Contrat de différence

Un CFD (en anglais: contract for difference) signifie contrat sur la différence en français. Sur les marchés financiers, c’est un contrat entre un client et son courtier où l’une des parties est « acheteuse » et l’autre « vendeuse », stipulant que l'acheteur encaissera ou décaissera la différence entre le prix de l'actif au moment de sa vente et son prix au moment de l’exécution du contrat. Si la différence est négative, c'est alors le vendeur qui encaisse cette différence.

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Les CFD sont des instruments financiers dérivés non réglementés qui permettent de réaliser des profits indexés sur la variation à la hausse (comme à la baisse) du cours du sous-jacent. Le sous-jacent peut être une action, un indice, une matière première ou une devise.

Par exemple, lorsque le sous-jacent est une action, un tel contrat est un dérivé d'action qui permet aux investisseurs de spéculer sur les mouvements du cours boursier, sans la nécessité de devenir propriétaire de l'action. L'attrait de ce produit réside principalement dans le fait qu'il est associé à un effet de levier important qui n'existe pas avec les actions classiques. Ce même effet de levier était dans le collimateur de nombreux régulateurs des marchés boursiers, dont l'AMF et la FCA, car s'il permet de réaliser de gros bénéfices avec un petit capital, il peut aussi déboucher sur d'énormes pertes dépassant le capital de départ ; la grande popularité des CFD et le nombre important de débutants qui y perdaient beaucoup d'argent ont poussé les régulateurs en 2018 à les encadrer par une nouvelle réglementation européenne qui limite fortement l'effet de levier et clôture automatiquement les positions si les pertes dépassent le capital de départ ; néanmoins ces règles ne s'appliquent pas à ceux qui remplissent 3 conditions qui prouvent une certaine expérience dans les marchés boursiers.

Les CFD sont actuellement disponibles en Afrique du Sud, Allemagne, Australie, Autriche, Belgique, Canada, Chypre, Espagne, France, Hong Kong, Irlande, Israël, Italie, Japon, Luxembourg, Nouvelle Zélande, Norvège, Pays Bas, Pologne, Roumanie, Royaume-Uni, Russie, Singapour, Suède, Suisse, Turquie. Ils ne sont pas autorisés aux États-Unis, en raison de restrictions imposées par la Securities and Exchange Commission (SEC) sur le marché de gré à gré des instruments financiers.

Histoire

Les CFD ont été initialement développés à Londres au début des années 1990. Basés sur les equity swaps, ils ont eu l'avantage d'être négociés sur marge et d'être exemptés du droit de timbre, un impôt au Royaume-Uni. L'invention des CFD revient à Brian Keelan et Jon Wood, tous les deux d'UBS Warburg. Ils ont d'abord été utilisés par les hedge funds et les opérateurs institutionnels pour couvrir leurs expositions aux actions sur le London Stock Exchange d'une manière rentable. Dès la fin des années 1990, les CFD ont été introduits aux investisseurs particuliers. Ils ont été popularisés par un certain nombre de compagnies britanniques, dont les offres ont été généralement caractérisées par des plateformes de négociation en ligne innovantes. Il est devenu facile de voir les prix en direct et d'investir en temps réel. La première compagnie à le faire fut GNI (Gerrard & National Intercommodities, maintenant détenue par MF Global).

Règles à respecter par le courtier

Même si le contrat est dit « non-réglementé » pour le différencier des contrats proposés par les bourses traditionnelles (comme Euronext, NYSE, CME, etc.), la vente de produit CFD par les courtiers est réglementée. En effet, seuls les prestataires de services d'investissement (PSI) définis à l’article L.531-1 du code monétaire et financier peuvent fournir les services d’investissement suivants définis à l’article D.321-1[1] :

  • Réception et transmission d'ordres pour le compte de tiers
  • Exécution d'ordres pour le compte de tiers
  • Négociation pour compte propre
  • Gestion de portefeuille pour le compte de tiers
  • Conseil en investissement
  • Prise ferme
  • Placement garanti
  • Placement non garanti
  • Exploitation d'un système multilatéral de négociation.

L‘agrément est délivré par l’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR) qui tient à jour la liste des prestataires agréés.

Flexibilité du contrat

Le CFD étant un contrat non réglementé par les bourses traditionnelles, il est donc modulable comme le courtier le souhaite. Le CFD ne suit pas dans 95 % des cas, les règles de son sous-jacent. En effet chaque courtier applique au contrat ses propres règles selon ces paramètres :

  • Le sous-jacent
  • La durée
  • La valeur
  • Le pas de cotation
  • Le spread ou la fourchette de prix
  • La commission
  • Les droits de garde ou commission over night
  • L'effet de levier
  • Les horaires de cotation

Par exemple, voici la différence entre le CAC40 Index future le dérivé officiel du CAC 40 émis par Euronext et le CFD "France 40" :

Future CAC 40France 40
Sous-jacentCAC 40CAC 40
Duréevoir échéance (maximum 4 ans)infinie
Valeur40 000 4 000 
Pas de cotation0,50,1
Spreaddéfini par le marché (0,5 en général)1
Commission€/contrat€/contrat
Commission over night€/jour/contrat0,3 €/jour/contrat
Effet de levier10200
Horaires de cotation8 h - 22 h24 h/24 h

à partir de 2018 la nouvelle réglementation européenne impose un effet de levier maximum pour les indices boursiers de 20.

Liquidité du contrat

Un CFD est totalement liquide étant donné qu'il s'agit d'un contrat entre un client et son courtier, et où le client dispose seul du droit de clôture du contrat (sauf cas de faillite du client). En outre, peu importe la taille du contrat, le client peut prendre ou clôturer une position à un seul prix de marché.

Coût de transaction

Les transactions via les CFD n'entraînent généralement pas de commission directement facturée. Cependant, ce n'est pas gratuit. Le spread du CFD sera plus important que le spread de son sous-jacent permettant au courtier de réaliser une plus-value sur le marché réel.

Volatilité par rapport au sous-jacent

L’un des défauts majeurs du CFD reste la différence de volatilité entre lui-même et son sous-jacent. Le CFD ne cote pas tous les prix lorsque son sous-jacent est trop rapide (notamment lors d'importantes statistiques économiques).

Dividendes

Dans le cas où l'entreprise cotée verse des dividendes à ses actionnaires, il n'est pas possible de réclamer ces revenus car le trader sur CFD ne possède pas l'action, mais seulement le dérivé de cette dernière. Cependant, certains courtiers donnent une partie du dividende à leurs clients.

Effet de levier

L'effet de levier permet aux traders d'investir plus que ce qu'ils ne possèdent réellement sur leur compte.

Le tableau ci-après montre les avantages et risques de l'effet de levier : "Quand j'achète un produit avec un effet de 100 : je double mon capital investi si le produit prend 1%, mais je perds l'intégralité du capital investi si le produit perd 1%". Il ne prend pas en considération le spread du courtier.

Effet de LevierLe capital est doublé ou perdu quand le sous-jacent prend ou perd
1010 %
502 %
1001 %
2000,5 %
5000,2 %

Risque

En cas de mauvais choix, l'achat de CFD peut se révéler désastreux, car l'ampleur de la perte peut dépasser la somme engagée (certains courtiers clôturent le compte lors du dépassement de couverture, mais il est toujours possible de perdre plus que sa mise initiale lors d'une forte chute lorsque les marchés sont fermés). Par exemple, si le sous-jacent d'un CFD dont l'effet de levier est de 100, perd 2 % de sa valeur, le souscripteur aura non seulement perdu sa mise, mais devra encore rembourser une somme équivalente au courtier gestionnaire du CFD.

Sur la période 2009-2013, 89,4% des clients de comptes CFD ont perdu de l'argent, a ainsi établi une enquête de l'AMF publiée le 13 octobre 2014[2].

Chez tous les courtiers régulés en France, on retrouve la mention suivante : « Le service d'exécution d'ordres sur CFD présente un risque élevé et peut aboutir à des pertes excédant votre investissement initial. La négociation sur CFD ne convient pas à tout type de client. Veuillez vous assurer que vous avez pris pleinement conscience des risques inhérents à ce type d'opérations. »

CFD dans le secteur électrique

Les CFD sont utilisés dans plusieurs pays (Royaume-Uni, Italie, Pologne, France) lors des appels d'offres de projets de production d'électricité éolienne ou solaire afin d'assurer un prix garanti à leur production[3].

Références

Liens externes

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