Chevrefoil

Chevrefoil est le onzième des « lais » écrits par Marie de France à la fin du XIIe siècle. Composé de cent dix huit octosyllabes, c'est le plus court du recueil.

Enluminure représentant Marie de France, Paris, BnF, Bibliothèque de l'Arsenal, Ms. 3142, fo 256.

Le poème, inspiré d'un lai breton, reprend un épisode de la geste de Tristan .

Résumé

Tristan est chassé du royaume de Marc,PARCEQUE IL EST PAS OUF QUOI le roi séjourne un an dans le sud du pays de Galles. Il revient par la suite en Cornouailles, où vit la reine, et demeure caché dans la forêt. À la Pentecôte, les barons doivent se rassembler à Tintagel. Le jour du départ du roi, Tristan se rend dans la forêt, à l'endroit où le cortège doit passer ; il grave son nom sur une branche de coudrier qu'il a équarrie, et laisse un message à Iseult. Le message est qu'il ne peut vivre sans elle, et qu'ils sont comme le chèvrefeuille qui s'enroule autour du coudrier, si bien que l'un et l'autre ne peuvent vivre longtemps l'un sans l'autre. La reine reconnaît le message, fait arrêter la troupe et va voir le bâton avec sa servante Brangien. Elle retrouve Tristan et ils se parlent à loisir. Elle lui explique comment se réconcilier avec le roi Marc. Tristan retourne au pays de Galles jusqu'à ce que le roi le fasse revenir. En souvenir de sa joie, Tristan compose le Lai du Chèvrefeuille.

Origine

Ce lai constitue une des traces écrites les plus anciennes du cycle de Tristan et Iseult. Les critiques se sont donc beaucoup penchés sur les sources qui peuvent avoir été celles de la poétesse, puisqu'elle donne le titre du lai en français et en anglais (v.115-116), montrant qu'elle a pu entendre les deux versions[1].

Christiane Marcello-Nizia, dans la chronologie qu'elle propose des textes appartenant au cycle de Tristan et Iseult, donne la date de 1165 pour la composition du lai, ce qui le rend antérieur au Tristant d'Eilhart d'Oberg (1170), au Tristan et Yseut de Thomas (1170-1173) et au Tristan et Yseult (1180)[2]. Cependant, cette chronologie reste incertaine. Il est néanmoins certain que le lai du Chevrefoil (v.35-43) est à rapprocher de la Folie Tristan de Berne (v.145-153).

Marie indique elle-même dans ce lai notamment que ses sources sont à la fois orales et écrites. Il est clair qu'il s'agit de sources liées à la poésie des anciens Bretons, comme Marie l'écrit elle-même.

On a pu prétendre que l'inscription sur le coudrier s'inspirait de pratiques de la poésie irlandaise constituant à graver les poèmes en runes sur du bois[3].et aller jusqu'à imaginer que Tristan écrivait tout un message (seize vers) en ogam sur un bâton de noisetier écorcé mais il ne s'agit là que d'hypothèses issues de considérations ésotériques sans lien avec la simple pratique consistant à tracer des lettres sur du bois tendre.

Annexes

Bibliographie

Éditions
  • Marie de France, Lais de Marie de France, transposés en français moderne par Paul Truffau, Paris, L'Edition de l'Art,
  • Marie de France, Lais de Marie de France, Paris, Honoré Champion, édition de Jean Rychner, .
  • Marie de France, Lais, Paris, Garnier Flammarion, édition de Laurence Harf-Lancner, .
  • Marie de France, Lais, Paris, édition de Philippe Walter, Gallimard, , p. 93-111. .
  • Marie de France, Lais de Marie de France, Paris, édition de Françoise Morvan, Actes Sud, coll. Babel,
  • Lais, Paris, édition de Nathalie Koble et Mireille Séguy, Champion Classiques, , p. 241-265.
  • Philippe Walter (dir. et édition critique) (édition bilingue), Lais du Moyen Âge, Paris, Gallimard, coll. « Pléiade », , p. 234-241.
Essais
  • Emil Schiött, L'Amour et les amoureux dans les lais de Marie de France, Lund, Thèse, (Lire en ligne).
  • Edgard Sienaard, Les lais de Marie de France : du conte merveilleux à la nouvelle psychologique, Genève, Champion, .
  • P. Menard, Les lais de Marie de France, contes d’amours et d’aventures du Moyen Âge, Paris, Littératures Modernes, .
  • Laurence Harf-Lancner, Les fées au Moyen Âge, Paris, Champion,
  • G. S. Burgess, The Lais of Marie de France. Text and context, Manchester,
  • Bernard Sergent, L'origine celtique des Lais de Marie de France, Genève, Droz, . [4].
Articles
  • Joseph Bédier, « Les Lais de Marie de France », Revue des Deux Mondes, no 107, .
  • Lucien Foulet, « Marie de France et les lais Bretons », ZRPh, no 29, 1905. p. 19-56 et 293-322.
  • Ernest Hoepffner, « La tradition manuscrite des lais de Marie de France », Neophilologus, no 12, .
  • Leo Spitzer, « Marie de France Dichterin von Problemmärchen », Zeitschrift für romanische Philologie, no 50, .
  • Ernest Hoepffner, « La géographie et l'histoire dans les Lais de Marie de France », Romania, no 56, , p. 1-32.  (Lien web).
  • Ernest Hoepffner, « Pour la chronologie des Lais de Marie de France », Romania, no 59, , p. 351-370.
  • H. Ferguson, « Folklore in the Lais of Marie de France », Romanic Review, no 57, .
  • R.N.Illingworth, « La chronologie des lais de Marie de France », Romania, no 87, .
  • Jean Frappier, « Une Édition nouvelle des Lais de Marie de France », Romance Philology, no XXII,
  • J. Flori, « Seigneurie, noblesse et chevalerie dans les lais de Marie de France », Romania, no 108, .
  • D. M. Faust, « Women Narrators in the Lais of Marie de France », Women in French Litterature, Saragora, .

Sources

  1. Sergent 2014, p. 295
  2. Christiane Marchello-Nizia, Tristan et Yseut. Les premières versions européennes, Paris, Gallimard, coll. "Bibliothèque de la Pléiade", 1995, p.XLVI
  3. Sergent 2014, p. 306
  4. White-Le Goff, Myriam, « Bernard Sergent, L’origine celtique des Lais de Marie de France », Cahiers de recherches médiévales et humanistes. Journal of medieval and humanistic studies, (ISSN 2115-6360, lire en ligne, consulté le ).

Articles connexes

Liens externes

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