Comté de Maurienne

Le comté de Maurienne (en latin comitatus Maurianensis) est un comté issu de la partition de la Sapaudie et du comté de Vienne aux Xe – XIe siècles.

Comté de Maurienne

XIe siècle

La Maurienne (en orange) au sein des pagi carolingiens en Bourgogne cisjurane ou viennoise (IXe siècle).

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Entités suivantes :

Territoire

Le territoire du comté de Maurienne s'étend le long de la vallée de l'Arc  correspondant approximativement à la province de Maurienne actuelle , mais aussi sur les vallées intra-alpines qui comprenait alors le val de Suse et de Briançon. Selon l'historien Camille Renaux et l'archiviste Jules-Joseph Vernier (1866-1925), le comté s'arrêtait pour l'aval, à l'entrée de la vallée de l'Arc, correspondant à l'ancien pont situé sur la commune d'Aiton[1].

Histoire

« Après la mort des rois Boson et Rodolphe, le royaume d’Arles et de Vienne prit fin et alors surgirent les deux comtés de Maurienne et d’Albon : en Maurienne, le premier comte fut Humbert Blanches-Mains. »

 Généalogie de l'abbaye d'Hautecombe (ca. 1342), [2]

L'arrivée des Humbertiens  ayant donné naissance à la maison de Savoie  en Maurienne coïncide avec la disparition du dernier roi de Bourgogne, Rodolphe III. Cette famille de seigneurs arrivent du pagus de Sermorens (sud de l'évêché de Belley) où ils ont des possessions au début de l'an Mil[3]. Face au conflit de succession du roi, deux camps s'opposent. Le comte Humbert prend le parti de l'empereur du Saint-Empire Conrad II, dit Le Salique, duc de Franconie. Durant le conflit de succession qui oppose l'empereur à son neveu Eudes II de Blois, le comte est chargé du commandement d'une armée qui en provenance du val d'Aoste envahie les terres conquises par Eudes II[4]. Il intervient notamment dans la marche de Maurienne (marquis) en 1033 pour soumettre l’évêque rebelle de Maurienne, qui avait reçu le soutien de Eudes II. Avec quelques troupes qu’il avait levées en Piémont, Humbert organisa un long siège de la ville de Saint-Jean-de-Maurienne, résidence de l’évêque, puis la prit d’assaut et la fit entièrement raser[5]. Il marche ensuite sur la cité de Genève où il remporte la victoire l'année suivante[4]. L’empereur Conrad annexa l’évêché de Maurienne à celui de Turin, et le siège épiscopal de Saint-Jean-de-Maurienne fut interdit jusqu’en 1061. En remerciement de ce soutien, l'empereur Conrad II aurait fait une donation importante à Ermengarde et Humbert[4]. Dans les années 1030 ou 1043, Humbert porte le titre comes maurianensis[6]. Ce dernier semble déjà posséder le contrôle sur les comtés de Salmourenc, de Savoie en 1003, puis celui de Belley, de Nyon en 1018, enfin celui d’Aoste en 1024[6].

Il s'installe avec sa famille en prenant possessions des châteaux de Charbonnières et d'Hermillon, sans que l'on sache réellement dans quelle condition, comme le rappelle Benard Demotz[7]. Le château de Charbonnières était, semble-t-il, une possession des seigneurs de Miolans[7],[8]. Les Humbertiens tiennent donc militairement la vallée à partir de ces deux édifices[7].

Vers 1060, l'archevêque de Vienne, Léger, impose la fermeture de l'atelier monétaire d'Aiguebelle[9].

Seigneurs

Liste des premiers comtes

Le titre de comte de, pour lequel l'historien Laurent Ripart insiste pour qu'on utilise plutôt la forme de « comte en Maurienne »[10] est porté par les Humbertiens, à l'origine de la maison de Savoie, jusqu'à Amédée III, qui devient le premier à porter officiellement le titre de comte de Savoie (1125)[11],[12],[13]. Il faut toutefois souligne que le chanoine Adolphe Gros (1948) annotait que l'« On dit qu'Amédée III avait été le premier à prendre le tire de comte de Savoie, et l'on cite à l'appui de cette affirmation la charte de l'abbaye d'Hautecombe (1125). Mais ce document est reproduit d'après Guichenon, et l'on sait la liberté que prend cet auteur avec les textes documentaires »[14]

Dans les années 1030, le comte Humbert donne naissance à une nouvelle dynastie que les historiens appelleront les « Humbertiens », futurs comtes, puis ducs de Savoie[15] :

Les comtes de Maurienne portent aussi le titre de comte de Chablais, de Belley et marquis de Turin. André Perret indique toutefois qu'il faut attendre les successeurs de Thomas Ier pour que les comtes substituent le titre de Savoie à celui de Maurienne[16].

Vicomtes

Les premiers membres de la famille de La Chambre aurait obtenu d'un évêque de Maurienne, Éverard (990-1030), la « gestion de son domaine temporel »[17],[18],[19]. Ils portent depuis cette période le titre de vicomte (vice comes)[17],[18]. Le dernier héritier de la famille disparait en 1454[18].

Voir aussi

 : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

Bibliographie

  • Bernard Demotz et François Loridon, 1000 ans d'histoire de la Savoie : La Maurienne, vol. 2, Cléopas, , 845 p. (ISBN 978-2-9522459-7-5), p. 54. .
  • Bernard Demotz, Le comté de Savoie du XIe au XVe siècle : Pouvoir, château et État au Moyen Âge, Genève, Slatkine, , 496 p. (ISBN 2-05-101676-3). .
  • Michèle Brocard, Maurice Messiez-Poche, Pierre Dompnier, Histoire des communes savoyardes : La Maurienne - Chamoux - La Rochette (vol. 3), Roanne, Éditions Horvath, , 558 p. (ISBN 978-2-7171-0289-5).
  • Christian Guilleré, Jean-Michel Poisson, Laurent Ripart et Cyrille Ducourthial, Le royaume de Bourgogne autour de l'an mil, Chambéry, Université de Savoie, coll. « Sociétés, Religions, Politiques », , 286 p. (ISBN 978-2-915797-35-0)
    • Laurent Ripart, « Du royaume aux principautés : Savoie-Dauphiné, Xe-XIe siècles », dans Op. cit. (lire en ligne), p. 247-276.
  • Alexis Gabriel Michelland, « Recherches sur l'origine des familles seigneuriales de la Chambre », Travaux de la Société d'histoire et d'archéologie de la province de Maurienne, t. 16, , p. 55-74 (lire en ligne). 

Articles connexes

Notes et références

  1. Camille Renaux, Humbert Ier, dit aux Blanches-Mains, fondateur de l'État de Savoie, et le royaume de Bourgogne à son époque, 1000-1048, Carcassonne, Impr. de V. Bonnafous-Thomas, , 85 p. (lire en ligne), p. 60.
  2. Ed. D. Promis, « Chronica latina altæcombæ », dans Monumenta Historiæ Patriæ, III (Scriptores, I), Turin, 1840, col. 671-678, col. 678. Sur ce texte, voir également A. Perret, « L’abbaye d’Hautecombe et les chroniques de Savoie », dans Actes du 90e congrès national des sociétés savantes (Nice, 1965), Paris, 1968, p. 669-684. Cité par L. Ripart en introduction de son article.
  3. Ripart 2008, p. 258-259.
  4. Ripart 2008, p. 260.
  5. Académie des sciences, belles-lettres et arts de Savoie, Mémoires de l'Académie des sciences, belles-lettres et arts de Savoie, Chambéry, 1937, p. 43.
  6. Demotz 2000, p. 19-20.
  7. Bernard Demotz, « Les fortifications de pierre dans le Comté de Savoie », L'Histoire en Savoie : revue de culture et d'information historique, , p. 119-134 (lire en ligne).
  8. Article de Cyrille Ducourthial, « Géographie du pouvoir en pays de Savoie au tournant de l’an mil », paru dans Christian Guilleré, Jean-Michel Poisson, Laurent Ripart et Cyrille Ducourthial, Le royaume de Bourgogne autour de l'an mil, Chambéry, Université de Savoie, coll. « Sociétés, Religions, Politiques », , 286 p. (ISBN 978-2-915797-35-0), p. 242.
  9. Laurent Ripart, « Du comitatus à l’episcopatus : le partage du pagus de Sermorens entre les diocèses de Vienne et de Grenoble (1107) », dans Florian Mazel (sous la dir.), L'espace du diocèse. Genèse d'un territoire dans l'Occident médiéval (Ve-XIIIe siècle), Presses universitaires de Rennes, , 434 p. (ISBN 978-2-75350-625-1, lire en ligne).
  10. Pierre Brugnon, « Belley, la Savoie et la Maurienne. Aux origines des premiers humbertiens connus. Que dit la recherche récente ? » Conférence organisée par la Société d'Histoire et d'Archéologie de Maurienne (9 décembre 2015) à Saint-Jean-de-Maurienne (Lire en ligne).
  11. Léon Menabrea, De la marche des études historiques en Savoie et en Piémont, depuis le XIVe siècle jusqu'à nos jours, et des développements dont ces études sont encore susceptibles, Puthod, , 117 p. (lire en ligne), p. 93.
  12. Jules-Joseph Vernier, Étude historique et géographique sur la Savoie, Paris, Le Livre d'Histoire - Res Universis, (réimpr. 1993) (1re éd. 1896), 137 p. (ISBN 978-2-7428-0039-1 et 2-7428-0039-5, ISSN 0993-7129), p. 51.
  13. Demotz 2000, p. 174.
  14. Adolphe Gros, Histoire de la Maurienne — Des origines au XVIe siècle, t. Ier, Editions des Régionalismes, (réimpr. 2013), 214 p. (ISBN 978-2-82405-017-1, lire en ligne), p. 139.
  15. Ripart 2008, p. 258-259, dont une Généalogie des premiers Humbertiens.
  16. André Perret, « Des particularismes territoriaux à la notion de "patrie" savoyarde depuis le Moyen Âge », dans Actes du XXXe Congrès des Sociétés Savantes de Savoie, La Savoie, Identités et Influences, Le Bourget-du-Lac, , p. 50.
  17. Michelland 1967, p. 56.
  18. Histoire des communes savoyardes 1983, p. 76.
  19. Félix Bernard, Les Origines féodales en Savoie-Dauphiné : la vie et les rapports sociaux d'alors, Imprimerie Guirimand, , 596 p., p. 86, 111.
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