Concile de Mayence

Le premier Concile de Mayence fut tenu en 813 le 9 de juin. Quatre Députés de l'Empereur Charlemagne s'y trouvèrent, avec trente évêques & vingt-cinq abbés, qui y firent cinquante-six canons.

Mayence, vue du sud-est (1631). À gauche, St. Alban avec chœur et campanile. Dessin de Wenceslas Hollar. St. Alban, lieu des conciles de Mayence

Les trois premiers traitent des trois vertus théologales, la foi, l'espérance et la charité. Le quatrième veut qu'on administre le baptême selon le rite romain, et qu'on ne le donne qu'à Pâque et à la Pentecôte, s'il n'y a nécessité.

Le sìxième enjoint aux Évêques de prendre sous leur protection les orphelins injustement exhérédés par leurs parents.

Le huitième accorde aux Évêques la disposition des biens d'Église, et ordonne aux laïcs de leur obéir.

Le neuvième ordonne que les chanoines mangeront ensemble, et coucheront dans un même dortoir.

Le dixième prescrit aux clercs la règle des saints Pères, et principalement ce que dit saint Jérôme dans sa lettre à Népotien, et saint Isidore dans son livre des offices.

Le onzième porte que les moines vivront avec leur abbé, selon la règle de saint Benoît ; et le douzième leur défend d'aller aux plaids sans la permission de l'Évêque, et de manger dehors sans la permission de leur abbé.

Le treizième ordonne aux abbesses de vivre avec leurs Religieuses conformément à la règle de saint Benoît ; et si elles n'ont pas embrassé cette règle, il veut qu'elles vivent en chanoinesses dans une même maison. Les autres canons, jusqu'au vingt-deux, sont des règlements sur le même sujet.

Le vingt-deuxième s'oppose au vagabondage des clercs.

Le vingt-troisième veut qu'on laisse libres les clercs et les moines qu'on a tondus malgré eux, et défend de recevoir aucun esclave sans la volonté de leur Maître.

Le vingt-cinquième porte que les Évêques feront prêcher en leur place, quand ils ne le pourront faire eux-mêmes.

Le vingt-sixième défend aux prêtres d'entrer dans les monastères de religieuses, si ce n'est pour y célébrer la messe.

Le vingt-huitième enjoint aux prêtres de porter toujours leur étole, pour marque de la dignité sacerdotale.

Le trentième défend aux laïcs d'exiger des présents des prêtres, pour leur donner leurs églises à desservir.

Le trente-cinquième veut qu'on excommunie les chrétiens qui n'observent pas le jeûne avec les autres.

Le trente-neuvième porte qu'on regardera les temples comme des asiles, dont il ne sera pas permis de tirer ceux qui s'y seront réfugiés pour les punir.

Le quarantième défend de tenir les plaids dans les églises ou dans les parvis, ou dans les maisons qui en dépendent.

Le quarante et unième défend d'ôter les dîmes des églises, pour les appliquer aux nouvelles chapelles qu'on fait bâtir.

Le quarante-deuxième ordonne que les bénéficiers contribuent aux réparations de leurs églises.

Le quarante-troisième défend à un prêtre de chanter seul la messe.

Le quarante-septième ordonne aux parrains d'instruire ceux qu'ils ont tenus sur les fonts de baptême.

Le cinquante et unième défend la translation des reliques sans le consentement du prince et la permission de l'Évêque ou du synode.

Le cinquante-deuxième défend d'enterrer personne dans les églises, à l'exception des Évêques, des Abbés, des Prêtres, et des laïcs qui se seront distingués par la sainteté de leur vie.

Le cinquante-cinquième défend de tenir ses propres parents sur les fonts, ou d'épouser sa filleule, ou sa commère, ou celle dont on a présenté le fils ou la fille à la confirmation ; et ordonne qu'on séparera ceux qui se trouveront avoir transgressé ces lois.

Le cinquante-sixième porte que celui qui aura péché avec sa filleule, ou épousé les deux sœurs, ne pourra à l'avenir se marier : la même peine est ordonnée contre une femme qui aura épousé les deux frères, ou qui aura épousé le père et le fils[1].

Le second Concile fut tenu l'an 828 ou 829[2].

Le troisième, l'an 847, par l'ordre de Louis, Roi de Germanie. Raban Maur, Archevêque de Mayence, y présida, accompagné de douze Évêques, ses suffragants, de quelques chorévêques, de plusieurs abbés, moines, prêtres et autres clercs. On y fit trente et un canons.

Le premier traite de la foi chrétienne.

Le second avertit les évêques d'être assidus à prêcher la parole de Dieu.

Le cinquième et le sixième excommunient ceux qui entreprendront quelque chose contre le Roi, ou qui surprendront sa religion, pour obtenir des biens appartenant à l'Église.

Le septième laisse la disposition des biens de l'Église à l'Évêque, suivant les règlements des canons.

Le dixième ordonne que le revenu de l'Église sera divisé en quatre parties, dont il y en aura une pour l'Évêque, l'autre pour les Clercs, la troisième pour les pauvres, et la quatrième pour la fabrique de l'église.

Le douzième défend aux Patrons ecclésiastiques & laïcs de donner aucun bénéfice à un Prêtre, sans la permission de l'Évêque.

Le quatorzième ordonne aux Moines qui desservent des cures de se trouver au synode, pour y rendre compte de leur emploi.

Le quinzième défend aux Clercs de porter une longue chevelure.

Le seizième défend aux Abbesses de sortir de leur monastère sans nécessité et sans la permission de l'Évêque ou de son grand Vicaire.

Les suivants, jusqu'au 26, regardent le soin des pauvres, des orphelins, et les pénitences qu'on doit donner pour certains crimes, tels que les homicides, les faux témoignages, etc.

Le vingt-sixième veut qu'on donne les sacrements aux malades, sans leur imposer la pénitence dans toute sa rigueur, à condition que s'ils reviennent en santé, ils accompliront ce qu'on leur aura imposé.

Le vingt-septième porte qu'on peut accorder aux suppliciés qui se sont confessés l'honneur de la sépulture et l'oblation du sacrifice de la messe.

Les vingt-huit et vingt-neuvième excommunient ceux qui ayant contracté des mariages incestueux ne veulent pas se séparer.

Le trentième défend les mariages au quatrième degré de consanguinité.

Le trente et unième ordonne des pénitences publiques pour les péchés publics[3].

Le quatrième Concile fut tenu contre Gottschalk d'Orbais, l'an 848.

Le cinquième, l'an 852. Le Père Mansi croit qu'on y présenta deux édits de Louis I, dont l'un regarde les règles de la dépense de l'Évêque, dans la visite des monastères de la nouvelle Corbie et d'Hérifort, et l'autre concerne l'élection d'un Abbé et d'un Protecteur temporel pour un autre monastère d'Allemagne. (Mansi, Supplém. à la collect. des Conciles, tom. 1, coll. 923.)

Le sixième, l'an 857, touchant les droits de l'Église. (Ibid.)

Le septième, l'an 858. On y condamna un nommé Abbon, coupable d'un mariage incestueux. Le Pere Mansi, tom. 1, col. 979.

Le huitième, l'an 888. Les Archevêques de Mayence, de Cologne et de Trèves y assistèrent avec plusieurs de leurs suffragants, et y firent vingt-six canons.

Les trois premiers ordonnent qu'on priera pour le Roi Arnoul, et qu'on lui remontrera ses devoirs.

Le quatrième veut que ceux qui fonderont des églises laissent à l'Évêque la disposition du bien qu'ils donnent.

Le sixième veut que l'on punisse comme homicides des pauvres ceux qui retiennent les biens des églises, des monastères ou des hôpitaux.

Le septième porte qu'on chassera de l'Église ceux qui font injure aux Clercs jusqu'à ce qu'ils aient satisfait.

Le neuvième défend de célébrer la messe dans des lieux non consacrés par l'Évêque.

Le dixième défend aux Clercs de loger aucune femme chez eux, pas même leurs propres sœurs.

Le quatorzième déclare qu'aucun Évêque ne pourra retenir, ni ordonner, ni juger le diocésain d'un autre.

Le vingt-troisième déclare que toutes les causes ecclésiastiques doivent être jugées par l'Évêque, et qu'on ne recevra point de témoins qui ne soient âgés de quatorze ans.

Le vingt-sixième défend de voiler sitôt les veuves, et veut qu'on les laisse en liberté de se marier ou d'embrasser le célibat[4].

Le neuvième, l'an 1011. Théodore, Évêque de Metz, et le Duc Henri, frère de sainte Cunégonde, s'y trouvèrent, et y firent la paix pour un temps. Le Père Mansi, tom. 1 Supplém. col. 1125.

Le dixième Concile fut tenu l'an 1023, au sujet du Comte Othon d'Hanistein, et de sa femme Limingarde, qu'Aribon, Archevêque de Mayence, essaya de séparer, parce qu'ils n'étaient pas légitimement unis. On y corrigea aussi quelques autres abus[5]. Le Père Mansi prétend que ce Concile fut tenu l'an 1010, & que l'Archévêque qui y présida se nommait Erkanbald, et non pas Aribon[6].

Le onzième Concile fut tenu l'an 1018 sur l'assassinat du Comte Sigefroy. Un certain homme qui en avait été accusé s'y purgea de cette accusation par l'épreuve du fer chaud, dont il sortit sain et sauf, au jugement du Concile. Ibid.

Le douzième, l'an 1049, selon Baronius, ou 1050 ou 1051, selon d'autres, contre la simonie, et quelques autres abus. Ibid.

Le treizième, l'an 1054. Le Pape Victor II y fut élu. Ibid.

Le quatorzième, l'an 1069, sur la répudiation que l'Empereur Henri IV. voulait faire de Berthe, qu'il avait épousée deux ans auparavant ; ce qui n'eut point de lieu dans le Concile. Ibid.

Le quinzième, l'an 1071, contre Charles, Évêque de Constance, accusé de simonie et de sacrilège. Ibid.

Le seizième, l'an 1075, pour y publier le décret du Concile de Rome de l'an 1074 contre les Prêtres concubinaires, par l'ordre du Pape Grégoire VII[7]

Le dix-septième, l'an 1080. Ce fut un conciliabule des partisans de l'Empereur Henri IV contre le Pape Grégoire VII. Ibid.

Le dix-huitième, l'an 1085. Ce fut un conciliabule contre le Pape Grégoire VII, en faveur de l'Antipape Guibert. Ibid. Le Père Mansi, tom. 1, col. 69, dit qu'il y eut un autre conciliabule à Mayence la même année.

Le dix-neuvième, l'an 1131, contre Brunon, Évêque de Strasbourg, qui fut obligé de résigner son évêché, à cause de ses violences et de son intrusion. Ibid.

Le vingtième, l'an 1143. On n'en a d'autres actes que la transaction faite entre les Moines des saints Pierre & Paul d'Erfort en Saxe, et ceux de Disemberg, au diocèse de Mayence, qui fut approuvée dans ce Concile, comme le rapporte Georges Christien dans son spicilège des anciennes chartes, pag. 119.

Le vingt et unième, l'an 1225[8].

Le vingt-deuxième, l'an 1233, contre une sorte de Manichéen ou Albigeois nommé Stadings, de la ville de Stade en Allemagne. Lab. 11. Hard. 7.

Le vingt-troisième, l'an 1234, touchant les mêmes hérétiques.

Le vingt quatrième, l'an 1239, en présence du Roi Conrad, fils de l'Empereur. L'Évêque d'Eistad se plaignit des violences de ses diocésains, qu'il avait excommuniés en conséquence de leur hérésie[9].

Le vingt-cinquième, l'an 1261, pour s'opposer aux courses des Tartares. Ibid.

Le vingt-sixième, l'an 1310, fur l'affaire des Templiers. Ibid.

Le vingt-septième, l'an 1311, sur le même sujet. Ibid.

Le vingt-huitième, l'an 1313. C'est peut-être le même que le précédent. Ibid.

Le vingt-neuvième, l'an 1420, sur la discipline. Nicolaus Serarius histor. Mogunt.

Le trentième, l'an 1423. Lab. 12.

Le trente et unième, l'an 1439, au sujet du Concile de Bâle.

Le trente-deuxième, l'an 1441, sur le même sujet. Lab. 13.

Le trente-troisième, l'an 1451. On en a deux éditions, l'une dans le spicilege de Lunigius, & l'autre dans les actes d'un synode diocésain de Wirstbourg. Le Pere Mansi, supplem. tom. 5, col. 281.

Le trente-quatrième, l'an 1538, contre les Hérétiques. Laurenr Surius, in comment.

Le trente-cinquième, l'an 1549, fur la foi & fur les mœurs. Sébastien, Archevêque de Mayence, y présida le 6 de mai, & l'on y publia quarante-sept canons touchant la foi, Sc cinquante-six touchant la discipline & les mœurs. On approuva dans les premiers Tusage des cérémonies de l'Église, aussi-bien que celui des images, l'honneur des reliques, les pèlerinages, le culte des Saints, la prière pour les morts, les jeûnes, les abstinences; mais en blâmant ce qu'il y auroit de superstitieux ou d'excessif dans ces pratiques.

Dans les canons fur la discipline & sur les mœurs on recommande principalemenr l'atcention & le resfiect au saint sacrifice de la messe. On y règle que es fêtes des Saints qui arrivent le dimanche, seront transférées au jour suivant ou précédent, à l'exception des fêtes de la Vierge, des Apôtres & des autres grandes solemnités. On défend aux Religieuses de sorrir de leuts couvens. On fait divers réglemens pourvoir à la subsistance des Curés, et pour empêcher a simonie. On interdit la prédication et l'administration des sacremens dans les chapelles des châteaux. On donne ordre de prendre garde que les maîtres d'école soient bons catholiques, et que les livres suspects et sans nom soient supprimés & confisqués. On ordonne que l'on ne prononcera point d'excommunication, qu'après des monitions canoniques. Ce Concile finie par une protestation qu'il fait de recevoir les réglemens de tous les Conciles généraux, et les statuts de tous les Conciles célébrés dans la province ecclésiastique de Mayence, et par une soumisiion entière aux jugemens de l'Église catholique, apostolique et romaine[10].

Source

  • Charles-Louis Richard, Dictionnaire universel, dogmatique, canonique, historique, geographique et chronologique des sciences ecclésiastiques, tome troisieme, Paris, Jacques Rollin, 1760, p. 886-888

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Notes et références

  1. Rcg. 20. Lab. 7. Hard. 4.
  2. Gall. christ, tom. 3 3p. 6$y. r
  3. Reg. 21. Lab. 7. Hard. 4.
  4. Reg. 14. Lab. 9. Hard. 4.
  5. Reg. 25. Lab. 9. Hard. 6.
  6. Le P. Mansi, tom. 1, col. 1241.
  7. Reg. 16. Lab. 10. Hard. 6.
  8. Gall. christt t. j, pag. 690.
  9. Le P. Mansi, t. 1, col. 1057.
  10. Reg. 3 Lab. 14. Hard 9.
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