Congrégation de Notre-Dame de Charité du Bon Pasteur

La congrégation de Notre-Dame de Charité du Bon Pasteur (en latin : Congregationis Sororum a Bono Pastore), dite des Sœurs du Bon Pasteur d'Angers, également appelée les Sœurs[alpha 1] de Notre-Dame de Charité du Bon Pasteur, a été fondée en 1835[alpha 2] par Marie-Euphrasie Pelletier (canonisée en 1940), pour venir en aide aux femmes et aux enfants en difficulté.

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Congrégation de Notre-Dame de Charité du Bon Pasteur
Autre appellation :
Sœurs de Notre-Dame de Charité du Bon Pasteur
Ordre religieux
Type Congrégation religieuse
Spiritualité Contemplative et apostolique
Structure et histoire
Fondation 1835
Fondateur Sainte Marie-Euphrasie Pelletier
Liste des ordres religieux

Historique

Sainte Marie-Euphrasie Pelletier fut la fondatrice de la congrégation des Sœurs de Notre-Dame de Charité du Bon Pasteur (à Angers, France).
La Bienheureuse Marie du Divin Cœur Droste zu Vischering (1863-1899) était une religieuse des Sœurs de la congrégation du Bon Pasteur qui a demandé, au nom du Christ lui-même, au pape Léon XIII qu'il consacre le monde entier au Sacré-Cœur de Jésus.
Des religieuses irlandaises du Bon Pasteur internées à Rangoon (Birmanie) durant la Seconde Guerre mondiale.

Marie-Euphrasie Pelletier était alors mère supérieure de la Maison d'Angers de l'Ordre de Notre-Dame de Charité, dite « du Refuge ». La nouvelle congrégation, dont le nom fut choisi en souvenir de l'ancienne Maison de refuge du Bon Pasteur d'Angers, disparue à la Révolution, a l'originalité de se libérer rapidement de la tutelle administrative et spirituelle de l'évêque local et de se placer sous l'autorité pontificale. Elle fonde ses premières maisons dans la France manufacturière à l'aube de la révolution industrielle et forme des jeunes filles de la classe ouvrière pour leur donner un métier. Une branche de femmes repenties (anciennes prostituées ou femmes de mauvaise vie), appelées « Madeleines », vivent en clôture et prient pour la communauté. Dès 1835, Rome demande une vocation d'universalité à cette congrégation. L'encadrement des religieuses du Bon Pasteur est confié très tôt à des religieuses issues des meilleures familles de la bourgeoisie libérale ou de l'aristocratie européenne préoccupée du catholicisme social, comme en Allemagne par exemple, avec Bienheureuse Marie du Divin Cœur, née Droste zu Vischering[2]. Parmi les cinquante novices de 1835, on remarque des jeunes femmes belges, irlandaises, allemandes, juives (les filles converties de l'ancien rabbin Drach, devenu bibliothécaire à la Propaganda Fide). À partir de 1840, la plupart des supérieures hors d'Europe sont issues de familles catholiques de la noblesse allemande hostiles à la montée en puissance de la Prusse protestante. Issues de grandes familles, elles sont parfaitement francophones[3].

Lorsqu'elle meurt en 1868, Mère Euphrasie Pelletier laisse 2 067 religieuses professes, 384 novices, 309 tourières (religieuses converses allant à l'extérieur), 972 « Madeleines », 6 372 jeunes filles ou femmes pénitentes accueillies en refuges, 8 483 enfants (en majorité des fillettes) instruits par les religieuses.

La croissance est rapide parallèlement à l'expansion de la révolution industrielle et des déséquilibres moraux et sociaux qu'elle engendre, comme toute période de transition nouvelle. C'est le génie de Mère Euphrasie Pelletier d'avoir su déceler les besoins de son époque. Les religieuses suivent également la progression de l'Empire britannique et s'y installent en croissant régulièrement, loin des tracasseries des évêques français gallicans, ou de l'administration anticléricale française.

Fusion

  • 2014 : Ordre de Notre-Dame de Charité fondé par saint Jean Eudes. En 1972, cet institut avait absorbé les filles du Cœur Miséricordieux de Marie.
    • 1972 : Filles du Cœur Miséricordieux de Marie, dites Dames de saint Raphaël fondées le 2 juillet 1891 à Antony par Blanche Frichot (1850-1924) avec l'aide d'Amédée Ferrand de Missol (1805-1883) et du Père eudiste Joseph Dauphin (1841-1912) pour accueillir les mères célibataires abandonnées. Elles s'unissent aux sœurs de Notre Dame de Charité en 1972, mais les sœurs de Colombie préfèrent rester un institut religieux de droit diocésain[4].

Critiques

En France, sous la Troisième République, et jusque dans les années 1970, la congrégation se verra attribuer par l'État et notamment le Ministère de la justice, la mission de rééduquer les « filles de justice », jeunes mineures qui, pour diverses raisons, sont passées devant un juge et sont alors considérées comme « filles difficiles », susceptibles de sombrer dans la délinquance ou la prostitution. Selon les témoignages de pensionnaires des années 1950 et 1960[5],[6], de nombreux abus y ont été commis : discipline carcérale, agressions physiques, négation du féminin, emprise psychologique sous couvert d'éducation religieuse, isolement. Le téléfilm Les Diablesses, tourné en 2007 et basé sur des faits réels, montre cet état de choses. Une association d'entraide des anciennes pensionnaires est fondée en décembre 2020. Leurs membres réclament des excuses publiques à la congrégation et au gouvernement, un dédommagement, la gratuité des soins physiques et psychologiques, et la récupération des points retraite pour le travail effectué gratuitement[7].

Aujourd'hui

Les religieuses de cette congrégation catholique sont aujourd'hui présentes dans soixante-dix pays et sont au nombre de quatre mille.

La maison-mère est à Angers, et la maison généralice à Rome, depuis 1966.

Supérieures générales

  • Marie de Sainte-Euphrasie Pelletier, 1835-1868
  • Marie de Saint-Pierre de Coudenhove, 1868-1892
  • Marie-Marine Verger, 1892-1905
  • Marie-Domitille Larose, 1905-1928
  • Marie de Saint-Jean-de-la-Croix Balzer, 1928-1940
  • Marie de Sainte-Ursule Jung, 1940-1960
  • Marie de Saint-Thomas-d'Aquin Lee, 1960-1973
  • Marie-Bernadette Fox, 1973-1985
  • Gemma Cadena, 1985-1991
  • Liliane Tauvette, 1991 - 2004
  • Brigdet Lawlor, 2004 - 2016
  • Ellen Kelly, 2016

Annexes

Bibliographie

  • Pascal Frey, Une Expérience spirituelle avec saint Jean Eudes, Paris, éditions de l'Emmanuel, 2010.
  • Pascal Frey, Saint Jean Eudes, une pensée par jour, Paris, éditions Médiapaul, 2010.
  • Pascal Frey, Saint Jean Eudes, un prophète du cœur, coll. Le Livre ouvert, 2014.
  • Véronique Strimelle, « La Gestion de la déviance des filles à Montréal au XIXe siècle : Les Institutions du Bon Pasteur d’Angers (1869-1912) », Revue d’histoire de l’enfance « irrégulière », no 5, 2003. Texte intégral. (mis en ligne le 2 juin 2007, consulté le 23 mai 2012)
  • Patrick Taron, « Le Bon Pasteur angevin et la législation sur le travail des enfants au XIXe siècle », Déviance et société, vol. 24, no 2, 2000, pp. 123-141 .
  • Françoise Tétard, Claire Dumas, Filles de justice : Du Bon Pasteur à l’éducation surveillée (XIXe-XXe siècles), Éditions Beauchesne, 2009, 483 p. (ISBN 9782701015385).
  • Élisabeth Dufourcq, Les Aventurières de Dieu, Paris, Perrin, 2e éd., 2009.

Articles connexes

Liens externes

Notes et références

Notes

  1. « Sœurs » prend une majuscule initiale pour désigner l’ensemble de l'ordre dans la locution « les Sœurs de la Charité… ». Pour désigner une sœur individuellement ou un groupe restreint de sœurs, on écrit « une sœur », « une fille de la Charité », « des sœurs de la Charité », etc. Source : Conventions typographiques.
  2. La réforme de là congrégation de Notre-Dame de Charité proposée par Euphrasie Pelletier dont est issue la nouvelle congrégation Notre-Dame de Charité du Bon Pasteur est approuvée par le pape Grégoire XVI en  : le vote de la congrégation des Réguliers a eu lieu le , le décret est daté du , le bref apostolique du [1].

Références

  1. Dufourcq, op. cit., p. 282
  2. Dufourcq, op. cit., p. 285
  3. « Filles du Cœur Miséricordieux de Marie », sur http://www.doctoratsaintjeaneudes.com (consulté le )
  4. Philippe Poisson, « Le Bon Pasteur - L'internationale de la maltraitance », sur Le blog de Philippe Poisson (consulté le ).
  5. Michelle Marie Bodin-Bougelot, Enfances volées – "Le Bon Pasteur" – Nous y étions.
  6. Sarah Boucault, « Maltraitances: les sœurs du Bon Pasteur retiennent leurs archives pour éviter un scandale », sur Médiapart (consulté le )
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