Constante de Kepler-Bouwkamp

En mathématiques, la constante de Kepler-Bouwkamp est la limite des rayons d'une suite de cercles concentriques dans lesquels sont inscrits successivement des polygones réguliers dont le nombre de côtés augmente d'une unité à chaque étape, en partant d'un cercle de rayon 1 et d'un triangle inscrit[1].

Construction des cercles et polygones inscrits illustrant la définition. Le fait que le cercle limite soit isolé montre la lenteur de la convergence.

Détermination de cette constante

Les premières étapes de la construction sont les suivantes : on inscrit dans un cercle unité un triangle équilatéral, à l'intérieur duquel on inscrit un cercle . Dans on inscrit un carré, à l'intérieur duquel on inscrit un cercle . Dans on inscrit un pentagone régulier, dans lequel on inscrit un cercle , etc.

Le rayon du cercle inscrit dans rapporté à celui du cercle circonscrit est égal à .

La constante de Kepler-Bouwkamp, limite des rayons des cercles lorsque tend vers l'infini est donc égale au produit infini : .

Ce produit infini est bien convergent (même absolument) car et la série est absolument convergente.

Les décimales de ce nombre forment la suite A085365 de l'OEIS.

Origine de la construction

Le modèle d’Univers de Kepler, fondé sur les cinq polyèdres réguliers.


Cette construction provient d'une idée de Kepler qui a un temps pensé qu'avec les premiers cercles l'on pouvait approcher les orbites autour du Soleil de Jupiter, Saturne (cercles et ) , de Mars et de la Terre (cercles et ). Pour rendre ce modèle plus conforme aux données astronomiques, il passera de la géométrie plane à la géométrie dans l'espace, substituant aux polygones réguliers des polyèdres réguliers inscrits dans des sphères, utilisant les cinq solides de Platon pour les six planètes connues à l'époque (solides qui approchaient le mieux la perfection divine de la sphère)[2],[3].

Les calculs de Bouwkamp

Dans un article paru en 1965 dans la revue Indagationes Mathematicae, Bouwkamp donne une valeur approchée de l'inverse de la constante de Kepler-Bouwkamp. Cette valeur correspond au processus inverse de celui décrit dans cet article : on part d'un cercle unité, que l'on inscrit dans un triangle équilatéral, lui-même inscrit dans un cercle que l'on inscrit dans un carré, etc. et est la limite des rayons des cercles ainsi obtenus.

Il mentionne d'abord que les mathématiciens Edward Kasner et James Roy Newman (en) donnent une valeur approchée erronée de , environ égale à 12, dans leur ouvrage Mathematics and the Imagination (en), paru en 1940.

Il donne ensuite les deux méthodes de calcul employées.

La première utilise la relation que justifie Bouwkamp :

est la fonction zêta de Riemann et . À l'aide de tables de valeurs de la zêta, il obtient . La deuxième méthode cherche à pallier la lenteur de convergence de la suite de terme général . Pour cela, Bouwkamp écrit

en choisissant de sorte que soit calculable explicitement et que le produit infini converge rapidement. En prenant (obtenu par développement asymptotique de ), il obtient en utilisant un ordinateur.

Les décimales de forment la suite A051762 de l'OEIS.

Références

  1. (en) Tomislav Doslic, « Kepler-Bouwkamp Radius of Combinatorial Sequences », Journal of Integer Sequences, vol. 17, (lire en ligne)
  2. (en) Steven R. Finch, Mathematical Constants, Cambridge University Press, , 602 p. (lire en ligne), chap. 6 (« Constants Associated with Functional Iteration »), p. 428.
  3. Jean Kepler (trad. et notes Alain Segonds), Le secret du monde, Gallimard, coll. «tel», 1993 (ISBN 2-07-073449-8) , chapitre II (p. 70).

Liens externes

  • (en) Christoffel Bouwkamp, « An Infinite Product », Indagationes Mathematicae, Elsevier, vol. 68, (DOI 10.1016/S1385-7258(65)50004-4).
  • (en) E. Stephens, « Slowly Convergent Infinite Products », The Mathematical Gazette, Mathematical Association, vol. 79, no 486, , p. 561-565 (DOI 10.2307/3618092).
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