Chapelle Sainte-Anne de l'Île-de-Batz
La chapelle Sainte-Anne est une chapelle de l’Église catholique située dans la commune française de l’Île-de-Batz, sur l’île éponyme.
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Chapelle Sainte-Anne de l'Île-de-Batz | |
Vue générale des ruines de la chapelle. | |
Présentation | |
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Culte | Catholicisme |
Type | Chapelle |
Rattachement | Diocèse de Quimper |
Début de la construction | Xe siècle ou XIe siècle |
Style dominant | Roman |
Protection | Classé MH (1980) |
Géographie | |
Pays | France |
Région | Bretagne |
Département | Finistère |
Commune | Île-de-Batz |
Coordonnées | 48° 44′ 31″ nord, 3° 59′ 36″ ouest |
Présentation
La chapelle Sainte-Anne est le seul monument historique de cette île. Elle se dresse au bord de l’anse de Pénity, à l’extrémité sud de l’île, près du jardin tropical Georges-Delaselle.
Les ruines enserrées dans les dunes sont celles d’une très ancienne église romane autrefois dédiée à saint Pol Aurélien. Elles sont classées au titre des monuments historiques par arrêté du [1].
Un pardon à sainte Anne, patronne de la Bretagne, a lieu tous les ans le dernier dimanche de juillet. Une procession vient jusqu’à la chapelle où la messe est célébrée en plein air[2].
Historique
L’église romane est bâtie à l’emplacement du monastère fondé par Pol Aurélien, l’un des sept saints fondateurs de la Bretagne, vénéré à la cathédrale de Saint-Pol-de-Léon lors du Tro Breiz (Tour de Bretagne).
La légende est rapportée dans la Vie de Saint Pol Aurélien, écrite en 884 par Gurmonoc (Wrmonoc) de Landévénec. Un dragon faisait régner la terreur sur l’île. Le comte comte Withur (Gwithur), un cousin du saint, prie celui-ci de l’en débarrasser. Saint Pol passa son étole autour du cou du dragon, le conduisit jusqu’à l’extrémité nord de l’île et le jeta dans la mer au lieu-dit « Toul-ar-Serpan »[3] (le « trou du serpent »). L’étole miraculeuse est actuellement conservée dans l’église paroissiale, mais cette étoffe orientale brodée, bien que très ancienne, date en fait du VIIIe siècle[4].
En remerciement, le comte donna l’île à saint Pol qui y construisit un monastère. Après avoir été évêque de Saint-Pol-de-Léon, il se retire dans son monastère de l’île de Batz où il serait mort centenaire le (date de sa fête) 594, selon le chanoine Aubert. Ce monastère subsista jusqu’aux invasions vikings qui le détruisent en 878 et font de l’île une de leurs bases d’où partent les raids vers le continent. Les reliques du saint sont transférées au monastère Saint-Florent de Fleury-sur-Loire.
Après la victoire de Trans sur les Normands en 939, Le duc Alain Barbetorte refonde l’église de Batz.
Marc Déceneux attribue la construction de l’église au mécénat du comte de Rennes Juhel Beranger, qui tient sa cour non loin, à Lanmeur, pendant le dernier quart du Xe siècle[5]. Ce serait une opération politique liée à la rivalité avec la dynastie cornouaillaise en plein essor, visant à s’associer au prestige du saint fondateur. Si c’est le cas, elle aurait été édifiée à la fin du Xe siècle (comme la crypte de Lanmeur), mais cette datation haute ne fait pas l’unanimité, d’autres historiens y voyant un édifice du XIe siècle[6].
L’anse du Pénity abrite alors le principal foyer de population de l’île. Autour d’un cimetière sablonneux se trouvaient l’église Saint-Pierre-Aurélien, l’actuelle chapelle Sainte-Anne, et une autre église plus petite, Notre-Dame-du-Penity, détruite à la fin du XVIIIe siècle. Près de celle-ci, un rocher nommé Roc’h-ar-Bedy était selon la tradition le lieu de prière et de pénitence du saint.
Jusqu’au XVIe siècle, Saint-Pol est l’église d’un prieuré dépendant de l’abbaye Saint-Melaine de Rennes[7], appelé prieuré de Bath-Paul. Au XVIe siècle, le prieuré devient un bénéfice simple attribué à un prêtre ou recteur relevant directement de l’évêque de Saint-Pol. Comme ses revenus sont importants, on l’unit au Séminaire de Léon au XVIIIe siècle (décret épiscopal du , confirmé par le roi en ), assurant au séminaire un revenu de plus de 600 livres par an.
Vers 1550, une régression marine liée au Petit Âge glaciaire entraine un phénomène d’ensablement en de nombreux points des côtes léonardes (comme en témoigne le village ensablé d’Iliz Koz en Plouguerneau). Les dunes envahissant le Pénity, la population se déplace progressivement vers l’emplacement du bourg actuel, autour d’une chapelle du XIIe siècle, Notre-Dame-de-Bonne-Nouvelle. Même si elle a l’inconvénient de se trouver à l’opposé du bourg, l’église Saint-Pierre-Aurélien reste l’église principale de l’île et la seule suffisamment grande pour contenir tous les habitants. Elle sert de lieu de culte principal jusqu’en 1786. Elle est alors réquisitionnée par le roi pour servir de dépôt de munition et toute remplie d’affûts de canon, comme s’en plaint Mgr. de La Marche, dans un aveu de 1788.
Les deux églises de l’anse du Pénity sont détruites par les soldats pendant la Révolution, comme l’écrit le recteur, M. Jean Le Saout le . Le service y étant désormais impossible, les habitants se reportent sur la chapelle Notre-Dame-de-Bonne-Nouvelle, dans le bourg de l’île, bien qu’elle soit trop petite pour contenir les 1000 habitants, si bien qu’elle est remplacée en 1873-1874 par l’église paroissiale actuelle. Les ruines de l’église Saint-Pol abandonnée sont recouvertes par les dunes, sous plus de trois mètres de sable.
Lors de son désensablement en 1860, elle est presque intacte bien qu’à ciel ouvert, mais l’opération est malheureusement conduite en dépit du bon sens : on procède d’abord à l’excavation de la nef, provoquant l’effondrement d’une grande partie de l’édifice sous la pression du sable à l’extérieur. L’abside, intacte, est transformée en oratoire dédié à sainte Anne.
Menacées d’éboulement[8], les ruines sont progressivement restaurées depuis 2016 (pignon est).
Description
L’église est en croix latine à transept faible, avec chœur en abside semi-circulaire et une absidiole sur chaque bras du transept. Édifiée dans la première période de l’architecture romane en Bretagne, elle n’a semble-il pas subi de modification majeure dans les siècles postérieurs. La datation de l’édifice fait débat, entre la fin du Xe siècle[5] et la seconde moitié du XIe siècle[7].
- La chapelle ensablée.
- Le pignon ouest.
- Abside de la chapelle.
Extérieur
La façade ouest surmontée d’un campanile dont il reste la base. Elle est contrebutée par deux contreforts plats à la jonction de la nef et des bas-côtés et percée d’une porte et d’une fenêtre axiale de pleins cintres. Un oculus s’ouvre dans le mur du bas-côté sud[7]. Les murs sont montés en petits moellons irréguliers.
Intérieur
L’édifice fait 28 mètres de longueur. La nef fait 4,5 mètres de large et les bas-côtés 1,90.
La nef, le transept et les bas-côtés étaient couverts d’une charpente.
La nef de cinq travées s’ouvrait sur les bas-côtés par des arcs fourrés de plein cintre à simple rouleau dont il reste la naissance contre le mur ouest. Les arcs retombent directement sur des piles maçonnées, rectangulaires, faisant 1 mètre par 0,75 et espacées de 2 mètres. Les vestiges ne permettent pas de déterminer avec certitude s’il existait des fenêtres hautes au dessus des arcades, disposition habituelle des églises du premier âge roman breton (abbatiale Saint-Mélaine de Rennes, église Saint-Gal de Langast, abbatiale de Locmaria à Quimper…), mais leur existence semble probable, le profil du pignon montrant un net décrochement de la nef par rapport aux bas-côtés, plus bas.
Le transept, peu marqué, est formé de deux croisillons bas et peu saillants avec absidiole. Il donne sur le volume principal par des arcades d’une dimension à peine supérieure à celle de la nef dont il n’est pas séparé par un arc diaphragme ni tour de croisée, contrairement au plan habituel des églises romanes bretonnes, donnant la sensation d’un volume continu jusqu’au chœur. Les bras du transept formaient deux chapelles latérales basses, de même hauteur que les bas-côtés. Cette organisation archaïque de tradition carolingienne se retrouve dans l’abbatiale Saint-Michel de Cuxa, édifiée en 956[5].
Les piles du transept possèdent des tailloirs simples, contrairement à ceux de la nef. Des motifs géométriques sont sculptés sur le tailloir du bras du transept nord[9]. La nef s’achève par un haut mur percé par un grand arc de plein cintre ouvrant sur le chœur, surmonté de deux petites fenêtres ébrasées en haut du pignon.
Le chœur est formé d’une travée couverte en berceau prolongé par une abside voûtée en cul-de-four.
Au pied de l’autel, dalle funéraire gravée[10].
- La façade ouest avec traces d’arrachage.
- Façade ouest vue de la nef.
- Arc du transept sud.
- Le transept.
- Fenêtre du pignon est.
Annexes
Liens externes
- Ressource relative à la religion :
- -
- Ressource relative à l'architecture :
Bibliographie
- Marc Déceneux, La Bretagne romane, éditions Ouest France (ISBN 9782737322624), p. 21-23.
Références
- Notice no PA00090010, base Mérimée, ministère français de la Culture.
- « Bulletin de l’A.MA.R.A.I., no 1, PRÉHISTOIRE ET HISTOIRE EN L'ÎLE DE BATZ (Finistère), Pierre THÉRÉNÉE ».
- « InfoBretagne-Ile de Batz ».
- « Base Palissy ».
- Marc Déceneux, La Bretagne romane, éditions Ouest France (ISBN 9782737322624), p. 21-23.
- « «Comptes rendus bibliographiques», Philippe Guigon sur «La sculpture romane en Bretagne» d’Anne Autissier. p 488 ».
- Anne Autissier, La sculpture romane en Bretagne, XIe-XIIe siècles, Presses Universitaires de Rennes, , p 235-236.
- « Ile-de-Batz- la Chapelle Sainte-Anne ».
- « Patrimoine-de-France ».
- Vincent Debiais, Robert Favreau, Jean Michaud et Cécile Treffort, Corpus des inscriptions de la France médiévale : Côtes-d’Armor, Finistère, Ille-et-Vilaine, Morbihan, Loire-Atlantique et Vendée [monographie], vol. 23, Paris, CNRS Editions, , 166 p. (lire en ligne), p. 24.
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