhoozi Kainerugaba à sa succession et à éliminer certaines personnalités qui seraient défavorables à cette manœuvre, dont le général lui-même[25].

La police conserve le contrôle du siège des deux journaux, qu'elle perquisitionne à la recherche de la fameuse note du général, durant onze jours. Le 23 mai, cinq militants des droits humains sont brièvement arrêtés pour « rassemblement illégal » tandis que le 28 mai, une centaine de journalistes manifestant devant les locaux des deux titres sont dispersés par la police[26]. Le , des négociations entre le groupe Monitor Publications Ltd et l'État permettent la réouverture des deux médias, en contrepartie de certaines restrictions de leur liberté éditoriale[27]. L'ensemble des faits est vivement critiqué par les organisations non-gouvernementales de défense de la liberté de la presse[28],[29].

Références

  1. (en) Gerard Loughran, Birth of a Nation: The Story of a Newspaper in Kenya, I.B. Tauris, (ISBN 0857710907, lire en ligne), p. 260-261
  2. (en) « Weekly topic », Bibliothèque du Congrès (consulté le )
  3. (en) Timothy Kalyegira, « Tracing the Monitor-govt relationship since 1992 », Daily Monitor, (lire en ligne)
  4. (en) Anthony A. Olorunnisola, New Media Influence on Social and Political Change in Africa, IGI Global, (ISBN 1466641983, lire en ligne), p. 360
  5. (en) Anya Schiffrin (en), Global Muckraking: 100 Years of Investigative Journalism from Around the World, New Press, (ISBN 978-1-595589-73-6), p. 216-218
  6. (en) « Company Overview of The Monitor Publications Ltd. », Bloomberg News (consulté le )
  7. (en) « Who we are – History », sur nationmedia.com (consulté le )
  8. (en) « About us », sur monitor.co.ug (consulté le )
  9. (en) « New Vision is highest read paper - ABC », New Vision, (lire en ligne)
  10. (en) Charles Onyango-Obbo, « State’s bid to starve media of adverts is a very good thing », The Nation, (lire en ligne)
  11. (en) Comité pour la protection des journalistes, « Attacks on the Press in 1998 - Uganda », sur refworld.org, Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés,
  12. (en) Comité pour la protection des journalistes, « Journalist severely assaulted », International Freedom of Expression Exchange,
  13. (en) Cliff Taylor, « Ugandan abuses bring regime of fear back to heart of Africa », The Independent, (lire en ligne)
  14. Comité pour la protection des journalistes, « Editors arrested for publishing photo of sexual assault », International Freedom of Expression Exchange,
  15. « Editors of independent daily "The Monitor" acquitted », International Freedom of Expression Exchange,
  16. (en) « Police raid offices of independent newspaper "The Monitor" », International Freedom of Expression Exchange,
  17. (en) PEN club, « Journalist released on bail, "The Monitor" newspaper to re-open but case against journalists continues », International Freedom of Expression Exchange,
  18. « Levée du siège de The Monitor », Reporters sans frontières,
  19. « Menaces, descente de police, tentatives de saisies : semaine noire pour le Daily Monitor », Reporters sans frontières,
  20. « Un journaliste accusé de diffamation envers le Président est harcelé par la police », Reporters sans frontières,
  21. (en) Comité pour la protection des journalistes, « Government threatens to close independent daily », International Freedom of Expression Exchange,
  22. (en) Human Rights Network for Journalists, « Court acquits “Daily Monitor” editors », International Freedom of Expression Exchange,
  23. (en) « A Media Minefield: Increased Threats to Freedom of Expression in Uganda », Human Rights Watch,
  24. « Le gouvernement lance un raid policier sur deux sièges de médias à Kampala », Reporters sans frontières,
  25. Catherine Le Brech, « Atteintes à la liberté de la presse en Ouganda », France Info,
  26. « Ouganda: la police déloge des manifestants devant des journaux qu'elle occupe », Challenges, (lire en ligne)
  27. « Deux quotidiens de Kampala rouvrent leurs portes après des négociations avec le pouvoir », Reporters sans frontières,
  28. (en) « Uganda: Stop Harassing the Media », Human Rights Watch,
  29. [PDF] « Ouganda. Arrestation de militants dans un contexte préoccupant de répression des médias », Amnesty International,

Lien externe

  • Portail de la presse écrite
  • Portail de l’Ouganda
Cet article est issu de Wikipedia. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.