Coré de Chéramyès

La Coré de Chéramyès[1], souvent appelée aussi Coré ou Koré de Samos, ou Héra de Samos, est une statue grecque archaïque en marbre, datée vers 570 av.JC. et découverte vers 1875 sur le site de l'Héraion de Samos. Elle est conservée au musée du Louvre.

La statue, exposée au Louvre en 2010.
Groupe de Généléos, restitution de la voie sacrée du temple d'Héra à Samos

Origine, découverte et parcours

Paul Girard, membre de l'École française d'Athènes, dirige les fouilles de l'Héraion de Samos de 1875 à 1879. Dans l'angle nord-est du Temple de Polycrate (du nom de Polycrate de Samos qui reconstruit et agrandit le sanctuaire vers -530), il met au jour la statue. Il négocie l'achat de la statue en 1879, d'abord prise pour une représentation de la déesse Héra, Il en fait ensuite don au Musée du Louvre, elle y entre en 1881.

Description

La statue, solidaire d'un petit socle circulaire est acéphale, sa hauteur actuelle est de 1,90 m. Complète elle devait atteindre 2,20 m. Elle est faite dans un marbre grisâtre à gros cristaux. Le bras gauche, replié sur la poitrine est lui aussi perdu, pour le reste elle nous est parvenue en bon état. La statue représente une femme debout, le bras droit le long du corps, l'autre ramené sur la poitrine.

Son vêtement, constitué de plusieurs éléments superposés est assez complexe. Un chiton ceinturé recouvre l'épaule gauche et les jambes, partiellement recouvert par un lourd himation agraphé sur l'épaule droite, qui décrit une arche asymétrique au dessus de la ceinture du chiton. Cet himation est lui mème recouvert à l'arrière par un fin voile, sans doute un épibléma qui devait recouvrir la tête et sous lequel est dissimulée la main droite qui en saisit un pan. Tous ces vêtements forment des plis verticaux très fins qui donnent à la statue son caractère graphique. Une polychromie dont il ne reste pratiquement rien devait rehausser les grandes surfaces géométriques.

Une dédicace en alphabet ionien, est gravée à l'avant, le long du bord du voile : Chéramyès m'a dédiée à Héra comme offrande..

La statue dans un ensemble complexe

Le type archaïque des statues de femmes debout (appelé Coré ou Koré) est assez courant, on en connaît environ 130 exemplaires de différentes tailles, de nombreuses trouvées à Samos. Deux postures se retrouvent en majorité : les deux bras le long du corps ou le bras gauche replié portant un fruit, un animal ou un objet rituel.

D'autres statues comparables ont été découvertes dans le secteur de l'Héraion, elles ont toutes un socle circulaire qui s'adapte aux emplacements creux de la bordure de la voie sacrée qui mène au temple d'Héra. En 1984, une équipe allemande d'archéologues découvre une autre statue qui à quelques détails près est une jumelle de la statue du Louvre. Elle a elle aussi perdu sa tête mais le bras droit replié tient une volaille et sa dédicace gravée fait, elle aussi, référence à un certain Chéramyès. On peut supposer que ces deux statues se faisaient face au bord de la vois sacrée, mais leur finition plus soignée et leur taille imposante peuvent laisser supposer qu'elles se trouvaient à l'intérieur du temple, comme agalmata somptueux pour glorifier Charamyès comme l'avance Francis Croissant en conclusion de son étude sur les Korés Samiennes[2].

Parmi les autres statues, six éléments sont rassemblés sous le nom de Groupe de Généléos, grâce à la signature gravée par leur sculpteur. Elles sont un peu plus petites, les deux bras le long du corps, accompagnées par une sculpture d'un personnage allongé en position de banqueteur. Des détails stylistiques les datent de plusieurs dizaines d'années postérieurement à la Coré du Louvre, elles sont aussi appelées Ornithe (ΟΡΝΙΘΗ) du nom gravé sur les statues[3]. Des copies ont été installées sur la voie sacrée. Le type stylistique des Corés de Samos a connu un grand succès à leur époque et a été reproduit par d'autres ateliers à Milet, à Naxos et jusqu'à Athènes. Cependant, différentes écoles sont apparues au sujet des datations, des fonctions ou des ateliers de sculpteurs qui ont produit ce type de statues de style archaïque entre -570 et -470. Le sujet reste très complexe comme le décrypte Alain Duplouy[4].

Bibliographie

  • Jacqueline de Romilly, Jacques Lacarrière, Jean-Luc Martinez, Au Louvre avec Jacqueline de Romilly et Jacques Lacarrière. La Corè de Samos, vers 560 av. J.-C., Paris, 2001
  • M. Hamiaux, Les sculptures grecques, tome I, 2e édition, Paris, 2001, n 44, p. 50-52
  • B. Holtzmann, Alain Pasquier, L'art grec, Manuels de l’École du Louvre, Paris, 1998, p. 116-117
  • D. Ros,, La Corè de Samos, in Feuillet pédagogique du Musée du Louvre, 3, 02, Paris, 1989
  • Alain Pasquier, Jean-Luc Martinez, 100 chefs-d’œuvre de la sculpture grecque au Louvre, éd.Somogy/Musée du Louvre, 2007. (ISBN 9782757200520).

Notes et références

  1. Du nom du dédicant, gravé sur la statue. Chéramyès a offert aussi d'autres statues au sanctuaire de samos.
  2. Francis Croissant, Observations sur quelques Korés Samiennes de l'époque de Chéramyès, in Revue archéologique 2005/2 (n° 40), pages 283 à 305. [lire en ligne] sur le site Cairn.ifo.
  3. Extrait du catalogue de l'Antikensammlung Berlin sur le site Arachne.uni-koeln.de.
  4. Alain Duplouy, La sculpture grecque est-elle un objet d'histoire ? À propos de deux ouvrages récents., in L'Antiquité Classique Année 2005 n°74 pp. 275-281. [lire en ligne] sur le site Persee.fr.
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