Cours par correspondance
Les cours par correspondance désignent une forme d'instruction, caractérisée par un enseignement dispensé à distance par un établissement et ses professeurs, via des cours, à l'élève. Parfois, le professeur et l'apprenant ne sont en contact que par la biais de l'échange des devoirs ou d'un tutorat. Dans certains cas, on parle aussi de télé-enseignement.
En France, les opérateurs privés ont été les premiers à s'intéresser à ce marché. Mais depuis la Seconde Guerre mondiale, l'Éducation nationale reste la référence en la matière par l'intermédiaire du Cned. D'autres organismes particuliers reconnus délivrent des cours par correspondance, comme le Centre européen de formation ou encore le CNFDI.
Origines
L'enseignement à distance est né en 1830, son essor et son succès sont liés au développement de l’imprimerie et à la généralisation des services postaux.
Le développement des services postaux suit et exprime la demande et les besoins des usagers et c’est cette logique de services qui préside à l’apparition de l’enseignement par correspondance.
Donnant suite à des initiatives personnelles, des organismes privés se lancent dans l’aventure de cours individualisés de soutien ou de préparation à des diplômes d’État ou à des examens organisés par des établissements d’enseignement supérieur traditionnels : des formations par correspondance en langues étrangères sont disponibles en Allemagne en 1856 ; dès le début des années 1870, des services pédagogiques personnalisés sont proposés au Royaume-Uni par voie postale ; en 1873, Anna Tricknor (en) fonde à Boston la Société d’encouragement à l’étude à domicile, appellation qui sera souvent employée pour remplacer « enseignement par correspondance » ; à Malmö, en Suède, est fondée en 1898 la prestigieuse école Hermods qui dispense formations en comptabilité et en langues et qui comptera jusqu'à plus de 150 000 étudiants par an.
À la suite de ces initiatives, plusieurs collèges privés par correspondance voient le jour comme Skerry's College (en) en Écosse ou Foulkes-Lynch and Company en Angleterre. Mais c'est surtout en Australie et aux États-Unis que l'enseignement à distance, confronté aux difficultés générées par l'immensité des territoires, va s'institutionnaliser et s'imposer comme un enseignement alternatif. En Australie, dès 1911, l'université du Queensland et l'université Deakin adoptent la formule mixte : enseignements sur le campus doublés de cours par correspondance pour les étudiants les plus éloignés. Dans le même temps, W.A. Grundy lance l'enseignement technique par correspondance.
Aux États-Unis, dans les années 1880, des étudiants se regroupent pour concevoir des cours à distance. En 1891, Thomas J. Foster, propriétaire d'un journal en Pennsylvanie, fait rédiger une brochure sur la sécurité dans les mines. Cette brochure est à l'origine des écoles internationales par correspondance de Scranton.
Organismes commerciaux et universités traditionnelles lancent de leur côté les premières universités ouvertes : l'université du Wisconsin décide l'extension de ses cours par correspondance en 1891 et l'année suivante, le président de l'université de Chicago William R. Harper crée une section spécifique d'enseignement à distance.
En France, avant 1939
À la fin du XIXe siècle, prolifèrent des organismes ou des officines, toutes d'initiative privée, plus ou moins honnêtes et sérieuses, elles proposent à des publics animés par le besoin d'instruction des cours de soutien ou des formations préparatoires à des examens ou à des concours nationaux, administratifs, professionnels ou techniques. Les pouvoirs publics reconnaissent d'ailleurs par une série de décrets la validité de ces préparations et annoncent ainsi un avenir parfois difficile entre opérateurs publics et privés.
En 1864, l'éditeur Hetzel crée le « magasin d'éducation et de récréation », voulue comme une encyclopédie de l'enfance, instructive et divertissante. Y collaborèrent notamment Jules Verne, Jean Macé et Hector Malot. On retrouvera ce souci de former avec Le Tour de la France par deux enfants de G. Bruno un livre de lecture courante pour le cours moyen, best-seller de l'école républicaine, qui inspirera longtemps les méthodes d'apprentissage de la lecture au Cned.
Les éditeurs des publications pour la jeunesse marquent ainsi leur intérêt pour l'éducation et la formation de leur publics, évolution qui conduira certains d'entre eux (Bordas, Éditions de l'École) à proposer plus tard un véritable enseignement à distance. Le pionnier de cette évolution fut Camille Flammarion qui dès 1865, envoyait par la poste des boites de vues fixes (sur plaque de verre) complétées de documents pédagogiques.
Pour répondre par correspondance ou « à domicile » à la croissance rapide de la demande de formations, des entreprises de service voient le jour : Émile Pigier fonde l'école qui portera son nom en 1877 ; le premier cours par correspondance, le Cours Hattemer, est créé en France en 1885 ; en 1891, Léon Eyrolles fonde l'École spéciale des travaux publics du bâtiment et de l'industrie puis ouvre la première école française d'enseignement technique par correspondance, L'École chez soi, futures Éditions Eyrolles ; en 1894, la Préparation Francis Lefebvre propose un entrainement par correspondance aux concours de recrutement des personnels de l'administration du ministère de l'instruction publique.
À la veille de la Première Guerre mondiale, apparaissent des cours inspirés des formules rodées à l'étranger, plus soucieuses souvent de rentabilité financière que de sérieux pédagogique. Ces cours vont se multiplier au fil des années, sacrifiant aux clichés de la réussite sociale, entretenant l'illusion de formations aussi faciles qu'efficaces, faisant miroiter des succès foudroyants.
À partir de 1920, les organismes de cours par correspondance se consacrent prioritairement au soutien scolaire. En réponse à des demandes lucratives, se livrant entre eux à une âpre concurrence, ils proposent aux élèves qui sont d'abord des clients des services de plus en plus diversifiés.
Cet enseignement recherché par un public de plus en plus nombreux reste l'apanage du secteur privé et se heurte à l'indifférence des pédagogues jusqu'en 1939, l'ouverture des hostilités mettant fin cette situation. En septembre 1939, la guerre est déclarée, les pouvoirs publics créent dans la précipitation et à titre provisoire un service d'enseignement par correspondance et radio. C'est l'acte de naissance du Cned.
Seconde Guerre mondiale
L'année scolaire 1939-1940 s'ouvre au moment précis où la France entre en guerre, la situation s'annonce vite confuse et une succession d'événements conduit le gouvernement à instituer un Service d'enseignement par correspondance.
Dès septembre, les populations civiles évacuent les régions de l'est. Des dizaines de milliers de jeunes, réfugiés au sud, sont à scolariser, venant alourdir les difficultés de gestion des effectifs scolaires : en effet dans le secondaire, ceux-ci doublent entre 1929 et 1939 passant de 10 848 garçons en sixième à 19 967). Priorité est donnée aux élèves des « lycées et collèges classiques et modernes », selon l'appellation d'alors.
De nombreux établissements d'enseignement sont par ailleurs utilisés à d'autres usages par les autorités militaires, lesquelles ont mobilisé la plupart des enseignants : en 1940, ceux-ci représentent la moitié des officiers de réserve de l'armée française alors que la portion des maîtres ne dépassait pas 10 % des effectifs de l'encadrement en 1914.
Autre raison qui pousse les pouvoirs publics à ne plus laisser l'enseignement par correspondance à la seule initiative privée : les succès, variables sans doute mais bien réels et connus, de l'enseignement à distance en France même et à l'étranger.
Le ministre de l'éducation nationale Yvon Delbos et son homologue des finances, Paul Reynaud, obtiennent rapidement du président de la République Albert Lebrun que soit créé un enseignement par correspondance officiel. Après avoir fait remarquer que les circonstances interdisent des conditions de scolarisation normales et qu'il convient de « créer, pendant la durée des hostilités, un enseignement par correspondance qui suivra les mêmes programmes, les mêmes méthodes et sera donné par les mêmes maîtres que dans les établissements publics », les deux ministres estiment nécessaire « l'emploi d'un personnel de manipulation et d'un matériel spécial ». À cette fin ils obtiennent que soit signé le 2 décembre 1939 le décret portant création d'une structure nationale d'enseignement par correspondance.
Présenté comme une création temporaire, ce service pallie mal les interruptions ou restrictions apportées du fait de la guerre aux études des élèves et les moyens accordés sont insuffisants. L'équilibre financier est prévu par la perception de droits trimestriels. Il semble que 900 inscrits fussent en fait enregistrés en 1940, à cause sans doute de l'impossibilité technique, matérielle et humaine de satisfaire les demandes. Impossibilité aggravée par les événements : la débâcle, l'exode, la partition de la France en zones occupée et libre bouleversent le fonctionnement du service et imposent le bicéphalisme. À la rentrée 1940, un service s'installe à Paris dans les locaux de la guilde franco-britannique au 6 rue de la Sorbonne, un autre à Clermont-Ferrand. pour des raisons de fonctionnement administratif, le premier est rattaché au lycée Saint-Louis, le second au lycée Blaise Pascal.
Prenant acte de la situation créée par quatre années de guerre, le président du Conseil Pierre Laval signe le 30 mai 1944 un décret instituant, toujours à titre provisoire un Centre national d'enseignement par correspondance (CNEPC). Celui-ci bénéficie du régime administratif et financier d'un lycée et a son siège à Paris tout en étant autorisé à installer dans les régions une ou plusieurs annexes.
Les nouvelles autorités de la République qui entrent en fonction en septembre 1944 ne modifient pas ces dispositions : il est décidé le 12 septembre de supprimer les deux services créés fin 1940 et de valider l'institution du CNEPC. Il n'est plus alors question de « création temporaire », la croissance de la demande en enseignement par correspondance (1 413 inscriptions sont acceptées à la rentrée de 1944), les difficultés de remise en route du système éducatif national, l'arrivée massive d'élèves et d'adultes victimes d'une guerre qui, pour la première fois, a frappé les populations civiles plus encore que les populations engagées sont autant d'éléments qui légitiment un dispositif d'enseignement à distance. Cela oblige les pouvoirs publics à construire ce dispositif peu après l'avoir institué.
Voir aussi
Articles connexes
- Télé-enseignement
- Cned
- Centre européen de formation
- Culture et Formation
- Hattemer