Christophe Barraud (économiste)
Christophe Barraud, né le , est un économiste français. Chef économiste et stratégiste chez Market Securities, il est avant tout connu pour avoir été classé par Bloomberg LP comme meilleur prévisionniste au monde sur les statistiques américaines, chinoises et de la zone Euro durant les années 2010.
Pour les articles homonymes, voir Christophe Barraud.
Biographie
Jeunesse et études
Christophe Barraud a grandi à Saint-Laurent-du-Var[1]. Il a obtenu son baccalauréat en sciences économiques au Lycée Thierry Maulnier (Académie de Nice), un DEUG en économie-gestion à l'Université Nice Sophia-Antipolis, puis une licence, une maîtrise et un master en finance (104) à l'Université Paris-Dauphine.
Enfin, Il a obtenu un doctorat en économie financière à l'université Paris-Dauphine en 2012. Ses travaux portaient sur L’efficience informationnelle du marché des paris sportifs : un parallèle avec les marchés boursiers[2]. Cette thèse présente le marché des paris sportifs, plus précisément en quoi il constitue un cadre d’observations simplifié suffisamment proche des marchés boursiers pour tester la théorie de l’efficience informationnelle et aboutir à des conclusions tranchées concernant sa validité empirique. Elle discute également de la rationalité des parieurs et montre en quoi le comportement de ces derniers n’est pas si différent de celui des investisseurs sur les marchés boursiers.
Parcours professionnel
Après avoir assumé la fonction d’assistant économiste chez Dexia Securities, il a rejoint Market Securities en 2011[3] et occupe le poste de chef économiste et stratégiste à Paris. Il a été classé par Bloomberg LP comme meilleur prévisionniste au monde sur les statistiques américaines entre 2012 et 2020, sur les statistiques de la zone euro entre 2015 et 2019, ainsi que sur celles de la Chine avec sa collègue Vanessa Shazad en 2017, puis (seul) en 2018, 2019[4] et 2020.
Ses recherches s’adressent à une vaste catégorie d’investisseurs mondiaux (banques, assurances, sociétés de gestion, hedge funds, fonds de pensions, etc.). Certaines de ses analyses sont ouvertes au public et sont distribuées via des articles de presse, contributions ou interventions télévisées. Avec notamment plus de 100.000 followers sur les réseaux sociaux (dont plus de 80.000 sur Twitter), Focus Economics (#27)[5] et Richtopia[6] (#63) l’ont classé parmi les économistes les plus influents de la planète.
Prises de position
Sur les échanges mondiaux de marchandises, l’économie américaine, française et la Covid-19
Ses prévisions ont été particulièrement remarquées pour leur justesse dans le cadre de la guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine. Au mois d’avril 2018[7], malgré l’annonce des barrières tarifaires de l’administration Trump, il a réitéré sa confiance dans l’accélération de l’activité américaine et, un mois plus tard[8], a revu en hausse hausse sa prévision de croissance à +2.8% pour 2018 tout en confirmant son scénario de quatre relèvements de taux de la part de la Réserve Fédérale. Par la suite, dès le mois de juin[9], même s’il conservait une vision optimiste concernant les États-Unis, il a mis en lumière la complaisance du consensus vis-à-vis des estimations de croissance des échanges mondiaux et a mis en garde contre un retournement de la croissance mondiale.
Lors d’une contribution au magazine Forbes en septembre[10], il a réitéré son scepticisme vis-à-vis des attentes « optimistes » du consensus sur l'année 2019, et a annoncé une dégradation à venir des estimations de croissance mondiale pour 2018 et 2019. Enfin, en novembre, alors que la plupart des économistes[11] s’attendaient à une escalade des tensions entre les États-Unis et la Chine, il anticipait une trêve pour une période limitée[12].
En 2019, il s'est également démarqué par une parfaite anticipation de la dynamique du commerce international. Il diagnostiquait en janvier, dans une interview à Business Insider, un inversement de la tendance positive dans la trêve entre les Etats-Unis et la Chine, à l’inverse de la plupart des prévisionnistes[13].
Dans ce contexte, il fut l'un des rares économistes à tirer la sonnette d'alarme sur la complaisance des analystes vis-à-vis des perspectives de croissance mondiale en raison d’une vision trop optimiste à l’égard de la croissance des échanges de marchandises. Il a signé à ce titre une tribune dans Forbes[14] dans laquelle il soulignait le risque d’une contraction en rythme annuelle dès le premier trimestre (Cette dernière interviendra en février[15]).
De même, en février, par le biais de Twitter, il a prédit correctement la récession des échanges de marchandises[16], et s'est fait remarquer à la même période à la télévision comme l’un des rares analystes à anticiper la récession qui touchera les résultats des entreprises américaines (S&P 500) dès le deuxième trimestre 2019[17]. En mai, il a été le premier à identifier le changement de ton des autorités chinoises qui conduit à une nouvelle escalade des tensions commerciales avec les États-Unis au cours de l’été[18].
En parallèle, sur le plan de la politique monétaire, il a soulevé en juillet un problème de manque de liquidité concernant l’offre de dollar, pouvant servir de justification à la Fed pour mener une politique plus accommodante[19]. Cette dernière choisira de mettre fin à la réduction de son bilan dès le mois d’août[20], alors que les taux de répo se tendront significativement au mois de septembre[21].
Début septembre, il a adopté un positionnement beaucoup plus optimiste dans les médias à l’égard du conflit commercial entre les Etats-Unis et la Chine. En octobre, il a dévoilé publiquement les arguments justifiant un accord « partiel » à court terme entre les deux pays[22].
Dans le même temps, il a écarté la menace d’une montée des tensions entre les États-Unis et l’Europe que ce soit pour dans le dossier Airbus, ou celui de l’automobile. Dans ce contexte, malgré une vision pessimiste sur le commerce mondial pour la fin 2019[23] (en octobre, la croissance des échanges mondiaux s'est contractée au rythme le plus élevé depuis octobre 2009), il a gardé un jugement positif sur les marchés actions[24], qui atteindront des sommets dans la foulée de l’annonce d’un accord mi-décembre entre les États-Unis et la Chine[25]. En janvier 2020, malgré la signature de l’accord entre les deux partis, il a mis en exergue, sur Twitter[26], l’incapacité des officiels chinois à remplir leurs engagements pour 2020.
Concernant la Covid-19, en février 2020[27], il a souligné la complaisance des économistes et analystes vis-à-vis de l’impact économique de la pandémie. De même, dès le 8 avril[28], il mettait en garde en évoquant une "contraction à deux chiffres du PIB français en 2020" (en se basant sur les estimations de la Banque de France d'une contraction de l'économie de 6% au premier trimestre), quand le consensus des économistes ne misait encore que sur une chute de l'ordre de 3,3%. Dans ce contexte, il a souligné que l’économie mettrait des années avant de retrouver son niveau d’avant crise[29] et a anticipé, dès l’été, une rechute d’activité au 4ème trimestre[30]. En octobre 2020[31], il notait qu’une reprise durable ne pourrait être amorcée qu'à partir du deuxième trimestre 2021.
Enfin, sur les Etats-Unis, même s’il a correctement prévu la victoire de Joe Biden[32], il s’est montré beaucoup trop pessimiste sur les perspectives de croissance 2020 entre juin et décembre. Néanmoins, l'amélioration de la situation sanitaire et le soutien en provenance de la politique fiscale l'ont conduit à prédire une croissance largement supérieure au consensus pour 2021[33] avec un PIB au-dessus de son niveau pre-Covid dès la fin du T1 2021[34].
Sur les politiques monétaires accommodantes
Christophe Barraud s'est montré critique à l'égard des politiques monétaires accommodantes. Il considère que les politiques monétaires accommodantes, si elles permettent de dynamiser l'économie en temps de crise, ont également tendance à encourager le risque excessif, à faire augmenter artificiellement les prix des actifs financiers et de l'immobilier. Parallèlement, elles profitent plus aux riches, qui peuvent ainsi investir et s'endetter à souhait, renforçant indirectement les inégalités sociales. Les injections de liquidité empêchent le processus de destruction créatrice en permettant à des entreprises peu productives, qui auraient dû naturellement mourir, de survivre. De même, les politiques de taux 0% des banques centrales pénalisent aussi les banques et assurances en faisant pression sur leurs marges[35].
Hommages et récompenses
Sur l'économie américaine
Il a été sacré en 2012 meilleur prévisionniste de l'économie américaine par Bloomberg LP[36], à seulement 26 ans[37], avec 62,30 points (sur 100). Il a obtenu le même titre l'année suivante, avec 61,60 points (sur 100)[38],[39]. Il a reproduit cette réussite en 2014 avec 61,52 points sur 100[40], puis en 2015 avec 63,75 points sur 100, devant Jim O'Sullivan[41].
Ces réussites prédictives se sont perpétuées en 2016, avec un score de 64,64 points sur 100[42], puis en 2017 en améliorant son record (66,18 points sur 100)[43], et en 2018, avec 67,07 points sur 100[44], gardant son titre pour la 7ème année de suite[45]. Il a conservé son titre en 2019[46] et en 2020[47] pour la 9ème année consécutive.
MarketWatch[48] lui a également décerné le titre de meilleur prévisionniste sur les statistiques américaines en 2020.
Sur l'économie de la zone Euro
En 2015, il est devenu meilleur prévisionniste sur les statistiques de la zone euro avec 69,75 points[49] et le premier économiste à remporter ce titre sur deux zones géographiques différentes[50]. Il a imité son record précédent en 2016, avec un score de 71,51 sur 100[51], et en 2017, avec le score inégalé de 72,79 sur 100[52].
Il a amélioré son record avec un score de 73,59 points sur 100 en 2018[53]. Il a fait moins bien en 2019 avec un score de 72,77 points sur 100[54] mais a tout de même conservé son titre pour la 5ème année d'affilée. En 2020[55], il a terminé à la seconde place derrière un duo allemand de la « Bantleon Bank ».
Sur l'économie chinoise
En 2017, il a été classé (en binôme avec sa collègue : Vanessa Shazad) meilleur prévisionniste sur les statistiques chinoises (60,56 points)[56] et est devenu le premier économiste à remporter ce titre sur trois zones géographiques différentes. Il a fait de même en 2018, seul cette fois-ci, avec un score en augmentation (63,15 sur 100[57]). Il a amélioré son score en 2019, terminant une nouvelle fois en tête (64,85 sur 100[58]). En 2020[59], il a conservé son titre pour la 4ème année consécutive avec toutefois un score en léger repli.
Notes et références
- « Un jeune laurentin sacré meilleur prévisionniste », nicematin.com, consulté le 28 décembre 2013.
- « Thèse soutenue publiquement le 6 décembre 2012. »
- christophe-barraud, « Biographie »
- « Christophe Barraud conserve sa couronne de meilleur prévisionniste au monde », sur Capital.fr
- (en) « 75 Top Economics Influencers to Follow », sur focus-economics.com, .
- (en) Richtopia, « Top 100 Most Influential Economists Online (2020) »
- (en) « Trade Fight Expected to Add Risk But Not Sink the U.S. Economy », sur Bloomberg,
- « La Fed Prête à Relever Ses Taux Directeurs…Une Quatrième Fois ? », sur Forbes,
- (en) « Global trade growth will slow more than expected by economists (>4.0%e vs 4.8% prior) and is the main downside risk to global growth prospects. », sur Twitter,
- « Les mesures protectionnistes américaines devraient peser sur la croissance mondiale »,
- (en) « Goldman Says Trade War Escalation ‘Most Likely’ Outcome of Trump-Xi Dinner », sur Bloomberg,
- (en) « it’s very likely that a “temporary/framework” deal, synonym of truce (tariffs on hold for a definite time period), could be found this weekend. The details of the negotiations will probably be then entrusted to senior aides. », sur Twitter
- « The world's most accurate economic forecaster shares the major risk he views differently from most experts — and how investors can profit from it », sur Business Insider
- Christophe Barraud, « CROISSANCE DES ÉCHANGES MONDIAUX : VERS UNE POURSUITE DE L’INFLEXION », Forbes, , P. 146 (lire en ligne)
- « World trade monitor | CPB.nl », sur www.cpb.nl (consulté le )
- (en) Christophe Barraud 🛢, « Given the latest statistics (global trade growth contracted in 4Q: https://bit.ly/2IJamUB ), I now expect a global trade recession (at least two negative quarters).https://twitter.com/C_Barraud/status/1101033673762226181 … », sur @C_Barraud, 2019t00:18 (consulté le )
- « Earnings Insight », sur Factset,
- « I think that most of participants didn’t understand that #China has changed its stance since last weekend by: *Giving 3 red-lines including the removal of tariffs *Taking an offensive approach in Chinese public media and social networks *Adopting a stronger nationalist tone », sur Twitter
- (en) Christophe Barraud 🛢, « It implies dollar scarcity in the short term and could be a technical reason for the #Fed to terminate its balance sheet reduction sooner than expected.https://twitter.com/C_Barraud/status/1155733135029604352 … », sur @C_Barraud, 2019t23:57 (consulté le )
- « Fed’s Rate Cut Also Brings Early Halt to Balance Sheet Shrinkage », sur Wall Street Journal
- « La Fed injecte en catastrophe 53 milliards de dollars de liquidités dans le système financier », sur Le Monde
- « #Trade (1) | I think that time approaches for a “partial deal” », sur Twitter.fr
- « The world's most accurate economic forecaster sees a 'prolonged global slowdown' on the horizon — and warns it can only be narrowly avoided », sur Business Insider
- « 2020 : Vers une nouvelle crise financière ? », sur YouTube
- « Une année 2019 exceptionnelle pour les marchés financiers », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )
- « However, my view is that #China will fall short of expectations for most of 2020 sub-targets especially if, as stated, the government only buys “on market conditions” », sur Twitter
- « Most of Analysts/Economists Remain Too Complacent About The Economic Impact Of The Coronavirus In 2020 », sur Trackinsight
- « POURQUOI LES PRÉVISIONS DES ÉCONOMISTES SONT ENCORE TROP OPTIMISTES », sur Tradingsat
- « Le meilleur prévisionniste du monde » est clair : « L’économie mettra des années à gommer le trou de 2020 », sur Nouvel Obs
- « Croissance: avis de tempête pour les six prochains mois », sur L'Opinion
- « Quand, pourquoi et comment l’économie européenne et mondiale se relèvera-t-elle de la crise liées à la pandémie de Covid-19 ? », sur christophe-barraud.com
- « Christophe Barraud : "Les Etats-Unis sont revenus à un niveau de croissance pas trop mal par rapport à l'avant-crise" », sur Europe 1
- Christophe Barraud, « US Growth Will Exceed Expectations In 2021 », sur https://www.christophe-barraud.com/
- (en) « U.S. Real GDP Can Fully Recover From Covid-19 By The End Of 1Q21 », sur https://www.christophe-barraud.com
- « INFO AOF : "les injections massives de liquidités gênent le processus destruction créatrice" Interview de Christophe Barraud, chef économiste et stratégiste chez Market Securities », sur Capital.fr, (consulté le )
- Article "L'oracle français" de l'hebdomadaire le point du 12 décembre 2013 n°2152, page 128.
- Rtl.fr ; le choix d'Yves Calvi Consulté le 28 décembre 2013.
- Frenchmorning.com ; C. Barraud meilleur prévisionniste 2013 Consulté le 28 décembre 2013.
- M.france24.com ; Champion du monde des prévisions économiques Consulté le 28 décembre 2013.
- Businessforecastblog.com ; Top Forecasters ot the US econony Consulté le 25 mars 2015.
- « Classement Bloomberg US T4 2015 » (consulté le )
- « Classement Bloomberg US T4 2016 »
- « Classement Bloomberg US T4 2017 »
- « Classement Bloomberg US T4 2018 »
- « Le Français Christophe Barraud conserve son titre de meilleur prévisionniste US au monde », sur Capital,
- « Classement US T4 2019 »
- « Classement Bloomberg US T4 2020 »
- « Strong U.S. economic rebound will surprise markets and the Federal Reserve, says the best forecaster of 2020 », sur MarketWatch
- « Classement Bloomberg Eurozone T4 2015 » (consulté le )
- « Bfmbusiness.bfmtv.com : Les petits secrets du meilleur prévisionniste au monde »
- « Classement Bloomberg Eurozone T4 2016 »
- « Classement Bloomberg Eurozone T4 2017 »
- « Classement Bloomberg Eurozone T4 2018 »
- « Classement Bloomberg Eurozone T4 2019 »
- « Classement Bloomberg Eurozone T4 2020 »
- « Classement Bloomberg Chine T4 2017 »
- « Classement Bloomberg China T4 2018 »
- « Classement Bloomberg China T4 2019 »
- « Classement Bloomberg China T4 2020 »
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