Congrès international fasciste de Montreux

Le Congrès international fasciste fut une rencontre de plusieurs députés européens appartenant à des organisations fascistes. Ce congrès eut lieu les 16 et à Montreux en Suisse. Elle fut organisée et présidée par le Comitati d'Azione per l'Universalita di Roma (CAUR).

Contexte

Le CAUR fut un réseau créé en 1933 par le régime fasciste de Benito Mussolini. Le directeur du CAUR était Eugenio Coselschi et son objectif déclaré était d'agir comme un réseau pour l'Internationale Fasciste[1]. Les principaux obstacles surgirent lors de la tentative de l'organisation à objectiver un "fascisme universel" et à déterminer les critères qu'une organisation devait remplir pour être qualifiée de "fasciste"[1]. Néanmoins, en , le réseau avait identifié des mouvements "fascistes" dans 39 pays (dans tous les pays d'Europe sauf la Yougoslavie, les États-Unis, le Canada, l'Australie, l'Afrique du Sud, 5 pays asiatiques et 6 d'Amérique latine)[1]. Des mésententes surgirent sur les questions du racisme, de l'antisémitisme, du corporatisme et de la structure de l'État en raison des points de vue parfois divergents entre organisations[2].

Participants

Le premier congrès du CAUR fut organisé à Montreux le . Les représentants d'organisations fascistes de 13 pays européens y participèrent dont Ion Mota de la Garde de Fer roumaine, Vidkun Quisling du Nasjonal Samling norvégien, George Mercouris du parti national-socialiste grec, Ernesto Giménez Cabalerro des Phalanges espagnoles, Eoin O'Duffy des Chemises bleues irlandaises (Army Comrades Association), Marcel Bucard du Mouvement franciste français[3], des représentants du Tautininkai lituanien[4], du Portugais Acção Escolar Vanguarda (avec le statut d'observateur; dirigé par António Eça de Queiroz, fils de l'écrivain Eça de Queiroz et futur chef de l'Emissora Nacional, la radio nationale portugaise)[5] ainsi que des délégations provenant d'Autriche, de Belgique, du Danemark, de Grèce, des Pays-Bas et de Suisse.

Les représentants de l'Allemagne nazie brillèrent par leur absence[6]. Le congrès avait lieu seulement 6 mois après l'assassinat du chancelier autrichien Engelbert Dollfuss par des agents nazis et mena à une crise diplomatique entre l'Allemagne et l'Italie. De même, Mussolini n'autorisa pas la participation d'un représentant officiel du parti fasciste italien, apparemment, afin de voir le résultat du congrès avant d'y accorder un quelconque soutien officiel[6]. José Antonio Primo de Rivera, bien qu'autorisant aux membres de la phalange d'y participer, déclara que celle-ci ne serait pas représentée comme organisation car elle n'était pas un mouvement "fasciste"[7]. Parmi les absences remarquées, l'on note Ernst Rüdiger Starhemberg et la British Union of Fascists[6].

Débats

Dès le début, le congrès fut marqué par de graves désaccords entre les participants. Coselschi, agissant en tant que président du congrès, affronta Quisling sur l'importance de l'Allemagne nazie dans le fascisme international[6]. Mota, soutenu par les délégations danoise et suisse, créa une faille en soulignant l'importance centrale de l'antisémitisme pour les mouvements fascistes, s'opposant ainsi à Coselschi et O'Duffy[6]. La Garde de Fer roumaine exprima la nécessité que la "race" soit un composant intégral du fascisme[8].

Au sujet de l'antisémitisme, de nombreuses résolutions de compromis furent adoptées. Celles-ci déclarent notamment que : La question juive ne doit pas être transformée en une campagne de haine universelle contre les Juifs mais également que Considérant que dans de nombreux pays, certains groupes de Juifs se sont installés depuis un certain temps, exerçant de manière ouverte et occulte une influence injurieuse dans les intérêts matériels et moraux du pays hôte, la création d'une sorte d'état dans l'état, profitant de tous les avantages et refusant tous les devoirs, considérant qu'ils sont susceptibles de fournir un appui aux éléments de la révolution communiste internationale qui serait destructeur pour l'idée du patriotisme et la civilisation chrétienne, le congrès dénonce l'action néfaste de ces éléments et est prêt à les combattre[6].

Les délégués au congrès déclarèrent également unanimement leur opposition au communisme et à la IIIe Internationale[6].

Résultats

Un second et dernier colloque eut lieu à Montreux en . José Antonio Primo de Rivera fit, à cette occasion, une brève apparition et en profita pour exprimer sa sympathie au mouvement tout en précisant que l'Espagne n'était pas prête à participer à l'entreprise internationale fasciste car son mouvement était estrictamente nacional (strictement national)[9].

Le congrès ne fut pas capable de combler le fossé entre les participants qui proposèrent d'atteindre l'intégration nationale par une politique socio-économique corporative et favoriserait un système basé sur les races[10]. La prétention à un 'Fascisme international' ne pouvait survivre à cette fracture et le mouvement n'atteignit jamais son but de contrebalancer l'internationale communiste[10].

Le CAUR ne reçu jamais l'approbation officielle du Parti fasciste italien ou des Phalanges espagnoles. Il fut incapable de présenter une définition communément admise de ce qu'était le "fascisme" et d'unir les plus importants partis fascistes dans un mouvement international.

Membres

Membres à part entière

Pays Nom Abréviation Chef Gouvernement
Autriche Front patriotique VF Ernst Rüdiger Starhemberg dans le gouvernement
Belgique Légion Nationale LN Paul Hoornaert dans l'opposition
Belgique Verdinaso VERDINASO Joris Van Severen dans l'opposition
France Mouvement franciste MF Marcel Bucard dans l'opposition
Grèce Parti national-socialiste grec EESK George S. Mercouris dans l'opposition
Grèce Union nationale de Grèce EEE Georgios Kosmidis dans l'opposition
Irlande National Corporate Party PNC Eoin O'Duffy l'opposition
Lituanie Loups de Fer GV Augustinas Voldemaras N/A
Pays-Bas Mouvement national-socialiste aux Pays-Bas NSB Anton Mussert dans l'opposition
Pays-Bas Algemeene Nederlandsche Fascisten Bond ANFB Jan Baars dans l'opposition
Roumanie Garde de fer GF Ion Moța dans l'opposition
Suisse Union nationale UN Georges Oltramare Pas de mandat
Suisse Front national NF Rolf Henne Pas de mandat
Espagne Ernesto Giménez Caballero (Phalange espagnole) N/A N/A dans l'opposition

Membres observateurs

Pays Nom Abréviation Chef Gouvernement
Italie Parti national fasciste PNF Benito Mussolini dans le gouvernement
Portugal Union nationale UN António de Oliveira Salazar dans le gouvernement
Espagne Phalange espagnole FE de las JONS José Antonio Primo de Rivera dans l'opposition

Voir aussi

Références

  1. (en) Payne, Stanley G. "Fascist Italy and Spain, 1922–1945". Spain and the Mediterranean Since 1898, Raanan Rein, ed. page 105. London, 1999
  2. Payne, Stanley G. "Fascist Italy and Spain, 1922–1945". Spain and the Mediterranean Since 1898, Raanan Rein, ed. page 105. London, 1999
  3. Bingham, John. "Defining French Fascism, Finding Fascists in France". Canadian Journal of History, Dec. 1994.
  4. Griffin, Roger. The Nature of Fascism St. Martin's Press, New York. 1991, page 121
  5. Cordeiro, Filipe. Nacional Sindicalismo / Estado Novo /. Unica Semper Avis, site internet de Causa Real (fédération des associations monarchistes portugaises), 18 octobre 2001 09:58:07 PM
  6. "Pax Romanizing". TIME Magazine, 31 décembre 1934
  7. Payne, Stanley G. "Fascist Italy and Spain, 1922–1945". Spain and the Mediterranean Since 1898, Raanan Rein, ed. page 106. Londres, 1999
  8. Morgan, Philip. Fascism in Europe, 1919–1945. London, UK; New York, USA: Routledge, 2003. Pp. 169-170.
  9. Payne, Stanley G. "Fascist Italy and Spain, 1922–1945". Spain and the Mediterranean Since 1898, Raanan Rein, ed. page 107. Londres, 1999
  10. Cassels, Alan. Ideology and International Relations in the Modern World Routledge, New York. page 158

Source

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