Cheminée rampante

Les cheminées rampantes sont des constructions industrielles caractéristiques des collines marseillaises. Elles sont apparues, au début du xixe siècle, avec l'industrie de la soude, puis du plomb, et les pollutions qui leur sont liées[1].

On en trouve ailleurs, de moindre importance, comme par exemple la mine d'or du Châtelet[2], dans la Creuse, où il s'agit plutôt d'un carneau particulièrement long.

Construites pour des problèmes environnementaux, elles n'ont souvent fait que les déplacer dans l'espace et le temps, créant des problèmes non encore résolus à ce jour.

Le principe

La cheminée rampante de l'ancienne usine Legré-Mante, à Montredon (Marseille 8e).

En 1811, on dénombre près de 20 sites de fabrication de soude à Marseille et dans les environs proches, et une soixantaine de savonneries utilisant la soude[3]. À l'époque, la fabrication de la soude par le procédé Leblanc produit des sous-produits qu'on ne sait pas utiliser et qui doivent être évacués. On dénombre par ailleurs 8 sites de travail du plomb, qui produisent aussi des émanations toxiques[4].

L'évacuation des effluents gazeux (et chargés en particules) se fait naturellement par des cheminées, qu'on fait hautes si possible, et éventuellement décentrées de l'usine elle-même par des carneaux. La conformation de la région avec les pentes fortes des collines environnantes donne l'idée à des industriels de construire des cheminées adossées aux pentes pour s'ouvrir à l'atmosphère à une altitude largement supérieure à celle du sommet d'une haute cheminée classique. Afin de piéger le maximum de particules, on construit à mi-pente des « chambres de condensation », longs couloirs horizontaux repliés en zigzag que les fumées doivent parcourir, et où elles abandonnent une part importante des particules solides qu'elles transportent[5].

Incidence sur le paysage

Le promeneur découvre ici où là de longues voûtes de pierre, à hauteur d'homme, courant le long des versants des collines[6].

La pollution résiduelle des sites est localisée à la cheminée, à son sous-sol immédiat et à ses sorties. Elle est parfois dans les normes à distance, mais elle est particulièrement élevée et dangereuse dans les conduits.

Les cheminées rampantes de Marseille

La cheminée rampante de l'Escalette

La cheminée de l'Escalette se situe au-dessus d'une ancienne usine située au fond de la calanque de l'Escalette, au départ de la route des Goudes. C'était une usine de plomb[7] fondée par M. Meunier en 1857. Le plomb était utilisé dans la fabrication de soude[Information douteuse][8] qui avait lieu dans l'usine de soude des Goudes qui aurait fermé en 1865. La cheminée rampante démarre d'un bâtiment de moyenne importance située dans la partie haute des infrastructures en éventail devant servir de trieurs / bacs de lavage /décantation [2]. Elle passe à coté d'une construction comportant plusieurs cellules orthogonales de même hauteur adjointe au conduit principal : un condensateur. Elle est presque entièrement effondrée sauf sur quelques mètres en dessous de ce bâtiment. Elle est faite de deux murs maçonnés de pierre calcaire aux 2/3 dans une tranchée creusée dans la roche, surmontée d'une voute peu solide faite de briques non pas sur chant mais à plat, recouverte par un mortier friable. Peu de traces de dépôts sur la voute et les murs au dessus du condensateur. Elle est suivie par un sentier avec parfois des marches permettant l'entretien via des ouvertures percées régulièrement dans le mur. Le haut de la cheminée est accessible depuis le col et le sentier balisé au dessus. Son tracé est marquée d'un trait noir sur les cartes IGN, voire d'un trait bleu avec carrés sur la carte IGN des calanques (1/15000).

Les chambres de condensation de l'ancienne usine Legré-Mante

La cheminée de l'usine Legré-Mante, à Montredon, sur le versant voisin au nord est plus facilement accessible mais tout aussi dangereuse (toxicité et éboulement possible). La chambre de condensation est facilement observable mais dangereuse.

Celle de Callelongue est plus petite, peu visible, du même type que les deux précédentes. Elle faisait partie d'une petite unité de traitement du plomb ou d'une usine de soude selon des anciens qui disent l'avoir connue en activité (témoignage en 2019).

Les cheminées de Septèmes sont d'une structure et d'une utilisation différentes, plus grossières, plus larges et ne laissent pas voir de murs latéraux ni de voute en brique, simplement un boyau dans un matériau semblable au mortier cité ci-dessus. De nombreux boyaux courent en échelons presque suivant les courbes de niveau sur les pentes, alimentées par des boyaux principaux. Elles ont principalement ont un rôle de condensation. Des cheminées aériennes de fin de circuits sont présentes, de fort diamètre, que l'on identifie sur les cartes. Les dépôts y sont par contre importants et ont mené à une pollution certaine et durable. Logiquement les chambres de condensation sont absentes. Les fabrications étaient nombreuses et diversifiées contrairement au premier type. En face, le versant sud présente beaucoup de scories et porte des traces analogues le long des courbes de niveau mais pas de boyaux. Les analyses faites par les services de l'état montrent des toxicité différentes suivant l'approche et la connaissance du procédé sur le site de Septèmes.

Pour conclure, elles sont de deux natures :

  • évacuation simple vers le haut
  • évacuation mais surtout condensation des toxiques par un jeu de conduits parallèles suivant les courbes de niveau pour condenser au maximum avant rejet, ce qui explique la quantité importante de conduits.

Références

  1. Xavier Daumalin et Olivier Raveux, Les cheminées rampantes des usines de Marseille au xixe siècle : un objet technique de dépollution au service de l’industrialisme ?, 256 p. (lire en ligne)
  2. « Friches, vieilles pierres / mine d'or, Châtelet / les résidus et la pollution | Avvincentphotos », sur avvincentphotos.piwigo.com (consulté le )
  3. « 19eme-siecle_Pollution-par-usines-de-soude_et_lecon-pour-l'Etang.pdf », sur http://infos.etangdeberre.free.fr
  4. Histoire du site de l'Escalette
  5. « Ancienne cheminée industrielle des Calanques à La Madrague de Montredon », sur www.lakko.fr (consulté le )
  6. « Randomania - Le sommet du Béouveyre par la cheminée rampante », sur Randomania, (consulté le )
  7. « histoire - passé - Friche de l'Escalette – Parc de sculpture et d'architecture légère – Marseille » (consulté le )
  8. Louis Laurent Simonin, Notice sur les usines à plomb dans les Bouches-du- Rhône,

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