Clémentine d'Orléans

Marie Clémentine Léopoldine Caroline Clotilde d’Orléans, également connue sous le titre de Mademoiselle de Beaujolais, née le à Neuilly-sur-Seine, en France, et morte le à Vienne, en Autriche-Hongrie, est une fille de Louis-Philippe, duc d'Orléans qui deviendra roi des Français en 1830 (maison d’Orléans) et, par mariage, un membre de la famille princière de Saxe-Cobourg et Gotha.

Clémentine d’Orléans
Clémentine d'Orléans.
Biographie
Titulature Princesse du sang (1817-1830)
Princesse d'Orléans (1830-1848)
Princesse de Saxe-Cobourg et Gotha-Kohary
Dynastie Maison d’Orléans
Nom de naissance Marie Clémentine Léopoldine Caroline Clotilde d’Orléans
Surnom Mademoiselle de Beaujolais
Naissance
Neuilly-sur-Seine (France)
Décès
Vienne (Autriche-Hongrie)
Sépulture Église Saint-Augustin de Cobourg
Père Louis-Philippe Ier
Mère Marie-Amélie de Naples et de Sicile
Conjoint Auguste de Saxe-Cobourg et Gotha-Kohary
Enfants Philippe de Saxe-Cobourg-Kohary
Auguste de Saxe-Cobourg-Kohary
Clotilde de Saxe-Cobourg-Kohary
Amélie de Saxe-Cobourg-Gotha
Ferdinand Ier de Bulgarie
Religion Catholicisme romain

Signature

Famille

Clémentine d’Orléans est la dernière fille du roi des Français Louis-Philippe Ier (1773-1850) et de son épouse Marie-Amélie de Bourbon (1782-1866), princesse des Deux-Siciles.

Le , Clémentine d’Orléans épouse au Château de Saint-Cloud le prince Auguste de Saxe-Cobourg-Gotha (1818-1881), connu également sous le nom de Auguste de Saxe-Cobourg-Kohary[N 1], fils cadet de Ferdinand de Saxe-Cobourg-Saalfeld (1785-1851) et de la princesse hongroise Antoinette de Koháry (1797-1862). Le mariage n’est guère prestigieux, surtout si l’on considère l’ambition de Clémentine de devenir un jour reine. Mais Auguste est tout de même le frère du roi consort Ferdinand II du Portugal et de la duchesse de Nemours et sa mère est fabuleusement riche. Il est également le neveu de Léopold Ier de Belgique et le cousin germain du prince consort Albert du Royaume-Uni et de son épouse la reine Victoria.

Le couple a 5 enfants :

Biographie

Portrait de la princesse par Winterhalter.

La princesse Clémentine d’Orléans est une femme d’une grande beauté et le roi Charles X ne s’y trompe pas lorsqu’il déclare à son père, alors qu’elle n’est encore qu’une adolescente : « Monsieur, si j’avais quarante ans de moins, votre fille serait reine de France ! ».

Clémentine est également une femme brillante dont la plus grande ambition est de devenir un jour reine. Pourtant –ou peut-être à cause de cela– son mariage n’est pas chose aisée d’autant que le père de Clémentine, le roi Louis-Philippe Ier, est longtemps considéré comme un usurpateur par la plupart des monarques européens.

C’est pourquoi, en 1843, la princesse âgée de 26 ans se résigne à épouser, comme deux de ses frères et sœurs, un prince de la Maison de Saxe-Cobourg, le duc en Saxe Auguste de Saxe-Cobourg-Kohary (1818-1881). Il faut dire qu’au XIXe siècle, selon une formule connue, les Saxe-Cobourg sont un peu « haras de l’Europe »  : en 1816, le prince Léopold a épousé la princesse de Galles. Celle-ci meurt l'année suivante mais Léopold reste en Angleterre et conserve ses pensions. En 1831, après avoir refusé la couronne et le trône de la Grèce nouvellement indépendante, il est devenu le premier roi des Belges et épouse la princesse Louise-Marie d'Orléans, sœur aînée de Clémentine. La sœur du roi des Belges, la princesse Victoria a épousé en secondes noces le duc de Kent, elle est la mère de la reine Victoria du Royaume-Uni. La jeune souveraine a épousé en 1840 son cousin Albert de Saxe-Cobourg-Gotha. Un autre frère de Léopold et Victoria a épousé en 1815 une richissime héritière Hongroise, Maria-Antonia de Kohary de Csabrag. Pour se marier, il a dû se convertir au catholicisme ce qui permettra à ses enfants de s'allier aux grandes dynasties européennes catholiques. Son fils aîné Ferdinand a épousé en 1836 la reine Marie II de Portugal, sa fille Victoria a épousé le duc de Nemours, frère de Clémentine. Rien n’interdit à Clémentine d’espérer que son époux soit un jour élu souverain d’un nouveau pays… Pour ce faire, elle doit notamment donner des héritiers à son mari et dans les trois premières années de son mariage met au monde trois enfants : Philippe, Auguste et Clotilde.

En 1848, la révolution oblige la princesse à quitter la France avec son père et la plupart des membres de la famille royale. Elle s’installe d’abord en Angleterre puis part vivre à Cobourg où elle donne le jour à son quatrième enfant, Amélie, et enfin à Vienne, où son mari est officier. Elle donne tardivement le jour à un fils, Ferdinand, en 1861.

Le cœur et l'ambition

Réalisant qu’elle ne sera jamais reine, l’ambitieuse Clémentine concentre tous ses efforts dans le mariage de ses enfants. Clotilde, épouse en 1864 l'archiduc Joseph, chef de la branche hongroise de la famille impériale. La sœur de l'archiduc a épousé le roi Léopold II de Belgique, un neveu de Clémentine. C'est un mariage brillant mais sans réelles importance politique.

En 1864, tandis que l'archiduchesse Charlotte, sœur de Léopold II, et son mari l'archiduc Maximilien ceignent la couronne impériale du Mexique, Clémentine envoie son fils cadet et son neveu Gaston d'Orléans, comte d'Eu au Brésil; son fils a pour mission d'y épouser la fille aînée de l'empereur et de devenir prince consort tandis que son neveu devra épouser la sœur cadette de la future souveraine. Cependant, Auguste s'éprend de la cadette des deux sœurs et le comte d'Eu de l'aînée. N'écoutant que leur cœur, les jeunes gens, avec l'accord de leurs promises, échangent leurs fiancées et contractent des mariages d'inclination. Auguste ne ceindra pas la couronne du Brésil. Quant à Charlotte, ses ambitions mexicaines se transformeront en tragédie : son mari est déchu puis fusillé par des rebelles et elle sombre dans la folie.

Cependant, alliée à toutes les cours d'Europe, ses frères et sœurs lui demandent ses services pour négocier les mariages de leurs enfants. Ainsi joue-t-elle un rôle essentiel dans le mariage de son neveu, le duc d'Alençon avec la duchesse Sophie-Charlotte en Bavière, sœur de l'impératrice d'Autriche en 1868.

Quelques années plus tard, le fils aîné de Clémentine, Philippe, épouse en 1875 une cousine, la fille du roi des Belges. Louise de Belgique est une Cobourg par son père et une Orléans par sa grand-mère. Sa mère est cette archiduchesse d'Autriche de la branche hongroise, belle sœur de Clotilde. C'est un mariage de famille mais sans importance politique et qui se transformera rapidement en fiasco conjugal.

Clémentine et son fils Ferdinand (1866)

Déçue par ses aînés, Clémentine concentre toutes ses ambitions sur le plus jeune de ses fils, le prince Ferdinand né tardivement en 1861. Elle est en effet persuadée qu’en tant que descendant de Louis-Philippe et du roi-soleil, Ferdinand mérite plus qu’un autre de devenir roi ! C’est ainsi que, lorsque le prince Alexandre de Battenberg est chassé de Bulgarie en 1886, Clémentine mène une intense campagne de lobbying pour faire élire son fils à la tête du pays.

Remarquablement perspicace et douée pour la politique et la diplomatie, Clémentine est souvent envoyée comme émissaire auprès des autres cours européennes par son fils Ferdinand.

Extrêmement riche, Clémentine gagne la popularité des sujets de Ferdinand en leur distribuant son argent. Elle réalise ainsi une donation de quatre millions de francs qui permet la construction d’une voie ferrée reliant la Bulgarie au réseau ferroviaire européen.

Ferdinand devient prince souverain de Bulgarie en 1887. Il épouse tardivement la princesse Marie-Louise de Bourbon-Parme qui sera une épouse digne mais très malheureuse. D'une part, Ferdinand est accusé de tromper son épouse, d'autre part, malgré ses promesses, il fait baptiser ses enfants dans la foi orthodoxe de ses sujets. Dans ses mémoires, sa belle-sœur, la princesse Louise de Belgique prétend qu'il est adepte de rites sataniques. En 1899, la princesse Marie-Louise de Bulgarie meurt des suites d'un accouchement et Clémentine prend en charge l'éducation du prince héritier Boris, prince de Tirnovo.

Clémentine rend également service à sa parentèle en négociant de prestigieuses unions pour les Orléans en exil. Ainsi joua-t-elle un rôle important dans le mariage de son neveu le duc d'Alençon avec la duchesse Sophie-Charlotte en Bavière, sœur de l'impératrice d'Autriche et de la reine des deux-Siciles.

Clémentine meurt presque sourde à Vienne, en 1907, à l’âge de 89 ans. Elle est enterrée à Cobourg et cette inscription est placée sur sa tombe : « fille de roi, pas devenue reine, mais mère de roi à présent ».

Épilogue

En 1908, Ferdinand se proclame tsar des Bulgares. En 1914, il se range du côté des Empires centraux, la défaite l'accule à l'abdication. Son fils Boris III, élevé par sa grand-mère lui succède. Allié de l'Allemagne mais antinazi notoire, il mourra subitement après une entrevue houleuse avec Hitler. Le troisième et dernier tsar des Bulgares Siméon II, encore enfant, devra s'exiler en 1946 après la prise du pouvoir par les communistes; Il ne reviendra que 50 ans plus tard et sera élu premier ministre.

Titulature et décorations

Titulature

  •  : Son Altesse Sérénissime mademoiselle de Beaujolais, princesse du sang de France
  •  : Son Altesse Royale mademoiselle de Beaujolais, princesse du sang de France
  •  : Son Altesse Royale la princesse Clémentine d'Orléans
  •  : Son Altesse Royale la princesse Auguste de Saxe-Cobourg et Gotha, duchesse en Saxe

Décorations dynastiques

Autriche-Hongrie
Dame de l’ordre de la Croix étoilée[1]
Royaume de Bavière
Dame d'honneur de l’ordre de Thérèse[1]
Dame de première classe de l’ordre de Sainte-Élisabeth[1]
Royaume d'Espagne
Dame de l'ordre de la Reine Marie-Louise

Articles connexes

Sources

  • Olivier Defrance, La Médicis des Cobourg : Clémentine d’Orléans, Bruxelles, Racine, , 368 p. (ISBN 978-2-87386-486-6 et 2-87386-486-9, lire en ligne).
  • Dimitroff, P., Clémentine d'Orléans, Princess Augustus of Saxe-Coburg - King-Maker inveterate, Sofia, 1997.
  • Teyssier, Arnaud, Les Enfants de Louis-Philippe et la France, Pygmalion, Paris, 2006.

Notes et références

Notes

  1. Ce nom ne fait pas l'unanimité auprès des historiens et nombreux sont ceux qui, comme Olivier Defrance, considèrent que la famille d'Auguste n'a jamais adjoint le nom de Kohary à celui de Saxe-Cobourg. De fait, la correspondance de la reine Victoria montre qu'elle-même doutait qu'une telle modification ait été faite à l'occasion du mariage des grands-parents paternels d'Auguste. Malgré tout, le nom de Saxe-Cobourg-Kohary est largement utilisé dans la littérature consacrée à la famille (Defrance 2007, p. 68).

Références

Liens externes

  • Portail de la France au XIXe siècle
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