Château de Tillières-sur-Avre

Le château de Tillières-sur-Avre est un ancien château fort du XIe siècle, remanié à plusieurs reprises, qui se dresse sur la commune de Tillières-sur-Avre dans le sud du département de l'Eure, en région Normandie.

Le château fait l'objet d'une inscription au titre des monuments historiques par arrêté du [1] et d'un classement en tant que site naturel protégé depuis le .

Localisation

Le château est situé au bord de l'Avre, à 200 mères au sud-est de l'église Saint-Hilaire de Tillières-sur-Avre dans le sud du département de l'Eure, à la frontière avec celui d'Eure-et-Loir. Il s’élève à proximité du bourg, à mi-chemin entre Verneuil-sur-Avre et Nonancourt. Le château se dresse sur un des coteaux de la vallée de l'Avre offrant ainsi de nombreuses perspectives sur la commune en contrebas et les paysages environnants[2].

Historique

Le château de Tillières-sur-Avre est fondé vers 1013 par le duc Richard II de Normandie contre Eudes de Chartres. Élevé sur un éperon rocheux dominant la vallée de l'Avre, entre Saint-Christophe-sur-Avre et Nonancourt, il fait alors partie de la ligne de défense sud du duché de Normandie, laquelle a pour but de contrer toute offensive du royaume de France et, plus particulièrement, du comté de Chartres[2].

Richard II confie la forteresse à Néel Ier de Saint-Sauveur et à Raoul de Tosny[3],[4], lesquels font très rapidement face à une offensive d'Eudes II de Blois, alors comte de Chartres. La bataille qui s'ensuit voit la victoire des Normands[note 1].

Plus tard, dans les années 1030, c'est à Gilbert Crespin que Richard II donne le château de Tillières[5].

Vers 1040, Henri Ier de France s'empare du château et le détruit. Il exige de Guillaume le Conquérant, alors jeune duc de Normandie, de ne pas reconstruire l'édifice avant quatre ans. Henri Ier décide finalement, dès l'année suivante de réédifier la forteresse à son propre compte[6],[2].

En 1057, le château est récupéré par Guillaume le Conquérant et revient à nouveau à Gilbert Crespin. Il fait l'objet de plusieurs sièges au cours du XIIe siècle (notamment Guillaume de Chaumont en 1119 et Louis VII en 1152)[6], mais demeure du côté normand jusqu'en 1203, année durant laquelle il est rattaché à la France par Philippe-Auguste[2].

Le château est pris par les Anglais en 1417 et subit d'importants dégâts lors de leur départ en 1447. En 1492, il est ravagé par un incendie[6],[2].

Au XVe siècle, Jean VIII Le Veneur, chevalier, seigneur du Homme, épouse Jeanne, dite Agnès le Baveux, sœur de Jean, alors baron de Tillières. La mort de celui-ci fait de Jeanne la dame de Tillières et porte ainsi la baronnie de Tillières dans la famille Le Veneur. C'est ainsi que le nom de Tillières est joint à celui de Le Veneur[7],[8].

En 1540, cette famille construit un important château de style Renaissance[2] en pierres blanches, peut-être d'après les plans de Philibert Delorme et Jean Goujon. Cet édifice est en grande partie détruit après la Révolution[2].

En 1835, il est remplacé dans sa partie sud par une grande maison à deux étages de style néo-palladien, avec un parc réaménagé à l’italienne[2].

Description

Le logis vu depuis le grand parterre.

Au nord, il subsiste de nombreuses courtines et une tour circulaire du XIIe siècle[1].

Au sud, demeurent encore d'importants vestiges des fortifications médiévales : un grand ensemble de terrasses, remparts et bastions du XVIe siècle ainsi que l’ancien étage de soubassement du grand logis. De plus, le grand logis d’habitation du XIXe siècle, reconstruit sur les bases du XVIe siècle, est toujours visible[1].

Enfin, le grand parterre était autrefois la place d'armes du château féodal.

Protection

Sont inscrits[1] :

  • l'ensemble des éléments défensifs, courtines, tour, fossés et fortifications bastionnées avec leurs terrasses en totalité ;
  • l'ensemble des vestiges du château avec le sol des parcelles qui les contiennent ;
  • le grand logis en totalité.

Par ailleurs, le Grand parterre, avec ses 133 tilleuls, fait l'objet d'un classement au titre des sites naturels protégés depuis le [9], de même que le terrain en contrebas dudit parterre est inscrit au même titre[10].

Notes et références

Notes

  1. Cette bataille fera l'objet d'un poème épique écrit par Wace dans les années 1160-1170.

Références

  1. « Ancien château », notice no PA27000085, base Mérimée, ministère français de la Culture.
  2. Poulain F. ; Unité Départementale de l'Architecture et du Patrimoine de l'Eure (DRAC Normandie). Tillières-sur-Avre > Château [en ligne]. In : Conseil no 99 – 22 mars 2017. Disponible sur : (page consultée le 2 mai 2018).
  3. Yves Guéna, Château et territoire : limites et mouvances, Presses Univ. Franche-Comté, , 221 p. (présentation en ligne).
  4. David Douglas, « The Earliest Norman Counts », The English Historical Review, vol. 61, no 240 (mai 1946), p. 152-153.
  5. Anne-Marie Flambard Héricher, Les lieux de pouvoir au Moyen Âge en Normandie et sur ses marges : actes, CRAHM, , 245 p. (présentation en ligne).
  6. Astrid Lemoine-Descourtieux, La Frontière normande de l'Avre : De la fondation de la Normandie à sa réunion au domaine royale (911-1204), Publication Univ Rouen Havre, , 450 p. (présentation en ligne).
  7. Louis Moreri, Le grand dictionnaire historique ou Le mélange curieux de l'Histoire sacrée et profane ..., (lire en ligne).
  8. Histoire Généalogique et Chronologique de la Maison Royale de France, des grands officiers de la Couronne et de la maison du Roy, (lire en ligne).
  9. « Le « Grand Parterre » avec ses 133 tilleuls à Tillières-sur-Avre », sur Direction Régionale de l'Environnement, de l'Aménagement et du Logement Normandie (consulté le ).
  10. « Le terrain en contrebas du « Grand Parterre » », sur Carmen - L'application cartographique au service des données environnementales (consulté le ).

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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