Cristóbal de Olid

Cristóbal de Olid ou Christoval de Oli (né vers 1483 à Baeza, Espagne - mort en 1524, à Naco, Honduras) était un conquistador espagnol qui participa à l'exploration et à la conquête du Mexique en compagnie de Hernán Cortés. Ayant trahi ce dernier au cours d'une expédition vers Las Hibueras, il est condamné à mort et égorgé (ou étranglé) en public sur la place de Naco[1].

Cristóbal de Olid

Ses débuts

Cristóbal de Olid, est natif de Baeza ou de Linares, dans la province de Jaén, en Espagne. Nous ignorons tout de ses jeunes années. Il se marie à une date inconnue avec Felipa de Araujo, une Portugaise, avec laquelle il a une fille, María (ou Antonia) Olid y Viedma[2].

Il se retrouve à Cuba et devient l'interprète de Diego Velázquez de Cuéllar. Vers 1518, il habite à Trinidad. Il part pour le Yucatan à la recherche de l'expédition de Juan de Grijalva, sur ordre de Diego Velázquez, mais une tempête lui fait perdre ses ancres et l'oblige à rentrer à Cuba[2].

La conquête du Mexique

La route de Cristóbal de Olid et des Conquistadors jusqu'à Mexico-Tenochtitlan.

C'est à cette époque que Hernán Cortés prépare son expédition et il devient capitaine de l'un de ses navires[3]. Bernal Díaz del Castillo nous le décrit[3] ainsi :

« Il était intrépide à pied et à cheval, extrêmement résolu, mais bien plus fait pour recevoir des ordres que pour commander aux autres. Il avait 36 ans […] et était de haute taille, fortement membré, large d'épaules, de bonne tournure, un peu blond, d'un bel aspect de visage, bien qu'ayant la lèvre inférieure fendue et comme partagée par une fissure. Il avait la voix forte et parlait d'un ton imposant ; sa conversation était agréable, et, entre autres qualités, il était généreux. Au commencement de l'expédition, il se montra des meilleurs serviteurs de Cortés, mais l'ambition de commander et de ne plus recevoir d'ordres l'aveugla. »

En effet, Cristóbal de Olid est un ami de Cortés et il reçoit d'ailleurs de nombreuses récompenses de sa part. Il est ainsi nommé maître de camp à Veracruz, puis devient lieutenant-gouverneur et alcalde de la ville en 1519[2]. Ayant toute la confiance de Cortés, ce dernier lui confie également un groupe d'attaque contre l'expédition de Pánfilo de Narváez. Lors de la Noche Triste, il est également aux côtés de Cortés[3].

Après la fuite de Tenochtitlan, il prend la tête d'une expédition de 200 fantassins, 10 cavaliers et de nombreux auxiliaires indiens, afin de sécuriser la route de Veracruz, tout en attaquant les villes de Guacachula et Tecamachalco, hostiles aux Espagnols.

Lors de la reconquête de Tenochtitlan, il commande une des trois divisions qui attaquent la ville, composée de 30 cavaliers, 20 fusiliers et arbalétriers, 175 fantassins et 8 000 Tlaxcaltèques. Ses trois lieutenants sont Andrès de Tapia, Francisco Verdugo et Francisco de Lugo[4]. Le , la division se met en route pour Acolman, où elle doit passer la nuit. C'est dans ce contexte que naît l'incident avec Pedro de Alvarado. En effet, il décide de faire marcher ses hommes un peu plus vite que ceux d'Alvarado, afin d'arriver en premier à Acolman pour s'emparer de toutes les maisons pour y passer la nuit. À son arrivée, Alvarado n'a donc aucun logement, ses soldats non plus. Le mécontentement est tel que des hommes mettent les mains sur leurs épées, prêts à en découdre. Quelques-uns s'interposent pour ramener tout le monde à la raison. Cortés est obligé d'envoyer des messagers pour régler le différend. Le calme revient, mais cet incident marque un point de rupture définitif dans ses relations avec Pedro de Alvarado[5],[6].

Quelques jours plus tard, il attaque Tenochtitlan avec sa division, aux côtés de la division d'Alvarado. L'assaut est un échec, et il décide de prendre sa division pour aller à Cuyoacan. Ce faisant, il répond aux ordres de départ de Cortés, mais divise de fait les forces espagnoles, ce que lui reproche notamment Pedro de Alvarado mais aussi Bernal Díaz del Castillo. Il installe son camp à Cuyoacan avant d'être rejoint par Cortés et ses brigantins. Les assauts sur Tenochtitlan se succèdent, mais sans résultat. On lui attribue parfois le fait d'avoir sauvé la vie de Cortés, alors qu'il était blessé et submergé par les Aztèques. C'est en fait une confusion avec un soldat presque homonyme, Cristóbal de Olea, natif de la Vieille-Castille[7].

Après la prise de Tenochtitlan, il mène une expédition réussie au Michoacán et s'enrichit. Il réprime ensuite des agitations à Zacatula et Colima.

La trahison et la mort

Le , il part pour Las Hibueras (Honduras) à la tête de l'expédition montée par Cortés. Elle comprend cinq navires avec l'artillerie, 400 hommes, 30 chevaux[8]. Il doit cependant passer par Cuba pour récupérer des chevaux et des munitions supplémentaires achetées par Cortés par l'intermédiaire d'Alonso de Contreras.

Lorsqu'il arrive à Cuba, il entre en contact avec Diego Velázquez de Cuéllar, le gouverneur. Ce dernier souhaite priver Cortés des découvertes futures de cette nouvelle expédition. Aussi, il le pousse à se libérer de cette tutelle et à coloniser les terres de Las Hibueras au nom du roi d'Espagne.

Le , il débarque à Las Hibueras et fonde la ville de Triomphe de la Croix. Il en profite immédiatement pour rejeter l'autorité de Cortés avec l'accord de ses soldats (une grande partie d'entre eux étant des anciens de l'expédition de Narváez)[9]

En juin 1524, Cortés est informé de sa trahison et met sur pied une expédition, qu'il confie à son cousin Francisco de las Casas. Elle se compose également de cinq navires et d'une centaine d'hommes, avec pour mission de l'appréhender et de le punir. L'expédition est victime de la tempête et il s'empare de Francisco de las Casas. Cependant, quelques rares soldats encore fidèles à Cortés le trahissent et aident Francisco de las Casas à s'échapper. Dans des circonstances inconnues, il est blessé lors d'un affrontement avec ce dernier. Il est alors jugé, condamné à mort et égorgé (ou étranglé) publiquement sur la place de Naco[1].

Bibliographie

  • Bartolomé Bennassar, Cortés : le conquérant de l'impossible, Paris, Payot, coll. « Biographie », , 356 p. (ISBN 978-2-228-89475-3).
  • Bernal Castillo et Gérard Chaliand (présentation) (trad. de l'espagnol par D. Jourdanet), La Conquête du Mexique, Arles (France), Actes Sud (no 239), (ISBN 978-2-742-70990-8 et 978-2-760-91783-5).
  • Bernard Grunberg, Dictionnaire des conquistadores de Mexico, Paris, L'Harmattan, coll. « Harmathèque », (ISBN 978-2-747-51007-3, lire en ligne)

Articles connexes

Notes et références

  1. Les sources divergent sur la nature de la mort. Il est égorgé pour Bernard Grunberg 2001, p. 381), étranglé pour Bartolomé Bennassar 2001, p. 133)
  2. Bernard Grunberg 2001, p. 380
  3. Bernal Díaz del Castillo 1996, p. 42
  4. Bernal Díaz del Castillo 1996, p. 667.
  5. Bernal Díaz del Castillo 1996, p. 670
  6. López Portillo, José., They are coming-- : the conquest of Mexico, University of North Texas Press, (ISBN 0-929398-35-1 et 978-0-929398-35-8, OCLC 25317297, lire en ligne)
  7. Bernal Díaz del Castillo 1996, p. 701
  8. Bartolomé Bennassar 2001, p. 131.
  9. Bartolomé Bennassar 2001, p. 132.
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