Marie-Claire Kirkland-Casgrain

Marie-Claire Kirkland ou Marie-Claire Kirkland-Casgrain (née le à Palmer (Massachusetts) et morte le [1]) est une avocate, femme politique, puis juge québécoise. Elle a été la première femme députée de l'Assemblée législative du Québec, la première femme membre du Conseil des ministres ainsi que la première femme à obtenir des funérailles nationales au Québec.

Marie-Claire Kirkland-Casgrain

Marie-Claire Kirkland-Casgrain en 1971.
Fonctions
Ministre de la Culture du Québec

(1 an)
Gouvernement Gouvernement Robert Bourassa (1)
Prédécesseur François Cloutier
Successeur Denis Hardy
Ministre du Tourisme et de la Pêche du Québec

(2 ans)
Gouvernement Gouvernement Robert Bourassa (1)
Ministre des Transports et des Communications du Québec

(2 ans)
Gouvernement Gouvernement Jean Lesage
Ministre sans portefeuille du Québec

(2 ans)
Gouvernement Gouvernement Jean Lesage
Biographie
Nom de naissance Marie-Claire Kirkland
Date de naissance
Lieu de naissance Palmer (Massachusetts)
Date de décès
Nationalité Canadienne
Conjoint Philippe Casgrain, avocat
Enfants 3

Biographie

Enfant unique de Rose Demers et de Charles-Aimé Kirkland[2], elle naît le à Palmer, dans l'état du Massachusetts aux États-Unis, près de l'université Harvard où son père, jeune médecin, se spécialise. Elle passe son enfance à Ville-St-Pierre (aujourd'hui fusionnée à Lachine) où son père pratique la médecine.

Dès 7 ans elle sera pensionnaire d'un établissement de la Congrégation Notre-Dame, puis demi-pensionnaire au Couvent Villa-Maria. Elle commence ses études universitaires en droit à l'Université McGill en 1947, y obtient un baccalauréat ès arts et sa licence en droit[3]. Puis elle parfait sa formation en droit international à Genève et devient avocate en 1952. Elle pratique sa profession à Montréal au cabinet de Mes Cerini et Jamieson jusqu'en 1961 et reçoit des clients à la maison le soir.

En 1954, Claire Kirkland épouse l'avocat Philippe Casgrain avec qui elle aura trois enfants : Lynne-Marie (qui a pratiqué le droit au cabinet Grey Casgrain Avocats avec son mari Julius Grey et est maintenant ombudsman au CUSM[4]), Kirkland (lui-même juge à la Cour Supérieure du Québec[5]) et Marc. Le couple divorcera 17 années plus tard en 1971[6].

Marie-Claire suit avec intérêt la carrière politique de son père, le docteur Charles-Aimé Kirkland, député de Jacques-Cartier. Elle s'implique tôt dans les affaires politiques. Elle est conseillère de la Jeunesse libérale de la circonscription de Jacques-Cartier, présidente du Comité de la constitution du Club Mariana B. Jodoin et de la Fédération des femmes libérales du Québec. De plus, elle est membre-fondatrice de l'Association des femmes avocates de la province de Québec. Durant ces mêmes années, elle écrit aussi dans la revue Châtelaine la chronique "Ce que j'en pense"[7].

L'élection partielle, en 1961, suscitée par la mort de son père, marque le début d'une carrière politique riche en accomplissements pour Kirkland-Casgrain.

Elle s'illustre dans la défense des causes féministes et dans l'adoption de certaines lois. En 1964, elle présente le projet de loi 16, Loi sur la capacité juridique de la femme mariée qui permet d'exercer des actes juridiques sans le consentement de l'époux, comme signer un bail ou ouvrir un compte bancaire. De 1964 à 1966, elle est nommée Ministre des Transports et des Communications. Elle est réélue en 1966, cette fois dans la circonscription de Marguerite-Bourgeoys qu'elle représentera jusqu'en 1973.

En 1969, alors qu'elle est dans l'opposition officielle, elle fait adopter la Loi concernant les régimes matrimoniaux et l'établissement de la société d'acquêts qui privilégie le partage de la valeur des biens accumulés pendant le mariage tout en permettant à chacun des époux d'exclure certains biens qui leur sont propres[8]. Le de la même année elle est créée Conseil en loi de la reine[3].

De 1970 à 1972, elle est nommée Ministre du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche sous le premier gouvernement de Robert Bourassa et élabore un livre blanc sur l'accessibilité des territoires de chasse et de pêche, qui s'est traduit par la création des réserves fauniques du Québec. Alors qu'elle est Ministre des Affaires culturelles de 1972 à 1973, elle préside également l'adoption de la Loi sur les biens culturels et la Loi 63 établissant un Conseil du statut de la femme. Cette dernière sera d'ailleurs adoptée à la session parlementaire de juillet, en l'absence de Marie-Claire qui démissionnait en février[9].

Kirkland-Casgrain détient plusieurs titres de « première » en politique québécoise. Elle est la première femme élue députée de l'histoire du Québec en 1961, la première à être nommée ministre lorsque Jean Lesage lui confie un ministère sans portefeuille en 1962 ; la première femme à se présenter devant le Comité des projets de loi privés de l'Assemblée législative du Québec (en 1964 avec la Loi 16); la seule femme membre du gouvernement provincial du Québec de 1961-1973 ; la première femme à être nommée Premier ministre intérimaire d'un gouvernement provincial durant l'absence du représentant en 1972. Elle aura aussi été la première québécoise à avoir droit à des funérailles nationales[10].

Texte complet - La capacité juridique de la femme mariée dans le Québec, avec une introduction de Claire Kirkland-Casgrain, ministre d'État, 1965.

Kirkland-Casgrain quitte la scène politique à la suite de sa nomination à titre de juge de la cour provinciale (unie à la Cour des sessions de la paix et au Tribunal de la jeunesse pour former la Cour du Québec en 1988[11]) et présidente de la Commission du salaire minimum, le . Sous sa présidence, la Commission augmente de 35% le taux de salaire minimum dès la fin de l'année 1973[12]. En 1980 elle devient juge dans le district judiciaire de Montréal, puis elle prend sa retraite en 1991 à l'âge de 67 ans. Le , lors du 40e anniversaire de sa première élection, les membres de l'Assemblée Nationale du Québec lui ont rendu un hommage vibrant[13]. Pour l'occasion une salle du restaurant Le Parlementaire, située dans l'hôtel du Parlement, a été nommée en son honneur.

En 2007 elle se marie à Wyndham Strover, un confrère de classe d'université revu plusieurs années plus tard, lui-même avocat à Rothersay au Nouveau-Brunswick, avec qui elle passera les dernières années de sa vie[14].

En 2012, un monument érigé près de l'Assemblée nationale lui rend hommage en compagnie d'autres pionnières de la lutte des femmes au Québec : Idola Saint-Jean, Marie Gérin-Lajoie et Thérèse Casgrain.

Marie-Claire Kirkland-Strover décède le à l'âge de 91 ans. Le même jour, le Premier ministre du Québec Philippe Couillard annonce la tenue de funérailles nationales "pour souligner l’engagement et le dévouement de Mme Kirkland-Casgrain qui, en tant que première femme à exercer des fonctions dans les domaines politique et juridique au Québec, a mis ses convictions au service de l’égalité entre les femmes et les hommes"[15].

Engagement social

Outre ses engagements déjà mentionnés (Jeunesse libérale, Club Mariana B. Jodoin, Fédération des femmes libérales du Québec, Association des femmes avocates de la province de Québec, revue Châtelaine), Marie-Claire Kirkland fût aussi Vice-présidente du conseil exécutif de la Ligue de sécurité de la province de Québec, membre directrice de l'Orchestre de chambre de McGill, gouverneure à vie de la Corporation de l'Hôpital Douglas et fondatrice et présidente du chapitre canadien de l'Alliance internationale des femmes[16].

Legs

En 1964, elle fait adopter la Loi sur la capacité juridique de la femme mariée permettant aux femmes mariées d'exercer des actes juridiques sans le consentement de leur mari. On lui doit aussi la création de l'Institut de tourisme et d'hôtellerie du Québec (ITHQ), fondé par le gouvernement en 1968 sur sa proposition alors qu'elle est ministre du Tourisme, de la chasse et de la pêche[17]. En 1969 elle fait adopter la Loi concernant les régimes matrimoniaux et l'établissement de la société d'acquêts, en 1972 la Loi sur les biens culturels[18] (devenue en 2011 la Loi sur le Patrimoine culturel) qui permet au ministre des Affaires culturelles de classer un bien même contre l'avis de son propriétaire et en 1973 la Loi 63 établissant le Conseil du statut de la femme, organisme ayant pour but de conseiller le gouvernement sur les enjeux liés aux femmes québécoises et de sensibiliser la population[19].

Bibliographie

  • Allaire, Emilia B., Têtes de femmes : essais biographiques, Québec, éditions de l'Équinoxe, 1964, p. 89-94.
  • Claire Kirkland-Casgrain, A woman in politics, my own story, Châtelaine, no 49 () p. 47, 99-103.
  • Guylaine Boucher, « Avocate défenderesse de la démocratisation d’une société, Marie-Claire Kirkland », Journal du Barreau, vol. 37, no 10 ().
  • Josiane Lavallée, La députation féminine au Parti libéral et au Parti québécois. Un parcours de 50 ans : 1961–2011, Bulletin d’histoire politique, vol. 20, no 2 (automne 2011) : 25-45.
  • Janice Paskey, A conversation with Marie-Claire Kirkland, McGill News Alumni Quarterly, Spring 1998.
  • International Who’s who of women 2002. 3eédition. Europa publications, 2002.

Honneurs

Monument en hommage aux femmes en politique, colline parlementaire de Québec.

Prix et décorations

Doctorats honorifiques

Lieux et monuments commémoratifs

Notes et références

  1. « Claire Kirkland-Casgrain : Décès de la première femme députée à Québec », sur Le Huffington Post Québec, (consulté le )
  2. « Me Marie-Claire Kirkland | Barreau de Montréal », sur www.barreaudemontreal.qc.ca (consulté le )
  3. « Généalogie Philippe Casgrain », sur www.nosorigines.qc.ca (consulté le )
  4. Lise Ravary, « Merci, madame Kirkland-Casgrain », Le Journal de Montréal, (lire en ligne, consulté le )
  5. Barreau du Québec, « Volume 35 - Numéro 13 », sur http://www.barreau.qc.ca (consulté le )
  6. « PHILIPPE CASGRAIN A renaissance man passes - The Métropolitain », sur www.themetropolitain.ca (consulté le )
  7. Télévision - Radio-Canada.ca, « 5 décembre 1962 | Quelle histoire! | Radio-Canada.ca », sur Quelle histoire! | Radio-Canada.ca (consulté le )
  8. « La société d’acquêts », Éducaloi, (lire en ligne, consulté le )
  9. « 40 ans de présence et d'action - À travers l'oeuvre de ses présidentes », sur www.csf.gouv.qc.ca (consulté le )
  10. Gabrielle Duchaine, « Funérailles nationales pour la première femme députée Claire Kirkland-Casgrain », La Presse, (lire en ligne).
  11. « Décès de Claire Kirkland-Casgrain, première femme à l'Assemblée nationale », Le Soleil, (lire en ligne, consulté le )
  12. « L'histoire du salaire minimum », sur travail.gouv.qc.ca, (consulté le )
  13. Josiane Lavallée, « Claire Kirkland-Casgrain » dans L'Encyclopédie canadienne, Historica Canada, 1985–. (consulté le ).
  14. (en-US) « Homage to Claire Kirkland-Casgrain : Law | Focus online », sur publications.mcgill.ca (consulté le )
  15. Secrétariat ? la Condition féminine, « Détail du communiqué », sur www.scf.gouv.qc.ca, (consulté le )
  16. « Généalogie Philippe Casgrain », sur www.nosorigines.qc.ca (consulté le )
  17. « http://www.assnat.qc.ca/Media/Process.aspx?MediaId=ANQ.Vigie.Bll.DocumentGenerique_135363&process=Default&token=ZyMoxNwUn8ikQ+TRKYwPCjWrKwg+vIv9rjij7p3xLGTZDmLVSmJLoqe/vG7/YWzz », sur www.assnat.qc.ca (consulté le )
  18. Ministère de la Culture et des Communications, « Histoire de la protection du patrimoine au Québec », sur www.mcc.gouv.qc.ca, (consulté le )
  19. « Historique et présidentes – Conseil du statut de la femme (CSF) », sur www.csf.gouv.qc.ca (consulté le )
  20. « Marie-Claire Kirkland – Ordre national du Québec », sur www.ordre-national.gouv.qc.ca (consulté le )
  21. « Claire Kirkland-Casgrain | l'Encyclopédie Canadienne », sur www.thecanadianencyclopedia.ca (consulté le )
  22. « Affaire « personne » | l'Encyclopédie Canadienne », sur www.thecanadianencyclopedia.ca (consulté le )
  23. Office of the Secretary to the Governor General, « Mme Marie-Claire Kirkland, C.M., C.Q., B.A., LL.D., c.r. », sur La gouverneure générale du Canada (consulté le )
  24. (en) Arrondissement de LaSalle, « Legs du 375e anniversaire de Montréal - Inauguration de la promenade de l'Aqueduc et désignation du parc Marie-Claire-Kirkland-Casgrain », sur www.newswire.ca (consulté le )
  25. « Monument Hommage aux femmes en politique Inauguration d’une plaque commémorative - Assemblée nationale du Québec », sur www.assnat.qc.ca (consulté le )
  26. Agence QMI, « Assemblée nationale: deux salles en l’honneur de Pauline Marois et de Marie-Claire Kirkland », sur Le Journal de Québec (consulté le )

Articles connexes

Liens externes

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