Comment sera le monde en 2020 ?
Comment sera le monde en 2020 ? (Mapping the Global Future) est un rapport non-classifié rédigé par le Conseil national du renseignement américain (National Intelligence Council) et rendu public de [1]. Écrit par vingt-cinq experts internationaux[2] sur la base de données jusqu'ici secrètes[réf. nécessaire], il présente les transformations majeures que devrait connaître le monde entre 2005 et 2020, et insiste sur les nombreuses incertitudes qui demeurent. Le rapport distingue quatre grands axes d'évolution : l'accentuation et la radicalisation de la mondialisation, la montée en puissance de nouveaux États, les nouveaux défis posés à la gouvernance, et l'extension de l'insécurité. Il présente en outre quatre « scénarios », des écrits fictionnels qui rendent compte du monde en 2020 de quatre façons différentes, en fonction de l'axe d'évolution qui aura la prééminence.
Les grandes tendances
« Les contradictions de la mondialisation »
Plus encore que dans le précédent rapport, Global Trends 2015, la mondialisation est envisagée comme le facteur déterminant, une « force omniprésente qui façonnera en profondeur toutes les autres tendances du monde de 2020 »[3]. Cette mondialisation doit prendre un « visage bien moins occidental »[4] : des pays émergents continueraient leur expansion, des multinationales d’origine non occidentale se développeraient, les entreprises adopteraient davantage les coutumes des pays dans lesquels elles s’installent. La Chine est la deuxième puissance économique depuis le , jour où la bourse japonaise a chuté sévèrement en réponse à l'annonce d'un Produit National Brut supérieur pour la Chine. Le Japon a donc déjà cédé sa place de 2e puissance de la planète. Le rapport avait légèrement sous-estimé la croissance chinoise puisqu'elle avait prévu cette date pour 2016.
Par ailleurs, d'après ce graphique fort intéressant, la Chine devrait dépasser les États-Unis en 2040, tandis que l'Inde dépasserait l'Italie en 2015, la France en 2020, l'Allemagne en 2022, et le Japon en 2032. Le rapport n'annonce pas le rattrapage des États-Unis par l'Inde.
Par ailleurs, l'anti-américanisme culturel devrait se développer, et le rapport insiste sur le conflit de plus en plus violent entre les valeurs américaines, et les valeurs religieuses et culturelles des pays émergents. Des conflits sociaux sont à prévoir au sein même de ces pays secoués par la mondialisation. Enfin, d'après la CIA, la mondialisation servira la croissance, puisqu'en 2020, le PIB mondial aura cru de 80 % par rapport à 2000 selon le rapport.
D'autre part, la classe moyenne pourrait y représenter 40 % de la population (contre 60 % aux États-Unis)[5]. L’Asie pourrait dépasser l’Europe dans certains secteurs technologiques[6].
« Les puissances montantes : un paysage géopolitique en mutation »
La Chine devrait devenir une puissance majeure, capable d'influencer sur la politique des États d’Asie de l'Est, notamment sur la question de Taïwan. L’Inde devrait développer une politique de coopération dans les régions avoisinantes. Le Brésil devrait aussi connaître une montée en puissance, ainsi que la Russie et l’Indonésie, les handicaps et les risques d’instabilité étant toutefois plus forts dans ces deux derniers pays[7]. Le Japon vieillissant sera sans doute plus dépendant de ses investissements à l'extérieur ; il devrait aussi mener une politique extérieure plus active. La puissance de l’Union européenne dépendra de sa cohésion, ainsi que de sa capacité à réformer son système économique et à accueillir de nouveaux immigrants. Les besoins énergétiques seront un important facteur des relations internationales : elles pousseront l'Europe à resserrer ses liens avec la Russie, et la Chine à développer les investissements extérieurs pour sécuriser son approvisionnement. Un nombre croissant d’États pourraient se montrer critiques envers les États-Unis.
« Les nouveaux défis à la gouvernance »
Deux défis majeurs sont soulignés par les experts : les identités politiques, et la technologie de l'information.
Le premier défi consiste en la difficulté de maitriser une portion de plus en plus importante s'identifiant comme hors-système, et réclamant un nouveau contrat social. Rejetant la mondialisation, rejetant en bloc l'américanisation et le modèle libéral. Ce défi est intimement lié au défi religieux, potentiellement vecteur de troubles pour les pouvoirs politiques locaux, notamment dans les pays émergents, théâtres de chocs violents entre ethnies ou entre groupes religieux. Par exemple, en 2020, les deux communautés chrétiennes les plus importantes de la planète se trouveront en Asie et en Afrique, dans des zones de conflits potentiels entre ethnies, en l'occurrence la Chine et le Nigeria. D'autre part, plusieurs groupes religieux, les nationalistes hindous, les chrétiens évangéliques en Amérique du Sud, les juifs fondamentalistes en Israël, et les islamistes radicaux tendent à devenir activistes, et pourraient menacer localement les pouvoirs politiques d'ici à 2020.
Au sujet de l'évolution en nombre et proportion des religions, il est intéressant de constater que le Christianisme, l'Islam, l'Hindouisme et le Bouddhisme conservent les mêmes proportions, et demeurent en progression constante. Selon la CIA, le nombre d'athées devrait en revanche se réduire pour n'atteindre en 2020 qu'une part infime et négligeable de la population mondiale.
L'autre défi est celui de la maîtrise de l'information. L'universalisation d'Internet, en tant que média de masse et de communication inter-personnelle, aidera à éduquer, connecter et mobiliser des populations traditionnellement exclues. En revanche, le risque qu'elle soit utilisée à des fins politiques ou religieuses dans certaines régions en fait un défi majeur pour l'avenir.
« Une insécurité qui s'étend »
Enfin, le dernier point concerne le terrorisme. Publié en 2004, et donc écrit immédiatement après le , le rapport est extrêmement alarmiste sur le sujet. Il annonce une hausse massive des conflits dans pratiquement toutes les régions du monde, et craint un refus de la mondialisation dans certaines régions isolées de la planète. Le nombre d'attentats, de violences physiques et psychologiques devraient progresser et atteindre leur paroxysme en 2020. Les menaces biologiques et nucléaires sont mises en avant.
Plus original, le crime organisé tendrait à se développer dans les pays émergents (Chine, Brésil, Russie, etc.), notamment dans le domaine de la drogue (car les marchés émergents le sont également pour les consommateurs potentiels de drogue dure). Cette nouvelle manne financière pour ces gigantesques syndicats du crime pourrait leur permettre de déstabiliser les pouvoirs politiques locaux ou même menacer l'équilibre géopolitique mondial.
Les scénarios
- Davos World : tous les indicateurs sont au vert : croissance, démocratie, peu de violence.
- Pax americana : les États-Unis accentuent leur rôle de gendarme du monde et réussissent à éteindre un à un les différents « incendies » du monde.
- A new califate : ce scénario évoque la création d'une union musulmane qui constituerait une véritable puissance mondiale capable de rivaliser avec les puissances occidentales.
- Cycle for fear : les mesures de sécurités sont poussées au maximum et le monde ressemble au roman 1984 d'Orwell.
Traduction française
- (fr) Le Rapport de la CIA : Comment sera le monde en 2020 ? présenté par Alexandre Adler, collectif, Johan-Frédérik Hel Guedj (traduction), éd. Robert Laffont 2005 - 268 pages - (ISBN 2221105303)
Liens externes
Notes et références
- http://www.globalsecurity.org/intell/library/reports/2005/nic_globaltrends2020_index.htm
- p.23
- "a force so ubiquitous that it will substantially shape all of the other major trends in the world of 2020", p.31
- "much more of a non-western face", p.33
- p. 33
- p.38
- p.58
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