Crocodile (signalisation ferroviaire)

Le crocodile est un équipement utilisé sur les réseaux ferroviaires français, belge et luxembourgeois pour transmettre en cabine une indication « optique » de franchissement d'un signal, et éventuellement arrêter le train en cas de franchissement dangereux d'un signal[1], lorsque la ligne est équipée du dispositif automatique d'arrêt des trains (DAAT).

Brosse métallique servant à capter les impulsions.
Crocodile court.
Crocodile.

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C'est un dispositif de forme allongée placé entre les deux files de rails, le plus près possible en amont du signal. Il se compose d'un patin en acier, de deux mètres de long environ, sur lequel vient frotter une brosse fixée sous le châssis des engins moteurs ou pilotes. Le crocodile est protégé des chocs par un ou deux blochets en bois ou en résine. Des modèles courts (50 cm) sont principalement utilisés en sortie de dépôt (test) ou lorsque les contraintes dimensionnelles n'autorisent pas l'installation d'un crocodile traditionnel.

Le crocodile fut inventé en 1872 par les ingénieurs Lartigue et Forest de la Compagnie des chemins de fer du Nord[2].

Utilisation

En France

  • Historique :

À la suite de la catastrophe de Pomponne, près de Lagny (Seine et Marne) en 1933, l'État a imposé aux compagnies de l'époque la généralisation de la répétition en cabine des signaux. Cette fonction utilise le crocodile.

  • Rôle du crocodile :
    • il répète en cabine l'aspect fermé ou ouvert d'un signal. Ce rôle est primordial, notamment en cas de mauvaise visibilité (brouillard, soleil rasant).
    • il donne l'assurance de la bonne vigilance du conducteur.
    • il insiste sur le caractère restrictif du signal qui vient d'être franchi.
    • Il permet d'enregistrer sur bande graphique l'aspect du signal franchi (ouvert ou fermé) ainsi que l'action de vigilance du conducteur.
  • Signaux de manœuvre : la présence de crocodile est facultative sur ces signaux :
    • Feu blanc
    • Feu blanc clignotant
    • Carré Violet
  • Installation initiale : à l'origine, le dispositif était du type « à double répétition sonore » :
    • Signal ouvert : le dispositif embarqué déclenchait un bref coup de timbre en cabine pour indiquer au conducteur le bon fonctionnement de la répétition des signaux.
    • Signal fermé : le conducteur devait au préalable appuyer sur le bouton d'acquittement pour confirmer qu'il avait bien vu l'indication « signal fermé » avant son franchissement. Ce geste était enregistré sur la bande graphique. Lors du franchissement du signal, le dispositif embarqué émettait une sonorité grave (klaxon) en cabine. Le conducteur devait alors appuyer à nouveau sur le bouton d'acquittement pour stopper cette sonorité. Ce geste était également enregistré sur la bande graphique. Dans le cas d'une absence de réaction de la part du conducteur, un freinage d'urgence était automatiquement déclenché après un retard de quelques secondes.
  • Installation actuelle : Désormais, le dispositif est du type « optique à simple répétition sonore » :
    • Signal ouvert : aucun signal sonore en cabine n'est émis lors du franchissement d'un signal ouvert.
    • Signal fermé : la principale nouveauté est l'installation d'une lampe témoin SF (Signal fermé) sur le pupitre du conducteur. Désormais, il n'est plus nécessaire au conducteur de vigiler par appui sur le bouton d'acquittement à l'approche du signal fermé. En revanche lors du franchissement, la lampe SF clignote, complétée par une alerte sonore forte. Le mécanicien doit alors appuyer sur le bouton d'acquittement pour couper cette sonorité. La lampe SF s'allume alors au fixe, afin de rappeler au conducteur que le dernier signal franchi était fermé. Elle s'éteindra au prochain signal rencontré ouvert. De manière évidente, l'arrêt d'urgence est déclenché si l'acquittement par le conducteur n'est pas réalisé dans les délais.
  • Inconvénients du crocodile :
    • De par sa conception, il ne permet de transmettre que deux états (signal ouvert ou signal fermé). Ainsi, sur la bande graphique, il ne sera pas possible de différencier par exemple un feu jaune clignotant et un avertissement.
    • Le crocodile ne permet pas de contrôler finement le bon respect de la vitesse par le conducteur. De ce fait, il est de plus en plus souvent complété par le système de contrôle de vitesse par balises (KVB).
    • Le crocodile fonctionne par émission de tension, principe qui n'offre pas le même degré de fiabilité qu'une véritable installation de sécurité. Pour compenser cette lacune, chaque bande graphique d'engin est systématiquement analysée et comparée à une bande graphique étalon. Un trait manquant correspond à un crocodile en défaut. Le service de maintenance est avisé et l'installation peut alors être remise en état dans les meilleurs délais. Parallèlement, des voitures de contrôles techniques parcourent les lignes, détectent et signalent les crocodiles en défaut.
  • Autres usages du crocodile :
    • Reconnaissance banlieue : les rames banlieue sont équipées d'un filtre HF[Quoi ?] entre la brosse de l'engin moteur et le dispositif de répétition embarqué. En amont des gares souterraines et afin d'éviter qu'un train classique ne descende en gare souterraine, un ou plusieurs crocodiles de reconnaissance sont installés. Lors du passage du train sur le crocodile, le dispositif au sol reconnait la présence éventuelle du filtre HF. Les signaux vers la gare souterraine ne peuvent être ouverts que pour les engins disposant d'un filtre HF, donc les rames banlieue dont l'emmarchement est compatible avec la hauteur des quais.
    • DAAT (Dispositif automatique d'arrêt de train). Dans certaines lignes à signalisation simplifiée, le crocodile est raccordé à une installation au sol qui arrête le train en cas de départ intempestif d'un train sur signal fermé.
    • En région Midi-Pyrénées, une série espacée de 2 à 3 crocodiles reliés à des pédales de contrôles de la vitesse sert à signaler au conducteur (en répétant fermé) qu’il arrive trop vite à l’approche d’un carré fermé. Le premier crocodile contrôle à 60 km/h, le second à 30 km/h et le dernier à 10 km/h. Le système a été surnommé « KVB du pauvre », car il a été installé à l’époque en remplacement de balises KVB classiques. Un exemple de ce système est visible en gare de Saint-Sulpice (Tarn).

En Belgique

Un crocodile sur la ligne 51 Bruges-Blankenberge, en Belgique.

Il équipe avant tout les signaux avertisseurs (et grands signaux d'arrêt combinés) et certains panneaux de limitation de vitesse, ainsi que certains grands signaux d'arrêts simples. Le crocodile conduit à une répétition des signaux en cabine via les systèmes gong-sifflet et Memor, ainsi qu'une mémorisation des signaux restrictifs (Memor uniquement). Le franchissement d'un signal d'arrêt fermé ne provoque aucune action.

Le système TBL 1 ainsi que le futur[Quand ?] système TBL 1+ utilisent également les impulsions des crocodiles, conjointement aux informations transmises par des balises.

Au Luxembourg

Au Luxembourg, les crocodiles sont apparus en 1973[3].

Depuis 2004, le réseau ferré luxembourgeois est équipé du système Memor II+, utilisant un ou deux crocodiles par signal[3]. C'est un système temporaire installé en attendant la mise en place de l'ETCS sur tout le réseau.

Solutions modernes de remplacement

Sur les trains récents, par exemple les TGV, le crocodile est complété par des systèmes plus élaborés de répétition des signaux en cabine (TVM, TBL, ETCS, etc.) basés sur des balises, des boucles ou encore des transmissions radio (GSM-R). Dans ce cas, des dispositifs de sécurité embarqués peuvent provoquer un freinage d'urgence de la rame en cas de non-respect d'un signal ou de la vitesse autorisée.

Notes et références

  1. Signalisation ferroviaire type-SNCF - Contrôle de vitesse et répétition des signaux en cabine.
  2. M. Cossmann, Note sur le crocodile Lartigue & Forest en service sur le réseau du Nord. Revue générale des chemins de fer, 2. . p. 131-137. « Revue générale des chemins de fer et des tramways » (consulté le ).
  3. « Plan national de mise en œuvre de l'ERTMS (ETCS niveau 1) » [PDF], sur https://ec.europa.eu, (consulté le ).

Liens externes

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