Cotation en escalade
La cotation en escalade est une évaluation de la difficulté d'une voie, qui prend en considération son type, son engagement, sa technicité et l'effort physique qu'elle demande. Le grimpeur qui réussit la première ascension d'une voie détermine généralement sa première cotation. Cette évaluation est subjective, compte tenu du ressenti, de l'expérience et du niveau d'entraînement des grimpeurs. Elle reste cependant le meilleur moyen pour obtenir une estimation de la difficulté générale de la voie, qui est confirmée ou ajustée au fil des répétitions.
Pour les articles homonymes, voir Cotation.
En escalade sportive, la cotation repose sur la méthode la plus facile, c'est-à-dire la difficulté d'une réalisation après travail (sans considérer les difficultés de lecture d'une tentative à vue). Ainsi, si une méthode plus facile est découverte, la cotation sera revue à la baisse. La difficulté est estimée pour une ascension en tête, sans s'aider des points d'assurage pour progresser et sans se reposer pendu à la corde. Pour les voies difficiles (>7a), la cotation repose généralement sur une réalisation avec les dégaines en place.
Historique
« Des tentatives de cotation, d'harmonisation des difficultés selon un barème unanimement admis, ont lieu tout au long de la seconde moitié du XIXe siècle » et, en 1894, le grimpeur autrichien Fritz Benesch introduit une échelle de difficultés dans son guide sur le massif du Rax[1]. L'idée d'une cotation apparaît également au sein du Groupe de haute montagne (GHM) au début des années 1920, en même temps que se développe l'alpinisme sans guide, et la rédaction de topos[2]. En 1925 l'alpiniste allemand Willo Welzenbach introduit une échelle de six degrés de difficulté allant de « facile » à « extrêmement difficile », le premier degré étant celui où apparaît la nécessité d'utiliser les mains, et le sixième la limite des possibilités humaines. Définie au départ pour les escalades calcaire des Alpes orientales, elle est adaptée aux Alpes occidentales par le Français Lucien Devies en 1935 en la limitant « aux seules escalades purement rocheuses supposées en bonnes conditions »[3]. Cette idée soulève une controverse, la « querelle des degrés », les tenants d'un « excursionnisme cultivé » (notamment Étienne Bruhl) accusant ceux de l'« élitisme technique » de vouloir mettre la montagne en chiffres, et sous couvert de classer les escalades, de hiérarchiser les alpinistes.
Devies a finalement gain de cause, et une commission du GHM, composée de lui-même, Pierre Allain, Armand Charlet, Édouard Frendo, Robert Jonquière et Maurice Laloue, entérine en 1935 l'introduction, avec quelques modifications dans les termes, de l'échelle de Welzenbach pour les Alpes occidentales[4]. Elle est appliquée de façon systématique dans le topo des ascensions du massif du Mont-Blanc, le guide Vallot de 1946.
Mais dès 1946, René Ferlet propose d'adopter les 7e et 8e degrés[5], et en 1947 Pierre Allain, soutenu par Lucien Devies, propose d'ouvrir la cotation au-delà du sixième degré, en rajoutant une lettre, VIa, VIb et VIc remplaçant les anciens VI−, VI et VI+[6].
À la fin des années 1970, l'UIAA entérine l'apparition du septième degré, tant pour les passages (en rajoutant le VII) que pour les voies, en rajoutant le degré extrêmement difficile (EX), aussi parfois appelé abominablement difficile (ABO)[7].
Escalade libre
Plusieurs systèmes de cotations existent pour l'escalade libre.
Cotation française
La cotation française utilise un chiffre auquel est accolé une lettre (a, b ou c) et parfois un +. Quand l'évaluation est hésitante, la cotation est généralement indiquée par un point d'interrogation (« 6c? ») ou une double cotation (« 6b/c »). Au Royaume-Uni et en Irlande, elle est précédée d'un F afin de ne pas le confondre avec la cotation britannique. Ce système est un système ouvert, c'est-à-dire qu'il peut-être étendu si des voies plus difficiles que toutes celles qui existent sont ouvertes.
La cotation 1 correspond à un sentier escarpé tandis que la cotation 2 correspond à une progression en marchant avec éventuellement les mains pour s'équilibrer ou négocier le terrain (une corde est rarement nécessaire). En plus des mains pour s'équilibrer, la cotation 3 peut nécessiter, en complément des jambes, une traction des bras pour progresser. La cotation 4 correspond à une escalade simple où une corde est généralement utilisée. Jusqu'au 5b, l'escalade est dite « facile » : la paroi peut être raide et exposée, mais les prises de main et pieds sont grandes et évidentes et le cheminement est simple. Au niveau intermédiaire, de 5c à 6a, la difficulté est modérée : les mouvements requièrent plus de force et d'équilibre, les prises sont plus limitées. De 6a+ à 7a+, l'escalade est difficile : ce niveau avancé est difficile à atteindre pour beaucoup de pratiquants et il nécessite une pratique régulière. Les mouvements requièrent plus d'équilibre, plus de force pour soulever son corps, de force dans les bras et les doigts, de maitrise des gestes techniques. Les possibilités de mouvements et cheminements se réduisent. Le niveau expert, du 7b au 9b, requiert des pratiquants bien entraînés et avec des prédispositions psychomotrices minimales, consacrant beaucoup de temps à l'entrainement sportif, plusieurs fois par semaine. Ils ont généralement un bon rapport force/poids, un corps sec, une bonne endurance[8]. En finale de championnat du monde, le mur est généralement d'une difficulté 8c+ pour les hommes et 8b+ pour les femmes.
Ce système de cotation est l'héritier du système Welzenbach, proposé en 1924. Il s'agissait d'un système fermé, comportant 6 degrés marqués en chiffres romains et parfois suivis d'un + ou d'un -. L'évolution du niveau de performance des grimpeurs, à partir des années 1970, fit apparaître la nécessité d'ouvrir l'échelle de cotation. Le premier 7a a été réalisé en 1970, les premiers 8a en 1983 en France et le premier 9a en 1991[9] (Action directe par Wolfgang Güllich). Cet héritage explique que l'on peut trouver des cotations du type IV−, IV ou IV+ pour d'anciennes voies (ou de style ancien), ce qui est équivalent, dans cet exemple, respectivement à 4a, 4b et 4c.
Début 2015, la cotation confirmée la plus difficile est 9b+ pour la voie La Dura Dura (falaise d'Oliana en Espagne) de Chris Sharma, libérée par Adam Ondra en février 2013 et répétée par Chris Sharma fin mars 2013. Plusieurs autres voies sont proposées en 9b+ : Change (Norvège) et Vasil Vasil[10] (Tchéquie) par Adam Ondra.
Le 3 septembre 2017, Adam Ondra réussit à finir la voie Silence sur laquelle il travaille depuis 2012 et pour laquelle il propose la cotation 9c.
Une autre cotation est imaginée au début des années 2010 : le 9z. Cela peut apparaître dans les topos pour préciser que la voie est un projet de la cotation donnée mais sans plus de précisions. Cela a notamment été utilisé pour le Petzl RocTrip 2013[11].
Système Ewbank
Le système Ewbank, utilisé en Australie et en Nouvelle-Zélande, fut développé dans le milieu des années 1960 par John Ewbank. Le système numérique Ewbank est ouvert. Il va de 1 (équivalent à 1 dans le système yosémitique) à 34 actuellement.
Le système Ewbank était initialement prévu pour coter le mouvement le plus difficile de la voie, la pratique courante est de tenir compte de tous les facteurs. Les cotations dans les topos australiens et néo-zélandais ne distinguent pas les différents types de difficultés - difficulté technique ou physique, exposition, protections en place - et cotent les voies dans leur difficulté d'ensemble. Ainsi, une escalade physique et peu protégée, mais techniquement facile sans aucun mouvement ne dépassant la difficulté 14 peut être coté 17 et une voie très bien protégée et offrant de bons repos avec des mouvements de difficulté 19 ou 20 peut également être cotée 17. Le facteur commun est le niveau de compétence pour s'engager sans danger dans la voie.
Yosemite decimal system
Le Yosemite decimal system (abrégé en YDS) est un système alphanumérique de cotation de la difficulté des marches randonnées et escalade, initialement utilisé en alpinisme aux États-Unis.
Ce système de cotation fut d'abord développé en tant que Sierra Club grading system (système de cotation du Sierra Club) dans les années 1930 afin de coter les courses de montagne en Sierra Nevada. Auparavant, les courses de montagne étaient décrites relativement aux autres (« plus difficile que X, mais plus facile qu'Y »), mais il était difficile pour ceux qui n'avaient pas parcouru ces voies de comprendre la comparaison, donc le système de cotation avait pour but de codifier ceci en une échelle unique.
Actuellement, le système divise les voies en cinq classes [12]
- classe 1 : randonnée
- classe 2 : possible usage des mains pour l'équilibre.
- classe 3 : escalade facile et peu exposée. Une corde est parfois utilisée.
- classe 4 : escalade facile, exposée, une corde est souvent utilisée.
- classe 5 : escalade libre technique.
Cotations anglaises
Le système de cotation anglais est composé de deux parties : une correspondant à l'engagement (« the adjectival grade ») et l'autre à la difficulté technique (« the technical grade »), les deux progressant ensemble en général[réf. nécessaire].
L'éthique dominante est sensiblement différente de celles d'autres pays (France ou États-Unis), qui porte une nette tendance au « clean climbing », c'est-à-dire que l'usage des pitons, goujons, scellements et tout ce qui laisse des marques est interdit. La plupart des voies sont donc protégées majoritairement ou exclusivement à l'aide de mécanismes amovibles et comportent souvent des pas exposés où la chute est interdite.
La première cotation (the adjectival grade) a pour but de mesurer la difficulté générale de la voie. Il prend en compte des facteurs tels que l'exposition, la difficulté à protéger la voie, la qualité du rocher, la longueur de la voie, la position du crux. L'échelle de cotation est la suivante :
- easy (quelquefois abrégé par E mais il y a risque de confusion avec extremely severe)
- moderate (M)
- difficult (D, ou Diff)
- very difficult (VD, ou VDiff)
- severe (S)
- hard severe (HS)
- very severe (VS)
- hard very severe (HVS)
- extremely severe (E) : cette cotation E est ouverte et s'étend actuellement de E1 à E11. Les cotations au-dessus de E8 étant considérées comme des propositions au regard du très faible nombre de personnes ayant gravi ces voies.
On peut trouver dans certaines régions ou topos des cotations intermédiaires telles que mild very severe (plus facile que VS), mild severe, hard very difficult (plus difficile que VD), hard difficult.
La cotation technique a pour but de coter le pas le plus difficile de la voie, sans tenir compte des conséquences d'une éventuelle chute. Cette cotation technique utilise un chiffre auquel est accolée une lettre (a, b ou c). Il existe peu de voies en dessous de 4a.
Habituellement, les deux cotations augmentent en même temps. Cependant, un mouvement très difficile bien protégé n'augmente pas la cotation correspondant à l'engagement. Ainsi, VS 4c est une cotation habituelle, tandis que VS 4a indique une voie techniquement facile (4a) rendue difficile par son exposition (manque de points de protection), et que VS 5b indique une voie techniquement difficile mais facile à protéger. Pour les voies en plusieurs longueurs, il est courant de donner la cotation correspondant à l'engagement pour l'ensemble de la voie et une cotation technique pour chaque longueur.
Cotations de l'UIAA
Le système de cotation de l'Union internationale des associations d'alpinisme (UIAA) est une tentative malheureuse de standardisation internationale. Il est utilisé principalement en Allemagne de l'ouest et en Autriche. L'échelle utilise un nombre suivi d'un + ou d'un − et s'étend actuellement de 1 à 12−.
Table de comparaison
Cette table est une comparaison des différents tableaux disponibles dans les sources et représente une moyenne des données s'y trouvant. De nos jours, il n'existe pas de table officielle de comparaison des cotations communément acceptée dans le monde de l'escalade.
UIAA | USA | FRA | AUT | GBR | GER | NOR | SWE | BRA | RSA | AUS | |
---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
1 | 5.2 | 1 | 10 | Easy | I | Isup | 8 | 10 | |||
2 | 5.3 | 2 | 11 | M | II | II | 9 | 11 | |||
3 | 5.4 | 3 | 12 | D | III | IIsup | 10 | 12 | |||
4 | 5.5 | 4 | HVD | IV | III | 11 | |||||
13 | 12 | ||||||||||
5− | 5.6 | MS | V | IIIsup | 13 | ||||||
5a | 13 | ||||||||||
5 | 5.7 | 14 | 4a | S | VI | 5− | 5− | IV | 14 | ||
5+ | 5b | 15 | 4b | VS | 5 | 5 | 14 | 15 | |||
5.8 | VIIa | IVsup | 16 | ||||||||
6− | 5c | 16 | 4c | HVS | 5+ | 5+ | 15 | ||||
5.9 | 17 | 5a | E1 | VIIb | V | 17 | |||||
6 | 6a | 6− | 6− | 16 | |||||||
18 | 17 | 18 | |||||||||
6+ | 5.10a | 6a+ | 5b | VIIc | Vsup | 19 | |||||
19 | 6 | 6 | 18 | ||||||||
5.10b | VI | 20 | |||||||||
7− | 20 | 5c | E2 | 19 | |||||||
5.10c | 6b | VIIIa | 6+ | 6+ | 21 | ||||||
7 | 5.10d | 21 | VIIIb | VIsup | 20 | 22 | |||||
5.11a | 6b+ | VIIIc | 7− | VIIa | 21 | 22 | |||||
7+ | 6c | 22 | |||||||||
6a | 7− | 22 | |||||||||
5.11b | 6c+ | E3 | |||||||||
8− | 23 | 23 | |||||||||
5.11c | IXa | 7 | VIIb | 24 | |||||||
23 | 24 | ||||||||||
8 | 5.11d | 7a | E4 | IXb | 7 | VIIc | 25 | ||||
6b | 7+ | 25 | |||||||||
5.12a | 7a+ | 24 | IXc | VIIIa | |||||||
8+ | 7+ | 26 | |||||||||
5.12b | 7b | E5 | 8− | VIIIb | |||||||
25 | |||||||||||
9− | 5.12c | 7b+ | Xa | VIIIc | 27 | 26 | |||||
8 | 8− | ||||||||||
26 | 6c | ||||||||||
9 | 5.12d | 7c | 27 | Xb | IXa | 28 | 27 | ||||
8 | |||||||||||
5.13a | 7c+ | E6 | Xc | IXb | 29 | 28 | |||||
28 | 8+ | ||||||||||
9+ | 5.13b | 8a | 7a | IXc | 30 | 29 | |||||
29 | |||||||||||
E7 | 9− | 8+ | |||||||||
10− | 5.13c | 8a+ | 30 | XIa | Xa | 31 | |||||
30 | |||||||||||
31 | |||||||||||
10 | 5.13d | 8b | 31 | 9− | Xb | 32 | 32 | ||||
9 | |||||||||||
5.14a | 8b+ | 7b | XIb | Xc | 33 | ||||||
10+ | 32 | E8 | 9 | ||||||||
5.14b | 8c | 33 | 9+ | XIa | 34 | 33 | |||||
11− | |||||||||||
5.14c | 8c+ | 34 | E9 | XIc | 9+ | 35 | |||||
11 | 5.14d | 9a | 35 | 36 | 34 | ||||||
E10 | |||||||||||
11+ | 5.15a | 9a+ | 36 | 37 | |||||||
5.15b | 9b | 37 | E11 | ||||||||
12− | 5.15c | 9b+ | |||||||||
12 | 5.15d | 9c |
Bloc
Plusieurs échelles de cotation des difficultés en bloc coexistent, dont l'usage est variable selon les pays ou les sites d'escalade. Au niveau international, les deux systèmes les plus fréquemment utilisés sont la cotation dite « française » de Fontainebleau et la cotation américaine « Vermin »[19],[20].
Cotation française
La cotation dite « française » est issue du site de Fontainebleau. Elle est aussi appelée « cotation de Fontainebleau » (ou « de Bleau », en anglais « Font scale »). C'est le principal système de cotation en Europe (excepté au Royaume-Uni), mais il est également fréquent à travers le monde (Afrique, Japon), à l'exception de l'Amérique du Nord[19].
Le système reprend l'échelle de cotation française en escalade libre, notée avec des chiffres (1 à 9). La cotation est affinée par l'ajout de lettres (a, b ou c) et éventuellement d'un « + ». Des blocs sont par exemple classés dans l'ordre croissant de difficulté : « 6c+, 7a, 7a+ et 7b ». Néanmoins pour une même cotation, les difficultés en bloc et en escalade libre ne correspondent pas. Hors de France, une cotation bloc est parfois précédée de la lettre « F » pour préciser l'usage du système français ou Fontainebleau ; par exemple « F 8a ». Selon les pays et le contexte des publications, la cotation bloc est parfois notée avec les lettres en majuscule (7A+, 7B…) pour la distinguer d'une cotation de voie d'escalade libre (7a+, 7b)[21]
La hauteur du bloc ou l'exposition (difficulté de réception en cas de chute) peut influencer la cotation bloc. Les cotations en bloc sont généralement considérées comme plus « sèches » qu’en falaise, c'est-à-dire qu'à cotation égale, une voie en bloc sera plus difficile qu'une en falaise.
Un débutant réalise généralement des blocs 4 à 5+. Un grimpeur de niveau intermédiaire, ayant développé sa force et technique, réalise des blocs 6A à 6C+. Après généralement plusieurs années de pratique de bloc, le grimpeur de niveau avancé réalise du 7A ou 7B. Les experts, s'étant entrainé intensivement durant plusieurs années réalisent des blocs entre 7B+ et 8A+, et réussissent souvent du premier coup (flash) les blocs de niveaux inférieurs. Au-delà, c'est le niveau des élites et professionnels, dont les réalisations sont annoncées dans les médias spécialisés[19].
En octobre 2016, la cotation maximale 8C+ était suggérée pour quelques blocs extrêmement difficiles, à l'exemple de Gioia, mais une première cotation 9A a été proposée pour Burden of Dreams[22] par Nalle Hukkataival. En décembre 2018, Charles Albert propose un autre 9A : No Kpote Only[23] dans le secteur rocher brûlé à Fontainebleau.
Cotation Vermin
La cotation utilisée aux États-Unis est appelé cotation Vermin (d'après le surnom de son créateur John Sherman). Elle apparait dans les années 1980, avec la cotation des blocs du site de Hueco Tanks (Texas). En 2016, les blocs sont cotés de V0 à V17, et tout comme la cotation française, c'est une cotation ouverte. C'est l'échelle de cotation prédominante notamment aux États-Unis, au Canada, au Royaume-Uni et en Australie[19].
Autres échelles de cotation
Il existe d'autres systèmes de cotation, d'usages plus locaux.
En extérieur, quand il existe des circuits de bloc, la couleur des flèches peintes sur le rocher définit parfois la difficulté globale du circuit (éventuellement affinée avec un « + » ou « − ») et indique la difficulté maximale des blocs. De manière similaire, dans certaines salles d'escalade, une échelle de couleurs (étiquette jaune, orange, bleu, rouge…) sert parfois à la cotation des passages.
Au Royaume-Uni, la difficulté technique d'un mouvement de bloc peut être évaluée d'après la cotation britannique en escalade traditionnelle (4a à 7b), mais les blocs sont généralement cotés d'après le système Vermin.
Vers 2002, des magazines d'escalade (Grimper, en France) ont proposé un système de cotation original : les blocs sont cotés de B1 à B12. Ce système est fréquemment utilisé sur des sites de bloc, comme Annot en France ou Peak District en Angleterre.
Au Japon, la cotation « dankyu » inspirée par le système des dans en arts martiaux est une alternative à la cotation française. À partir des années 1958, une échelle de cotation en trois grades « B1, B2 ou B3 » était parfois utilisée aux États-Unis à la suite d'une proposition de John Gill[19].
Table de comparaison
Fontainebleau | Hueco Tanks | Peak District |
---|---|---|
1/2/3 | VB | B0 |
4 | V0 | B1 |
4+ | V0+ | B2 |
5 | V1 | B2/3 |
5+ | V2 | B3 |
6A | V3 | B3/4 |
6A+ | V3/4 | B4 |
6B | V4 | B4/5 |
6B+ | V4/5 | B5 |
6C | V5 | B5/6 |
6C+ | V5/6 | B6 |
7A | V6 | B7 |
7A+ | V7 | B8 |
7B | V8 | B8/9 |
7B+ | V8/9 | B9 |
7C | V9 | B10 |
7C+ | V10 | B10/11 |
8A | V11 | B11 |
8A+ | V12 | B12 |
8B | V13 | B13 |
8B+ | V14 | B14 |
8C | V15 | B15 |
8C+ | V16 | B16 |
9A | V17 | B17 |
Escalade artificielle
L’escalade artificielle consiste à progresser en s'aidant de points de progression que l'on place dans différentes faiblesses (trous, fissures…) du rocher.
Cotation originale
Elle utilise les cotations A0 à A6 suivant la raideur, la fiabilité des points, l'exposition et l'expérience générale nécessaire :
- A0
- tous les points sont en place et résistent à une chute. Si vous rencontrez dans une voie de plusieurs longueurs une section A0, c’est généralement une longueur dite « tire clou », qui vous aide à franchir une section difficilement réalisable en libre ;
- A1
- le grimpeur équipe lui-même la voie ou une partie de celle-ci, les points résistent à la chute. Le matériel utilisé est composé de pitons, de coinceurs, de friends, de coins de bois.
- A2
- la cordée équipe la totalité de la voie. La majorité des points résistent à une chute. Certains passages sont plus techniques et les passages délicats correspondent entre 5 et 10 points successifs.
- A3
- les passages techniques sont plus longs et peuvent être réalisés sur crochets. Néanmoins des points bétons du type spits ou pitons scellés sont en place entre les passages techniques. La chute potentielle peut atteindre entre 20 et 25 mètres.
- A4
- très longues sections techniques, les points d'assurage (à opposer aux points de progression) peuvent avoir 10 mètres d'écart. La progression devient plus lente. Une longueur peut demander plusieurs heures. Des points solides entrecoupent ces sections très délicates. La chute potentielle peut atteindre les 50 mètres.
- A5
- extrême, tous les points sont des points de progression et pas des points d’assurage. La chute est interdite. L’ascension d’une longueur peut devenir interminable, de plusieurs heures à la journée.
- A6
- les points ne résistent qu’au poids du grimpeur. Les points et même les relais ne résistent pas à un vol. La chute est donc strictement interdite.
Cotation « clean »
Cette cotation alternative et récente repose sur une ascension en escalade artificielle n'utilisant que des protections amovibles. Elle s'inspire de l'éthique de l'escalade propre (clean climbing), qui exclut la pose de pitons (usage du marteau) ou la perforation de la paroi (usage de perceuse ou tamponoir). Les points d'assurage et de progression sont réalisés à l'aide de sangles, de coinceurs, de crochets. Les cotations sont précédées de la lettre « C » et s'échelonnent de C0 à C5.
Notes et références
- Olivier Hoibian, L'invention de l'alpinisme: la montagne et l'affirmation de la bourgeoisie cultivée, 1786-1914, Belin, 2008, p. 190
- Olivier Hoibian, Les alpinistes en France, 1870-1950 : une histoire culturelle, p. 241
- Olivier Hoibian, Les alpinistes en France, 1870-1950 : une histoire culturelle, p. 242
- Olivier Hoibian, Les alpinistes en France, 1870-1950 : une histoire culturelle, p. 318Selon la revue Alpinisme 1947 « mise au point de la graduation des difficultés pour les Alpes occidentales »
- René Ferlet, « À propos de la graduation des difficultés », Le Bleausard, no 418, , p. 18
- Pierre Allain et Lucien Devies, « Où en est la graduation des difficultés », Alpinisme, , p. 128-130
- Pierre Bossus, « Appréciation des degrés de difficulté », Bulletin de l’Union internationale des associations d’alpinisme, no 84, , p. 5
- Kidd & Hazelrigs, Rock Climbing, Human Kinetics, 2009, p. 69 aperçu
- FFME
- « Vasil Vasil, troisième 9b+ pour Ondra au pays », sur kairn.com, (consulté le )
- « Indication de la cotation sur la page du Petzl RocTrip », sur petzl.com, (consulté le )
- (en) Ronald C Eng et Julie Van Pelt, Mountaineering : The Freedom of the Hills, p. 563-570
- [PDF] « Comparison between UIAA grades and other grading systems », sur www.theuiaa.org (consulté le )
- « Tableau de cotations d'escalade : Comparaison des systèmes de cotation », sur www.belclimb.net, (consulté le )
- C.Larcher, « Les cotations en escalade », sur www.kairn.com, (consulté le )
- (en) Jens Larssen, « Grade Conversion », sur www.8a.nu, (consulté le )
- (en) « Grade conversions », sur www.rockfax.com (consulté le )
- (en) « The American Alpine Journal - Grades », sur aaj.americanalpineclub.org, (consulté le )
- (en) « Bouldering Grades : The Complete Guide », sur 99Boulders, (consulté le ).
- « Les Systèmes de Cotation en Bloc », sur zebloc.com, (consulté le ).
- Les lettres majuscules sont utilisées pour éviter la confusion avec la cotation des voies d'escalade qui sont cotées avec des lettres minuscules. C'est par exemple le cas en Suisse alors qu'en France la FFME présente ses cotations avec une minuscule. Cette pratique est à l'initiative d'une communauté ; l'intérêt est notamment d'éviter la confusion lors de publication d'information traitant à la fois de performance en escalade libre et en bloc. Cependant, dans l'usage des topos spécialisés, la minuscule est souvent utilisée car la confusion n'est pas possible. « Liste de topos de blocs à Fontainebleau utilisant des lettres minuscules pour coter la difficulté », sur www.grimporama.com (consulté le ).
- « Big news! Nalle Hukkataival enchaîne le premier 9A bloc du Monde! », sur PlanetGrimpe (consulté le ).
- « No Kpote Only - 9a - Rocher Brûlé », sur bleau.info (consulté le ).
Voir aussi
Bibliographie
: document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
- Reinhold Messner et Monique Bittebierre, Le 7e degré, Paris, Arthaud, coll. « Sempervivum », , 166 p. (ISBN 978-2-7003-0058-1, OCLC 604190216)
- Georges Livanos, Cassin : il était une fois le sixième degré, Paris, Arthaud, , 182 p. (ISBN 978-2-7003-0422-0, OCLC 465385637)
- David Chambre et Jean-Baptiste Tribout, Le huitième degré : Dix ans d'escalade libre en france, Paris, Denoël, , 185 p. (ISBN 978-2-207-23346-7, OCLC 694996476)
- Viviane Seigneur, Socio-anthropologie de la haute montagne : biographie des hauts-lieux, Paris, Harmattan, , 312 p. (ISBN 978-2-296-01959-1, OCLC 468200930, lire en ligne).
- Olivier Hoibian, Les alpinistes en France, 1870-1950 : une histoire culturelle, Paris, Harmattan, , 338 p. (ISBN 978-2-7475-0031-9, OCLC 46952317).
- (en) Ronald C Eng et Julie Van Pelt, Mountaineering : The Freedom of the Hills, Seattle, Mountaineers Books, , 596 p. (ISBN 978-1-59485-408-8, OCLC 607322876, lire en ligne).
Articles connexes
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